La vie est mouvement, c’est une de ses lois fondamentales et elle s’applique à tous et partout, y compris pour notre cerveau ! Loin d’être figé comme une machine, notre cerveau est souple, il tient davantage d’un organisme vivant qui, par de nouvelles expériences, s’adapte et évolue. Ainsi, nous disposons tous d’un cerveau, dont la neuroplasticité lui permet de changer de structure et de fonctionnement grâce à l’activité mentale. A chaque nouvelle expérience des sens ou de réflexion, nous modifions des connexions à l’intérieur de notre cerveau.
A partir de ce constat, notre capacité à faire et défaire des connexions neuronales, par nos pensées, peut être à l’aune d’une nouvelle forme de thérapie. Il en existe d’ailleurs plusieurs actuellement, qui toutes reposent sur la neuroplasticité en mettant à contribution les différentes formes d’énergie suivant les cas de maladies. Cela va être la lumière, les vibrations, l’électricité, ou encore le son dans le cas de l’autisme ou le mouvement pour traiter de la maladie de Parkinson.
Comment les pensées modifient le cerveau ?
Oui, les pensées peuvent transformer notre cerveau et nous aider à combattre certaines douleurs chroniques. Comme la migraine, par exemple. Une méthode de thérapie par la pensée a d’ailleurs été mise au point par un psychiatre spécialiste du traitement de la douleur, Michael Moskowitz. Lui-même sujet à des douleurs chroniques à la nuque qu’il essayait de traiter de multiples façons, il a finalement mis au point un exercice de visualisation mentale pour se soigner. Sachant que la douleur chronique est un effet pervers de la neuroplasticité, en ce sens où à chaque fois que les nerfs stimulent la zone de la douleur, le cerveau enregistre cette connexion. Du coup nous déclenchons cette zone de douleur chaque fois que nos nerfs sont réveillés. C’est un cercle vicieux.
Pour en sortir, il faut alors mettre au point un cercle vertueux par la visualisation. Pour guérir, au moment où il ressent cette douleur à la nuque, Michael Moskowitch visualise des images mettant en scène les zones de son cerveau souffrantes en train de guérir. Evidemment cela ne fonctionne pas au bout du premier jour, il faut répéter l’exercice, le temps que le cerveau établisse cette nouvelle connexion.
Comment la musique soigne les troubles cognitifs?
La thérapie par le son dans le cas d’autisme
Dans le cas de l’autisme, c’est un célèbre ORL (oto-rhino-laryngologiste), Alfred Tomatis qui a mis au point méthode de rééducation par l’écoute, pour combattre le phénomène du cerveau bruyant. Un phénomène qui est dû à la lésion des neurones, qui déséquilibrent les sensations physiques. Ainsi, les autistes vont être insensibles à leur environnement ou vont se sentir agressés. Dans les deux cas, ils ont de la difficulté à créer une relation avec les autres.
Pour corriger ce décalage entre leur cerveau et le monde qui les entoure, la méthode d’Alfred Tomatis consiste à leur faire travailler leur zoom auditif (notre capacité à écouter une conversation ou une voix au sein d’un brouhaha), en leur faisant écouter de la musique modifiée électroniquement et accompagnée d’une voix maternelle. Cette voix, appréciée des enfants autistes, les motivent à se concentrer sur elle, et les aide ainsi à développer leur zoom auditif. Cette méthode fonctionne aussi pour soigner les troubles de l’attention ou du langage.
Comment le mouvement conscient soigne la maladie de Parkinson?
Cette méthode-ci n’a pas été mise au point par un professionnel, mais par un patient atteint lui-même de la maladie de Parkinson ! Il se nomme John Pepper, un Sud-Africain octogénaire, qui s’est inspiré de la méthode Feldenkrais, une méthode de relaxation et de prise de conscience du corps par le mouvement. Concrètement, cela consiste à marcher comme un jeune enfant ferait ses premiers pas, c’est-à-dire avec une attention accrue au moindre geste.
Pourquoi ? Chez le tout jeune enfant, durant toute la phase d’apprentissage où il apprend à marcher, il va mettre en activité les circuits neuronaux préfrontaux (derrière le front) et ceux qui sont l’intérieur de son cerveau. Une fois acquis, une fois qu’il sait marcher, son cerveau va arrêter de stimuler tous ces circuits et l’intégrer dans une séquence automatique située dans les ganglions de base. Mais le problème avec Parkinson, c’est ce que ce sont ces mêmes ganglions de base qui sont défectueux.
De fait, en réapprenant à marcher comme un enfant, en réactivant les circuits neuronaux du cerveau, le patient contourne les ganglions de base et son cerveau va commencer à automatiser sa nouvelle façon de marcher.
Alors pas de doute, il y a de l’innovation médicale dans l’air ! Si vous souhaitez en savoir plus sur la magie de la neuroplasticité de notre cerveau, tournez-vous vers Norman Doidge, un célèbre psychiatre et enseignant à Toronto et New York, connu du grand public au Canada.
Sources : Les Etonnants pouvoirs de transformation du cerveau, Norman Doidge, Belfond, 2008.
Guérir grâce à la neuroplasticité. Découvertes remarquables à l’avant-garde de la recherche sur le cerveau, Norman Doidge, Belfond, 2016
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