Occidentaux cartésiens, nous sommes persuadés que nos projets et nos vies ne dépendent que de nous et de nos choix. L’Extrême-Orient pense autrement, la Vie a son mot à dire, à travers un cycle de 60 ans où chaque année a sa personnalité, ses qualités et ses humeurs. Nous l’avions déjà vu en 2017, année du coq de métal. Notre spécialiste, Marie-Pierre Dillenseger, a donc tenu à bien repréciser le paradigme de l’astrologie chinoise :
« la qualité de nos actes et la réussite de nos projets ne dépendent pas que de notre volonté et d’un facteur chance, mais aussi d’une capacité que nous avons d’être attentifs à nous-mêmes et aussi aux signes extérieurs ».
«Quelle que soit la qualité de l’année qui vient, il n’y en a jamais une qui est bonne ou qui est mauvaise. Les choses ne sont pas écrites. Mais, effectivement, plus nous avons des informations sur la qualité d’une année qui vient, plus nous pouvons nous positionner pour en tirer parti ».
Marie-Pierre Dillenseger rajoute cependant un avertissement important : « Dès lors que nous ne travaillons pas à la clarification de ce que nous sommes, de ce qui nous amène à être au clair avec ce que l’on veut faire ou pas faire, la question de ce qu’apporte l’année n’a pas tellement d’intérêt ». Autrement dit, il faut avoir une connaissance intime de soi et de ce que l’on veut pour appréhender correctement les signes de cette année.
Voilà qui est dit. Nous pouvons maintenant entrer dans le vif du sujet, en commençant par nous repositionner par rapport à 2017 pour mieux comprendre ce qui nous attend en 2018.
Remember 2017
Souvenez-vous de 2017, l’année du coq de métal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2017 a été assez mouvementée. L’année a été placée sous le signe du tranchant, de la lame qui coupe, de la rupture avec l’ancien monde (ce qui n’a plus lieu d’être). Le métal tranchant renvoie à des postures guerrières, que nous avons pu observer sur la scène politique internationale (Trump et Kim Jong-Un pour ne citer qu’eux). Cependant, la lame qui coupe, ou l’épée est également le symbole de la justice qui fait son office de manière précise et cinglante.
Le harcèlement sexuel qui ne semble épargner aucune femme d’aucun milieu ni de coin du monde a été mis en avant, quelques fois via des méthodes qui ne faisaient pas dans le détail comme #balancetonporc et #metoo. Néanmoins, être cash et tranché a ceci de bon : cela empêche tout le monde, autrement dit le collectif, d’ignorer plus longtemps les injustices faites aux femmes, et d’imposer enfin cette réalité dans les consciences et le débat public.
Enfin, à titre individuel, Marie-Pierre Dillenseger rappelle que 2017 « nous avait forcé à clarifier nos positions, nos priorités et nos compétences. L’année favorisait davantage ceux qui étaient dans un mouvement de consolidations des compétences ou acceptaient de faire du tri dans leur vie, dans leur choix, carnet d’adresses pour les rapprocher d’eux-mêmes. ». Si 2017, coq de métal a donc été l’année de la rupture, rassurez-vous un peu, 2018, du centrage sur objectif, l’année du chien de terre, sera une année placée sous le signe de la construction.
Les enjeux collectifs de l’année du Chien de Terre
Le chien de terre est la métaphore d’une terre solide et structurée. « L’année qui arrive continue à contenir du métal, mais l’arrivée de la terre, lourde et calme, va enrober le métal. La lame ne va plus blesser ». Notre petit lopin de terre contient du métal précieux (des pépites d’or) qu’il va nous falloir extraire. En dessous de ce métal précieux, il y a également du feu. Venu des profondeurs, ce feu incarne notre feu intérieur, notre cœur, notre quête de sens et notre besoin d’être connecté à quelque chose de plus grand. Ainsi 2018 propose un terreau favorable pour ceux qui sont solides (terre), compétents et connectés à la justice (métal) et à leur cœur (feu).
2017 a été l’année des lames individuelles (les tweets) qui sont sorties de leur fourreaux pour se rassembler. 2018 va être l’année où l’on rengaine couteaux et épées, pour enraciner ses nouvelles prises de conscience. « La terre qui arrive en 2018 nous donne une responsabilité collective de ne pas lâcher sur les sujets de justice, pour que les prises de consciences se changent en décisions institutionnelles. » Il y a un bémol : étant lourde et lente, la terre favorise l’inertie et l’inaction. L’absence d’eau et de bois, symbole de la communication et du renouveau, ne va rien arranger. Et justement, au niveau des institutions et des structures, certaines personnes ne verront peut-être pas ces inspirations au changement d’un très bon œil. Elles vont jouer sur le temps et rester dans le statut quo pour ne rien changer.
A titre individuel, nous pouvons justement jouer notre rôle, surtout si nous pensons « collectif » et « constructif ». Par exemple, dans une entreprise, n’hésitez pas à faire pression sur votre hiérarchie quand vous en ressentez le bien fondé. Usez également de l’art de l’inertie quand on vous demandera une chose qui va à l’encontre de vos valeurs. Sur un autre sujet comme l’alimentation, une consommation plus responsable envers la planète et notre santé va aussi dans le sens du « collectif constructif ». C’est ainsi que nous extrairons les métaux précieux de la terre. Effectivement c’est du boulot. D’où l’importance de la prise de responsabilité individuelle, et de lier ses responsabilités professionnelles avec ses valeurs.
Les enjeux individuels de l’année du Chien de Terre
La terre est la métaphore du territoire. « L’énergie créative n’est pas là mais l’énergie de construction, de consolidation, de reconstruction est très présente. L’année valorise la vraie expertise, la réalisation et la mise en place ». Ce qui signifie qu’au niveau professionnel, le sérieux et les compétences seront plus facilement reconnus et valorisés. Prenez aussi conscience de vos manques pour parfaire vos compétences. Par ailleurs, la vie ne s’arrêtant pas au travail, le terme « reconstruction » concerne aussi bien les ruptures psychologiques ou émotionnelles. La terre favorise la cicatrisation des plaies anciennes pour avancer. C’est donc le temps pour se remettre des deuils, des ruptures et des blessures.
La terre est la métaphore du collectif. Alors attention à ceux qui privilégient le rendement économique à l’humain. Une entreprise qui ne consolide pas une démarche vertueuse vis-à-vis de ses employés, autre que dans les mots, pourrait se trouver dans une situation critique dans l’année qui vient. Comme le résume Marie-Pierre Dillenseger :
« Mettre l’humain au centre de l’équation devient un facteur discriminant de succès et de profitabilité. »
2018 sera donc de bons augures pour tous ceux qui seront capables de montrer qu’un mode de fonctionnement social est possible, autre que celui que nous avions connu jusqu’ici : égoïste, matérialiste et obsolète. Mais Marie-Pierre Dillenseger prévient : « ce n’est pas gagné, et il ne faut pas se reposer sur la croyance que les institutions et ceux qui nous gouvernent ont la seule responsabilité de nous amener dans le droit chemin. »
Vous l’aurez compris, 2018 est l’année de la prise de responsabilité individuelle et de courage !
Propos de Marie-Pierre Dillenseger recueillis par Amal H
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