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Publié le 29/09/2021, mis à jour le 27/08/2022
Connaissance de soi
Comment nos ancêtres impactent-ils nos vies?
Que sont les liens trans-générationnels?
Au sein des familles, il est des coïncidences étranges que la raison ne semble pas toujours pouvoir expliquer.
Arthur Rimbaud rapporte ainsi que les hommes de sa famille, de son arrière-grand-père jusqu’à son père inclus, ont tous fuit le foyer quand ces derniers atteignaient l’âge fatidique de 6 ans.
Pour d’autres familles, il s’agit, par exemple, d’accidents de voiture ou de morts précoces qui se perpétuent de génération en génération.
Et quand il ne s’agit pas d’accidents graves ou de phénomènes marquants, certaines personnes présentent des mal-être qui ne s’expliquent pas.
Ces malheurs, ces maladies, ces troubles mentaux et ces difficultés à vivre seraient un héritage psychique des ancêtres. Ils ont légué leurs traumas et leurs douleurs existentielles non-résolus, comme ils ont légué leurs meubles. C’est ce qu’on appelle les liens transgénérationnels.
De nombreux psychanalystes ont étudié ces liens transgénérationnels, à commencer par Freud dans son ouvrage « Totem et tabou ».
Toutefois, la psychanalyste la plus réputée en la matière reste à ce jour Anne Ancelin Schützenberger, également auteure et universitaire.
Son ouvrage le plus connu : « Aie mes aïeux ! » (Desclée de Brouwer) est paru pour la première fois en 1995. Elle y dévoile les nombreux travaux dédiés aux liens transgénérationnels, ainsi que les concepts et les outils pour mettre fin à la répétition des évènements douloureux qui se perpétuent de génération en génération.
Comment se transmettent les traumatismes familiaux ?
Rien d’un point de vue psychologique, physique et neurologique ne permet de démontrer de façon certaine comment un traumatisme, un malheur peut affecter une famille sur plusieurs générations.
Ce que nous avons sont des intuitions, des hypothèses confortées par des années d’expérience en psychanalyse et psychothérapie, et des découvertes qui laissent plus de questions que de réponses.
En 1999, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik rapporte dans son ouvrage « un merveilleux malheur » une découverte contre-intuitive. Il raconte le destin d’enfants confrontés à des évènements douloureux, qui ont su se montrer combattifs et résilients. De leurs épreuves, ils n’en ont gardé aucune séquelle. Ce qui n’a pas été le cas pour leurs descendants qui, bien que n’ayant pas vécu l’épreuve, présentaient toutefois des taux de cortisol (hormone du stress) quatre fois plus forts. Cyrulnik constate : « le traumatisme transmis est bien plus fort que le traumatisme reçu ».
Dans la même veine, Rachel Yehuda, professeur de psychiatrie et de neurosciences, a publié une étude démontrant que les enfants des survivants de l'Holocauste souffraient trois fois plus de syndromes post-traumatiques que leurs parents. Ce sont pourtant ces derniers qui ont vécu l’enfer des camps.
Comment expliquer ces faits étranges ?
Anne Ancelin Schützenberger avance une hypothèse : la transmission est rendue essentiellement possible par les non-dits. Le silence, le déni, le souhait de taire un sujet sensible par honte ou par douleur empêchent la blessure de guérir et l’évènement de se clore. Le malaise est perceptible, et c’est ainsi que les souffrances durent et perdurent.
Comment mettre fin aux répétitions trans-générationnelles ?
Le génosociogramme
Pour repérer les répétitions transgénérationnelles, l’outil de prédilection d’Anne Ancelin Schützenberger est le génosociogramme.
Il s’agit d’une sorte d’arbre généalogique pouvant remonter jusqu’à la 5e et 7e générations.
Son but est de mettre en évidence les liens et les répétitions entre les différentes générations et les évènements importants qui ont rythmé la vie de chacun (mariages, naissances, décès prématurés, traumatismes, accidents, séparation, divorce, déménagements, déracinements etc.).
On accumule ainsi un nombre important d’informations qui doivent rendre visible et conscient ce qui nous échappait.
Il s’agit de prendre conscience du vécu familial et de la façon dont celui-ci a inconsciemment impacté nos choix, nos relations en mettant en évidence nos loyautés familiales invisibles (quand on suit le schéma ou la loi familiale même si elle ne nous convient pas), nos échecs amoureux ou professionnels et nos périodes de fragilité. Ces dernières apparaissent essentiellement via le syndrome d’anniversaire.
Le syndrome d’anniversaire
Le syndrome d’anniversaire, c’est la répétition d’un évènement tragique ou malheureux se manifestant à une date ou à un âge précis.
Par exemple, dans une famille, les hommes décèdent à 49 ans d’un cancer des testicules depuis 2 générations.
Les hommes de la 3e génération, arrivés à 49 ans, traversent une période de fragilisation physique et psychique, persuadés que ce cancer est héréditaire.
Or, quand on fouille l’histoire familiale, on s’aperçoit que le premier homme de la famille à être mort de ce cancer était marié à une mama Italienne forte en gueule qui a « castré » son mari.
Incapable de se sentir viril face à son épouse, de se confier à qui que ce soit, le tourment du mari a débouché sur un cancer des testicules. Ce qui n’est pas anodin.
En connaissance de cause, tous les hommes de la 3e générations fêtèrent leurs 50 ans.
Camille Cellier, ex-anorexique, affirmait que comprendre le passé n’aidait en rien. Or il semble ici évident que sa vérité ne peut-être absolue.
Pour beaucoup de monde, comprendre le passé permet de lui donner un sens nouveau et libérateur.
Peu importe au fond comment on accède aux actions réparatrices et libératrices, le tout c’est d’y parvenir. Et on y parvient tous à travers une voix qui nous habite depuis toujours : notre petite voix intérieure.
Jusqu’à présent, il n’est pas de meilleur guide pour nous mener vers ce qui est bon et juste pour nous.
Source : Anne Ancelin Schützenberger, « Aie, mes aïeux ! », Desclée de Brouwer, 16é édition, 2015
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