6 préjugés sur la jalousie et des clés pour en sortir!
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Un autre regard sur la jalousie
Parmi les sentiments dit négatifs, la jalousie est souvent considérée comme le plus nuisible de tous envers soi et les autres.
La raison en est peut-être qu’elle cumule à la fois le sentiment d’insécurité, de colère, de peur, de tristesse et de frustration. Ce qui fait beaucoup.
Ceci posé, la jalousie est un sentiment complexe qui peut prendre des degrés divers allant jusqu’à rendre malade. Mais elle est avant tout naturelle comme l’attestait Freud et après lui de nombreuses études psychologiques.
La jalousie apparait dès l’enfance avant 1 an, au moment où l’enfant s’aperçoit qu’il n’est pas la seule figure d’attachement de la mère. Ce qui fait de la jalousie un passage obligé pour tous, une initiation à la notion de partage et au processus d’individualisation.
De façon classique, la jalousie s’installe dans la vie de couple suite à l’absence de confiance envers la personne dont on dépend affectivement, ou à un manque d’estime de soi.
Encore que ce dernier point, ainsi que d’autres idées sur la jalousie, est à nuancer selon Jean Cottraux, psychiatre, membre fondateur de l’Académie de thérapie cognitive de Philadelphie et auteur de : « Sortir des émotions négatives » publié aux éditions Odile Jacob.
Les idées reçues sur les jaloux
La jalousie est l’indice d’un manque d’estime de soi
Cette première idée est vraie, mais elle mérite d’être complétée. Le jaloux n’est pas forcément celui où l’on sent transpirer un déficit de confiance en soi. Il y a également un autre type de jaloux qui se distingue par un égo surdimensionné et une disposition à tromper leur conjoint à tout va.
Si ces jaloux se trouvent toutes les excuses du monde pour justifier leur comportement, il leur est, en revanche, insupportable d’envisager d’être trompé ou même d’être quitté.
Les personnes ayant un gros melon présentent au monde une image de personnes très sûres d’elles. Sauf que ce n’est que de la poudre aux yeux.
Le gros melon est toujours la preuve de failles narcissiques où se nourrissent un profond sentiment de dévalorisation et une très mauvaise image de soi. Leur tentative de prouver le contraire au reste du monde n’est qu’une stratégie improductive pour combler leurs failles.
Pour le bon fonctionnement de son couple, on doit cacher sa jalousie
C’est absolument contre-productif. Ne pas pouvoir communiquer à son conjoint ses peurs et pensées ne peut que les entretenir et aboutir à la frustration ou l’échec du couple. Une jalousie dosée et modérée est naturelle, et elle peut même s’avérer positive en pimentant la vie sexuelle.
Si mon couple n’a pas fonctionné, c’est à ma cause de ma jalousie
C’est un raisonnement trop rapide, car selon la longue expérience de Jean Cottraux, « dans la vie et la fin d'un couple, les torts sont presque toujours partagés ».
La jalousie est une question de confiance
Là aussi, l’idée est vraie mais mérite d’être complétée si on se doit d’être honnête. L’infidélité n’appartient pas à un monde parallèle et nous pouvons y être confrontés. Les doutes, dans ces situations, et la manifestation de sa jalousie peuvent être justifiés.
Précisons que la confiance se situe à différents niveaux :
La confiance en son couple qui se forge sur les témoignages et actes d’amour.
La confiance en soi dans son couple, qui est la pleine conscience de ce que l’on représente pour l’autre.
La confiance en soi tout court, qui est la conviction intime que l’on pourra être capable de résilience, c’est-à-dire la capacité à se reconstruire, en cas de rupture.
Les faux-conseils pour atténuer la jalousie
Si l'on est jaloux, il faut savoir se sortir les idées obsédantes de la tête.
Seulement, c’est un leurre. On ne peut pas lutter contre les émotions et pensées négatives en les ignorant. Elles restent en soi, voire même peuvent grandir.
« C'est l'effet « ours blanc », un classique de la psychologie cognitive. Si je vous dis : « Essayez de ne pas penser à un ours blanc sur la banquise », vous allez immédiatement en avoir l'image dans votre esprit et plus vous allez chercher à vous en débarrasser, plus l'image va vous obséder. »
Si l'on est jaloux, il faut penser de manière positive à tout ce qui va bien dans le couple
Être capable de relativiser et de voir le verre à moitié plein n’est pas toujours la solution à tous les problèmes.
Dans le cas de la jalousie, la logique pure et la raison sont contre-productives car elles ne font que charger davantage la détresse émotionnelle du jaloux en y ajoutant de la culpabilité.
Conseils pour éviter la jalousie
Alors comment réduire efficacement sa jalousie ? Jean Cottraux préconise quatre exercices issus du PAEN, le programme d’autogestion des émotions négatives :
La distanciation émotionnelle permet de prendre du recul et de ne plus se laisser ronger par la situation présente. La vie d’un couple ne se limite pas à une seule matinée ou soirée. Par ailleurs, la prise de recul peut aussi amener le jaloux à faire preuve d’empathie pour son conjoint, en prenant conscience de tout ce que ce dernier peut endurer.
La méditation de pleine conscience permet d'accepter et d’observer, avec curiosité et bienveillance, ses pensées au lieu de les ignorer. Ici le premier objectif de la méditation est de prendre conscience que rien ne dure, surtout pas les sentiments. Le second est de comprendre que la recherche de contrôle est le fait d’automatismes inutiles et épuisants qui ne reposent sur aucune certitude.
La restructuration cognitive doit nous permettre de remonter dans notre passé pour découvrir l’origine de notre jalousie. Il s’agit de comprendre comment les schémas obsessionnels de contrôle, ou de carence émotionnelle et d'abandon, se sont formés et installés.
La résolution de problèmes
Ici, la jalousie est envisagée comme un problème de couple à résoudre ensemble en construisant en 7 étapes une solution viable et durable, qui sont les suivantes :
Définir le problème en des termes précis et concrets.
Inventorier toutes les solutions possibles sans les évaluer ou les censurer.
Évaluer les solutions en tenant compte des avantages et désavantages, des conséquences pour soi et les autres, ainsi que des implications concrètes (argent, temps) à court et long terme.
Prendre une décision en tâchant de se montrer pragmatique, la solution « parfaite » n’existe pas.
Exécuter ce qu’on a décidé de faire.
Evaluer les résultats de la solution trouvée.
Si les résultats obtenus sont insatisfaisants, pas de panique ou de stress superflu. C’est l’indice que le problème doit peut-être être reformulé, ou que certains paramètres n’ont pas été suffisamment pris en compte, et donc repartir à l’étape 1.
Evidemment, si le PAEN est inefficace, reste le chemin vers une psychothérapie personnelle ou une thérapie de couple.
Source : Jean Cottraux, Sortir des émotions négatives, éditions Odile Jacob, 2021
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