La Grande Guerre et la colonisation: l’inspiration des Œuvres de...
Publié le 21/12/2017, mis à jour le 04/11/2024
Choses à savoir culture générale
La Grande Guerre et la colonisation: l’inspiration des Œuvres de Kader Attia
3 min de lecture
L’art contemporain comme catharsis
Les amateurs d’art contemporain le connaissent sûrement, Kader Attia, artiste plasticien, a été élu lauréat du Prix Marcel Duchamp 2016 pour son travail « Réfléchir la mémoire ». Il s’est à cette occasion emparé du thème de la Première Guerre Mondiale, en réalisant des œuvres qui évoquent les souffrances psychologiques et physiques de l’individu pris dans cette déchirure historique.
Ses œuvres, à l’image de Gueule cassée, nous font susciter des émotions très fortes, et c’est tout le but recherché par Kader Attia. Il explique ainsi sa démarche :
« lapertinence de l’art contemporain, c’est qu’il est un des derniers bastions dans lequel le champ de l’émotion, ou de la catharsis d’Aristote, peut s’exprimer. A travers l’art contemporain, on peut donner des voix aux sans-voix, aux peuples, aux anonymes ».
Nous adorons son travail, et son état d’esprit, c’est pourquoi nous vous présentons ici quelques échantillons de ses œuvres, illustrant ses propos.
Avec la Grande Guerre, Kader Attia puise son inspiration dans le passé contemporain, particulièrement douloureux. L’artiste-plasticien s’est ainsi emparé de la colonisation. Une de ses œuvres y dénonce les préjugés des colons et des Occidentaux de cette période. Vous noterez que le titre choisi est lourd de sens, et renvoie aussi bien aux évènements d’hier qu’à notre actualité. Culture of fear.
Actualité, qui ne manque pas de l’inspirer puisque riche en évènements. Pour ce Français d’origine Algérienne et vivant à Berlin, son regard d’artiste s’attache naturellement à ce qu’il se passe au Moyen-Orient ou en Occident. Arabesque, résume très bien les défis du printemps arabe.
Il dénonce aussi le radicalisme religieux avec Ghost, et les deux
principales causes de décès dans le monde, Oil and Sugar.
En ce qui concerne le monde occidental, il ne manque pas de pointer du doigt les limites des démocraties libérales avec Demo(n)cracy.
Une de ses limites étant ses excès consuméristes et ses aspirations au moindre effort grâce à la technologie (et à l’argent) comme le résume très bien La Dream Machine.
Un autre mythe occidental, remis en cause par Kader Attia est celui du « parfait » dans son œuvre Repaired broken mirror.
Quelle est son idée ? En Occident, quand un objet tombe et casse, nous allons le mettre à la poubelle. Ce faisant, on efface la blessure et on l’oublie. Et pourquoi ne pas réparer ? C’est ce qui donne son charme et son énergie à l’objet. Nous l’avions vu avec « mon sac, reflet de mon âme ». D’ailleurs nous ne sommes pas différents des objets, nous connaissons des casses. A nous de décider si nous voulons nier ou accepter les blessures qui vont avec, et nous font gagner en maturité.
Mourir pour renaitre, la destruction et la réparation, sont des lois de vie, et un des thèmes principaux de l’art de Kader Attia Chaos + repair = Universe.
Terminons ce petit tour de présentation avec une dernière œuvre lourde de sens, Childhood. L’enfance est souvent confondue avec les jours heureux, or par cette petite pique en fin de parcours du toboggan, l’artiste rappelle à juste titre que les enfants ne sont pas à l’abri des souffrances et des blessures. Les adultes qu’ils vont devenir en portent d’ailleurs les cicatrices.
Si vous êtes intéressé(e), Kader Attia exposera l’année prochaine à partir du 13 avril jusqu’à la rentrée de septembre 2018 au musée d’art contemporain de Val-de-Marne à Vitry-sur-Seine.
Pour lire cet article, abonnez-vous gratuitement ou connectez-vous