2 besoins fondamentaux de l’homme : appartenir et exister
Publié le 20/04/2016, mis à jour le 05/11/2024
Conseils écologiques
2 besoins fondamentaux de l’homme : appartenir et exister
4 min de lecture
Présentation d’Isabelle Filliozat et de la psychotherapie de la joie
Isabelle Filliozat est une psychothérapeute qui diffuse depuis plus de vingt ans ses théories sur la liberté et le bonheur auquel chaque adulte et chaque enfant peut aspirer.
Son dernier livre « Les Chemins de la joie* », aux éditions JC Lattès, explore les fondements de la joie, ses manifestations et la manière de la déclencher, afin d’en remplir son quotidien.
Dans cette interview qu’Isabelle Filliozat a eu la gentillesse de m’accorder, j’évoque certaines thématiques chères à la fondatrice de l’école des intelligences relationnelle et émotionnelle.
Quel regard porter sur la jeunesse d’aujourd’hui qui se replie sur l’extrémisme ?
Les raisons du succès de Daesh.
La question est en fait de savoir ce qui va motiver un jeune à se radicaliser. Pour moi, il y a deux raisons ; la première est son lien avec l’environnement extérieur. Parmi ces jeunes, il y en a qui n’ont pas assez d’attachement, qui se cherchent une place dans notre société. Ils manquent de connexion avec autrui.Ensuite, ils cherchent à donner un sens à leur propre vie. Ces jeunes vulnérables se tournent alors vers des personnes qui leur proposent un corpus de croyances cohérent dans lequel ces jeunes vont entrer progressivement.
Nos 2 besoins fondamentaux : celui de connexion et celui de réalisation personnelle.
Il faut avant tout chercher à donner de l’attachement à chaque enfant et lui permettre de se réaliser et d’avoir une place.
On a deux besoins fondamentaux : celui de connexion et celui de réalisation personnelle.
Soit on manque de connexion et on est vulnérable, soit on manque de réalisation et on est vulnérable.
Or les extrémistes proposent à la fois cette connexion, en introduisant dans leurs discours « nous on t’aime » « tu fais partie de notre famille » et cette réalisation, en prônant « tu peux être utile pour le monde », « tu peux faire la différence », « tu peux nous aider à lutter contre le méchant occident »…
Quel est notre responsabilité en tant que citoyen ?
Faire preuve d’ouverture d’esprit et d’empathie
Une de nos responsabilités est de tisser le maximum de connexions et d’être attentif à ne jamais rejeter personne. Il faut rester conscient qu’un visage impassible envers un jeune est perçu comme un rejet. Cette attitude fermée l’exclut de l’appartenance à notre communauté, et atteint sa vulnérabilité.
Faire passer l’humain avant le gain
Une autre responsabilité est de permettre d’avoir une société avec du sens. Aujourd’hui, on vit dans une société tournée vers l’argent, qui n’est plus attentive aux humains ; le choix proposé aux individus est toujours fonction du gain financier que cela peut rapporter et non plus sur les liens humains que cela peut permettre de construire.
Changer de paradigme sur le sens de la vie
De fait, de plus en plus de personnes ont l’impression de ne pas pouvoir participer à la société ; dans le contexte où le chômage augmente, il faudrait un revenu garanti inconditionnel ; une de nos responsabilités serait aussi de travailler intérieurement à changer notre représentation du monde. Passer du « j’ai parce que je mérite » à avoir de quoi vivre sans forcément travailler pour ça.
Les enfants doivent-ils aussi avoir des devoirs ?
Non, ce serait contre productif qu’il en ait.
Un devoir, c’est déjà une responsabilité, et cela n’a pas de sens de donner cette responsabilité à un enfant alors qu’il n’a pas encore les capacités cérébrales pour lui permettre de l’assumer.
Le seul devoir de l’enfant, naturel, est de grandir.
N’aurait-il pas le devoir de respecter l’adulte ?
Respecter vient du latin « respectare » qui signifie regarder attentivement.Or, respecter l’adulte ne veut rien dire à l’enfant. Le respect va être une attitude naturelle de l’enfant lorsqu’il y a une connexion ; quand on dit qu’un enfant ne nous respecte pas, c’est souvent, nous, l’adulte, qui n’avons pas tissé de connexion avec lui.
Le souci est que, par manque de connexion avec les adultes, les enfants d’aujourd’hui n’écoutent plus les adultes et les enfants ont beaucoup plus de mal à se concentrer.
D’autres raisons à cela ?
La nourriture joue beaucoup dans l’hyperexcitabilité des enfants : trop de sucre, trop de produits transformés, trop de colorants alimentaires. Pour 19 colorants alimentaires, il doit être fait mention qu’ils sont susceptibles de provoquer de l’hyperactivité et un déficit d’attention chez l’enfant.
Le manque d’activité sportive
Le manque d’exercice physique contribue aussi à cette perte de concentration. Une étude américaine a démontré que des enfants qui apprennent debout, gagnent 7 minutes de concentration par heure par rapport à des enfants qui restent assis.
Il faut laisser les enfants grimper aux arbres, prendre des risques, se faire des égratignures. Il faut les encourager à tomber, à courir, à bouger.
Quels sont les besoins de l’enfant pour s’épanouir au mieux ?
Il faut autant que possible retrouver l’intérêt de jouer avec ses enfants (l’usage qu’ils ont des écrans diminuera de fait), tisser de nouvelles connexions, veiller à leur fournir une alimentation saine, la moins transformée possible et développer chez eux le besoin de bouger.
Il faut également faire attention à ne pas laisser les enfants seuls derrière leurs écrans et leur expliquer que les réseaux sociaux ne sont pas des espaces où l’enfant a son intimité ; c’est au contraire un espace public dans lequel les parents doivent être.
Merci Isabelle Filliozat
Pour en savoir plus : Je vous invite à lire ici le texte écrit par Isabelle Filliozat suite aux attentats du 13 novembre 2015.
*Les chemins de la joie aux éditions JC Lattès
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