De nos jours, ne sont appelés «champions» que les vainqueurs. Ceux qui triomphent.
Pourtant, le champion, à l’origine, ne désigne pas le victorieux. Il désigne celui qui combat pour une cause. C’est ce qui le différencie d’un guerrier, qui se bat pour sa solde. Inspiré par une cause, qui lui tient à cœur, le champion voit ses forces décuplées et possède une prouesse que le guerrier n’a pas.
Ainsi, pour reprendre l’exemple des footballeurs, ceux que l’on devrait désigner comme champions sont en réalité tous les joueurs sélectionnés dans leurs équipes nationales.
Nous aussi, à notre échelle, nous pouvons devenir les champions de notre vie et de notre quotidien avec une bonne préparation mentale.
Cela donne tout simplement les bons outils pour développer une confiance en soi qui repose sur une connaissance de ses forces et faiblesses. La connaissance de soi, la conscience de qui on est et ce qu’on veut est l’un des piliers d’une vie heureuse et épanouie.
Pour arriver à développer un mental de champion, rien de mieux que les conseils de deux d’entre eux.
L’expérience de deux champions
Le premier est Pierre David, ancien boxeur de haut niveau. Arrivé à 5 finales de championnat de France, il n’en gagnera qu’une seule faute de n’avoir pas su régler ses blocages mentaux.
Sa reconversion vers l’accompagnement et le coaching l’amena à développer la technique de Dépolarisation permettant de lutter contre tous les blocages. Une méthode qui a, aujourd’hui, aidé plus de 500 athlètes.
Il y dévoile le principe dans son dernier ouvrage «Préparation mentale gagnante» (Eyrolles).
La seconde est Muriel Hermine qui a été dans les années 1980, 13 fois championne de France et 4 médailles d’or aux championnats d’Europe en natation synchronisée.
Dans la décennie suivante, elle se reconvertie dans la création de spectacles aquatiques (Sirella, Crescend’O).
Aujourd’hui, elle met à contribution son expérience d’athlète et d’entrepreneuse au service des cadres et des jeunes en difficulté à travers son association «J’ai un rêve ».
Ce travail passe par une sensibilisation aux vertus sportives où tout un chacun peut s’y retrouver, car comme elle l’écrit dans son ouvrage Le défi d’être soi (Eyrolles):
«Le sport […] génère un état d’esprit qui lui est propre, qui fait appel à des valeurs spécifiques, mais universelles et convoitées. Ces valeurs peuvent durer et conserver leur efficacité, même transposées à d’autres sphères. Elles ont pour avantage de nourrir la petite flamme du combat qui peut nous réchauffer dans le quotidien, loin des terrains de sport, sur les terrains de vie.»
Cet état d’esprit s’articule autour de 10 principes de vie.
Comment penser comme un champion?
La victoire n’est pas importante
Les grandes victoires se gagnent grâce aux petits pas du quotidien
C’est ainsi que l’on peut se peut se dépasser et atteindre excellence. Qu’il y ait succès ou non au bout du chemin, lancer son entreprise, revoir son plan de carrière ou améliorer un aspect de sa vie, implique des efforts réguliers et routiniers. Plus le défi à relever est difficile, plus s’ancrer dans le moment présent est nécessaire en établissant des échelons.
L’important n’est pas le but à atteindre, mais le chemin parcouru.
Paradoxalement, ne pas être obnubilé par le résultat, mais par les efforts quotidiens et le plaisir d’être et de faire, est le plus sûr moyen de rencontrer le succès. Se confronter à des défis, sortir de sa zone de confort, c’est déjà gagner en connaissance de soi. Ce qui vaut tous les trophées.
Ce qui définit un champion, c’est la cause pour laquelle il se bat. La cause, c’est ce que l’on aime et nous anime. Or, l’amour rend plus fort, plus intelligent, c’est un sentiment qui nous pousse à déployer les efforts nécessaires. Il nous renvoie à notre raison d’être, et donc à l’essentiel.
Acceptez que tout ait un prix.
En fonction de nos choix, un certain effort nous sera demandé, il ne sera pas possible d’avoir ses weekends complets quand on monte un nouveau projet.
Choisir, c’est concentrer son énergie vers le plus important. A nous de définir ce qui est essentiel et d’être lucide sur la réalité que cela va engendrer.
Notre unique adversaire c’est nous-mêmes
Nous avons le choix.
Bien sûr, certaines situations ne nous laissent aucun choix. Partir du principe que le choix est nôtre, nous amène à plus de responsabilités et à être plus conscients des options qui s’offrent à nous.
On ne peut trouver de plus grands adversaires que soi-même.
C’est toujours contre ses peurs et ses doutes que l’on se bat. C’est, par ailleurs, en faisant de soi son propre adversaire que l’on peut être capable de se remettre en question et de trouver des forces insoupçonnées.
Selon Muriel Hermine, « l’adversaire n’est que le révélateur de nos potentiels et de nos limites».
Nous ne sommes pas notre fonction.
Notre fonction nous fait acquérir un savoir-faire qui agit sur notre savoir-être. En ce sens, le faire contribue à l’épanouissement de notre être, il ne le remplace pas. Aussi si notre travail ou l’activité ne sert plus à ce but, c’est qu’il est temps de partir se trouver une autre fonction.
Notre vie n’appartient qu’à nous
Ne laissons pas notre entourage la vivre pour nous. Personne ne vit à votre place. Possédant tous une personnalité unique, nos ressentis, nos choix et nos envies sont forcément uniques.
Soyez honnêtes envers vous-mêmes et en conformité avec vos valeurs.
La vraie victoire du champion réside dans l’épanouissement de son être par ses fonctions. Si seul le résultat compte, il y a le risque de céder à la facilité et de renier ses valeurs. L’exemple classique du sportif est de prendre un stupéfiant pour avoir des chances de gagner. Développer un tel état d’esprit n’est possible que si nous dépassons nos blocages mentaux. Ce qui est possible avec la méthode de Dépolarisation.
Qu’est-ce que la méthode de Dépolarisation?
La méthode de Dépolarisation est une méthode différente de la préparation mentale classique qui utilise l’hypnose, l’autohypnose, la méditation de pleine conscience et la sophrologie.
Loin de se substituer à ces méthodes, la Dépolarisation est un complément essentiel. Elle s’attache à agir directement sur notre identité en allant dénicher les blocages qui nous empêchent de devenir ce que nous souhaitons être.
Selon Pierre David, deux blocages mentaux sont particulièrement récurrents:
Les dogmes et jugements moraux.
La tendance à se rabaisser par rapport à un objectif.
Selon les blocages rencontrés, la méthode de Dépolarisation varie quelque peu. Le principe reste toutefois le même, à savoir sortir d’une logique de pensée binaire et réductrice.
Si nous prenons les jugements de valeur, il est habituel de penser qu’il est mal d’être arrogant et bien d’être humble.
Nous faisons alors tout notre possible pour n’être qu’humble. Seulement, cet effort repose sur une illusion et nous éloigne de ce que nous sommes vraiment.
Nous sommes effectivement des êtres paradoxaux, entiers. Nous sommes humbles et arrogants. Ce qui détermine dans l’instant T si nous sommes humbles ou arrogants n’est qu’un jugement crée par nous-mêmes et/ou l’entourage.
Le jugement est doublement pernicieux pour notre identité. Non seulement il est une illusion mais surtout il crée des croyances limitantes.
Un athlète qui a envie d’être champion mais qui s’empêche de l’affirmer par peur de passer pour un arrogant va réprimer son état d’esprit. Et ce faisant, il va bloquer son action ou sa performance.
C’est ce qui s’est passé pour Jessica Chavanne, championne du monde de Jet-Ski. Elle ne l’est devenue qu’après avoir accepté sa part d’arrogance. Qu’après avoir accepté d’être perçue comme arrogante par son environnement.
Maintenant que la philosophie de la Dépolarisation est posée, comment l’appliquer?
Comment appliquer les techniques de Dépolarisation?
La Dépolarisation classique
Il s’agit concrètement de se réapproprier un trait de caractère mal-aimé pour s’affranchir du jugement et s’autoriser à exprimer son plein potentiel.
Pour ce faire, appliquez les étapes suivantes:
Identifiez une personne que vous jugez ou un trait de caractère qui vous agace chez les autres.
Nous n’avons pas toujours beaucoup de recul pour nous sonder. Par effet miroir, il est plus facile de décrypter ce qui nous gêne en nous en le voyant chez les autres.
Pour notre exemple, nous prendrons l’égoïsme.
Retrouvez 10 souvenirs où vous avez été égoïste. Ou lorsque quelqu’un vous a perçu comme égoïste.
Trouvez 30 bénéfices (au moins 10) aux égoïstes.
Ils mènent leur vie comme ils veulent. Ils savent où sont leur priorité. Ou Ils se préservent. Ou bien ils nous invitent à ne pensez qu’à nous en face d’eux etc.
Trouvez 10 inconvénients pour les autres si vous vous montriez généreux.
Ils n’apprendraient pas à se responsabiliser, à être autonomes, à avoir le sens des réalités, à être fiers d’eux-mêmes etc.
Trouvez 30 bénéfices (au moins 10) pour vous quand les autres sont égoïstes.
Vous estimez qu’il est normal de penser aussi à vous. Vous revoyez le sens de vos priorités. Etc.
Trouvez 10 inconvénients pour vous quand les autres sont généreux.
Vous vous sentez redevable, materné, étouffé, etc.
Jouer à ce petit jeu intellectuel c’est comprendre qu’aucun trait de caractère n’est mieux ou plus mauvais qu’un autre. Ce n’est qu’une vue de l’esprit.
Le vrai choix n’est pas de choisir et trier ce qui est bien ou mal. Le vrai choix c’est soit de servir de manière consciente de nos traits de caractère, soit de les subir de manière inconsciente.
La Dépolarisation inversée
La Dépolarisation inversée permet de reprendre le pouvoir en arrêtant de se rabaisser par rapport à un objectif, un concurrent ou un partenaire.
La technique est presque similaire à la Dépolarisation classique:
Identifiez l’individu, ou le trait de caractère, que vous admirez (disons le courage).
Pour cela, il suffit d'écouter votre discours interne dès que vous vous rabaissez. Le discours commence toujours par deux mots: «il faut» ou «je dois».
Retrouvez 10 souvenirs où vous avez été courageux Ou lorsque quelqu’un vous a perçu comme tel.
Trouvez 10 inconvénients pour vous d’être courageux .
Trouvez 10 bénéfices pour vous si vous étiez lâche.
Ces deux dernières étapes (3 et 4) sont assez contre-intuitives, mais s’expliquent par notre nature paradoxale. Plus nous souhaitons atteindre un état plus il nous échappe. La raison est que nous sommes trop focalisés sur notre manque. «il faut» et «je dois» étant les expressions de ce manque. Plus nous sommes focalisés sur le manque, plus nous nous éloignons de nos objectifs.
Trouvez 10 inconvénients pour vous quand les autres sont courageux.
Identifiez des moments quand votre idole ou quelqu’un que vous trouvez courageux s’est comporté comme un couard.
Trouvez 10 bénéfices pour vous quand les autres sont lâches.
Cet exercice vous permettra d’amorcer un réel lâcher-prise sur vos injonctions internes et d’être simplement vous-mêmes. Sans rien forcer.
Au final, le mental de champion est loin de ce que notre imaginaire collectif perçoit. Il ne s’agit pas de l’état d’esprit d’un bagarreur prêt à en découdre avec le monde.
Il s’agit plutôt de l’état d’esprit d’une personne fondamentalement sereine et en paix avec elle-même et le monde.
Le véritable champion ressemble davantage à un moine zen avec la banane qu’à un Rocky sous stéroïdes.
Source: Muriel Hermine, Le défi d’être soi, Eyrolles, 2013
Pierre David, Préparation mentale gagnante, Eyrolles, 2023
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Merci Amal pour cet article fidèle au livre et qui a réussi à conserver la force des messages . Très bel article !
Amal, quelle plume….une vraie championne !
Intéressant comme sujet, Très bel article.