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Publié le 17/11/2020, mis à jour le 10/10/2022
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Lila Djeddi, donner du goût et du sens dans l’assiette !
365 jours de cuisine gourmande et solidaire
Aujourd’hui, rendez-vous gourmand avec Lila Djeddi, l’autrice de « L’almanach militant : 365 jours de cuisine gourmande et solidaire » chez Tana édition.
Depuis plusieurs années, Lila Djeddi œuvre au niveau local et social pour le bien manger pour tous. Son credo ? Une cuisine du quotidien facile, généreuse, créative et de saison. Elle a accepté de partager son parcours d’autodidacte et son engagement au travers de son livre de cuisine, qui est d’ailleurs bien plus qu’un livre de recettes.
Des recettes, des connaissances et des clés pour mieux manger
Le bien manger accessible à tous
- Lila, on a adoré votre livre parce qu’il est extrêmement généreux avec quand même une recette par jour ! C’est l’idéal pour les familles car vous proposez même une déclinaison de recette pour permettre aux enfants de participer à la vie familiale, donc à la cuisine.
- Lila Djeddi : Il y a effectivement une recette pour les enfants une fois par semaine mais il y a aussi différentes thématiques qui leur expliquent simplement comment fonctionne notre système alimentaire et à hauteur d’enfants. Je trouve intéressant qu’ils comprennent ce dans quoi on est, et surtout ce vers quoi on peut tendre.
Cuisiner en conscience
- Lila Djeddi : Cela ne m’aurait pas vraiment intéressée d’être une simple cuisinière parce que je me pose beaucoup de questions sur le monde et que j’ai envie de remettre du sens dans l’assiette. Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui auraient envie aussi de mettre beaucoup plus de sens et de gourmandise dans leur assiette, mais qui ne savent pas vraiment faire.
J’évoque les saisons, parce que beaucoup de gens ne consomment pas en fonction des saisons, or c’est une boussole, c’est le premier point de cuisiner avec des produits bruts non traités et cultivés avec sens. Ce n’est pas un hasard si on a des saisons, le corps a des besoins particuliers à différents moments. Et se connecter à cela, c’est se connecter à soi aussi et se reconnecter au vivant.
La simplicité avant tout
- Lila Djeddi : J’ai fait le choix qu’il n’y ait pas du tout de technique dans les recettes. L’idée c’est d’avoir accès au produit de qualité, qu’on va essayer de sourcer à différents coûts. Il m’importe de donner une accessibilité au bien manger pour la santé, pour le plaisir et pour aider les producteurs.
Comprendre les dessous de l’assiette
Déconstruire des croyances
- Lila Djeddi : Beaucoup de gens s’alimentent en passant par l’industrie agro-alimentaire parce qu’ils ont l’impression que c’est plus simple et moins couteux. Or ce sont des croyances, et j’avais envie de déconstruire tout ça par des explications simples et en montrant les alternatives qui fonctionnent.
Il y a plein de forme de sources d’approvisionnement qui permettent d’aider et d’accompagner les producteurs avec des budgets accessibles. Ce qui est aussi important, parce qu’il y a des gens qui ont des tous petits budgets et ne peuvent pas manger bio. J’ai l’impression qu’avec ce livre j’accompagne vraiment les gens selon les différentes problématiques et réflexions qu’on peut avoir.
Décryptage du système alimentaire expliqué aux enfants et adultes
- Lila Djeddi : L’idée du livre c’est vraiment d’accompagner et d’expliquer l’enjeu du système alimentaire. Par exemple sur l’industrie agro-alimentaire, il faut vraiment conscientiser que c’est du poison. Pour l’instant le gouvernement n’accompagne pas cette pensée-là qui est pourtant fondamentale pour les enfants qui sont nourris et élevés avec des produits de piètre qualité.
S’il y a un geste à faire aujourd’hui pour soi et la planète, c’est d’arrêter de manger de la viande de culture intensive, où il se passe des choses extrêmement violentes.
Je ne dirai pas qu’il ne faut pas manger de la viande, parce que je n’ai pas envie de dire aux gens « il faut ou il ne faut pas », mais il y a des réalités. Peut-être devrions nous revoir notre rapport à la consommation de viande, en manger très peu comme si c’était une fête. Et puis aller acheter de la viande de qualité aux producteurs locaux, qui travaillent avec sens et c’est possible comme je l’explique dans mon livre.
Avec les 800 rubriques exposées dans mon livre, on voit quand même pas mal de choses, du coup ça permet aux gens d’être un peu moins démoralisé parce qu’on voit que les gouvernements ne font rien. Le livre rappelle une chose précieuse : si ça ne bouge pas en haut, sachez que ça bouge quand même en bas !
Une initiation à la cuisine solidaire et humaine
- Lila Djeddi : Dans le livre, je mets en valeur des personnes qui œuvrent discrètement à la mise en place d’un nouveau mode de consommation plus solidaire.
Par exemple, je vis à Paris dans un quartier plutôt populaire. On a eu beaucoup de migrants qui sont arrivés il y a 5 ans. Des habitants du quartier ont décidé de mettre en place des petits déjeuners à des migrants tous les matins depuis 4 ans, 7 jours sur 7. C’est une nouvelle solidarité et c’est local.
De mon côté, avec quelques voisins, j’ai créé deux groupements d’achats dans mon immeuble, parce que tout le monde ne peut pas s’offrir des produits de certains magasins bio. Je suis passée par deux réseaux de producteurs que j’ai connu dans une amap et qui viennent nous livrer dans notre immeuble une fois par mois. On arrive à avoir des produits sans intermédiaire et à un coût juste pour les producteurs et nous.
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Qu’est-ce qu’une amap ?
L’amap est une association qui permet de rassembler des producteurs et des particuliers qui s’engagent sous la forme d’un contrat solidaire de 6 mois ou d’1 an selon les produits. Tout le monde est gagnant : le consommateur sait où va son argent, et le producteur est rassuré parce qu’avec son argent sur 6 mois ou sur l’année, il sait comment il va payer ses charges et se verser un salaire.
Grâce aux amap, les producteurs vivent décemment de leur travail. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’autres qui vivent de subventions et s’épuisent à travailler sans salaire. Pour rappel, les agriculteurs font partie des catégories socio-professionnelles les plus frappées par le suicide.
Parcours de vie de Lila Djeddi
Révélation londonienne
- Lila Djeddi : J’ai habité à Londres quand j’avais 22 ans pour parfaire mon anglais. Je cherchais un petit job alimentaire en tant que serveuse. En me présentant dans un petit pub de la City, le boss qui venait de perdre son cuisinier m’a embauchée pour le remplacer. Pendant 1 an et 3 mois, j’ai préparé une entrée, un plat et un dessert tous les jours avec une immense liberté, je faisais ce que je voulais.
Dans ce cadre, j’ai eu une révélation et un immense plaisir à découvrir la cuisine végétarienne. J’ai pris une grande claque culinaire à Londres.
La cuisine végétarienne y est extraordinaire. Elle est faite de différentes cultures, elle est parfumée, gourmande, ouverte, je trouve que c’est une ode à la différence.
Retour en France
- Lila Djeddi : Je suis revenue en France et je ne me suis pas autorisée à me lancer dans la cuisine, parce que j’étais dans l’audio-visuel et que j’avais l’impression que la cuisine n’était pas pour moi.
La Cantine Vagabonde
- Lila Djeddi : J’ai donc ouvert la Cantine Vagabonde, qui se trouvait à Stalingrad, un quartier très populaire. Cela me tenait doublement à cœur. D’abord parce que j’y habite et ensuit parce que sous prétexte qu’on est dans un quartier populaire, on n’a pas tellement accès à des choses de qualité.
Je voulais raconter une histoire nouvelle dans un restaurant tout doux, beau avec des produits de saison et de qualité. L’endroit a été très bien accueilli, parce que même ceux qui était très modestes et ne pouvaient pas profiter du restaurant me disaient « ça fait vraiment du bien d’avoir un endroit beau dans le quartier ».
J’y suis restée 7 ans. Puis après j’avais besoin d’autre chose, d’être dans la transmission mais autrement.
Beaucoup de mes clients au départ étaient frileux, ils avaient un peu peur. Je n’avais pas de grands discours pour les rassurer. Je préférais les convaincre en me basant sur du concret plutôt que sur des mots. Je leur disais « mangez et on en parle après ».
Après c’était des grandes discussions autour de ce système alimentaire qui épuise nos ressources et notre humanité, autour de nos possibles, de la facilité de cuisiner au quotidien des choses simples et brutes. A la suite de ces échanges, la plupart de mes clients ont vraiment changer leur alimentation.
- Vous rappelez donc qu’on a le pouvoir de faire ?
- Lila Djeddi : On a le pouvoir de faire effectivement. Boycotter, ce n’est pas uniquement manifester ou forcément s’égosiller et être en colère. Finalement, l’acte d’achat est hyperpuissant, parce qu’il ne se discute pas. C’est un choix, c’est calme, limpide, clair et il n’y a aucune violence, c’est juste refuser. Quand on a les clés pour tout comprendre et faire autrement avec un budget moindre, c’est plus facile d’aller dans ce sens.
- Un dernier mot ?
Lila Djeddi : Se nourrir au quotidien doit être un acte réjouissant. Qu’avec peu, on peut vraiment beaucoup donner. Dans une assiette, il y a beaucoup plus de choses que quelques ingrédients, car ce qui compte vraiment, c’est le soin que l’on apporte à ce qu’on va faire et à l’acte de nourrir.
Must have : L’almanach militant : 365 jours de cuisine gourmande et solidaire » de Lila Djeddi chez Tana édition. Propos de Lila Djeddi recueillis par Amal Dadolle
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