Rencontre avec Pascale Caminade, ancienne cadre dirigeante chez Areva
Quitter la sécurité de son emploi pour se mettre à son compte et s’épanouir à nouveau professionnellement n’est jamais sans risque. Encore moins à une époque où la loi du marché est dure.
Parmi les appelés et les élus, Pascale Caminade, qui était jusqu’à présent cadre dirigeante chez Areva.
Un poste confortable, qu’elle quitte pour se mettre à son compte dans un tout autre domaine! Comment a-t-elle envisagé et mis en place son revirement professionnel?
Pascale, d’où viens-tu et quel est ton parcours professionnel initial?
PC: Je viens de la région de Dieppe, d’où je suis issue d’une famille d’agriculteurs, d’artisans et de petits industriels de Haute-Normandie. J’ai étudié jusqu’en khâgne et hypokhâgne à Rouen. Ensuite, j’ai intégré une école Supérieure de Commerce International à Paris, puis obtenu un DEA de droit en sciences et techniques nouvelles.
Après un stage de fin d’étude au CEA, j’ai été recrutée dans un cabinet d’avocats à Paris qui traitait de questions de responsabilité dans le domaine de l’environnement. Je suis mariée à un ingénieur géologue, qui travaille dans le domaine de la recherche européenne; nous avons deux fils.
Pascal Caminade a ensuite travaillé 15 ans chez Areva, où elle a exercé plusieurs fonctions. D’abord secrétaire générale d’une business unit, puis directrice qualité performance du groupe. Depuis trois ans, elle occupe le poste de directrice des obligations de fin de cycle nucléaire.
PC: J’ai quitté AREVA fin juillet dernier, ravie d’y avoir fait une partie de ma carrière et enthousiaste à l’idée de concrétiser mon projet de changement de vie!
Cheminer vers un nouveau métier
Comment en es-tu venue à envisager de changer de métier? Quel a été ton cheminement intérieur?
PC: J’ai toujours accompagné des étudiants, comme tutrice de mémoire ou référente d’apprentis au travail. Je suis également mentore de jeunes femmes chez Areva.
En 20-25 ans, Pascale Caminade a:
Accompagner des étudiants dans leurs choix et leur organisation de leur travail.
Accompagner des étudiants dans leur préparation d’examen, de concours et de présentation orale (entretien, mémoire, thèse, recrutement).
Participer à des jurys d’entretien de grandes écoles.
«Je me suis aperçue qu’à ce niveau, les candidats sont tous de très bons élèves, mais nous avons cependant des difficultés à comprendre leurs personnalités.»
La raison pouvant être le «formatage» des classes préparatoires ou la fatigue accumulée par ces études.
PC: Jusqu’ici, je faisais tout cela bénévolement. J’en ai toujours tiré beaucoup de satisfaction avec ce sentiment d’être utile aux autres et de transmettre ce que j’ai appris. Ces expériences ont déclenché chez moi une véritable appétence dans l’accompagnement des jeunes à faire émerger leurs choix et leur motivation. C’est ainsi que l’envie d’en faire mon métier a cheminé au point de vouloir devenir conseil-coach pour les jeunes.
Comment passe-t-on du désir à l’action?
Le déclic et les inspirations
Quel a été le déclic pour que tu puisses envisager de quitter ton métier?
PC: Aider les jeunes m’apporte beaucoup de motivation et d’excitation. J’ai le sentiment de leur être utile, tout en apprenant beaucoup à leur contact. Si je me fie aux marques de reconnaissance et aux nouvelles qu’ils me donnent de leur parcours, je leur apporte aussi beaucoup.
Je ressens aussi le besoin de m’épanouir différemment en disposant de davantage de liberté d’action et de conception. J’ai envie aussi de travailler dans un contexte totalement différent, en dehors d’une organisation hiérarchique. Je veux être plus indépendante et évoluer dans un contexte qui me fasse sortir de ma zone de confort. Un contexte qui me donne plus à réfléchir, à construire, à apprendre des autres, à créer et à transmettre.
Quelles sont tes inspirations ?
PC: Les valeurs profondes qui viennent de mon éducation et de mes origines ainsi que l’écoute et l’observation des autres. Les valeurs d’initiative, de liberté individuelle, d’action, de droiture, de partage, de confiance, de responsabilité, et d’effort. Ces valeurs, je les ai toujours en moi, je me sens prête et construite pour pouvoir mener ce changement.
Sécuriser ses doutes
Tu as des doutes?
PC: Il y a les questionnements sur la justesse et la valeur ajoutée de l’aide que je vais pouvoir apporter à ces jeunes. Professionnaliser cette activité contre rémunération, suppose non seulement de l’expérience, mais également une formation certifiante. J’estime cela nécessaire pour pouvoir acquérir de bonnes méthodes, la posture, et surtout afin de ne pas commettre d’erreur, qui pourrait être préjudiciable au client.
La justesse étant à comprendre étant l’accompagnement réellement utile pour s’organiser, réussir leurs examens et les oraux. La valeur ajoutée étant de contribuer à renforcer la confiance en soi, d’apprendre à présenter, décider, oser.
PC: Les autres doutes sont plus personnels. Je vais quitter un emploi dans un groupe organisé, avec un emploi du temps chargé, de nombreuses réunions etc. L’un de mes doutes est de bien utiliser tout cet espace de liberté de manière équilibrée entre ma vie professionnelle et privée. J’aimerais également pouvoir me cultiver davantage et faire plus de sport.
Comment tes proches ont-ils réagi à ton désir de reconversion?
PC: Ils ont joué à la fois le de «challenger» et de « supporter». Grâce à leurs questions et critiques bienveillantes, j’ai grandi en conscience et en confiance. Je les en remercie.
Comment se met en place une reconversion professionnelle?
Se reconvertir est un lent processus
Entre ta prise de décision et le moment où la graine a commencé à germer, il s’est passé combien de temps ?
PC: Il s’est passé deux ans. En fait c’est un faisceau de petits évènements, de rencontres, de situations. Tout cela fait qu’à un moment donné, la graine germe et se transforme en projet, et en décision. Ce n’est pas le truc d’un jour, c’est quelque chose qui s’inscrit dans la durée, et qui avance par palier en fonction des rencontres et d’évènements.
Une formation, par exemple, peut être un déclic. Elle permet de s’extraire plusieurs jours de son travail et d’apporter une prise de recul.
La réflexion avant l’action
Si tu devais coacher des personnes qui s’interrogent sur leur carrière et ont envie d’autre chose, qu’est-ce que tu leur dirais?
PC: Je leur dirais tout d’abord d’écouter leurs envies de changement de vie avec raison et audace. Ensuite, je leur recommanderais le réalisme, y compris sur le plan matériel. Il faut en effet envisager l’impact de son changement de vie sur soi-même et sur son entourage. J’estime que cette question s’étudie individuellement, mais aussi en couple. Personnellement, mon mari est un de mes premiers sponsors. Il ouvre des questions et des réflexions, et il m’encourage aussi.
Il Importe également de s’interroger sur son envie de changer de métier et de vie. On a tous eu des envies à certaines périodes, mais la réponse à celles-ci, n’est pas toujours un changement radical d’activité. Cela peut être des points de rééquilibrage dans sa vie privée ou professionnelle. Un changement de poste ou se mettre à une activité sportive ou culturelle.
PC: Le changement professionnel doit être une envie « supérieure », avec une prise consciente des risques, un développement et une construction du projet. Ce que j’observe chez d’autres amis ou collègues, c’est que l’inspiration vient souvent de ce que l’on aime faire avec son cœur en dehors du travail.
Comment pérenniser et affiner son nouveau projet professionnel?
C’est la rentrée, qu’est ce qui va se passer? Comment tu te projettes dans un an?
PC: Ce non-retour au travail après les vacances constitue le premier changement concret. Puis, début octobre je ferai ma rentrée «scolaire» en MBA à HEC pour devenir coach certifié, cela fait partie d’une de mes exigences de professionnaliser mon expérience. Cet été, j’ai rédigé des fiches de lecture de plusieurs ouvrages préconisés par HEC, en septembre, je dois continuer à travailler sur mon offre, mon tarif, ma carte de visite, mon apparition sur le net etc. Une fois diplômée, j’envisage d’d’avoir un site internet où je présenterai mon offre et mes services de coaching et de conseil aux jeunes, pour la préparation de leurs examens et/ou de leurs épreuves orales, CV, premiers entretiens de recrutement. J’envisage de les coacher à la fois sur le savoir-faire et le savoir être.
Depuis que j’ai affiné mon projet, j’ai comme objectif de parler de mon offre à au moins cinq nouvelles personnes par jour. Je prends le temps de leur expliquer en quoi elle consiste.
PC: Je saisis toutes les occasions de la vie courante pour en parler aux amis, aux commerçants, à la famille. Les questions des copines, des collègues, des professeurs, du pédicure et de la boulangère me sont précieuses. Je suis très réceptive aux réactions, aux questions que les gens me posent, cela m’aide à éclairer mon offre et enrichit ma réflexion. C’est du marketing de terrain.
En même temps, j’accorde une attention particulière aux attentes de mes futurs clients, pouvoir les recevoir chez moi, dans des espaces de coworking, me rendre chez eux. Je me documente sur la logistique, et, en fonction de la demande, je peux travailler avec un(e) jeune ou en petit groupe.
Tu vas être entre la Normandie et Paris?
PC: Oui, ce changement professionnel est aussi l’occasion de passer plus de temps en Normandie pour retrouver la campagne et la mer. Il y a de la demande à Paris et en province, où il y a moins d’offre de ce type. Il est évident que le coaching implique des rencontres régulières sur place, mais il est aussi envisageable de compléter par un dialogue via Skype par exemple.
Merci Pascale!
Depuis notre rencontre, Pascale a réalisé ses premiers coaching et elle travaille actuellement au développement de son site internet. En attendant, si vous souhaitez profiter de son expertise, n’hésitez pas à nous envoyer un message ici que nous lui transmettrons.
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Ce témoignage est très intéressant pour ma part car il me permet de croire à la possibilité du changement pour mon devenir professionnel et personnel en me posant les bonnes questions .
Merci pour cet article .
Ce témoignage est très intéressant pour ma part car il me permet de croire à la possibilité du changement pour mon devenir professionnel et personnel en me posant les bonnes questions .
Merci pour cet article .
Merci Nathalie pour ton précieux partage.