Le père ou la mère toxique se caractérise par un comportement passif-agressif borderline et sans affect et empathie avec son enfant.
Le but étant que l’enfant soit totalement sous l’emprise psychologique du parent pervers.
Parmi les parents toxiques, on distingue:
-
Les parents au comportement borderline, voire destructeur
Dans cette catégorie, on trouve le parent alcoolique violent physiquement, psychologiquement. Ainsi que le parent mentalement malade, le père dominateur-castrateur (ou la mère dominatrice-castratrice), le parent-déserteur ou le parent-démissionnaire.
Le pire de cette catégorie étant l’abuseur sexuel.
-
Les parents toxiques certifiés
Le manipulateur
pervers narcissique. Un manipulateur (ou manipulatrice) est un mythomane, égoïste, capricieux et irresponsable (rejeter la faute sur les autres est un réflexe). C’est un adulte dont la maturité émotionnelle et psychologique est la même que celle d’une tête à claque de 8 ans.
Les comportements du parent toxique envers son enfant
Le but du parent (autant le père que la mère) toxique n’est pas de prendre soin de son enfant. Il est d’en faire sa chose pour servir ses intérêts. L’enfant manipulé va être utilisé pour contrôler les faits et gestes de l’autre parent.
Et dans le cadre d’un divorce, il ne sera ni plus ni moins qu’un instrument de vengeance pour blesser l’ex-conjoint.
Pour y parvenir, le père ou la mère toxique va répliquer avec l’enfant les mêmes techniques de manipulation qu’il use avec un adulte:
l’emprise.
Il va se montrer séducteur, utiliser les mensonges, le chantage émotionnel, la culpabilité, les cadeaux empoisonnés ou encore l’alternance entre compliments et critiques acerbes.
L’objectif du manipulateur est de faire perdre tous ses repères à sa victime pour l’isoler afin qu’elle n’écoute plus qu’une seule voix: la sienne.
Avec son enfant en demande d’amour et de reconnaissance, l’emprise du manipulateur se fait encore plus facilement. Il en est d’ailleurs bien conscient et abuse de la situation, non sans ruiner la
santé mentale de son enfant.
Selon Julie Arcoulin, autrice de nombreux ouvrages consacrés aux manipulateurs, le parent pervers narcissique est quelqu’un dont la faille narcissique est devenue un gouffre.
Son besoin et plaisir sadique de détruire l’autre et de le voir souffrir expliquent pourquoi il ne peut qu’entretenir une relation destructrice avec quiconque. Même avec son enfant qu’il ne voit que comme une victime privilégiée.
Il se positionne face à lui comme tout puissant. Il détruit l’amour-propre de l’enfant en se montrant tour à tour gentil et drôle puis critique et blessant. Une catastrophe notoire donc avec des
failles psychologiques importantes pour l’enfant devenu adulte.
Comment le parent toxique impacte la santé mentale de son enfant?
Une faible estime de soi et une perte d’identité
À
force d’être rabaissé, d’essuyer les critiques humiliantes et les petites phrases assassines du parent, l’enfant perd inévitablement confiance en lui.
Quant à la perte d’identité, elle est acquise, entre autres, par la parentification, un terme pour désigner qu’on devient le parent de son parent.
Les enfants ne comprennent pas tout ce qu’il se passe dans le monde des adultes, et encore
moins dans leur tête. En revanche, ils ont d’excellents ressentis, et sont capables de percevoir le mal-être chez les autres.
Le 1er instinct d’un enfant est donc d’aider son parent toxique à aller mieux. Mais accaparé par les besoins et les envies de son père ou de sa mère toxique, l’enfant ne trouve pas le
temps de se pencher sur les siens.
Une anxiété et une peur du rejet viscérales
Le déficit de sécurité, induite par des parents toxiques, trouble le bon
développement cognitif et comportemental des enfants. Une fois adultes, ils auront tendance à se sur-adapter pour mieux répondre aux besoins des autres, et à rechercher l’amour inconditionnel dans leurs relations amoureuses.
Ces
blessures suivront l’enfant dans toute sa vie d’adulte, à n’importe quel âge, si aucune thérapie, ou processus de reconstruction n’est entamée.
Heureusement, le père ou la mère toxique n’est pas le seul adulte dans le paysage de l’enfant. Son influence destructrice peut être largement atténuée par d’autres membres de la
famille, à commencer par sa mère ou son père sain d’esprit.
Pour ce faire, Julie Arcoulin préconise de donner à l’enfant des armes intellectuelles et psychologiques. L’objectif étant qu’il puisse prendre du recul pour se défaire de l’emprise. Et adopter la bonne posture pour
se protéger de la manipulation émotionnelle de son parent toxique.
Quels sont les recours du parent sain face au parent toxique?
Sécuriser émotionnellement son enfant
-
L’aimer inconditionnellement
Cela sous-entend de ne pas faire de chantage affectif, pas de calcul, ni de reproches même si ses choix favorisent le parent toxique. En tant qu’adulte responsable, on ne peut pas demander à son enfant de combler ses blessures et manques affectifs.
Comme le rappelle si bien Julie Arcoulin, un enfant ne devrait pas se soucier des conséquences de ses actes et décisions sur ses parents. Il devrait simplement apprendre à écouter ses besoins, ses envies et à les
respecter.
-
Le valoriser pour construire son estime et sa confiance en soi
L’objectif du parent toxique étant de rabaisser son enfant, le rôle du parent sain sera de compenser. Il devra montrer à l’enfant qu’il a le droit d’être fier de lui en le félicitant et encourager ses centres d’intérêt.
Être un repère pour l’enfant
-
Poser des cadres et des limites
Il est illusoire de croire qu’en étant plus permissif et plus cool, on compense la violence du père ou de la mère toxique. C’est une logique généreuse mais fatale, car en laissant tout passer, on laisse l’enfant complètement perdu.
Les enfants recherchent naturellement les limites pour pouvoir comprendre leur environnement, et mieux interagir avec lui.
En refusant les comportements qu’il aurait acquis par mimétisme de son parent toxique, on offre à l’enfant un phare quand son parent toxique le déstabilisera.
-
Ne jamais justifier les comportements du parent toxique
Pour soulager la souffrance d’un enfant, on essaye souvent de justifier le comportement déviant de l’adulte. C’est un mauvais raisonnement. Non seulement on se rend complice du parent toxique, mais on empêche en plus l’enfant de comprendre qu’il y a un souci.
Pire, il peut envisager d’imiter le comportement manipulateur de son père ou de sa mère toxique vu qu’il n’y a aucun mal à cela.
Comment protéger la santé mentale de son enfant?
Développer l’esprit critique de son enfant
Naturellement, l’enfant rapporte des anecdotes sur le comportement du parent toxique (un mensonge ou un acte violent). Le parent sain peut alors développer son
sens critique en lui posant des questions sur ses ressentis et ce qu’il considère juste.
C’est un exercice d’équilibriste quand les enfants sont petits, car même maltraités par leurs parents, ils sont encore dans la phase d’adulation.
Le parent sain devra donc se forcer à garder ses émotions et à rester sur les faits. Par ce biais, il évite de donner l’impression à l’enfant qu’il accuse «injustement» son père ou sa mère toxique.
Un enfant sous emprise, par définition, va systématiquement prendre le parti du parent manipulateur. Aussi injuste que soit cette situation, elle est naturelle. Elle s’explique par le phénomène de parentification mentionnée plus haut. Développer l’esprit critique de quelqu’un est un travail de longue haleine. L’essentiel est de faire comprendre à l’enfant qu’il n’est pas obligé de croire tout ce qu’on lui dit. Tout comme il a le droit d’avoir des opinions contraires à celles de ses parents.
De plus, en lui apprenant à faire confiance en ses ressentis, on lui apprend à avoir confiance en lui.
Apprendre à l’enfant à dénoncer les comportements déviants
Il faut apprendre à l’enfant à distinguer le bien du mal, les bons comportements et traitements des mauvais. Les comportements exhibitionnistes, violents, colériques, attouchements, phrases assassines, reproches indirects ou culpabilisation peuvent être dénoncer.
C’est le plus sûr moyen d’apprendre à se protéger des
violences psychologiques et de toutes sortes de manipulateurs .
L’héritage du judéo-christianisme, qui veut que chacun «honore son père et sa mère» aura
fait beaucoup de mal aux enfants qui ont eu des parents indignes. Personne n’a à subir les situations délirantes, les brimades et le mal-être empoisonnant de ses parents. On peut couper les ponts tout en s’assurant que leur situation matérielle est assurée.
Se protéger soi-même en tant que parent
Que cela soit des mails, textos, lettres, il faut tout garder.
Et ce, pour deux raisons:
- Pour l’enfant. Il aura peut-être besoin de prendre conscience de toute la toxicité de son parent et d’avoir des éléments objectifs en cas de doute.
- En cas de recours à la justice. D’une part, les documents vous aideront à apporter des preuves solides sur la nuisance du parent toxique. D’autre part, ils vous protégeront de toute accusation d’aliénation parentale. Un moyen utilisé par l’un des parents pour manipuler et dresser l’enfant, ou la fratrie, contre l’autre parent.
Pour la petite histoire, le syndrome d’aliénation parentale est une théorie conçue en 1985 par le Dr Richard Gardner.
La théorie de l’aliénation parentale du Dr Gardner
Selon ce docteur, dans 95 % des divorces, la mère manipule l’enfant.
Elle lui fait dire au tribunal les pires horreurs sur son père pour discréditer ce dernier. Jugée fumeuse par les psys, la théorie de Gardner est reçue comme nulle et non recevable.
Mais cela ne décourage pas pour autant le Dr Gardner. Il fonde une maison d’édition spécialement conçue pour propager sa théorie qui connaitra un grand succès auprès du monde juridique. Il publie des articles dans des magazines de droit, et on le convoque dans les tribunaux en cas de suspicion de syndrome d’aliénation parentale.
Le hic, c’est qu’en plus d’être un escroc, Gardner est une personnalité dérangée. Sa théorie ne repose sur aucune démonstration scientifique rigoureuse.
De plus, alors qu’il se prétend professeur à la faculté de médecine et de chirurgie de l’université de Columbia, on découvre que c’était faux.
Il met fin à ses jours à 72 ans en se poignardant une vingtaine de fois le ventre.
Fin de la petite histoire qui aura fait beaucoup de mal dans beaucoup d’autres histoires de vie.
Que faire si l’enfant s’enferme dans le mutisme?
C’est le principal obstacle auquel peut se confronter le parent sain. La protection émotionnelle de l’enfant ne peut se faire que s’il y a
un échange .Or, certains se réfugient dans un mutisme par stratégie de survie suite aux séquelles subies avec le père ou la mère toxique. Moins j’en dit, moins on pourra utiliser mes paroles pour me faire mal.
Mais, comme le souligne Julie Arcoulin, il faudra utiliser les outils quand même. En finesse, de manière détournée, en usant de toutes les stratégies possibles. Par les contes métaphoriques, les discussions amenées à table à travers l’actualité, des films, des dessins animés.
En plantant la graine du doute, on amorce un début d’éveil et une prise de conscience. L’enfant se met alors à douter et à déjouer la
manipulation affective et mentale. C’est le début de la fin de l’enfer et du retour vers soi.
Source : Julie Arcoulin « Survivre aux parents toxiques », Editions Le Courrier du Livre,