La théorie polyvagale : un voyage vers la sécurité intérieure
Publié le 22/11/2024
Connaissance de soi
La théorie polyvagale : un voyage vers la sécurité intérieure
9 min de lecture
Vous êtes-vous déjà demandé comment mieux comprendre vos émotions et transformer le stress en un sentiment de sécurité intérieure ? Aujourd’hui, rendez-vous dans l’univers fascinant de la théorie polyvagale, une révolution douce, mais puissante, qui change notre compréhension de l’esprit, du corps et des relations humaines.
Derrière cette théorie ? Un cerveau brillant : le Dr Stephen Porges, dont les travaux éclairent un aspect souvent négligé de notre biologie. Et pour la rendre accessible à nous tous, une experte talentueuse, Deb Dana, propose un guide pratique intitulé S’ancrer dans la sécurité (Anchoring the Self in Safety) (edp Sciences éditions), qui inspire cet chroniqueS’ancrer dans la sécurité (Anchoring the Self in Safety) (edp Sciences éditions)S’ancrer dans la sécurité (Anchoring the Self in Safety) (edp Sciences éditions). Restez branché : c’est une exploration qui pourrait bien transformer votre façon de vivre.
Qu’est-ce que la théorie polyvagale ?
Si vous avez déjà ressenti ce sentiment d’être en paix après une conversation chaleureuse ou, au contraire, complètement figé dans une situation stressante, vous avez expérimenté, sans le savoir, l’essence même de la théorie polyvagale.
Cette approche, développée par Stephen Porges, décompose le système nerveux autonome en trois grands états interdépendants. Et croyez-moi, ces états sont comme les acteurs d’une série dramatique où tout se joue entre sécurité, danger et immobilisation.
Les trois états du système nerveux selon la théorie polyvagale
Le système vagal ventral : votre refuge intérieur. Ici, tout respire la connexion et la sécurité. Vous êtes ouvert aux autres, créatif et capable de résoudre des problèmes avec calme.
Le système sympathique : le mode action ! Ce système vous prépare à fuir ou à lutter face à une menace perçue. Votre cœur bat plus vite, votre respiration s’accélère… c’est l’adrénaline en plein show.
Le système vagal dorsal : l’ultime recours, celui de l’arrêt total. Quand la menace semble insurmontable, ce système vous plonge dans un shutdown pour vous protéger.
Stephen Porges : l’homme derrière la théorie
Stephen W. Porges, chercheur en neurosciences et psychophysiologie, a introduit la théorie polyvagale en 1994. Mais ne vous y trompez pas, ce n’était pas un simple exposé académique. C'était un changement de paradigme dans la compréhension des comportements humains.
Porges a mis en lumière un concept clé : la neuroception, ce super pouvoir inconscient de notre système nerveux qui scanne en permanence notre environnement pour détecter la sécurité ou le danger. Un peu comme un radar sophistiqué qui scanne constamment votre environnement, votre système nerveux le fait en silence pour assurer votre survie.
Deb Dana et le livre s’ancrer dans la sécurité
Une experte en traduction neuroscientifique
Deb Dana est une clinicienne spécialisée dans les traumatismes complexes. Elle a collaboré étroitement avec Stephen Porges pour rendre la théorie accessible, non seulement aux thérapeutes, mais aussi à nous, simples mortels. Dans son livre S’ancrer dans la sécurité (edp Sciences éditions), elle propose des exercices pratiques pour passer de la théorie à la vie réelle.
Ce guide est une invitation à explorer votre système nerveux autonome, à en comprendre les subtilités et à trouver des moyens de naviguer vers un état de régulation. En d’autres termes : c’est votre roadmap pour une vie plus connectée et apaisée.
Pourquoi la théorie polyvagale révolutionne notre vie
Une nouvelle façon de comprendre le stress et les émotions
Avant Porges, nous pensions que le système nerveux autonome fonctionnait de manière binaire : sympathique pour l’action, parasympathique pour le repos. La théorie polyvagale introduit une hiérarchie, une dynamique fluide entre les états, reflétant l'évolution biologique de l'humanité.
La voie ventrale est le summum de notre évolution : elle favorise la collaboration, l’amour, et la créativité.
La voie dorsale, plus ancienne, nous replonge dans un mode reptilien, où l’immobilisation est la clé de survie.
Entre les deux, le système sympathique mobilise l'énergie nécessaire pour agir.
La sécurité avant tout
La clé de cette théorie ? La sécurité. Tout, de nos interactions sociales à notre bien-être intérieur, repose sur notre capacité à ressentir un sentiment de sécurité. La co-régulation – cette danse subtile entre votre état interne et celui des autres – joue un rôle fondamental.
Applications pratiques de la théorie polyvagale
Si vous vous demandez pourquoi cette théorie devrait vous intéresser, c’est ici que les choses deviennent personnelles. Voici quelques domaines où la théorie polyvagale fait des miracles.
1. Réduction du stress : passer du mode alerte au mode sérénité
Exemple pratique : Respiration consciente pour apaiser le système nerveux sympathique Imaginez une journée où tout semble s'accumuler : réunions interminables, notifications incessantes, et votre cœur qui s'emballe. Votre système sympathique est activé, prêt à fuir ou à lutter, même si la "menace" est seulement un agenda surchargé.
Pour calmer cet état, Deb Dana recommande la respiration ventrale consciente :
Trouvez un endroit calme, si possible, mais sachez que cela fonctionne même à votre bureau.
Asseyez-vous confortablement et placez une main sur votre ventre.
Inspirez lentement par le nez, en sentant votre ventre se gonfler sous votre main.
Expirez lentement par la bouche, en sentant votre ventre se dégonfler.
Faites cet exercice pendant 5 minutes. Cette pratique active le nerf vague ventral, réduit le rythme cardiaque et signale à votre corps qu’il peut quitter le mode alerte pour revenir à un état de calme.
2. gestion des traumatismes : reconstruire la sécurité intérieure
Exemple pratique : Utiliser des points d’ancrage pour contrer le "shutdown" Après un événement traumatique, votre système nerveux peut se retrouver bloqué dans un état de shutdown lié à la voie vagale dorsale. Vous vous sentez déconnecté, sans énergie, et peut-être même désespéré.
Pour commencer à sortir de cet état, essayez l’exercice du qui, quoi, où, quand proposé par Deb Dana :
Qui : Pensez à une personne (ou un animal) qui vous fait sentir en sécurité. Imaginez son visage ou la sensation de sa présence.
Quoi : Rappelez-vous une action qui vous apaise, comme boire une tasse de thé ou marcher dans la nature.
Où : Identifiez un endroit qui vous apporte de la sécurité, comme un coin de votre maison ou un parc familier.
Quand : Souvenez-vous d’un moment récent où vous vous êtes senti(e) en paix.
Ces "ancrages" réactivent doucement la voie vagale ventrale, vous aidant à retrouver un sentiment de contrôle et de sécurité intérieure.
3. Amélioration des relations : la magie de la co-régulation
Exemple pratique : Apprendre à écouter activement pour renforcer la connexion Dans un monde où les conversations sont souvent des échanges rapides d’informations, la co-régulation invite à une écoute active. Imaginez que votre partenaire ou un collègue partage une frustration. Au lieu de répondre immédiatement ou de chercher une solution, essayez ceci :
Maintenez le contact visuel (si culturellement approprié) pour signaler votre disponibilité.
Synchronisez votre respiration : respirez lentement et profondément, cela encourage l'autre personne à se calmer inconsciemment.
Répétez ses mots-clés ou reflétez ses émotions avec des phrases comme : "Je comprends que tu te sens frustré(e) parce que...".
Ces actions activent la voie vagale ventrale chez vous et votre interlocuteur, favorisant une connexion authentique. Vous devenez une présence sécurisante, ce qui améliore vos relations sur le long terme.
Exercices polyvagaux pour une vie régulée
Prêt à explorer votre système nerveux ? Voici quelques exercices issus de S’ancrer dans la sécurité :
1. Cartographier vos états autonomiques
Prenez une feuille et identifiez les moments où vous avez ressenti :
La sécurité et la connexion (voie ventrale).
L’alerte et l’agitation (système sympathique).
La déconnexion et la fatigue (voie dorsale).
Cette carte vous aidera à comprendre vos schémas émotionnels.
2. La respiration ventrale
Ralentissez votre respiration. Inspirez profondément par le nez, en gonflant votre ventre, puis expirez lentement. Cet exercice active la voie ventrale et apaise votre esprit.
3. Trouver vos ancrages
Identifiez des personnes, des lieux ou des activités qui vous donnent un sentiment de sécurité. Faites appel à ces ressources lorsque vous vous sentez stressé ou désorienté.
La théorie polyvagale dans la vie quotidienne
1. Au travail : cultiver un climat de sécurité et de collaboration
Exemple pratique : Utiliser les principes de la co-régulation pour gérer les équipes Imaginez une réunion d’équipe où des tensions montent à cause d’un projet en retard. Un leader qui applique les principes de la théorie polyvagale peut agir pour rétablir un sentiment de sécurité et favoriser la collaboration :
Créer un espace d’écoute : Le leader commence la réunion en exprimant un message rassurant, comme : "Nous sommes ici pour trouver des solutions ensemble, pas pour pointer des erreurs."
Observer le langage corporel : En prêtant attention aux signes de stress (mains crispées, voix tendue), il peut ajuster son approche, par exemple en ralentissant le rythme de la discussion ou en posant des questions ouvertes.
Encourager la respiration consciente : Avant de prendre des décisions importantes, il propose une minute de silence ou de respiration consciente pour calmer les esprits et recentrer l’énergie collective.
Ce type d’approche crée un environnement propice à la co-régulation, où chaque membre se sent entendu et en sécurité, ce qui favorise des discussions constructives et une meilleure collaboration.
2. Dans la parentalité : accompagner les enfants avec douceur et connexion
Exemple pratique : Apaiser un enfant en crise avec la régulation autonome Imaginez que votre enfant est frustré parce que son jouet est cassé. Au lieu de réagir avec autorité ou impatience, utilisez des principes polyvagaux pour apaiser la situation :
Se connecter avant de corriger : Agenouillez-vous pour être à sa hauteur et établissez un contact visuel. Une voix douce et posée active la voie vagale ventrale chez l’enfant.
Valider les émotions : Dites-lui : "Je vois que tu es très en colère parce que ton jouet est cassé. C’est difficile, je comprends." Cela aide à rassurer son système nerveux et diminue son besoin de se défendre.
Offrir une solution adaptée à son état : Si l’enfant est encore dans un état de crise, proposez une action apaisante : "Et si on prenait une grande inspiration ensemble ? Ensuite, on peut réfléchir à ce qu’on peut faire pour réparer ou remplacer ton jouet."
Avec le temps, ces interactions répétées renforcent la capacité de l’enfant à réguler ses émotions et à se sentir en sécurité.
3. Dans la santé mentale : intégrer les pratiques polyvagales en thérapie
Exemple pratique : Utiliser la cartographie des états autonomiques en séance Un thérapeute travaillant avec un patient anxieux peut intégrer la théorie polyvagale pour l’aider à mieux comprendre et réguler ses émotions.
Cartographier les états émotionnels : Le thérapeute invite le patient à identifier les moments où il se sent stressé, déconnecté ou calme. Ensemble, ils créent une "carte" qui illustre les états vagaux ventral, sympathique et dorsal, et leurs déclencheurs.
Ancrer des moments de sécurité : Le thérapeute aide le patient à identifier des activités ou des souvenirs qui lui procurent un sentiment de sécurité (une promenade en forêt, une musique apaisante).
Pratiquer la régulation : Pendant une séance, le thérapeute guide le patient dans un exercice de respiration ventrale ou d’imagerie mentale pour revenir à un état de calme.
Ces outils permettent au patient de devenir plus conscient de ses états autonomiques et d’apprendre à activer la voie vagale ventrale en dehors des séances, renforçant ainsi sa résilience.
Critiques et limites de la théorie polyvagale
Aucune théorie n’est parfaite, et celle-ci n’échappe pas à la critique. Les sceptiques pointent :
Un jargon complexe qui peut décourager les non-initiés.
Le manque de preuves empiriques robustes dans certaines applications pratiques.
Cependant, son adoption croissante dans divers domaines témoigne de son impact profond.
Conclusion : faites de votre système nerveux un allié
La théorie polyvagale n’est pas qu’une théorie : c’est une invitation à mieux comprendre votre corps, vos émotions et vos relations. Inspirée par le travail révolutionnaire de Stephen Porges et magnifiquement traduite en pratiques quotidiennes par Deb Dana, elle offre des outils pour transformer la peur en sécurité, et la survie en épanouissement.
Alors, pourquoi ne pas commencer aujourd'hui ? Inspirez, connectez-vous, et découvrez le pouvoir de la sécurité intérieure. Vous êtes votre propre guide !
Source : S'ancrer dans la sécurité (Anchoring the Self in Safety) (edp Sciences éditions)
FAQ : tout ce que vous devez savoir sur la théorie polyvagale
Qu’est-ce que la théorie polyvagale ?
La théorie polyvagale est une approche neuroscientifique développée par Stephen Porges. Elle explique comment le système nerveux autonome régule nos réponses émotionnelles et comportementales face à la sécurité ou au danger.
À qui s’adresse la théorie polyvagale ?
Cette théorie s’adresse à tout le monde ! Elle est particulièrement utile pour les professionnels de la santé mentale, mais aussi pour les personnes cherchant à mieux gérer le stress, les traumatismes ou à améliorer leurs relations.
Comment puis-je appliquer la théorie polyvagale dans ma vie quotidienne ?
Vous pouvez commencer par des exercices simples comme la respiration diaphragmatique, la cartographie de vos états émotionnels ou en identifiant des activités et relations qui favorisent un sentiment de sécurité.
Quels sont les bienfaits de la théorie polyvagale ?
Elle aide à réduire le stress, à gérer les traumatismes, à améliorer la qualité des relations et à renforcer la régulation émotionnelle. Elle est également bénéfique pour la santé physique en stabilisant le rythme cardiaque et en favorisant un sommeil de qualité.
Est-ce que je peux utiliser la théorie polyvagale avec mes enfants ?
Oui, elle est très utile pour aider les enfants à mieux réguler leurs émotions et à renforcer leur sentiment de sécurité à travers des interactions bienveillantes et des routines apaisantes.
Combien de temps faut-il pour ressentir les effets des exercices polyvagaux ?
Les effets varient d’une personne à l’autre. Certaines techniques, comme la respiration diaphragmatique, peuvent offrir un soulagement immédiat, tandis que des changements plus profonds nécessitent une pratique régulière.
Comment activer le nerf vague ventral ?
Des techniques comme la respiration profonde, le chant, ou des interactions sociales positives peuvent aider à stimuler la voie vagale ventrale.
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