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Publié le 18/05/2022, mis à jour le 12/06/2023
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Comment nourrir son feu intérieur?


Qu’est-ce que le feu intérieur?
Le feu intérieur selon Marie-Pierre Dillenseger
Quand on écoute ceux qui connaissent le succès, ou tout simplement les gens heureux, tous racontent qu’une force particulière les guide, les nourrit et les inspire. Même en temps délicats ou douloureux.
On dit de ces gens qu’ils sont extraordinaires, et que leur force provient de leur feu intérieur.
Mais qu’en est-il réellement ? Qu’est-ce donc, justement, que ce feu intérieur ? Et comment le reconnaître et l’entretenir quand la flamme vacille ?
Pour connaître les secrets du feu, nous recevons Marie-Pierre Dillenseger, spécialiste des arts stratégiques chinois, thérapeute, conférencière et auteure de plusieurs ouvrages dont le dernier paru récemment s’intitule « Le feu intérieur, 23 pratiques pour cultiver votre vitalité » (Robert Laffont, 2022).
- Votre livre regroupe 23 pratiques qui nous sont présentées comme des injonctions au service d’un fil de vie. Pourquoi parlez-vous d’injonctions ? Quel sens lui donnez-vous dans votre livre ?
- MPD : Le terme peut être un peu fort et directif, mais je pense qu’il ne faut pas tourner autour du pot et signaler que nous avons tous un capital vital de santé dont il est de notre responsabilité de prendre soin.
Symbole de la vitalité
- Le feu est l’un des 5 éléments de la médecine chinoise. Que symbolise-t-il ?
- MPD : Le feu est la métaphore de l’énergie. Il symbolise à la fois le visible, et paradoxalement, l’invisible comme l’aura ou l’énergie que dégage une personne.
- Dans votre ouvrage, le feu intérieur est le symbole de la vitalité. Vitalité dont vous dites dans votre prologue que « c’est elle, et non la volonté, qui nourrit l’accomplissement. [Que c’est encore] elle, et non la résilience, qui permet le rebond après un choc, un deuil, une trahison. » Vous allez à rebours des croyances et des discours. Qu’est-ce que la vitalité finalement ?
- MPD : On pourrait dire que c’est la force vitale, le Chi dont parle tous les arts chinois. C’est donc une métaphore qui tente de nommer une force profonde que nous avons tous, et qui va parfois dormir dans sa niche comme un animal malheureux parce que nous oublions de l’alimenter.
- Vous écrivez que prendre soin de sa vitalité ne consiste « pas juste à se faire du bien, en s’octroyant enfin un soin ou une semaine de vacances ». Comment donc bien prendre soin de sa vitalité ?
- MPD : Il n’y a pas une méthode ou une approche particulière pour en prendre soin. Ce qui compte est l’intention donnée à un certain nombre de fibres de vie. Pour certaines personnes cela peut être de se connecter à une terre, et pour d’autres d’oser être plus conscientes des forces contraires qui plombent leur joie de vivre.
Comment retrouver le feu intérieur?
Sortir de l’inconscience
- A quelqu’un qui se dit usé et désabusé par la vie, quelles pratiques lui conseillez pour inverser la donne ?
- MDP : En premier lieu de reconnaitre les conditions mortifères dans lesquelles il se trouve. Très souvent, nous retardons le moment où nous identifions ce qui nous a mis dans cet état. Évidemment, la prise de conscience du contexte n’inverse pas la vapeur, mais elle est le seuil du rebond.
- Comment réveiller cette conscience ?
- MPD : Elle est réveillée par une extrême souffrance. C’est malheureusement parce que cela fait si mal, et touchons le fond de la piscine, que le rebond est possible. Dans un second temps, il faut aller trouver une panoplie d’actes vertueux au service de ce qui met la personne en joie et nourrit son âme.
- Comment nourrit-on son âme ?
- MPD : En reconnaissant d’abord l’absence de nourriture et de sens dans ce que nous vivons et faisons. C’est le sens qui nourrit l’âme. La clarification du manque de sens est le seuil qui nous entraîne vers la recherche et la réintroduction du sens dans notre vie.
Principes pour ne jamais perdre la flamme
Extrait de « Le feu intérieur. 23 pratiques pour cultiver sa vitalité »
« La vitalité, pensée comme un muscle, n’est limitée que si nous ne l’entretenons pas. Elle doit être nourrie, choyée, captée et protégée. Les dépenses d’énergie inutiles, par arrogance, hubris ou inconscience, sont découragées. Toute l’attention est portée sur le renforcement de la vitalité et l’évitement de situations (actions, projets, lieux, personnes) énergivores. Le but n’est pas de durer mais de vivre pleinement connecté à soi-même. Rien n’est considéré comme acquis durablement. La présence à l’instant T est valorisée pour maximiser la vigilance aux circonstances (éviter les pièges et les erreurs), renforcer la force de frappe (accomplir) et éviter de se prendre la tête sur le passé qui n’est plus ou le futur qui n’est pas encore. »
Comment entretenir un feu intérieur affaibli?
Stratégies contre-intuitives
- Vous écrivez que face à « un conjoint qui vous trompe » ou « un supérieur peu commode, nous n’avons souvent pas d’autre choix que d’accepter notre sort ». Mais rester dans une relation délétère, voire malsaine, n’est-ce pas prendre le risque d’éteindre notre vitalité ?
- MPD : Accepter la situation à un instant T n’implique pas d’accepter définitivement la situation, mais de repérer l’impact sur notre vitalité et de se préparer. Par moment, faire comme si nous tolérons encore la situation est une ruse pour aller chercher la force de nous en sortir.
- Même si c’est humain, être obsédé par la difficulté dans laquelle nous sommes est une erreur. Il faut plutôt se focaliser sur tout ce qui peut alimenter nos forces de vie dans chacune de nos journées. C’est grâce à cela que nous pouvons dire le moment venu « stop » à une situation intolérable.
- Selon vous, « mariner dans la douleur et les regrets est thérapeutique » et que « prendre le risque de se perdre est un signe de vitalité ». En quoi sont nourrissantes ces conditions contre-intuitives de vitalité ?
- MPD : Il ne s’agit pas de s’installer durablement dans une situation mortifère. Il s’agit de prendre son temps en alimentant par des actions simples nos fibres vivantes. Je crois beaucoup aux petits actes qui nous font du bien répétés quotidiennement. Une semaine de vacances n’a pas autant d’impact que des actes simples faits chaque jour ou chaque semaine sur toute une année.
- Vous avez un exemple ?
- MPD : Je suis surprise de voir le nombre de personnes déconnectées de lieux physiques et de mémoire, qui les rattachent à leur lignée. Or, un petit pas vers une reconnexion de mémoire (en ressortant une recette d’une arrière-grand-mère) fait un bien fou dans la durée.
Conseils aux entrepreneurs
- Sur quels postures et gestes les entrepreneurs, en particulier les micro-entrepreneurs, en proie aux doutes et à la solitude, peuvent-ils s’appuyer ?
- MPD : Il y a celle qui est d’accepter de se perdre. Quand on démarre une entreprise ou même quand elle est en place, la ligne droite n’est pas régulièrement la norme. Nous sommes souvent chahutés. Accepter des détours qui semblent nous faire perdre du temps c’est aussi se permettre d’aller puiser des forces, des ressources et des informations que nous avons et qui ne se déploieraient pas si la ligne était tout à fait droite.
Deux autres postures aident également à puiser du courage :
- Célébrer les avancées aussi minimes soient-elles. Nous avons l’habitude de ne fêter que les vraies grandes célébrations comme le 1er contrat, or il faut savoir reconnaitre sa force à traverser toutes les étapes, comme la 1ère journée dans un nouveau bureau.
- Se souvenir que les échecs font partir de la victoire. Aux Etats-Unis, quelqu’un qui n’aurait jamais connu l’échec est presque suspect. Les échecs sont formateurs.
- Que faire en cas de lassitude ?
- MPD : On se pose, on se laisse submerger par la tristesse et le découragement du moment. Plus nous résistons et évitons ces émotions, plus elles vont s’embusquer et nous sauteront dessus à un moment donné où on ne s’y attendra pas. C’est naturel de se laisser happer par un moment de doute, il va passer si on n’est pas systématiquement en résistance.
Comment alimenter le feu intérieur d'un enfant ?
Les vertus de l’ennui
- Quels conditions et cadres les parents doivent-ils instaurer pour que leurs enfants touchent et nourrissent leur feu intérieur ?
- MPD : Les laisser s’ennuyer. Les enfants qui ne s’ennuient jamais n’ont pas l’occasion d’aller chercher une idée nouvelle dans les recoins de ce qu’ils sont. Il faut entendre qu’un enfant ne s’ennuie jamais longtemps, il arrive avec une nouvelle idée et celle-ci est connectée aux forces de vie. L’ennui est plus intéressant que de ne rien faire.
- Quelle est la différence entre les deux ?
- MPD : En général, ne rien faire signifie de se reposer et de sortir des contraintes. Pour arriver à l’ennui, il faut déjà réussir à ne rien faire pendant suffisamment longtemps. Au début, l’ennui créé un état de frustration, tandis que ne rien faire engendre du plaisir. On a l’impression de s’être sorti d’une difficulté.
- Les adolescents et jeunes adultes souvent insatisfaits ou gênés par leur corps, zappent leur confiance en eux et en la vie. Quels principes les aideraient à mieux s’accepter ?
- MPD : Dans un chapitre, j’invite les adultes à s’intéresser à la vie des plus jeunes qu’eux. On habitue très tôt les jeunes à cette idée qu’on va les écouter davantage quand ils seront plus grands et auront engrangé de l’expérience. Or, je pense que les plus âgés ont le défaut d’être déjà bien installés dans leur sillon. Or, la vie n’avance et la société ne se transforme que parce que les générations derrière nous arrivent avec d’autres manières de faire. Il important donc que les adultes aillent leur parler, les écouter et leur faire de la place.
Par ricochet, cela aide les jeunes à pouvoir s’affirmer et donc d’avoir davantage confiance en eux et en la vie.
Conclusion : comment s’acquiert le bonheur ?
S’affirmer, aimer avec justesse, faire son deuil, choisir ses batailles, en d’autres termes faire sa vie ou faire face à ces aléas exige un travail psychologique d’adaptation permanente de notre relation aux autres et à nous-même.
Tantôt nous tricotons pour vivre, tantôt nous détricotons pour survivre, le tout pour comprendre, avancer et enfin mieux vivre.
Comprendre ce cheminement, c’est saisir la justesse de la condition du bonheur à propos duquel Marie-Pierre Dillenseger écrit qu’il « n’est ni un dû, ni un droit, ni un acquis. Il s’apprivoise ».
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Publié le 18/05/2022, mis à jour le 12/06/2023