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Publié le 06/12/2017, mis à jour le 22/04/2022
Entreprendre et réussir
Changer de métier – Changer de vie


Comment envisager et mettre en place sa reconversion professionnelle ?
Un témoignage de Pascale Caminade, ancienne cadre dirigeante chez Areva
Quitter la sécurité de son emploi pour se mettre à son compte et s’épanouir à nouveau professionnellement n’est pas sans risque à une époque où la loi du marché est dure. Parmi les appelés et les élus, Pascale Caminade, qui était jusqu’à présent cadre dirigeante chez Areva. Un poste confortable, qu’elle quitte pour se mettre à son compte dans un tout autre domaine ! Comment a-t-elle envisagé et mis en place son revirement professionnel ? C’est ce que nous allons découvrir!
Pascale, d’où viens-tu et quel est ton parcours professionnel initial ?
Je viens de la région de Dieppe, d’où je suis issue d’une famille d’agriculteurs, d’artisans et de petits industriels de Haute-Normandie. J’ai étudié jusqu’en khâgne et hypokhâgne à Rouen. Ensuite, j’ai intégré une école Supérieure de Commerce International à Paris, puis obtenu un DEA de droit en sciences et techniques nouvelles..
Dans le cadre de mon mémoire de DEA, je me suis intéressée aux questions de responsabilité civile dans le domaine des déchets radioactifs, où j’ai découvert le secteur de l’énergie nucléaire. Après un stage de fin d’étude au CEA, j’ai été recrutée dans un cabinet d’avocats à Paris qui traitait de questions de responsabilité dans le domaine de l’environnement. Je suis mariée à un ingénieur géologue, qui travaille dans le domaine de la recherche européenne ; nous avons deux fils.
Je travaille depuis 15 ans chez Areva, où j’ai exercé plusieurs fonctions, comme secrétaire générale d’une business unit, directrice qualité performance du groupe, et depuis trois ans, j’occupe le poste de directrice des obligations de fin de cycle nucléaire. Cela concerne la sécurisation du financement des dépenses de démantèlement des installations nucléaires du groupe et de gestion des déchets radioactifs générés par ces démantèlements. J’ai quitté AREVA fin juillet dernier, ravie d’y avoir fait une partie de ma carrière et enthousiaste à l’idée de concrétiser mon projet de changement de vie !
Comment en es-tu venue à envisager de changer de métier ? Quel a été ton cheminement intérieur ?
J’ai toujours accompagné des étudiants, comme tutrice de mémoire ou référente d’apprentis au travail. Je suis également mentore de jeunes femmes chez AREVA.
Depuis 25 ans, je participe à des jurys d’entretien de grandes écoles, où je me suis aperçue qu’à ce niveau, les candidats sont tous de très bons élèves. Nous avons cependant des difficultés à comprendre quelles personnalités se cachent derrière les candidats, parce qu’ils peuvent apparaitre comme « formatés » pour ces concours ; Ils sont souvent exténués par les classes préparatoires et par les épreuves écrites. Pas toujours facile pour le candidat de sortir du cadre pour exprimer ses points singuliers, ses points forts, ses points faibles, bref sa personnalité.
De mon côté, j’accompagne depuis 20 ans des étudiants dans leurs choix, leur organisation de leur travail pour préparer les examens, et aussi pour améliorer leurs présentations à l’oral. J’aide ainsi quatre ou cinq étudiants chaque année dans la préparation des examens, que ce soit pour le CAP, le bac de Français, ou les concours d’entrée aux grandes écoles (commerce, ingénieur, architecture…). J’en ai accompagné pour des entretiens de concours, des présentations orales de mémoires, de thèses et des premiers entretiens de recrutement. Jusqu’ici, je faisais cela bénévolement et j’en ai toujours tiré beaucoup de satisfaction avec ce sentiment d’être utile aux autres et de transmettre ce que j’ai appris. C’est très enrichissant et cela donne de vrais résultats, selon les retours que me donnent les jeunes et de leurs parents.
Ces expériences ont déclenché chez moi une véritable apétance dans l’accompagnement des jeunes à faire émerger leurs choix et leur motivation. C’est ainsi que l’envie d’en faire mon métier a cheminé au point de vouloir devenir conseil-coach pour les jeunes. Professionnaliser cette activité. contre rémunération, suppose non seulement de l’expérience, mais également une formation certifiante. J’estime cela nécessaire pour pouvoir acquérir de bonnes méthodes, la posture, et surtout afin de ne pas commettre d’erreur, qui pourrait être préjudiciable au client.
Pour moi, c’est le moment ou jamais de concrétiser ce projet, puisque j’ai l’intention de travailler plusieurs années encore, j’ai besoin de m’épanouir en transmettant aux jeunes et en apprenant d’eux.
Quel a été le déclic pour que tu puisses envisager de quitter ton métier ?
Aider les jeunes m’apporte beaucoup de motivation et d’excitation, et leur apporte aussi beaucoup je pense, si je me fie à leurs marques de reconnaissance et aux nouvelles qu’ils me donnent de leur parcours. J’ai le sentiment de leur être utile, tout en apprenant beaucoup à leur contact.. Aujourd’hui, je ressens le besoin de m’épanouir différemment, tout en pouvant disposer de davantage de liberté d’action et de liberté de concevoir. J’ai envie aussi de travailler dans un contexte totalement différent, en dehors d’une organisation hiérarchique. Je veux être plus indépendante, sortir de ma zone de confort, être dans un contexte qui me donne plus à réfléchir, à construire, à apprendre des autres, à créer, et à transmettre directement aux jeunes, qui en ont vraiment besoin.
Quelles sont tes inspirations ?
Les valeurs profondes qui viennent de mon éducation et de mes origines ainsi que l’écoute et l’observation des autres. Les valeurs d’initiative, de liberté individuelle, d’action, de droiture, de partage, de confiance, de responsabilité, et d’effort. Ces valeurs, je les ai toujours en moi, je me sens prête et construite pour pouvoir mener ce changement.
Tu as des doutes ?
Des questionnements oui, sur la justesse et la valeur ajoutée de l’aide que je vais pouvoir apporter à ces jeunes. La justesse, au sens où cela doit leur apporter une aide réelle, juste, sans les saturer, sans les mettre sur un chemin d’erreur. Etre dans la capacité à pouvoir leur délivrer un accompagnement qui leur serautile, non seulement pour s’organiser, réussir leurs examens et les oraux mais aussi pour renforcer la confiance en soi, savoir se présenter, décider, oser…ce qui leur servira toujours.
Les autres doutes sont plus personnels, bien aborder « l’effet falaise ». Je vais quitter un emploi dans un groupe organisé, avec un emploi du temps chargé, de nombreuses réunions etc. L’un de mes doutes est de bien utiliser tout cet espace de liberté de manière équilibrée :exercer un nouveau métier, donner plus de temps aux autres, à ceux que j’aime, mes amis et ma famille, pour m’intéresser à leurs propres projets. J’aimerais également pouvoir me cultiver davantage,- des livres empilés dans ma chambre m’attendent ! J’aimerais aussi faire plus de sport que ce que je ne fais actuellement.
Grâce à leurs questions et critiques bienveillantes, mari, enfants, parents, amis, m’ont fait prendre conscience et confiance, en jouant à la fois un rôle de « challenger » et de « supporter ». Je les en remercie.
Si tu devais coacher une femme ou un homme qui se pose des questions sur son parcours professionnel, des personnes qui se sont construites autour d’une carrière, mais sont fatiguées et ont envie d’autre chose, qu’est-ce que tu leur dirais ?
Je leur dirais tout d’abord d’écouter leurs envies de changement de vie, avec raison et audace. Ensuite, je leur recommanderais le réalisme, y compris sur le plan matériel.Il faut en effet envisager l’impact de son changement de vie sur soi-même et sur son entourage, car un tel changement entraine nécessairement des conséquences sur l’équilibre de sa vie et de celles-et ceux qui vous entourent. J’estime que cette question s’étudie individuellement, mais aussi en couple. Personnellement, mon mari est un de mes premiers sponsors. Il ouvre des questions et des réflexions, et il m’encourage aussi.
Envie de changer, mais pour quoi ? On a tous eu des envies à certaines périodes, mais la réponse à celles-ci, n’est pas toujours un changement radical d’activité. Cela peut être des points de rééquilibrage dans sa vie privée ou professionnelle. Un changement de poste ou se mettre à une activité sportive ou culturelle. Le changement professionnel doit être une envie « supérieure », avec une prise consciente des risques, un développement et une construction du projet. Ce que j’observe chez d’autres amis ou collègues, c’est que l’idée ou l’inspiration vient souvent de ce que l’on aime faire avec son cœur en dehors du travail. Il faut chercher ce que l’on a envie de faire ! Enfin, je leur dirais de saisir l’opportunité, de décider et de se lancer !
Entre ta prise de décision et le moment où la graine a commencé à germer, il s’est passé combien de temps ?
Il s’est passé deux ans. En fait c’est un faisceau de petits évènements, de rencontres, de situations, qui font qu’à un moment donné, la graine germe et se transforme en projet, et en décision. Ce n’est pas le truc d’un jour, c’est quelque chose qui s’inscrit dans la durée, et qui avance par palier en fonction des rencontres et d’évènements. . Une formation, par exemple, peut être un déclic car s’extraire plusieurs jours de son travail génère une nécessaire prise de recul.
C’est la rentrée, qu’est ce qui va se passer ? Comment tu te projettes dans un an ?
Ce non retour au travail après les vacances constitue le premier changement concret. Puis, début octobre je ferai ma rentrée « scolaire » en MBA à HEC pour devenir coach certifié, cela fait partie d’une de mes exigences de professionnaliser mon expérience. Cet été, j’ai rédigé des fiches de lecture de plusieurs ouvrages préconisés par HEC, en septembre, je dois continuer à travailler sur mon offre, mon tarif, ma carte de visite, mon apparition sur le net etc. Une fois diplômée, j’envisage d’d’avoir un site internet où je présenterai mon offre et mes services de coaching et de conseil aux jeunes, pour la préparation de leurs examens et/ou de leurs épreuves orales, CV, premiers entretiens de recrutement. J’envisage de les coacher à la fois sur le savoir-faire et le savoir être.
Depuis que j’ai affiné mon projet, j’ai comme objectif de parler de mon offre à au moins cinq nouvelles personnes par jour et de prendre le temps de leur expliquer en quoi elle consiste..
Je saisis toutes les occasions de la vie courante pour en parler aux amis, aux commerçants, à la famille…Les questions des copines, des collègues, des professeurs, du pédicure et de la boulangère me sont précieuses.. Je suis très réceptive aux réactions, aux questions que les gens me posent, cela m’aide à éclairer mon offre et enrichit ma réflexion.. C’est du marketing de terrain.
En même temps, j’accorde une attention particulière aux attentes de mes futurs clients, pouvoir les recevoir chez moi, dans des espaces de coworking, me rendre chez eux.Je me documente sur la logistique, et, en fonction de la demande, je peux louer des espaces de co-working sur Paris, Rouen, Dieppe, travailler avec un(e) jeune ou en petit groupe
Tu vas être entre la Normandie et Paris ?
Oui, ce changement professionnel est aussi l’occasion de passer plus de temps en Normandie pour retrouver la campagne et la mer.
Il y a de la demande à Paris et en province, où il y a moins d’offre de ce type. Il est évident que le coaching implique des rencontres régulières sur place, mais il est aussi envisageable de compléter par un dialogue via Skype par exemple.
Merci Pascale.
Depuis notre rencontre, Pascale à réalisé ses premiers coaching et elle travaille actuellement au développement de son site internet. En attendant, si vous souhaitez profiter de son expertise, n’hésitez pas à nous envoyer un message ici que nous lui transmettrons.
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Publié le 06/12/2017, mis à jour le 22/04/2022
Ce témoignage est très intéressant pour ma part car il me permet de croire à la possibilité du changement pour mon devenir professionnel et personnel en me posant les bonnes questions .
Merci pour cet article .
Merci Nathalie pour ton précieux partage.