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Publié le 18/05/2016, mis à jour le 11/08/2022
Conseils en Savoir être
Apprendre à cultiver la joie de vivre !
Être soi-même, libre et joyeux !
Isabelle Filliozat est une psychothérapeute qui diffuse depuis plus de vingt ans ses théories sur la liberté et le bonheur auquel chaque adulte et chaque enfant peut aspirer.
Son livre «Les Chemins de la joie», aux éditions JC Lattès, explore les fondements de la joie, ses manifestations et la manière de la déclencher, afin d’en remplir son quotidien…
Les fondements de la joie
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Qu’est-ce que la joie ?
Isabelle Filliozat : L’émotion du sens de la vie.
L’émotion du sens de la vie se base sur 3 sens :
1. La notion de signification de la vie ou la connexion avec quelqu’un.
La vie prend son sens lorsque nous signifions quelque chose pour quelqu’un. Par exemple : lorsque quelqu’un avec qui nous avons vécu nous quitte, nous disons souvent « ma vie n’a plus de sens ». Notre vie perd son sens lorsque nous perdons de la connexion.
2. La notion sensorielle ou sentir la joie à l’intérieur de soi.
Elle est sans objet. « Je me sens vivre ». Le simple fait de sentir cette vie à l’intérieur nous procure de la joie.
3. La notion de direction ou de réalisation de soi.
« Dans quel sens vas-tu ? ». La joie arrive lorsque nous arrivons à répondre à ces questions fondamentales de « Qui suis-je », « Où vais-je ? ». Le verbe exister signifie : ex- être vers l’extérieur, ister- être, exister c’est se dresser. Se dresser droit face à ses propres valeurs et se diriger dans sa propre direction. La réalisation de soi passe aussi par le fait de prouver ses compétences, et passe donc aussi par l’effort, absolument nécessaire à la joie.
La simple connexion ne nécessite pas forcément beaucoup d’effort, bien qu’il faille entretenir ses relations, alors que l’effort pour accomplir quelque chose va forcément créer de la joie. Ce qui explique qu’avoir tout pour être heureux ne procure pas forcément de la joie car parfois avoir toutes les conditions requises amène à faire moins d’efforts. Donc on se réalise moins, on éprouve moins son propre corps et la joie de la réussite n’est pas éprouvée.
Quand on a déjà tout, il n’y plus rien à courir. Or courir donne de la joie.
De l’accomplissement se soi
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Vous dites dans votre livre qu’ «avoir des buts, des objectifs, permet d’éprouver de la joie», pourtant nous connaissons tous des personnes qui réussissent beaucoup de choses et qui pourtant ne sont pas heureux. Alors qu’est-ce que la réussite pour vous ?
Isabelle Filliozat : La réussite réside dans le sens de l’accomplissement de ses valeurs. Les gens qui réussissent et qui ne sont pas heureux sont des gens qui courent après des objectifs qui ne sont pas les leurs. Ce sont des objectifs qui leur ont été fixés par leurs parents, par la société mais ce sont de faux objectifs car ils ne permettent pas le réel accomplissement de soi.
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Alors comment peut-on distinguer les vrais des faux objectifs dans ce cas ? Vous dites aussi que parfois l’échec est meilleur que la réussite. Pourriez-vous développer ce point ?
Isabelle Filliozat : L’échec est mal vu en France car notre culture met souvent en avant le fait de montrer nos connaissances. D’ailleurs dans une école française nous n’avons le droit de lever la main que si l’on sait la bonne réponse…Mais l’échec nous apporte beaucoup ! Que ce soit un échec amoureux ou professionnel cela donne de l’information. Surtout que parfois l’échec est seulement dû au fait que cela n’était pas notre route.
Les vertus de l’échec
Une partie de notre inconscient nous stoppe car finalement nous nous serions emballés un peu vite dans une histoire qui n’est pas la nôtre. Nous sommes soumis aux critères sociaux, à nos parents, tout un nombre de choses qui ne sont pas « nous ». L’échec nous permet de réaliser que finalement la voie empruntée n’était pas la nôtre.
Une femme m’avait contacté désespérée car elle avait loupé un examen important, un examen d’entrée dans une école de commerce prestigieuse. Alors qu’en lui posant quelques questions, ce n’était pas le rêve de sa vie car elle voulait être… sage-femme ! Elle n’avait pas vu cet échec sous cet angle et elle s’était limitée à se dévaloriser. Le commerce, elle s’était faite à l’idée que c’était pour elle, mais c’était en réalité ses parents qui le souhaitaient !
Donc l’échec peut nous permettre de revenir sur notre propre voie ! Quant au fait que l’échec nous fournisse de l’information, nous avons à apprendre d’un échec amoureux par exemple. Soit la personne ne nous convenait pas, soit cela nous donne de l’information sur nos manques de communication, une mauvaise dynamique de don perpétuel de soi qui a fait partir l’autre… On comprend ce qu’il s’est passé et cela nous enrichit personnellement. Cela nous donne de l’information sur nous-mêmes, les autres, la société… Cela nous permet d’approfondir et de mieux comprendre les lois de la relation…
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Vous dites aussi que le stress est « le carburant de la créativité », jusqu’à quel point ?
Isabelle Filliozat : Jusqu’au moment où le stress nous inhibe. Il y a le bon stress et le mauvais. Le stress est créé par un effort d’adaptation de l’organisme. Pour créer, nous avons besoin de nous adapter donc de stresser. Le mauvais stress se produit lorsque nous nous déclenchons des réactions de stress majeur là où l’environnement ne le nécessite pas.
Le problème est que nous avons conservé nos réactions de stress ancestral qui nous permettaient d’échapper aux tigres à dents de sabres qui nous couraient dessus ! À cette époque c’était utile de sentir toute cette adrénaline, notre cœur qui battait très vite…
Aujourd’hui il y a beaucoup moins de tigres qui nous sautent dessus pourtant nous déclenchons un stress intense avec une envie de cogner, de courir ou de se figer totalement disproportionnée. Nous éprouvons cela face à un conjoint, à notre supérieur hiérarchique ou bien même à nos propres enfants.
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Vous nous décrivez une expérience de Barbara Ried, juge d’approbation, qui nous démontre l’impact que notre alimentation a sur notre capacité à être en joie. Est-ce vous pourriez nous expliquer cela ?
Isabelle Filliozat: On estime de plus en plus que la joie est une émotion, une réaction physiologique qui a besoin de certaines hormones dans notre corps. Nous sommes des êtres électro-physico-chimiques. Nous avons donc besoin de certaines hormones dans notre corps et l’alimentation nous permet, ou non, de synthétiser ces hormones.
Le travail de Barbara Ried, et de beaucoup d’autres anglo-saxons, commence à arriver en France. Il y a un nouveau pan de la psychologie qui se nomme la psycho-nutrition qui permet de mettre en évidence l’impact de l’alimentation sur nos humeurs, notre état intérieur, nos sentiments, nos émotions.
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Comment éduquer nos enfants à être en joie ? Quels seraient les grands principes à appliquer pour que nos enfants puissent vivre en harmonie ?
Isabelle Filliozat : Ne pas les abîmer ! Quand on pense à la joie, instinctivement nous pensons à l’enfance. Par exemple nous voulions organiser un jeu-concours avec des photos qui illustrent la joie : il n’y a eu que des photos d’enfants ! Un enfant qui rit, c’est immédiatement de la joie. Par contre les adultes sont tout de suite… plus tristes.
Une chose intéressante à regarder est lorsqu’un adulte joue avec un enfant : il rit, éprouve de la joie puis d’un seul coup reprend un visage sévère. Pour dire « Maintenant on passe aux choses sérieuses. » Du coup l’enfant est en détresse immédiate, évidemment, et l’adulte ne le comprend pas, estimant que l’enfant n’en a jamais assez.
Alors que cela vient de la brusque apparition d’un visage sévère, tout le tonus musculaire s’est effondré. On ne guérit pas de cela : pour nous, être adulte signifie être quelqu’un de sévère, tandis qu’être enfant signifie être joyeux.
La liberté du corps
Comme si l’adulte n’avait plus le droit d’être joyeux. Il faut supprimer cette croyance et permettre aux enfants de rester joyeux au maximum. On va cultiver cette joie en leur donnant le maximum de libertés.
La première des libertés est une liberté corporelle : monter au toboggan par n’importe quel morceau du toboggan, en montant aux arbres (on connait aussi aujourd’hui combien monter aux arbres aide au développement du cerveau)… Non seulement cela les rend joyeux sur le moment mais cela décuple aussi les capacités de mémoire, ce qui les aide à mieux faire leurs devoirs après, un bénéfice net pour tout le monde ! Il faut aussi les laisser courir, les laisser marcher aussi, même bébé.
Inutile de les enfermer dans des maxi-poussettes, des cosys ou des transats, encore utilisés dans certaines crèches. Il faut permettre aux enfants d’éprouver leurs corps en ayant un maximum de libertés dans leur vie en général tout en ayant aussi le maximum de connexions.
Apprendre dans la joie
La joie : l’émotion de l’apprentissage
On pense encore que si on laisse les enfants vivre ils vont faire n’importe quoi, n’importe quand. Non ! Quand il a une véritable liberté, l’enfant poursuit des objectifs et se met à se concentrer pendant des heures sur la même chose. Il s’investit, il apprend, il se développe, il n’y a d’ailleurs aucun problème de « l’enfant roi » ou d’un enfant qui ne pourra pas être canalisé.
La joie se situe dans l’émotion de l’apprentissage, alors que nous, adultes, considérons que l’apprentissage « c’est normal » et que « c’est un mauvais moment à passer ». En réalité tous les adultes éprouvent beaucoup de plaisir à apprendre. Et les enfants de même ! Le seul moment où nous n’éprouvons pas de plaisir à apprendre est lorsqu’on nous y oblige, qu’il y a des contraintes d’horaires ou de dynamique.
Le plaisir d’apprendre
C’est donc l’école qui pose problème, telle qu’elle est conçue aujourd’hui dans sa majorité, mis à part certaines écoles. Elle est tellement synonyme de contraintes que cela efface le plaisir d’apprendre.
Une idée fausse par ailleurs viendrait de la psychanalyse, selon laquelle l’enfant serait habité de pulsions : pulsions sexuelles, pulsions multiples qui nécessiteraient d’y mettre des limites et de les cadrer. Le fantasme de « l’enfant-tyran », de « l’enfant-roi » est étroitement lié à cette théorie psychanalytique.
Si en revanche on évoque la théorie de l’attachement, on voit que l’enfant a des besoins affectifs liés à des besoins de réalisations. Il va souvent se canaliser lui-même. Par exemple il va s’intéresser pendant des semaines à une fleur, chercher à savoir comment cela fonctionne, ce qu’est le pistil… Beaucoup plus d’ailleurs que si on lui fait un cours en classe sur ce sujet !
Les écoles de la joie
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Les écoles aujourd’hui où les enfants sont heureux, où l’on a réaménagé la scolarité, seraient quels types d’écoles à votre avis ?
Isabelle Filliozat : Toutes les écoles qui fonctionnent bien et qui rendent les enfants heureux sont celles où il y a beaucoup de libertés : où l’on a fait éclater les emplois du temps, où il n’y a plus une heure de maths, une heure de français, une de ceci puis une heure de cela. Des contraintes qui induisent de l’ennui et de la souffrance qui ont été suffisamment démontrés.
Il suffit que l’on supprime ces petites tranches, quelle que soit la pédagogie (Montessori, expérience du collège Anne Franck…). Toutes les écoles qui ont décloisonné les apprentissages, où les enfants choisissent d’avantage et surtout profitent de longues plages de temps pour apprendre, donnent de meilleurs résultats.
Je vous remercie Isabelle.
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Publié le 18/05/2016, mis à jour le 11/08/2022