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Publié le 26/07/2021, mis à jour le 04/10/2024
Relations professionnelles
Comment le samouraï peut-il inspirer le manager ?
Quel est le lien entre un samouraï et un manager ?
Au premier abord, le lien entre un Samouraï, figure guerrière du Japon médiéval, et un manager du 21ème siècle, n’est pas évident.
Il y en a pourtant bien un, comme le révèle Christine Benoit, ancienne directrice d’établissements de santé, consultante et formatrice en communication, développement personnel et entrepreneuriat.
Dans son ouvrage « Le Manager Samouraï » (Gereso, 2021), Christine Benoit démontre en quoi le Samouraï peut être une figure inspirante pour aider le manager à développer ses softs skills.
Le Samouraï n’est, en effet, pas un guerrier ordinaire. Son identité ne se limite pas à sa technique et son talent de sabreur, mais aussi et surtout à son savoir-être (ce qui n’est pas sans rappeler le chevalier européen). Or, le management ne repose sur rien d’autre que sur ce savoir.
Qu’est-ce qu’un samouraï ?
Au Japon, il existait deux sortes de guerriers : les shinobis (plus connus sous le terme de ninja apparu au 19ème siècle) et les samouraïs.
Les premiers, les shinobis, doivent leur nom au verbe « se faufiler ». C’étaient des mercenaires issus des classes populaires (paysans et artisans) payés par les seigneurs pour espionner, assassiner un seigneur rival ou saboter l’arsenal d’un clan ennemi.
Personne ne connaissait l’identité d’un shinobi, toutes leurs missions étaient réalisées dans l’ombre et le secret. S’il était su qu’un seigneur payait des shinobis pour accomplir quelques sales besognes, c’était le déshonneur assuré. Il devenait pour ses pairs un tricheur, un lâche, un traître. Bien souvent les trois à la fois.
Le samouraï, quant à lui, était issu de la classe guerrière et agissait dans la pleine lumière. Le nom de sa fonction est un dérivé du verbe « saburau » qui signifie « servir quelqu’un », à savoir un seigneur ou le souverain du moment.
Si le shinobi recherche la rémunération, le samouraï recherche l’accomplissement, une raison d’être et de vivre qu’il trouve à travers un idéal de fidélité, de sagesse et d’honneur.
Cet idéal est consigné dans le bushidô, que l’on traduit par la voie du guerrier (bushi = guerrier et dô = voie). C’est un code de conduite dont la philosophie s’inspire à la fois du shintoïsme, du bouddhisme, du zen et du confucianisme.
Le bushidô guide et aide le samouraï à acquérir un état d’esprit basé sur la maîtrise de soi, autrement dit de son ego et de son mental, de ses émotions et de ses pulsions.
Pour y parvenir, il doit cultiver et suivre sept vertus : l’honneur, la loyauté, l’honnêteté, le respect, la bienveillance, le courage et la droiture.
Qu’est-ce qu’un samouraï manager ?
Le bushidô appliqué dans l’entreprise
Ces sept vertus, atemporelles et universelles, peuvent être reprises et adaptées au monde de l’entreprise :
- Le respect implique de traiter chacun avec politesse et considération, y compris ceux qui nous débectent.
- Le courage implique à la fois de ne pas se refermer sur soi-même, mais de rester ouvert au monde malgré les échecs connus, les peurs et craintes. Le courage demande aussi de lutter contre ses propres démons que peuvent être la paresse, l’orgueil et la facilité.
- L’honnêteté implique de tenir ses engagements, d’avoir une conduite, une pensée et une parole alignées.
- La droiture implique de prendre des décisions justes. Pour ce faire, le samouraï-manager doit rassembler le maximum d’informations pour prendre sa décision. Il se méfie de ses idées et affects qui peuvent l’induire en erreur.
- La loyauté s’applique aussi bien auprès de la direction que de son équipe. Pris entre l’enclume et le marteau, le manager peut se retrouver en fâcheuse posture. A qui doit-il sa loyauté ? Il ne peut y avoir de parti pris tranché. Tout dépend des circonstances. Le manager se doit d’abord d’être loyal envers ses valeurs, ce qui n’implique ni mauvaises surprises ou promesses vaines.
- La bienveillance consiste à remettre de la chaleur humaine et de l’empathie au sein de l’entreprise.
- L'honneur, enfin, est une qualité qui porte à faire des actions nobles et courageuses. Aujourd’hui, l’honneur est souvent confondu avec l’ego.
Tel est le cas des politiciens parlant de laver leur honneur d’un scandale. Ou des radicaux religieux qui tablent leur honneur sur la pureté de leurs filles et sœurs.
Sauf que ce qu’ils appellent « honneur » est en fait leur orgueil, leur ego ou leur image sociale. L’honneur, le vrai, n’est jamais avilissant. Ni pour soi ni pour les autres.
Le lien, le ciment et l’intérêt des sept vertus
Deux remarques sont à prendre en compte.
D’une part, les sept vertus sont toutes étroitement liées les unes aux autres. En négliger une, c’est n’en appliquer aucune.
D’autre part, il y a une vertu qui n’est pas dite mais qui les soutient toutes, c’est l’humilité.
L’humilité n’est pas la servilité ou la dévalorisation de soi, et encore moins la fausse modestie (manifestation cachée de l’ego).
Si l’humilité est un garde-fou contre l’orgueil, elle suppose aussi qu’il faut être fier de ses compétences, de qui on est, mais se garder de croire que l’on est accompli. On ne l’est, et on ne le sera jamais vraiment.
Par ailleurs, dans un monde où le changement est permanent et soutenu, aucune compétence n’est durable. La formation continue est le lot de tous. Être conscient de cela, c’est cheminer sur la route de l’excellence.
Par son exemplarité et sa proximité auprès des collaborateurs qu’il gère, le samouraï-manager récrée du lien, du sens dans sa fonction et renforce à la fois sa propre estime de lui-même et le sentiment d’appartenance dans le groupe. Ce qui est une vraie plus-value pour l’entreprise, sa bonne santé étant liée au bien-être des collaborateurs.
Comment penser comme un samouraï ?
Dans de nombreux textes rédigés par les samouraïs, l’art de (bien) vivre est étroitement lié à l’art de mourir.
Si la mort est souvent évoquée, ce n’est pas par attrait pour le sordide, mais pour rappeler qu’il faut se méfier du quotidien et du sentiment de continuité qui l’accompagne.
Nous avons l’impression (illusoire) que les jours sont les mêmes, et que la mort n’est qu’une issue lointaine. Seulement, penser la vie ainsi (professionnelle comme personnelle), c’est s’exposer à la trouver morne et ennuyeuse. C’est s’exposer à se couper de son élan vital.
L’art de mourir est donc une invitation à vivre intensément. Ce qui a de nombreux privilèges : on ne gaspille plus son énergie pour des futilités, et on nourrit un esprit plus humain, créatif et fondamentalement joyeux.
Suzuki Shosan, samouraï et joyeux luron du 16ème siècle écrit :
«: justify;">Cette humeur jaillit d’un esprit ferme et courageux, à même d’abandonner toutes les formes d’attachement et de s’élever au-dessus des choses. Ainsi, conserver un état d’esprit enjoué, c’est dépasser la souffrance – quand bien même la mort vous saisirait brusquement. »
En résumé, si l’humilité est le ciment des sept vertus, l’enthousiasme et la joie en sont le carburant.
Source : Christine Benoit, Le manager Samouraï, éditions Gereso, 2021
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