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Publié le 13/04/2022, mis à jour le 05/10/2024
Connaissance de soi
Quelles sont les singularités et forces des introvertis?
Extraverti et introverti : quelle est l’origine de ces termes ?
D’un commun accord tacite, les extravertis sont particulièrement appréciés. On les considère comme plus chaleureux, ouverts d’esprit et drôles. Tandis que les introvertis sont jugés au mieux timides et mystérieux, au pire sauvages et froids.
Non seulement, et cela n’est pas sans ironie, ces appréciations s’opposent à celles de leur fondateur, Carl Jung. Mais, elles dévoient également la compréhension de ces termes.
Pour Jung, les termes d’extraversion / introversion renvoient à deux modes d’adaptation psycho-énergétiques :
- Ou nous concentrons notre attention et nourrissons notre énergie à partir du monde extérieur, ce qui fait de nous un extraverti.
- Ou nous concentrons notre attention et nous ressourçons à partir de notre monde intérieur, ce qui fait de nous un introverti.
Depuis Jung, il est apparu évident que le monde ne se compose pas d’extravertis et d’introvertis, mais essentiellement d’« ambivertis ».
Ce qui signifie que nous sommes à la fois extravertis et introvertis, avec une inclination naturelle pour l’une ou l’autre tendance. Inclination que les parents peuvent d’ailleurs observer auprès de leur tout-petit, suivant si celui-ci est plutôt une boule d’énergie vivace, ou la miniature d’un moine zen.
Si aujourd’hui, et particulièrement dans notre société occidentale, l’extraversion est valorisée, et l’introversion dénigrée, il n’en a pas toujours été le cas. Loin de là.
Dans son dernier ouvrage La force des introvertis (Eyrolles), Laurie Hawkes, psychologue clinicienne, auteure et cofondatrice de l’Ecole d’Analyse Transactionnelle dévoile les dessous de ce retournement de situation, en plus de redonner ses lettres de noblesse à l’introversion.
Comment l’extraverti a-t-il détrôné l’introverti ?
A propos du caractère de l’extraverti, Jung écrit :
« [L’extraverti est] insondable et indécis dans son attitude penchant à l'humeur capricieuse, [aux] manières agitées, [au] mécontentement, [et à] l’esprit de critique. [Il] juge en général, et en particulier, en un sens défavorable mais est toujours content de soi. Bien que son jugement soit souvent faux et que ses projets échouent, il a cependant la plus grande confiance en lui. »
En clair, l’extraverti est un être douteux, au contraire de son très digne opposé :
« [L’introverti] ne change pas d'heure en heure ses divertissements, et son amour d'un plaisir est véritable ; il ne cherche pas le plaisir par simple besoin d'agitation. […] Il sait apprécier autrui et préférerait voir sa cause prospérer entre les mains d’autrui que péricliter entre les siennes. [Lorsqu'il] est doué de capacités remarquables, c'est son entourage qui le pousse au premier plan, alors que l'autre type (l’extraverti) se met lui-même en scène. »
Ces deux portraits pourraient nous laisser entendre que Jung a connu quelques déconvenues avec des « forts en gueule ».
Mais plus sérieusement, ces stéréotypes ne reflètent rien d’autre que ceux de son époque, des codes de la vieille Europe, où la retenue était la marque d’un esprit élégant et d’une noble âme.
Retenue que les familles enseignaient aux enfants dès leur plus jeune âge et qui apprenaient à se faire les plus discrets possibles.
Et puis, deux guerres mondiales ont eu lieu, redistribuant les cartes du monde, et intronisant un nouveau maître, l’Amérique, dont la culture exige des gens qu’ils se montrent, se vendent, soient « proactifs » et conquérants.
L’introversion s’est ainsi vue détrônée et faire l’objet de nombreux préjugés.
Qui sont vraiment les introvertis ?
Parmi les nombreux préjugés concernant les introvertis, on trouve :
- Les introvertis n’ont pas d’autorité et n’occupent que des postes d’exécutants. Ce qui est complètement faux. Nombreux sont les introvertis occupant des postes de pouvoirs (pensez à Barack Obama ou Lionel Jospin), de cadres ou de chefs d’entreprise.
- Les introvertis sont timides. C’est faux. Les introvertis peuvent être très à l’aise avec les gens, mais préfèrent rester seuls ou en petit comité par simple choix. Leur besoin en relations humaines est tout simplement moins grand que celui des extravertis.
- Les introvertis manquent de confiance eux. C’est faux, le manque de confiance en soi et d’assertivité s’évalue selon des attitudes précises comme la recherche constante de l’approbation des autres pour choisir et agir. Ou le besoin constant de prouver sa valeur. Un problème qui s’adresse autant aux extravertis qu’aux introvertis.
- Les introvertis sont froids et détachés. C’est faux et injuste. Même si les introvertis ne sont pas expansifs, ils sont capables d’affection et de sympathie. Ils sont, en fait, plus doués pour les relations intimes (amis, conjoint, famille) que les relations superficielles.
- Les introvertis ne savent pas s’amuser. C’est faux. Même s’ils ne courent pas après les boîtes de nuit ou rechignent à sortir, ils savent se lâcher, faire preuve de sens d’humour et s’éclater comme des fous.
- Les introvertis sont toujours calmes. Cela dépend. S’il est vrai, que certains savent garder leur sang-froid face aux difficultés, beaucoup s’avèrent être aussi de grands nerveux bourrés de trac.
- Les introvertis sont incapables de prendre la parole en public. Même s’il est vrai que s’exposer leur coûte, l’entrainement et la pratique viennent souvent à bout de leur réticence naturelle.
Loin d’être donc des « sauvages », les introvertis possèdent au contraire quelques qualités non négligeables pour mieux vivre dans ce monde survolté.
Quelles sont les forces des introvertis ?
Des sages dans un monde fou
Parmi les qualités et forces particulières aux introvertis pour bien vivre, on compte :
- Des capacités de réflexions, qui empêchent l’introverti de céder à l’impulsivité. Il soupèse les différentes options et prévoit leurs conséquences pour se décider au mieux. C’est une attitude mentale aussi précieuse que la capacité à se décider rapidement.
A ce propos, selon l’état actuel des connaissances neurophysiologiques, il apparait que le système nerveux des introvertis et extravertis diffère face à un stimulus. L’information n’emprunte pas les mêmes circuits. Celui des extravertis est plus court, tandis que celui des introvertis passe par différentes étapes, aboutissant donc à une réponse plus longue, plus prudente, mais pas moins pertinente.
S’ils n’ont aucun goût pour les conversations superficielles (dernière mode vestimentaire ou derniers résultats sportifs), ils sont naturellement plus intéressés par les conversations profondes, creusées, et les états d’âme de leurs interlocuteurs. Ils sont ainsi capables d’avoir une vraie écoute de l’autre et d’être particulièrement attentifs à ses besoins. Des qualités qui contribue à les rendre charmants et précieux pour leur entourage.
Plus que les extravertis qui aiment s’amuser en tout temps, les introvertis sont naturellement plus disposés à l’étude. Ce qui en fait souvent de bons élèves, et plus tard de « bons soldats » qui prennent leur travail et mission au sérieux.
Etant donné que leur monde intérieur et état d’esprit comptent davantage que leur apparence, ils sont nettement moins influençables et esclaves des modes. Ils sont ainsi nettement plus économes, authentiques et à l’écoute de leurs propres goûts et chemin.
Enfin, parce qu’ils aiment mûrir leur réflexion et s’organiser de leur propre chef, les introvertis sont particulièrement autonomes et créatifs. Naturellement, tous les introvertis étant différents, aucun ne présente toutes ces qualités. Chacun, individuellement, possède ses potentiels comme ses limites.
Quelques conseils pour les « sauvageons »
Pour tous ceux dont l’introversion est trop évidente et en souffrent, voici quelques conseils pratiques de Laurie Hawkes pour développer son extraversion :
- Donner des signes et marques d’attention à ceux que l’on croise. En clair, ne pas se contenter d’un « bonjour », mais amorcer une petite discussion.
- Ne pas s’isoler en apprenant à connaître le nom de ses voisins, gardien d’immeuble, saluer les commerçants de son quartier. Cela contribue à tisser un environnement bienveillant et souriant.
- Cultiver les relations proches. Pour tous les introvertis qui ont du mal à s’ouvrir, il est impératif de changer cette tendance et de s’interroger sur son comportement évitant afin de nouer des vraies relations, qui contribue indiscutablement à notre bonheur.
Rappelons encore une fois que l’introversion, comme l’extraversion, n’est pas un trait de caractère, mais une inclination, une préférence. Pour alimenter son énergie, l’extraverti a besoin de voir du monde, et l’introverti de rester loin de l’agitation.
Mais étant donné que nous avons majoritairement ces deux tendances, nos besoins s’alternent. Un extraverti aura aussi besoin de se poser, comme un introverti de voir du monde.
A certains égards, le concept d’extraversion / introversion n’est pas sans rappeler celui du yin et yang, deux énergies qui nous habitent, et symbolisent respectivement le mouvement vers l’intérieur et le mouvement vers l’extérieur.
Source : Laurie Hawkes, La force des introvertis, Eyrolles, 2022
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