Qu’on le déplore, le subisse ou qu’on s’en moque, le corps de la femme, comme celui de l’homme est soumis à des canons de beauté. Ce n’est guère nouveau dans l’histoire de l’humanité. Mais jamais auparavant, une société n’aura autant véhiculé le fantasme d’une apparence physique parfaite et d’un poids idéal.
Hommes et femmes doivent se garder d’avoir des kilos en trop. Ce désir de minceur, d’avoir un corps ferme et tout en muscles est bien installé dans notre société, entretenu par les photos de mannequins ou de corps retouchés des magazines, des réseaux sociaux et autres médias. Nous pourrions le confiner à ceux qui ont besoin de compliments pour calmer leur ego, mais cela serait faire fausse route, car la nature humaine n’est jamais aussi simple et linéaire.
Les plus observateurs d’entre nous, en premier lieu les psychologues, ont pu noter que ceux qui vont jusqu’à vérifier 10 à 20 fois par jour leur tour de taille ne le font pas pour s’admirer mais pour vérifier que « tout va bien ». Nous sommes donc loin de la certitude et davantage dans l’inquiétude et le contrôle de son image corporelle qui couvent un mal-être, ou a minima, un manque de confiance en soi.
Les raisons cachées d’un désir en apparence narcissique
Il y a donc une grande différence entre celui qui cherche la perfection, et celui qui veut juste être bien dans sa peau. Ce dernier fait les efforts nécessaires pour mieux manger et faire du sport. Pour ce qui est du premier, il inflige à son corps des séances sportives intensives complétées par une diète drastique complétée de compléments alimentaires pour perdre du poids. Il fait en sorte de se nourrir exclusivement d’aliments bio, frais et sans-gluten.
À ce régime, certains peuvent même tomber dans l’anorexie ou l’orthorexie, qui est l’obsession de se nourrir exclusivement de nourriture saine et parfaite, en rejetant les aliments susceptibles de corrompre la perfection de leur corps.
Pourtant, chacun sait que la perfection n’est pas de ce monde ; on peut y prétendre, mais jamais l’atteindre. Alors comment expliquer que certains se lancent dans cette quête insensée ? Cette recherche s’inscrit souvent dans une quête de sens dans un monde moderne, où tradition, résilience et liberté se mêlent pour offrir un échappatoire face aux injonctions sociales.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne se lance pas dans la quête du corps parfait pour soi, mais pour les autres, dans le but de répondre à leurs attentes et d’être assurés de lire de la bienveillance dans leurs regards. Comme en témoignent les deux exemples de vie suivants.
Pourquoi (et pour qui) chercher la perfection ?
Je veux un corps parfait pour rendre hommage à mes parents
Cela pourrait paraître étonnant, mais pas tant que cela, car nos parents nous donnent beaucoup. Certains n’hésitent pas à oublier leurs besoins et conforts pour tout offrir à leurs enfants, parce que leur bonheur compte avant le leur. Quand les enfants sont particulièrement conscients du sacrifice de leurs parents (par observation ou parce que les parents le leur ressasse tous les jours) ils peuvent le ressentir comme une forme de « don parfait ».
Dès lors, parce que les parents ont tout donné, l’enfant ressent une forme de culpabilité. Il part alors en quête d’un don à la hauteur de celui de ses parents pour manifester sa gratitude, se détacher enfin d’eux, et voler de ses propres ailes.
L’une des options étant de s’habiller du vêtement de l’enfant parfait dans son comportement jusqu’à son propre corps. Une jeune femme est même allée jusqu’à faire de la chirurgie esthétique pour devenir mince et se refaire les seins afin d’offrir un don parfait à ses parents.
Je veux un corps parfait pour ma compagne
La trentaine bien entamée, un jeune cadre abonné aux 70h de travail / semaine avait bon appétit, et était un adepte des fast-foods et pizzas. C’est un véritable défi ne pas grossir quand on a une vie professionnelle aussi prenante, on ne peut pas prendre le temps nécessaire pour se détendre et vivre sainement. L’absence du physique d’Apollon se trouvant largement compensée par son intelligence et sa culture, le jeune homme ne manque pas de se trouver une compagne dont il tombe fou amoureux.
C’est simple, elle est parfaite. Intelligente, belle, sportive, gentille. Il commence à se comparer à elle et penser qu’elle est trop bien. Sa décision ne se fait pas attendre, il va se sculpter une morphologie parfaite pour être « digne » d’elle. Dans l’optique de mincir et de se muscler, il prend un abonnement à la salle de sport pour soulever des haltères, et se lance dans un régime sec.
Dans sa démarche, sa compagne devient un coach pour lui. Elle l’aide, l’encourage et lui rappelle ses motivations quand il veut craquer sur une glace. Même si ce coaching personnel est le bienvenu, il engendre également chez le jeune homme des peurs. Est-ce que son corps sera un jour aussi parfait que ce que peut lui apporter l’amour de sa compagne ?
Entre ces deux exemples, quel est le fil rouge ? La question de savoir comment être à la hauteur pour rendre ce qu’on a reçu, et la réponse par le don total de soi.
Le don parfait
Ces deux exemples nous montrent que la recherche du corps parfait découle en réalité du regard et des attentes des autres, ou de ce que l’on pense qu’ils attendent de nous sur le plan physique et comportemental.
Mais le corps parfait, tout comme l’être parfait, n’existe pas. S’obstiner à penser le contraire, c’est menacer sa santé mentale en tombant dans la névrose. Ce qui peut se révéler dangereux, car la névrose s’immisce dans notre mode de vie et notre quotidien, et ce jusque dans notre assiette.
Des conseils de nutritionniste pour garantir son équilibre alimentaire
Les déviances alimentaires pour maigrir et atteindre son poids idéal
Vouloir être mince peut faire tomber dans un cercle vicieux qui est la restriction alimentaire. On va préférer consommer des aliments sains comme les produits frais, bio, sans-gluten. L’aliment que l’on jugera comme saboteur de notre régime sain sera également écarté. Ces restrictions pouvant entraîner des carences alimentaires, il est donc important de les connaître pour les éviter.
Sur le plan alimentaire, chaque individu est unique pour des raisons physiques comme psychologiques. Ces conseils vous aideront néanmoins à éviter les grosses erreurs dans vos habitudes alimentaires qui pourraient compromettre votre bonne santé sur le long terme.
Conseils et bonnes pratiques
Si vous suivez un régime alimentaire hyper-protéiné pour vous muscler, aucun problème. On a longtemps pensé que des doses élevées de protéines détruisaient les reins. Il n’en est rien. Chez l’homme, il existe une grande tolérance à l’absorption de protéines. Néanmoins, il est inconcevable de se limiter aux aliments riches en protéines, les autres nutriments ont aussi leur importance dans l’amélioration de la fonction musculaire.
Si vous prenez des androgènes stéroïdiens, arrêtez tout. Ils peuvent rendre dépendant et développer un comportement agressif. Sur le plan physique, ce produit entraîne des effets toxiques sur le foie, et peut être à l’origine d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral.
Si vous suivez un régime végan, veillez aux carences alimentaires. Ce régime supprime les protéines animales et l’apport en vitamine B12 (indispensable à la formation de l’hémoglobine du sang et à la santé du système nerveux). Veillez à bien combiner les céréales et les légumineuses pour rassembler tous les acides aminés nécessaires (lentilles + céréales comme quinoa ou sarrasin). Pour ce qui est de l’apport en vitamine B12, vous pouvez le prendre en complément alimentaire.
Ce qui a surtout son importance, c’est d’arrêter de se focaliser sur ses imperfections et de savoir lâcher-prise sur ses propres injonctions. Voici deux clés de développement personnel pour se libérer de cette chimère.
Deux clés pour sortir du rêve impossible du corps parfait
La première clé est de faire un travail sur soi pour mieux se connaître. Cela demande se prendre poser les bonnes questions. Questions qui aboutissent à la prise de conscience que notre quête du corps idéal et de la perfectibilité est uniquement entreprise pour être aimé de l’autre, nous rendre digne de lui. Nous ne sommes pourtant pas venus sur Terre pour répondre aux attentes des autres, pas plus qu’ils ne sont là pour répondre aux nôtres. Chacun fait ce qu’il veut, et il faut savoir oser dire non, ou carrément merde, à l’immaturité de notre monde occidental.
S’accepter soi-même ou la philosophie du Body positif
Le seul regard qui compte est notre regard sur nous-mêmes. Qui est l’insensé qui nous a dit qu’il « fallait souffrir pour être belle » ? Que neni, dorlotez votre corps (une virée au Hammam ou dans un Institut de beauté pour une manucure ou un soin du visage) autorisez-vous à être paresseuses et gourmandes. Faites-vous plaisir, car l’équilibre est dans la mesure.
Le juste équilibre se situe entre la négligence et la quête sans fin de la perfectibilité, et cela s’appelle la bonne volonté. En faisant de son mieux, en se nourrissant intelligemment et en pratiquant une activité physique quelques minutes par jour. L’expérience montre que c’est amplement suffisant pour garder la ligne et avoir une image positive de soi !
Source : Dr Patrick Serog & Roseline Levy-Basse, “Faites sauter les verrous psy qui vous empêchent de maigrir. Pour en finir avec les kilos émotionnels », éditions Marabout, 2019
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