Qu’est-ce que le syndrome du nid vide et comment s’en...
Publié le 08/09/2021, mis à jour le 05/11/2024
Parents couple
Qu’est-ce que le syndrome du nid vide et comment s’en remettre ?
5 min de lecture
Quand les enfants prennent leur envol
Même si chaque parent est conscient qu’un jour ou l’autre les enfants partent du foyer, leur départ s’accompagne toujours de sentiments paradoxaux. A la joie et la fierté se rajoutent aussi la tristesse et un sentiment de vide.
Ces sentiments doux-amers sont naturels et communs à tous les tournants de l’existence qui demandent de réajuster notre quotidien et nos habitudes.
Une fois cette période désagréable passée, beaucoup de parents sont heureux de profiter d’une maison tranquille, de leur temps et d’une relation nouvelle avec leurs enfants.
Mais pour d’autres, la transition s’éternise. La maison devenue silencieuse est perçue comme froide, et on reste bloqué dans diverses émotions inconfortables comme la tristesse, la nostalgie, la solitude, voire du désarroi et de l’angoisse (que fait-il, où est-elle, mange-t-il à sa faim, etc.). Ces parents-là vivent le syndrome du nid vide.
Ce syndrome est un concept formulé pour la première fois en 1914 par une romancière américaine, Dorothy Canfield, pour être finalement repris et adopté comme terme clinique par les psychologues à partir des années 1970.
Charlotte Attry, journaliste, a co-écrit avec Brigitte Carrère, auteure spécialisée dans le domaine de l’enfance, « Le syndrome du nid vide » (éditions Bamboo) pour mieux comprendre ce dont il s’agit et comment y remédier.
Qui est affecté par le syndrome du nid vide ?
Selon l’enquête des auteures, 35 % des parents seraient atteints du syndrome du nid vide, les mères étant davantage affectées que les pères. Non pas que ces derniers soient particulièrement insensibles, mais leur idée de la virilité (« sois fort et tais-toi ») les empêche souvent d’exprimer leurs émotions.
La sensibilité, ou l’hypersensibilité ne sont d’ailleurs pas à l’origine de ce syndrome. Si certains parents éprouvent davantage de difficulté à voir leur enfant quitter le nid, c’est en grande partie lié à leur vécu présent ou passé :
Même si les liens ne sont pas rompus, le départ des enfants reste une forme de rupture, voire de perte (perte de complicité, de rôle de parent ou de moments de famille) qui renvoie à des angoisses, des carences et des traumatismes (abandon douloureux) issus du passé. En clair, cet évènement fait écho à des blessures antérieures.
Le départ des enfants s’additionne à d’autres changements (ménopause, retraite) qui viennent souligner l’inévitable fin de toute une période de vie heureuse. C’est l’effet « boule de neige » où tous les repères sont bousculés.
Enfin, plus le cercle familial, amical et social du parent est restreint, plus le départ des enfants est vécu comme violent. N’ayant que peu d’interactions sociales, on s’accroche à celles que l’on a.
Rappelons-le : ressentir de la tristesse est normal, mais cela ne l’est plus dès lors qu’elle dure et se transforme en mal-être. Un mal-être jusqu’alors latent mais bien présent.
Le syndrome du nid vide dévoile donc certaines fragilités qui, selon leurs intensités, nécessitent un accompagnement psychologique, ou bien des actions à engager par soi-même.
Que l’on soit seul ou accompagné, l’effort à fournir reste le même : pour que le syndrome du nid vide disparaisse, il faut le remplir.
Comment passer du nid vide au nid rempli ?
Faire la paix avec le réel
Suivant l’émotion qui nous accable et en fonction de ses besoins, plusieurs techniques d’apaisement sont possibles et complémentaires les unes aux autres.
Ces techniques sont loin d’être des inconnues, on les retrouve ailleurs, pour ne pas dire partout. La raison en est simple : peu importe l’origine d’une émotion inconfortable ou « négative », la manière de les traiter reste la même.
Par exemple, pour apaiser une maman angoissée quant au devenir de ses enfants-adultes, n’importe quelle approche de gestion de stress convient : la méditation, les lectures ou média « bien-être », la cohérence cardiaque, le yoga, la visualisation positive, le sport mais aussi le jardinage, une balade dans la nature etc…
Toutes ces activités ont pour but d’aider la personne à sortir de ses agitations mentales afin qu’elle accède à de nouvelles prises de conscience et à un lâcher-prise sur ses peurs.
Pour ce qui est de la tristesse, l’émotion liée à la perte et à la séparation, les auteures préconisent d’entamer le même processus de reconstruction fait durant un deuil en passant par des étapes précises : l’acceptation, la digestion et la réconciliation avec le réel.
Voir le verre à moitié plein
Une réconciliation d’autant plus facile à réaliser que le départ des enfants recèle aussi ses bénéfices. Plus d’enfants chez soi, c’est moins de courses à réaliser, de ménage à faire, de linge à repasser, de repas à penser etc. Bref, c’est moins de charge mentale et plus de temps (et d’argent) pour soi-même.
Une aubaine pour beaucoup, mais pas pour d’autres dont le malaise provient d’un sentiment d’inutilité. Maintenant que les enfants sont partis, à quoi et à qui je sers ?
Cette question invite à l’introspection pour faire un bilan de sa vie et s’interroger sur ses désirs et ses priorités. C’est peut-être le moment pour vous de faire du bénévolat, d’adopter un chien ou un chat (qui ne remplacera jamais un enfant, mais vous pouvez être sûr qu’il apportera de la vie dans votre maison), de revoir sa carrière, de faire du théâtre, d’apprendre une langue étrangère, etc.
Peu importe le projet, l’idée est d’oser faire ce que vous vouliez toujours faire quand vous n’aviez pas le temps. Que cela soit seul(e) ou en couple.
Et à ce propos, si le syndrome du nid vide révèle les fragilités psychologiques d’une personne, il révèle également les fragilités d’un couple.
Quel impact le syndrome du nid vide a-t-il sur le couple ?
Quel incidence le syndrome du nid vide a-t-il sur le couple ? Absolument aucun pour un couple qui se porte bien.
En revanche, il y a des couples où le syndrome du nid vide peut amener à la rupture. Ce sont ceux qui n’ont plus de liens et de projets en commun et où la communication a longtemps été limitée aux enfants et à la logistique. Dès que le dernier enfant est parti, les personnes n’ont plus rien à se dire.
Il est à noter que les enfants, qu’ils aient 5 ou 25 ans, ressentent et voient la relation de leurs parents. De façon plus ou moins consciente, ils savent qu’ils sont le dernier rempart avant la rupture. Dans ce contexte, beaucoup d’enfants culpabilisent.
Certains se « sacrifient » et prétextent des motifs pour retarder leur départ de la maison. A l’inverse, d’autres quittent le pays pour s’éloigner de leurs parents et se préserver d’un divorce qu’ils redoutent.
Ce dernier point rappelle combien il peut être difficile de conserver l’amour au sein de son couple, devant, entre-autres, les exigences de la vie professionnelle et familiale.
Et pourtant, le couple est un aspect de notre vie privée importante, qui nous rappelle que nous ne sommes pas « que » des parents, mais aussi des hommes et des femmes qui aspirent à vivre aussi pour eux-mêmes et non par procuration.
Il ne s’agit pas d’être égoïste ou de se laver les mains du sort des siens. Il s’agit d’agir en êtres humains libres dans le respect de soi et des autres. Les parents agissant comme tel, restent à coup sûr pour leurs enfants, des piliers sur lesquels ils pourront toujours se reposer pour (re)prendre leur envol.
Source : Charlotte Attry, Brigitte Carrère et PrincessH, « Le syndrome du nid vide. Quand le petit dernier s’en va », Bamboo édition, 2021
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