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Publié le 09/09/2020, mis à jour le 29/12/2023
Qualité de vie au travail
Comment le repos améliore les performances au travail ?
Le repos, 1er partenaire de la créativité
Le sacro-saint équilibre
On ne cessera de l’écrire, la clé pour comprendre la vie est de saisir la loi de l’équilibre des paradoxes. Et cela quel que soit le sujet. Le fonctionnement de la nature repose sur l’harmonie entre la compétition et l’entraide , celui de l’univers également.
Pour ce qui nous concerne directement, une bonne santé repose sur l’équilibre alimentaire et tous les excès se paient à un moment ou à un autre. L’équilibre entre liberté et sécurité, ou dans la répartition des richesses est ce qui rend un pays agréable à vivre.
Pour cette rentrée, l’équilibre qui va nous intéresser est celui du travail et du repos.
Et si on se reposait ?
Au sein de la majorité des entreprises, loin de la loi de l’équilibre des paradoxes, on en est resté à une vision binaire où le travail est survalorisé, et le repos assimilé à de la paresse.
Une vision du « bon travail » qui n’est pas partagée par tous. A l’armée, comme chez les coureurs Kenyans, il est reconnu que le repos fait partie intégrante de l’entraînement.
Alex Soojung-Kim Pang, spécialiste du repos productif et consultant auprès de grandes compagnies et de gouvernements, a reformulé cette idée autrement :
On ne peut pas parler de repos sans également parler de travail. N’écrire que sur l’un des deux, c’est comme écrire une histoire d’amour en ne nommant que l’un des amants. Le repos n’est pas l’adversaire du travail, il est son partenaire. Ils se complètent.
Preuve en est, si les entreprises peuvent tirer un avantage dans la surcharge de travail de leurs employés, ils le paient cher dans le temps par des erreurs, une perte de productivité et un turn-over élevé. Moralité, les bourreaux du travail ne sont pas des héros.
Pour Alex Soojung-Kim, le travail et le repos sont non seulement liés, mais il est également nécessaire de revoir ce que nous appelons repos. Pour tout le monde, il s’agit avant tout de récupérer physiquement. On est actif quand on travaille et on est passif quand on se repose. Or, la réalité est plus subtile, car certaines formes de repos sont un investissement pour être plus créatif et productif. A commencer par une bonne nuit de sommeil ou une petite sieste.
Les vertus du sommeil et de la sieste
Le sommeil, l’ami du cerveau
Dormir permet de recharger les batteries. Mais pas que. Quand on s’endort, le cerveau continue à faire sa vie. Il s’active à faire le bilan du déroulement de la journée en revenant sur les problèmes rencontrés. Il fait également un travail de tri dans nos souvenirs en déplaçant certains d’entre eux de la mémoire de court-terme à la mémoire durable. Ces souvenirs sont pour une large partie des expériences chargées en émotion ou un apprentissage comme apprendre le vélo ou une formule mathématique.
Enfin, le sommeil ne sert pas seulement à notre intelligence et notre savoir, il sert aussi notre santé. Pendant que nous dormons, le cerveau s’occupe d’évacuer les toxines, de secréter des hormones de croissance nécessaires aux enfants pour grandir et aux adultes pour renforcer leurs muscles et os.
A côté de la nuit de sommeil, une sieste après manger offre-t-elle les mêmes avantages ?
La sieste bienfaitrice
Le premier bénéfice évident à faire une sieste à l’occasion est qu’elle nous rend plus alertes et énergiques. Il y a cependant d’autres avantages quand on fait de la sieste un rituel quotidien à l’image de Churchill, Tolkien, Kennedy ou encore l’architecte Oscar Niemeyer.
La neuro-chercheuse Sara Mednick a été une des premières à mesurer les effets de la sieste régulière avec les outils appliqués au sommeil de nuit. Les résultats ont mis en évidence qu’une sieste d’une heure ou plus permet d’améliorer les performances de la mémoire, de l’attention, de la créativité en plus de renforcer l’organisme. En d’autres termes, la sieste régulière offre les mêmes avantages que la nuit de sommeil.
Il est malheureusement compliqué de faire une sieste au bureau. Seuls ceux qui travaillent chez eux ou ont une certaine liberté de mouvement comme Tolkien (qui rentrait tous les jours déjeuner chez lui) peuvent se permettre de faire la sieste. Mais que les employés de bureau ne regrettent rien, il existe bien d’autres façons de se reposer qu’en dormant.
Le détachement mental ou le repos actif
De l’importance de bouger et jouer
Le repos ne se résume pas au fait de dormir, c’est aussi savoir se déconnecter, c’est-à-dire se détacher psychologiquement de son travail. On peut partir en vacances, mais si on emporte avec soi ses angoisses, sa nervosité et le stress liés au travail, on ne se reposera pas.
Comment détacher son mental du travail ? En lui faisant penser à autre chose. Diverses stratégies sont efficaces comme la marche, le sport ou encore le jeu profond.
Le jeu profond est à différencier du simple divertissement comme les jeux de hasard ou les jeux vidéo tout simples. Le jeu profond est un concept théorisé par l’anthropologue Clifford Geertz suite à son étude sur les combats de coq à Bali. En tant qu’Occidentaux, nous ne voyons que de la cruauté inutile. Mais pour les Balinais, ces combats sont l’occasion d’afficher sa richesse et son statut social, mais surtout d’encadrer dans un rituel les violences, colères et compétitions entre les villages.
Au niveau individuel, un jeu profond est un jeu qui nous passionne et nous absorbe. Il nous procure des avantages pratiques ou intellectuels que l’on peut réutiliser et un sentiment d’accomplissement que l’on retrouve dans le travail mais jamais avec un jeu superficiel. Cela peut être de jouer aux échecs, faire des puzzles, des sudokus, faire de la peinture ou de la sculpture, jouer à des jeux d’énigmes etc.
Savoir s’arrêter
Un autre moyen pour éviter que le travail soit une source de préoccupation au quotidien est de s’avoir s’arrêter au bon moment, c’est-à-dire quand on est plein milieu d’une idée ou d’un paragraphe. C’est une coupure mentale réelle, car on n’a pas à ruminer sur les objectifs du lendemain.
John Littlewood, mathématicien réputé de Cambridge, affirmait que notre tendance naturelle est de vouloir terminer notre travail à tout prix dans la journée. La bonne tactique est en fait de s’arrêter au milieu de quelque chose, car il est toujours plus facile de commencer à travailler sur ce que l’on connait que sur une page blanche.
De plus, cette tactique nous permet de gagner énormément de temps. Car le plus difficile souvent, ce n’est pas de faire un quelconque travail, mais de s’y mettre. On ne sait jamais comment on va le commencer.
L’erreur commune est de croire que la motivation amène l’action, alors que c’est exactement l’inverse. Pour se motiver, il faut s’y mettre. Et il est beaucoup plus facile de se pencher sur un dossier quand on sait où l’on va.
La pertinence des longues vacances remises en question
Qu’est ce qui est le plus efficace pour bien se reposer tant physiquement que mentalement ? Des vacances de trois-quatre semaines pendant l’été ou des petites vacances tout au long de l’année ?
Pour y répondre, il faut tenir compte de deux paramètres :
- Quand nous sommes en vacances, seuls les premiers jours nous font vraiment du bien. Le jour culminant étant le 8e Ensuite, notre satisfaction se stabilise et se décline. Autrement dit, des vacances plus longues ne sont pas des vacances plus satisfaisantes.
- Ensuite, que nous prenions de longues ou courtes vacances, leurs bénéfices (plus d’énergie, de concentration, de créativité et de productivité) s’estompent au bout d’un mois.
Résultat des courses ? Les petites vacances parsemées sont le meilleur moyen de conserver son énergie et d’éviter un burn-out. Nous considérons nos grandes vacances annuelles comme un excellent moyen de nous remettre du stress de notre travail, mais même si les longues vacances ont leurs vertus (voyager plus loin et passer plus de temps à découvrir d’autres cultures), des vacances plus longues ne signifient pas plus de satisfaction.
Ce qu’il faut retenir quand on a un travail exigeant et harassant, c’est qu’il faut savoir ménager sa monture. Et on ne la ménage pas en travaillant comme un forçat pendant 11 mois de l’année pour dormir le dernier mois. Notre organisme a horreur des extrêmes, et à long terme, ce sont de lourds problèmes de santé qui vont pointer leur nez.
Comme dirait la chanson, le travail c’est la santé, mais ne rien faire c’est la conserver !
Source : Alex Soojung-Kim Pang, « Et si on se reposait ? », éditions De Boeck Supérieur s.a., 2019
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