Karmathérapie: explorer ses vies antérieures pour éclairer le présent
Publié le 12/10/2022, mis à jour le 05/11/2024
Connaissance de soi
Karmathérapie: explorer ses vies antérieures pour éclairer le présent
7 min de lecture
Qu’est-ce que la karmathérapie?
Qu’est-ce que le karma?
Contrairement à ce que suggère son nom, la karmathérapie n’a pas vocation à nettoyer notre karma.
Issu des religions bouddhiste et hindouiste, le karma (mot sanskrit veut dire “action”) repose sur deux principes:
La réincarnation
La mort n’est qu’un passage et nous connaissons plusieurs vies.
La loi de cause à effet
Notre vie actuelle est déterminée par la somme des actions de nos vies antérieures. Ce déterminisme ne concerne pas notre statut socio-économique, mais notre vie intérieure qui recouvre nos peurs, nos désirs, nos états d’âme et notre personnalité.
Ce n’est donc pas parce que vous êtes née Kardashian ou Beyoncé que vous avez été particulièrement bienveillant et généreux dans votre vie antérieure.
De même, un mal-être quelconque n’indique pas forcément que vous ayez été un assassin dans une vie passée.
La loi de cause à effet stipule que chaque geste, comportement, pensée, parole et émotion peut produire une conséquence immédiate ou très lointaine (une vie future). Mais heureusement, cette conséquence peut être modifiée par un geste, comportement, pensée, parole et émotion. En clair, le karma n’est jamais figé. Il évolue en fonction de notre propre évolution personnelle.
À qui s’adresse la karmathérapie?
En explorant le contenu de ces vies passées, la karmathérapie vise à soulager et apaiser les maux qui entravent la santé et le bien-être. Mais attention, elle ne s’occupe pas de n’importe quels maux.
On ne consulte pas un karmathérapeute pour se remettre d’un burn-out ou dépasser une rupture amoureuse, mais pour soigner des maux persistants et incompréhensibles.
Ce sont, par exemple, des douleurs chroniques qui ne répondent à aucun traitement. Une phobie, un trouble alimentaire ou un mal-être persistant dont on ne comprend pas l’origine. Des difficultés identitaires ou des échecs professionnels continus alors que nous sommes constants dans nos efforts.
La karmathérapie est donc un dernier recours. Quand tous les médicaments et différentes formes de psychanalyses ont fait chou blanc.
Cela suppose que ces différents maux sont profondément enfouis en nous. Ils peuvent provenir de notre enfance, mais aussi, et c’est tout le sel de la karmathérapie, de nos vies antérieures.
Proche de l’hypnose, des techniques d’activation de conscience et de l’EMDR, la karmathérapie se veut être une thérapie brève. Son objectif est de reprogrammer le cerveau par l’éclairage de mémoires oubliées et traumatiques.
Dans son ouvrage «Karmathérapie» (Eyrolles), la journaliste et enseignante Cécile Dupuy dévoile les principes et l’éclosion d’une telle thérapie.
Comment est apparue la karmathérapie?
La réincarnation, la plus vieille croyance du monde
Sans la croyance en la réincarnation, il ne peut y avoir de karmathérapie.
Or, cette croyance est à la fois l’une des plus anciennes de l’Humanité et la plus partagée.
Les premiers écrits évoquant la réincarnation remontent au VIIème avant J.-C. On la retrouve en Extrême-Orient, Afrique subsaharienne, Egypte et en Europe.
En revanche, si la croyance en la réincarnation est partagée, son mécanisme l’est beaucoup moins.
Par exemple, en Afrique subsaharienne, on ne peut s’incarner que dans son lignage et il n’y a aucun concept d’amélioration d’âme. Contrairement aux bouddhistes et hindouistes, où la réincarnation a un but final: atteindre un état parfait pour rejoindre le nirvana.
Platon, et surtout Pythagore se sont passionnés pour l’étude de la réincarnation. Ce dernier se souvenait de vies antérieures, où il a été pêcheur, chamane et prêtre d’Apollon. Il avait même calculé le temps passé entre deux incarnations (216 ans !).
Au-delà du bassin méditerranéen, nous savons grâce aux «Commentaires sur la guerre des Gaules» de Jules César que les druides croyaient aussi en la réincarnation.
Un changement de paradigme spirituel s’opère radicalement avec l’avènement des religions monothéistes. En particulier l’avènement du christianisme où, contrairement au judaïsme et à l’islam, aucun courant ésotérique n’évoque la réincarnation.
Pendant 1500 ans, le devenir de l’âme éternelle repose donc sur les actes et pensées d’une seule vie.
En puis s’ouvre un nouveau chapitre au XIXème siècle. Le déclin de la religion chrétienne s’accompagne d’une ouverture vers l’Extrême-Orient grâce à laquelle est redécouverte la réincarnation.
Le courant du spiritisme émerge pendant ce siècle. On invite les médiums et fait tourner les tables pour communiquer avec les esprits des morts .
Loin d’être un passe-temps pour marginaux, le spiritisme a un incroyable succès et des adeptes tels que Victor Hugo, Flaubert, Camille Flammarion, Goethe ou Nietzsche.
L’émergence de la karmathérapie
Léon Rivail, dit Allan Kardec, est la grande figure française du spiritisme. Ses ouvrages compilent les échanges ayant eu lieu entre les esprits et les vivants.
Ces échanges laissent clairement apparaître la notion de karma et d’amélioration de soi. Dans son «Instruction pratique sur les manifestations spirites, Kardec écrit que «La réincarnation est progressive ou stationnaire; elle n'est jamais rétrograde»
Comme un ultime message aux vivants, Kardec fait gravir comme épithèque sur sa tombe: «naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi».
Le renouveau de la croyance en la réincarnation s’accentue encore davantage à partir des années 1950. Psychiatres et psychologues s'emparent de la question pour la valider ou la décrédibiliser.
Parmi eux, Ian Stevenson, directeur du département de psychiatrie à l'Université de Virginie, s’intéresse aux cas de jeunes enfants relatant des souvenirs antérieurs d’une précision redoutable. Tels que le nom de leurs principaux parents “antérieurs », la description du village et de la maison dans laquelle ils auraient vécu.
Brian Weiss, un autre psychiatre américain, découvre par hasard ce qui deviendra la karmathérapie. Lors d’une séance d’hypnothérapie avec une patiente, celle-ci lui décrit une souvenir datant de 4000 ans. Voyant cette femme guérir à chaque fois qu’elle plongeait dans ses étranges souvenirs, il commença à étudier sérieusement la question.
Weiss n’est pas le seul à se confronter à ce genre de patients. De nombreux psychiatres et psychanalystes entendirent leurs patients évoquer des vies antérieures. C’est ainsi qu’apparut la karmathérapie. En France, on préfère parler d’hypnose régressive, spirituelle ou transpersonnelle.
Même si cette pratique repose essentiellement sur l’hypnose, certains principes et croyances sont propres à la karmathérapie ou hypnose régressive. Des principes ésotériques qui la singularisent de beaucoup de l’hypnothérapie.
Sur quels principes repose la karmathérapie?
Le rôle de la Conscience supérieure
Cécile Dupuy insiste sur un point: «tous les karmathérapeutes interviewés adhèrent au concept de «Conscience supérieure», que l'on peut traduire par «âme» dans le langage courant».
Cette Conscience supérieure réunit plusieurs particularités dont trois principales:
Cette Conscience est la somme de la conscience de ce que nous sommes, avons été et serons.
Elle est notre essence mais pas notre individualité. Autrement dit, elle n’a rien à voir avec notre personnalité et n’éprouve aucun affect sur notre vécu.
Ce qui intéresse la Conscience supérieure est son processus évolutif. Les expériences que nous vivons lui permettent d’évoluer et d’accéder à plus de connaissance (sur elle-même ou les lois de l’univers), de sagesse et d’amour.
Si ce principe est reconnu par tous, il n’est pas utilisé de la même manière.
Ainsi, un praticien en hypnose régressive commence la séance en nous faisant explorer notre enfance. Le but étant de faire accéder des souvenirs traumatiques pour libérer les mémoires du corps.
Le praticien en hypnose spirituelle ou transpersonnelle évoque la Conscience supérieure de manière beaucoup plus directe.
Après avoir plongé le consultant en transe hypnotique, le praticien s’adresse directement à cette Conscience. Il lui demande de faire émerger des évènements clés pouvant expliquer la souffrance actuelle. Ou de répondre à une problématique précise à travers un souvenir.
Une fois sorti de la transe, le praticien aide son consultant à interpréter les scènes et images apparues.
La finalité de la karmathérapie
Comme l’explique Cécile Dupuy, le but de la karmathérapie n’est pas tant de prouver la réalité de ces vies antérieures que de les ressentir comme des souvenirs d’expériences vécues.
Il se peut que ces souvenirs ne soient que le produit de la transe hypnotique qui modifie notre perception du monde. Cet état nous permet d’accéder un inconscient riche en images, en symboles et en histoires élaborés ou issues de notre enfance.
Mais qu’ils soient totalement imaginés ou réels importent peu tant qu’ils aident la personne à alléger sa souffrance, et à trouver du sens dans son désarroi.
En ce sens, la karmathérapie est une forme de logothérapie. Elle aide à mettre du sens, à trouver un lien de cause à effet (un lien karmique), sur une situation qui nous échappait.
Au-delà de l’attrait intellectuel que nous pouvons ressentir à l’égard des vies antérieures, elles ne sont rien d’autre qu’un support pour nous aider à aller mieux ici et maintenant. La vie qui mérite notre attention est celle-ci.
Dernier point, et non des moindres, comment choisir son karmathérapeute?
Comment choisir son karmathérapeute?
Comme toute discipline thérapeutique alternative, la karmathérapie n’est pas régulée. C’est ce qui explique pourquoi les praticiens ont des outils différents (la sophrologie, la relaxation profonde, des soins énergétiques comme le reiki pour faire entrer leur patient en état de conscience modifié. Au contact de son inconscient ou subconscient.
Cette autonomie et cette diversité expliquent également pourquoi il n’est pas improbable de croiser des incompétents ou des charlatans qui facturent leur séance d’une heure à 300 euros.
Pour le moment, seuls deux recours peuvent vous aider à faire le bon choix. Les avis Google (à condition qu’ils soient assez nombreux) et le bouche-à-oreille. Cette dernière option constituant évidemment le meilleur moyen pour trouver une personne compétente et de confiance.
Puisqu’avec la karmathérapie nous plongeons à deux pieds dans la spiritualité et l’hypnothérapie, n’hésitez pas à formuler un vœu à l’univers. Ou si vous préférez, à passer une commande par visualisation à votre cerveau.
Comme le rappelle le Dr Fanny Nusbaum, l’imagination peut nous aider à libérer notre puissance intérieure. L’idée étant de « faire confiance à son inconscient cognitif, un super statisticien possédant toutes les informations nécessaires pour pouvoir faire en sorte que les choses arrivent.»