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Publié le 16/03/2022, mis à jour le 24/07/2024
Connaissance de soi
Qu’est-ce qu’un comportement évitant et comment en sortir?
Qu’est-ce qu’un comportement évitant ?
Les 3 comportements « insecure »
Pour qu’un enfant soit bien dans sa peau et développe une relation confiante et sereine avec lui-même, les autres et le monde à l’âge adulte, deux conditions majeures doivent être réunies : des parents présents aussi bien physiquement que psychiquement.
Sans cette double présence parentale, l’enfant risque de développer un fonctionnement comportemental et cognitif dit « insecure » (insécurisant) qui viendra saboter sa confiance en lui, ainsi que parasiter ses relations aux autres.
Il existe trois types de fonctionnement comportemental et cognitif insecure :
- Le fonctionnement fusionnel avec autrui, nourrit par une anxiété constante et criante d’être rejeté ou abandonné.
- Le fonctionnement évitant, où nous nous sommes coupés de nos émotions, et des autres, car eux-mêmes sources d’émotions.
- Et le fonctionnement désorganisé, qui est un mélange du comportement fusionnel et évitant.
Comment reconnaître un comportement évitant ?
La personne dite « évitante » semble porter un masque ou une carapace qui nous empêche d’être en réelle connexion avec elle. Elle affiche une distance émotionnelle et affective, qui la rend hermétique à toute forme d’intimité, de proximité et donc de véritable relation.
Vous aurez beau essayer de créer un lien avec un « évitant », vous vous retrouverez vite face à un mur ou une personne qui vous fuit.
Cette distance affective ne doit pas être confondue avec de la timidité, de la pudeur ou une retenue qui est pleinement justifiée dans le cadre d’une relation sociale de voisinage ou professionnelle.
Pour le cas de la personne évitante, cette distance s’impose dans le cadre de relations (familiales, amoureuses et amicales) où l’intimité et la proximité, socles de la qualité du lien, sont de rigueur.
Ancienne « évitante » elle-même, la psychothérapeute et psychologue clinicienne, Gwénaëlle Persiaux dévoile dans son ouvrage « Coupé de soi, coupé des autres » (Eyrolles, 2022) ce qui se trame dans l’esprit et le cœur des évitants, ainsi que les clés pour qu’ils reviennent à eux et se reconnectent aux autres.
Comment s’enracine le comportement évitant ?
Un cœur brûlé trop tôt
Personne ne se forge une carapace par goût, ou impose une distance affective avec ceux qui lui sont proches par choix.
Il s’agit en fait d’une stratégie d’adaptation, une construction psychique inconsciente pour ne plus risquer de souffrir.
Les évitants sont des personnes qui ont connu une telle souffrance émotionnelle (voire physique suivant les histoires de chacun) qu’ils refusent de se laisser à nouveau atteindre. Leur survie psychique en dépend.
Cette stratégie se développe toujours dans un contexte familial où les besoins affectifs de l’enfant n’ont pas été comblés.
La nature humaine étant complexe, il est difficile de catégoriser les différents environnements familiaux.
Néanmoins, on compte trois grands modèles :
- Une famille où les parents sont présents physiquement mais totalement absents psychiquement. Aucun câlin, aucune parole chaleureuse, aucun regard tendre, de conversation complice, profonde ou de signe d’intérêt.
L’enfant, qui a subi la distance affective de la part de ses parents, reproduit le même comportement à l’âge adulte.
- A l’inverse, une famille où les parents sont beaucoup trop présents dans la vie de l’enfant. Ils le questionnent, le font surveiller par tout l’entourage, ou le surprotègent en l’empêchant d’aller à telle fête d’anniversaire ou faire telle activité sportive de crainte qu’il ne se blesse.
Privé d’un indispensable jardin secret et étouffé par son entourage, l’enfant retrouve un semblant de liberté en développant une distance émotionnelle.
- Il y a, enfin, les familles hyper-exigeantes, où l’un des parents (ou les deux) frustré dans son propre parcours de vie va reporter ses espoirs et rêves (de revanche) sur les épaules de l’enfant. Les propres rêves et besoins de l’enfant sont alors totalement niés, ou relayés en second plan.
Nié dans sa propre singularité, l’enfant blessé de ne pas être aimé pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il se représente, va se replier sur lui-même et ériger une barrière affective.
De la stratégie devenue une seconde nature
Notons ici que cette stratégie d’adaptation cognitive n’est pas une exclusivité de ces petits blessés trop tôt et trop longtemps, il est possible à tout enfant de développer temporairement une telle stratégie pour surmonter une période de vie éprouvante.
La distanciation, ou coupure émotionnelle et sensorielle est, en effet, avant tout un comportement de défense instinctif pour moins souffrir.
Tout enfant peut le développer naturellement lors d’un divorce houleux ou quand la situation économique de la famille décline. Les parents rongés par le stress et en proie à leurs difficultés se retrouvent alors nettement moins disponibles pour leurs enfants.
Tant que cette période mouvementée est limitée dans le temps, et qu’elle n’impacte pas durablement la relation parents-enfants, il n’y aucun dommage dans la psyché de l’enfant.
Développer ponctuellement une stratégie d’évitement n’a donc rien de grave. Ce qui l’est, c’est quand cette stratégie cesse d’en être une pour devenir un réflexe, une habitude, un mécanisme naturel, et donc une seconde nature.
Bonne nouvelle toutefois, même quand la distance émotionnelle est devenue une seconde nature, il est possible de retrouver ses émotions et de se reconnecter à l’autre.
Comment une personne à comportement évitant peut-elle se reconnecter à elle-même et aux autres ?
Se reconnecter à soi
Se reconnecter à soi, c’est d’abord se reconnecter à son histoire personnelle. Il est donc nécessaire de faire un bilan, de comprendre où en est, pourquoi et comment.
L’intellect à son importance pour comprendre et donner du sens à notre situation. Nous sommes avant tout des êtres de sens, et sans lui nous sommes confus et désemparés.
Pour un évitant, cet exercice n’étant pas des plus naturels, il est ici particulièrement pertinent de faire appel à un thérapeute.
Au-delà de ce retour sur le passé, qu’est-ce que se reconnecter à soi ?
C’est tout simplement écouter l’agitation vivante qui nous habite. Cette agitation est composée de nos pensées et des mouvements internes constants de notre corps éveillé par les ressentis et les émotions, elles-mêmes provoquées par l’environnement.
Pour laisser les émotions venir à nous et les ressentir, de nombreuses thérapies ou pratiques sont possibles tels que :
Enfin, n’oublions pas le corps, cet éternel allié et partenaire. En se reconnectant à lui, on habite à nouveau l’ensemble de son corps, et non plus seulement sa boîte crânienne.
Il y a deux écoles complémentaires pour se reconnecter à son corps.
L’école du sport, celui de l’effort, qu’il soit doux ou intense. La dance serait ici un choix pertinent. Mais le choix excellent étant naturellement celui du sport qui nous attire.
L’école du massage, enfin, qui est aussi une excellente façon de redécouvrir son corps. Les massages types shiatsu ou acupuncture étant particulièrement conseillés par Gwénaëlle Persiaux.
Se reconnecter à l’autre
Se reconnecter à l’autre implique de mettre fin à l’idée que l’on ne peut compter que sur soi-même parce que nous avons peur de gêner l’autre ou sommes persuadés d’un refus.
Par exemple, s’il nous est naturel d’appeler des amis pour déménager une armoire, ce n’est absolument pas le cas des évitants qui préféreront se faire un lumbago.
La première démarche indispensable est donc de prendre conscience qu’une relation d’échange est possible. Que l’autre peut être un soutien et un ami. Pour ce faire, l’évitant doit dans un premier temps apprendre à demander et à accepter de recevoir de l’aide.
L’évitant doit d’abord commencer petit, comme demander de déplacer une armoire. Puis quand une confiance en l’autre est établie, il doit oser le solliciter sur des sujets plus intimes, comme demander conseil sur un problème relationnel au travail.
Deuxième effort pour se reconnecter à l’autre : l’enlacer. Pas tout le monde, naturellement, mais les proches. Ceux qui ont manifesté à plusieurs reprises leur affection à son endroit.
Non seulement, cela renforce le lien affectif, mais cela permet au cerveau de faire de nouvelles connexions. Lorsque deux personnes qui s’aiment se prennent dans les bras, le corps sécrète quantité d’ocytocine, l’hormone associée à la détente, au relâchement et au renforcement des liens.
Si l’évitant doit naturellement fournir des efforts, ceux-ci seront d’autant plus progressifs s’il est soutenu par son entourage.
Les derniers conseils suivants s’adressent donc à ses proches qui souhaitent le soutenir dans sa démarche de retour vers lui-même, et eux-mêmes.
Comment agir et communiquer avec un évitant ?
De la patience et de la sincérité
Dans le cadre de l’apprentissage de l’évitant à formuler une demande, il est conseillé de ne jamais répondre à une demande d’aide indirecte (type : « il faudrait que l’armoire soit déplacée… ») et d’attendre qu’il formule correctement son besoin.
Au quotidien, si vous souhaitez développer un réel lien avec votre évitant, il va falloir vous armer de patience et être une oreille particulièrement attentive.
Par exemple, si un simple et sincère « tu peux me parler, tu sais... » suffit à déclencher les confidences en temps normal, il en est tout autrement pour l’évitant. Il ne peut, effectivement pas répondre à cette demande, parce qu’il garde des blocages issus d’une enfance où il n’a jamais pu s’exprimer comme il en aurait eu besoin.
Il faut donc laisser le temps au temps, et surtout montrer notre désir de l’écouter. Cela se traduit par une présence et une disponibilité psychique suffisamment importantes pour que l’évitant ressente notre sincérité.
Une démarche sincère et une parfaite présence d’esprit sont ici plus importantes qu’ailleurs, car les personne à comportement évitant ont un sixième sens pour sentir si l’autre n’est pas vraiment à son écoute.
Il faut donc dans la mesure du possible établir un espace d'écoute en temps et en qualité, qui peut s’établir lors d’une longue promenade dans les bois ou le soir sur le canapé, lorsque tout le monde est couché.
La valeur de l’aventure humaine
Etablir une relation avec un évitant n’est pas l’aventure humaine la plus facile. Ceci entendu, elle n’est pas insurmontable et aboutit à un lien quasi-indéfectible.
Quant aux personnes à comportement évitant qui osent se plonger dans les méandres de leur passé et les contours de leur carapace, l’aventure est toute aussi éprouvante.
On commence d’abord par patauger dans la boue. La sienne. Puis, apparaissent des mains tendues et la terre ferme. Viennent enfin les sentiments jubilatoires que ne connaissent que ceux qui retrouvent leur foyer après une longue période d’errance.
Source : Gwénaëlle Persiaux, Coupé de soi, coupé des autres, éditions Eyrolles, 2022
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