Souvenez-vous de la sagesse des angoissés : anticiper et prévoir le pire nous aide à mener une vie en toute quiétude. De cette manière, l’angoisse les sert. Mais tous les angoissés ne sont pas sages. L’angoissé sage voit le mal et l’écarte en redoublant de prudence, l’angoissé « extrême », le pathologique, voit le mal et se laisse bouffer par lui. Voilà la différence. Mon mari semble bougon ce matin, est ce qu’il m’aime encore ? Et si après deux réunions, mon équipe n’était pas assez briefée pour le rendez-vous commercial de demain ? Ma fille devrait être rentrée à minuit, il est 0h05, elle ne répond pas à son téléphone, j’appelle la police ? Etc.
Ces angoissés pathologiques, vous en connaissez peut être autour de vous. Votre père, votre meilleure amie, votre patron ou votre collègue. Ils vous harcèlent, vous étouffent, voir même vous culpabilisent. Bref ils sont agaçants, alors comment les gérer efficacement et sans s’énerver ? Pour mieux vivre avec eux, appliquons les conseils des psychiatre et psychothérapeute François Lelord et Christophe André.
Les 3 bons réflexes face à un angoissé
Humour et bienveillance
Une mère étouffante ou un patron qui stresse pour rien et met la pression sur tout le monde, ne sont jamais agréables à vivre. Les confronter directement ou indirectement, ne les fera pas moins angoisser. Montrez plutôt patte blanche, en étant gentils et bienveillants à leur égard. Dites-vous bien que leur pathologie n’est pas venue de Mars, et qu’ils ont connu une situation compliquée. Essayez également l’humour gentil, vous pouvez vous le permettre quand il s’agit d’un parent.
Rassurer
Surtout, montrez aux angoissés notoires que vous êtes une épaule solide sur laquelle ils peuvent se poser et décompresser. Vous pouvez, par exemple, anticiper leurs besoins de sécurité. Préparer une fiche pour la réunion d’un patron angoissé, ou bien prévenir votre mère de l’heure et de l’endroit précis où vous serez. Ce dont ont besoin les angoissés, c’est d’être rassurés…
Relativiser
Plus facile quand il s’agit d’un proche que d’une relation professionnelle, mais les angoissés doivent comprendre qu’il faut qu’ils apprennent à relativiser, et si c’est dur, encouragez les à aller consulter quelqu’un. Il y a une part d’hérédité et d’éducation, un psychiatre pourra l’amener à comprendre la source de ses angoisses. Car c’est quand même dommage de se ruiner la vie à penser aux prochains malheurs, alors que dans les faits tout va bien !
profiter de la vie se fait dans la confiance et la joie.
Voyons, maintenant, ce qu’il ne faut surtout pas faire.
Les 3 gaffes à éviter devant un angoissé
Prendre ses peurs au sérieux.
Attention, être gentil et bienveillant ne veut pas dire qu’il faille se laisser embarquer dans les peurs des autres. Vous n’en sortirez jamais, et vous n’aiderez pas la personne angoissée, puisque vous la conforterez dans ses peurs absurdes !
Nul ne sert de charger la barque.
Evitez donc les sujets qui pourraient l’angoisser, y compris si ce sont vos propres problèmes. Vous ne récolterez que des réactions ou des commentaires aiguillonnés par la peur. Ce qui, de toute façon, ne vous aidera pas dans la résolution de vos problèmes.
Epargnez-lui, enfin, les mauvaises surprises.
L’angoissé est déjà persuadé que la vie est faite de mauvaises surprises. Au lieu de conforter ses croyances, qui lui pèsent déjà assez, anticipez comment lui apprendre la nouvelle, préparez le terrain et vos mots.
Terminons avec une réflexion d’André Comte-Sponville :
« On craint milles morts, mais on n’en vit qu’une… Toute angoisse est imaginaire, le réel est son antidote ».
Source : François Lelord et Christophe André, « Comment gérer les personnalités difficiles », Editions Odile Jacob, 2000
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