Fasciathérapie : quand le toucher soigne la douleur chronique
Publié le 25/06/2025
Conseils pour se sentir bien
Fasciathérapie : quand le toucher soigne la douleur chronique
4 min de lecture
Pourquoi la douleur chronique n’est pas qu’une affaire mécanique : ce que révèle la fasciathérapie
Et si l’on regardait la douleur autrement ? Non plus comme un simple signal nerveux, mais comme un langage du corps, un tissu d’émotions, un indicateur de relation à soi et au monde ? C’est le pari du Dr Isabelle Bertrand, docteure en sciences sociales, fasciathérapeute et chercheuse. Lors du 1er Congrès international de Fasciathérapie, elle a présenté une étude inédite sur l’impact de la fasciathérapie dans la prise en charge des lombalgies chroniques.
—Une étude codifiée, menée sur 188 patients, 60 praticiens, et trois groupes thérapeutiques (kinésithérapie, fasciathérapie, pratique mixte), dont les résultats ouvrent une brèche dans les paradigmes de soin.
👉 Ces propos ont été recueillis à l’occasion du 1er Congrès international de Fasciathérapie, coorganisé par Fascia France et le CERAP (Centre d’Etude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive) qui a réuni les pionniers de cette approche pour croiser les regards entre science, thérapie manuelle et philosophie du vivant.
La douleur chronique : un symptôme, mais surtout une histoire
Le vieillissement de la population, la transformation des maladies aiguës en affections chroniques (comme le cancer), et la quête d’un mieux-être global poussent les patients à chercher autre chose que le “tout médicament”. La fasciathérapie entre alors en scène comme une thérapie manuelle centrée sur la personne, capable d’agir non seulement sur la douleur physique, mais aussi sur la qualité de vie.
“Quand on a mal, ce n’est pas que le corps qui souffre. La vie sociale, le sommeil, les émotions : tout est touché.”
Cinq séances pour faire la différence
L’étude clinique menée par le Dr Bertrand portait sur cinq séances de 30 à 45 minutes, selon un protocole strict. Les résultats sont parlants :
Diminution significative de la douleur dans les trois groupes.
Amélioration de l’anxiété dans les groupes ayant recours à la fasciathérapie.
Gains notables en qualité de vie et fonction au quotidien dans le groupe mixte (fasciathérapie + kinésithérapie).
Ce qui frappe, c’est que la fasciathérapie, même seule, obtient des résultats comparables à ceux de la kinésithérapie traditionnelle, avec un bénéfice supplémentaire sur les dimensions psychosociales.
Le toucher comme acte thérapeutique
“Ce n’est pas juste un toucher. C’est un toucher attentionné, lent, qui laisse le temps au corps de réagir.”
Ce que montre cette recherche, c’est qu’un toucher de qualité — respectueux, lent, avec des temps d’appui — engage une dynamique d’autorégulation du corps. Cette approche, issue des travaux du Professeur Danis Bois, n’est pas une simple gestuelle technique : c’est une relation incarnée, une écoute sensible à ce qui se passe sous la peau.
Et c’est là que le fascia joue son rôle : structure vivante, sensible, omniprésente, il devient un médiateur entre corps et psyché. La fasciathérapie ne soigne pas “les émotions” au sens strict, mais elle agit sur leur dynamique, en apaisant le terrain intérieur.
L’anxiété : une clé invisible de la chronicisation
Pourquoi mesurer l’anxiété quand on traite des lombalgies ? Parce que l’anxiété est l’un des facteurs qui favorise le passage à la chronicité. Elle fragilise la personne, altère sa capacité à fonctionner, à travailler, à maintenir une vie sociale. C’est un cercle vicieux : plus on a mal, plus on se replie. Plus on se replie, plus on a mal.
“Ce n’est pas juste une douleur. C’est une douleur qui empêche de vivre.”
Et c’est là que la fasciathérapie devient précieuse : elle ne supprime pas la douleur, elle transforme la manière de la vivre. Elle restaure une qualité d’être.
De la pratique clinique à la reconnaissance scientifique
Isabelle Bertrand n’est pas seulement chercheuse : elle est praticienne. Son parcours est emblématique d’une double exigence — celle de l’écoute du patient et celle de la validation par les faits. Kinésithérapeute de formation, elle s’est formée à la fasciathérapie, puis a poursuivi jusqu’au doctorat en sciences sociales, pour démontrer que ce qu’elle observait tous les jours pouvait être mesuré, confirmé, publié.
“Ce qu’on fait marche. Et maintenant, c’est prouvé.”
Une médecine du lien, une science de la personne
Ce que propose le travail d’Isabelle Bertrand, c’est une autre manière de soigner. Plus douce, plus humaine, mais aussi plus exigeante. Parce qu’elle oblige à changer de regard. À ne plus voir la douleur comme un symptôme isolé, mais comme une conséquence d’un déséquilibre global. Parce qu’elle valorise le geste, la présence, l’écoute. Parce qu’elle réhabilite le rôle actif du patient dans son processus de transformation.
Le fascia, terrain d’un dialogue inédit
À travers cette étude, le fascia devient ce qu’il est profondément : une interface. Entre science et subjectivité. Entre le corps qui souffre et la personne qui cherche à vivre. Et peut-être, aussi, entre deux façons d’envisager la médecine : l’une centrée sur la pathologie, l’autre sur la personne.
“La douleur n’est pas une erreur. C’est un message. Et le toucher peut être une réponse.”
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