Un coup de cœur ! Le premier roman de Caroline Franc, bloggeuse et journaliste. De quoi s’agit-il ? De la découverte du Hygge, à travers le regard acide de Chloé, reporter de guerre de talent, accessoirement en colère contre la vie, et semi-consciente d’être profondément malheureuse. N’en pouvant plus de voir sa journaliste se comporter comme un dragon avec ses collègues, sur lesquels elle déverse ses flammes de colère, son rédacteur en chef l’envoie faire un papier sur la ville la plus heureuse du monde, Gilleleje.
Cette charmante bourgade côtière se situe à quelques kilomètres de Copenhague, et ses habitants puisent le secret du bonheur dans le Hygge. Notre journaliste-dragon, mise au pied du mur, y va bien malgré elle, avec en tête l’idée de dénoncer cette vaste escroquerie.
Or, loin d’être une histoire de marketing, nous allons découvrir au côté de Chloé une philosophie de vie beaucoup plus profonde, subtile et sage que ne le laisse apparaître sa douce légèreté avec son attachement quasi-sacré aux petites choses futiles comme les bougies et les plaids douillets.
Les Danois n’ont pas découvert la fontaine de Jouvence, ni le paradis sur Terre. Mais ils détiennent une compétence dont nous manquons cruellement dans notre pays : celle consistant à décider d’être heureux. Envers et contre tout .
Les perles de sagesse du Hygge
Voici, pour vous, quelques perles du roman de Caroline Franc :
Tu sais, si tu attends qu’il fasse beau, tu ne cours jamais, au Danemark. Ici, la pluie fait partie du paysage, on fait avec. Tu devrais essayer…
De courir sous la pluie ?
De faire avec…
On peut être triste et se donner l’autorisation d’être heureux, par moments en tout cas. On peut avoir mal, mais refuser que cela nous définisse.
Ces deux perles nous délivrent un enseignement sur ce qu’est la résilience, et la force de caractère et d’esprit qui sous-tend cette qualité. La vie a beau être une continuité d’évènements durs, injustes, cruels qui nous touchent de plein fouet, la vraie force de caractère est de ne pas se laisser emprisonner, ou empoisonner, par eux. D’aller au-delà.
Se connaitre
L’une des clés pour y parvenir est une profonde connaissance de soi. Peu de choses peuvent vraiment nous ébranler, si nous savons qui nous sommes. Par ailleurs, la connaissance de soi est un ingrédient indispensable pour le bonheur. Si on ne se connait pas, on ne sait pas ce qui est bon et juste pour nous. Si on ne se connait pas, on ne sait pas vraiment ce que nous voulons. Et pour revenir à la vie qui nous en met plein la figure, la résilience n’implique pas que de savoir encaisser les mauvais coups, il faut savoir cicatriser et mettre du baume au cœur. Cela passe par chérir de précieux petits moments de vie quotidienne, en prenant conscience qu’en dépit de tout, nous avons la chance de vivre.
Vis comme si demain il n’y avait plus de café.
Vivre intensément
[A propos du hygge] C’est plus quelque chose qui se ressent. C’est une façon de vivre. Comme si on mettait en place des petits rituels, pour que les bons moments soient encore meilleurs. C’est une philosophie. [Ma grand-mère] mettait un point d’honneur à ce que chaque minuscule moment de bonheur soit célébré. Elle disait toujours : “Vis aujourd’hui comme s’il n’y avait plus de café demain.”
« Vis comme si demain il n’y avait plus de café », une formule si légère pour aborder le sombre tabou de la mort. Passeriez-vous la journée à vous morfondre sur vos colères, vos peurs, vos ressentiments, si vous saviez que demain c’était l’Apocalypse ? Non, vous vivriez cette journée intensément. Cette formule danoise rejoint ici l’art de mourir des samouraïs du Japon ancestral, qui signifiait tout simplement l’art de vivre chaque jour et chaque instant intensément, en se défaussant de la peur de mourir.
Éloge aux petites choses futiles qui font du bien
Les Danois n’ont pas découvert la fontaine de Jouvence, ni le paradis sur Terre. Mais ils détiennent une compétence dont nous manquons cruellement dans notre pays : celle consistant à décider d’être heureux. Envers et contre tout .
finit par conclure Chloé.
Voilà qui est un pied-de-nez à son ancien cynisme, son petit bouclier qui cachait mal ses blessures émotionnelles. Le cynisme n’aide pas et manque d’élégance. Les petites choses futiles qui font du bien, elles, n’en manquent pas.
Derrière de simples accessoires comme des bougies et un plaid, c’est en fait un rituel qui rend grâce à la vie, et à nous-mêmes d’avoir parié sur le bonheur.
Merci à Caroline Franc, qui nous délivre les clés d’une sagesse dans le récit d’une histoire, qui a tous les attributs d’un conte. Si vous voulez comprendre profondément tout l’art du Hygge, ne passez pas à côté.