Panique dans l’assiette : Ils se nourrissent de nos peurs
Publié le 18/01/2018, mis à jour le 29/10/2024
Conseils en Alimentation & nutrition
Panique dans l’assiette : Ils se nourrissent de nos peurs
6 min de lecture
En 2014, une enquête menée par Ipsos révélait une inquiétude croissante chez les consommateurs. Environ deux tiers des personnes interrogées se disaient préoccupées par l’impact des produits alimentaires issus de l’industrie agroalimentaire sur leur santé. Cette anxiété était exacerbée par les scandales sanitaires réguliers. Face à cela, de nombreux consommateurs ont décidé de modifier leur mode de consommation en se tournant vers des alternatives perçues comme plus sûres, telles que l’alimentation biologique.
Mais ce choix est-il réellement plus sûr ? Est-il vraiment bénéfique pour la santé et l’environnement ? L’enquête de Gil Rivière-Wekstein, Panique dans l’assiette. Ils se nourrissent de nos peurs, remet en question bon nombre de nos croyances sur le bio. Son livre révèle les manipulations marketing utilisées par l’industrie agroalimentaire du bio, qui exploite nos peurs pour discréditer les produits non-bio. Dans cet article, nous allons explorer les principaux mythes liés au bio, déconstruits dans cette enquête.
Le bio : un choix vraiment pertinent ?
Une image idéalisée du bio
Le bio est souvent perçu comme une alternative plus naturelle et plus saine aux produits conventionnels. Les produits bio sont régulièrement présentés comme exempts de pesticides et de substances chimiques, offrant une alimentation plus pure et respectueuse de l'environnement. Cependant, cette image est en grande partie façonnée par le marketing et ne reflète pas toujours la réalité.
Gil Rivière-Wekstein, fondateur de la revue Agriculture et Environnement, s'est penché sur les allégations du bio et en a démonté plusieurs. Selon lui, l'industrie du bio alimente de nombreuses idées reçues pour asseoir sa supériorité, mais en vérité, ces arguments se retournent parfois contre elle. Loin d'être une panacée, le bio comporte aussi des zones d'ombre qui méritent d'être exposées.
Voici quelques exemples révélateurs.
Le vin bio est-il meilleur que le vin conventionnel ?
Une révélation surprenante
L'une des idées reçues les plus courantes est que le vin bio serait meilleur pour la santé et l'environnement que le vin issu de l'agriculture conventionnelle. Pourtant, cette affirmation ne résiste pas à une analyse rigoureuse. En 2013, l'association UFC-Que Choisir avait déjà alerté sur la présence de résidus de pesticides dans certains vins bio. Trois ans plus tard, une nouvelle enquête réalisée conjointement par WikiAgri et Agriculture et Environnement a confirmé ces résultats.
Pour cette enquête, 29 échantillons de vins bio ont été prélevés dans diverses enseignes à travers la France (Carrefour, Auchan, Monoprix, etc.) et analysés dans trois laboratoires indépendants. Les résultats ont été unanimes : tous les vins bio contenaient des traces de cuivre, un pesticide autorisé en agriculture biologique.
Des quantités de cuivre, mais sous contrôle
Certes, les quantités de cuivre détectées étaient bien en dessous des limites réglementaires fixées pour la santé humaine. Les représentants du bio ont défendu leurs produits en affirmant que les traces de cuivre étaient "insignifiantes" et sans danger. Ce type de défense est d’ailleurs couramment utilisé dans l'industrie du bio pour minimiser la présence de substances controversées. Cependant, cette tolérance disparaît lorsque des produits conventionnels se trouvent dans la même situation, ce qui expose une contradiction notable dans les arguments des défenseurs du bio.
La pomme bio : vraiment sans pesticides ?
Une campagne marketing controversée
En 2016, la chaîne de magasins Biocoop a été condamnée par la justice pour avoir dénigré les produits issus de l'agriculture conventionnelle, en particulier les pommes. Biocoop avait diffusé une campagne publicitaire avec le slogan : "N'achetez pas des pommes traitées chimiquement !", sous-entendant ainsi que les pommes bio étaient exemptes de traitement chimique. Cette affirmation a été rapidement contestée.
Une étude menée par l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) sur une période de huit ans, présentée lors du Salon des productions végétales à Angers en 2014, a révélé une réalité bien différente. Selon cette étude, les pommes bio, tout comme les pommes conventionnelles, sont également traitées chimiquement, notamment pour lutter contre les maladies fongiques comme la tavelure et les insectes nuisibles comme le puceron.
Des pesticides en agriculture biologique
Parmi les substances utilisées pour protéger les cultures bio, on trouve des produits tels que l'hydroxyde, le cuivre et le soufre sublimé. De plus, un perturbateur endocrinien connu sous le nom d'azadirachtine obtient chaque année une dérogation pour être utilisé dans les vergers biologiques. Cela démontre clairement que, contrairement à ce que prétend Biocoop, les produits bio ne sont pas exempts de traitement chimique.
Le saumon bio : une alternative vraiment plus saine ?
Des résultats décevants pour le bio
En décembre 2016, un rapport publié par le magazine 60 Millions de consommateurs a secoué le monde de l’alimentation bio. Intitulé « Saumon : carton rouge sur le bio », ce rapport révèle que les pavés de saumon bio contiennent davantage de contaminants que leurs homologues conventionnels. Des traces de mercure, d'arsenic et même de pesticides interdits y ont été détectées, contrairement aux attentes des consommateurs.
Une explication inquiétante
Les contaminants présents dans le saumon bio proviennent principalement de l'alimentation des poissons. Ces derniers sont nourris avec des farines et des huiles de poisson, qui accumulent des polluants persistants dans l'environnement. Une nouvelle fois, l'industrie du bio a réagi en affirmant que les niveaux de contaminants détectés dans le saumon bio étaient bien en dessous des limites réglementaires et ne présentaient aucun danger pour la santé humaine. Cependant, cela pose la question de la transparence et de la perception des produits bio par les consommateurs.
Pourquoi le bio dénigre-t-il le non-bio ?
Une quête de profits
Une question centrale soulevée dans l’enquête de Rivière-Wekstein est : pourquoi l’industrie du bio cherche-t-elle autant à discréditer les produits conventionnels ? La réponse se trouve dans la quête de profits. L’industrie du bio, comme toute autre, cherche à maximiser ses bénéfices en captant une clientèle soucieuse de sa santé et de l’environnement. Elle utilise pour cela le marketing du « sans » : sans pesticides, sans OGM, sans lactose, sans gluten, et bien d’autres « sans », qui alimentent les peurs des consommateurs.
Le marketing de la peur
Ce type de marketing exploite la peur des consommateurs face aux dangers potentiels des produits industriels. La stratégie consiste à proposer des produits qui seraient exempts de ces dangers, renforçant ainsi l’idée que tout ce qui n’est pas bio est nuisible. Ce discours trouve un écho particulièrement fort dans un contexte où les scandales sanitaires sont fréquents, et où les consommateurs cherchent des solutions pour protéger leur santé.
Cependant, cette approche est trompeuse, car comme nous l’avons vu, les produits bio ne sont pas exempts de substances chimiques, ni de contaminants. Le bio n’est donc pas toujours la solution miracle qu'il prétend être.
Quelles différences entre les aliments bio et non-bio ?
Des différences minimes
Des études scientifiques menées en 2009, 2010, 2012 et 2014, notamment celles de Dangour et Baranski, ont analysé les différences nutritionnelles entre les aliments bio et non-bio. Leurs conclusions sont claires : les différences dans la composition des aliments bio et non-bio sont minimes. Certains légumes bio contiennent un peu plus de polyphénols (des antioxydants) ou de vitamines, mais ces écarts sont si faibles qu’ils n’ont pas d’impact significatif sur la santé.
L’importance d’une alimentation variée
En fin de compte, ce qui importe le plus pour notre santé, ce n'est pas de savoir si nos aliments sont bio ou non, mais plutôt d’avoir une alimentation équilibrée et variée. Les fruits et légumes, qu’ils soient bio ou non, sont essentiels à une bonne santé. Ils sont riches en vitamines, minéraux et antioxydants qui aident à prévenir des maladies telles que le cancer, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.
Conclusion : comment bien manger sans céder à la panique ?
Recul et esprit critique
L’enquête de Gil Rivière-Wekstein nous invite à prendre du recul sur nos choix de consommation. Le bio n’est pas la solution magique qu’on nous vend. Il est important de développer un esprit critique face aux messages marketing qui exploitent nos peurs. Nous devons nous méfier des slogans simplistes qui opposent bio et non-bio, et garder à l’esprit que la qualité de notre alimentation dépend avant tout de sa diversité et de son équilibre.
Vers une alimentation consciente
Pour bien manger, il est essentiel de ne pas céder à la paranoïa. Plutôt que de se concentrer sur la provenance bio ou non-bio des aliments, il est préférable d’adopter une alimentation variée, composée d’ingrédients frais et peu transformés. La clé est de remplir son assiette avec des aliments sains, en privilégiant les fruits et légumes et en limitant les excès. C’est en adoptant cette approche simple et équilibrée que nous pourrons véritablement prendre soin de notre santé.
Ainsi, pour échapper à la panique alimentaire, nous devons avant tout miser sur le plaisir de bien manger et faire confiance à notre bon sens plutôt qu’aux promesses marketing.
Que Bloomingyou se fasse le rapporteur de ce genre d’info me consterne…. ! comment mettre en place des pratiques plus vertueuses pour l’environnement (et notre santé !) avec ce déni des effets délétères du tout chimique notamment pour les abeilles, la biodiversité, la qualité des sols….
Franchement…! l’industrie du bio n’est peut être pas aussi vertueuse qu’elle veut bien le dire mais de là à les condamner et à les mettre dans le même sac que les autres…!
cet article n’a pas du tout vocation à condamner l’industrie du bio mais bien, en dénonçant quelques uns de ses travers, la forcer à se rendre encore meilleure pour les consommateurs avisés que nous sommes….
Que Bloomingyou se fasse le rapporteur de ce genre d’info me consterne…. ! comment mettre en place des pratiques plus vertueuses pour l’environnement (et notre santé !) avec ce déni des effets délétères du tout chimique notamment pour les abeilles, la biodiversité, la qualité des sols….
Franchement…! l’industrie du bio n’est peut être pas aussi vertueuse qu’elle veut bien le dire mais de là à les condamner et à les mettre dans le même sac que les autres…!
Chère Marion,
cet article n’a pas du tout vocation à condamner l’industrie du bio mais bien, en dénonçant quelques uns de ses travers, la forcer à se rendre encore meilleure pour les consommateurs avisés que nous sommes….