Les blessures de l’âme : Soigner grâce au senti et...
Publié le 11/01/2023, mis à jour le 30/10/2024
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Les blessures de l’âme : Soigner grâce au senti et à l’énergie?
60 minutes min d'écoute
La médecine a-t-elle une dimension ésotérique?
Rencontre avec Alain Cassourra
La plus belle chose que nous puissions expérimenter est le mystère. Il est à l’origine de tout véritable art et science disait Albert Einstein.
La médecine n’échappe pas à cette règle. Comme nous l’avions vu avec le Dr Alain Toledano, l’art de soigner consiste autant à soigner le malade que la maladie.
Fort de cette prise de conscience, des pratiques de soin globales et inédites ont émergé. Parmi elles, une nouvelle forme d’ostéopathie, qui s’appuie sur les connaissances scientifiques et les médecines ancestrales et alternatives.
Quelles pratiques issues des médecines ancestrales et alternatives renouvellent donc l’ostéopathie? Quels sont ses fondements et ses limites?
Afin de découvrir cette nouvelle forme d’ostéopathie, nous recevons Alain Cassourra, médecin-ostéopathe et chargé de cours à la faculté́ de médecine Paris-XIII.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont «La fureur de guérir», « l’énergie l’émotion la pensée au bout des doigts » et du récent « Les Blessures de l’âme» tous parus aux éditions Odile Jacob.
Que sontles blessures de l’âme?
Votre livre s’intitule «Les blessures de l’âme», pourquoi ne pas l’avoir appelé les «blessures psychiques» ou «les blessures du corps» ?
AC: L’âme évoque l’intimité et la dimension spirituelle de l’être-humain.
Pour Alain Cassourra, la dimension spirituelle est le lien énergétique qui relie le corps aux émotions et aux pensées. Ce lien est porteur de sens et de mystère.
Penser ce lien permet de sortir de nos certitudes sur la nature humaine et d’envisager la médecine autrement.
Qu’évoque votre ouvrage «Les blessures de l’âme»?
AC: «Les blessures de l’âme» raconte le parcours de guérison d’un groupe de patients qui cheminent ensemble à la rencontre de soi et du groupe. Le cursus se déroule sur trois jours pendant sept séminaires.
Quelles sont les principales blessures de l’âme ?
AC: Certains confrères ont référencé et listé les blessures d’âmes, mais n’aimant pas les protocoles, je ne rentre pas dans ce cadre-là. Deux principaux thèmes ont émergé avec le groupe évoqué dans le livre qui sont les blessures liées à l’inceste et à la mort. Plus précisément aux morts qui continuent d’être présents dans notre vie.
Alain Cassourra note toutefois qu’en dix ans de thérapie de groupe, certaines blessures comme les traumatismes liés à la sexualité sont particulièrement récurrentes.
Toute la question est maintenant de comprendre comment l’alliance des médecines ancestrales et de l’ostéopathie permettent de guérir des traumatismes.
Qu’apportent les médecines ancestrales à l’ostéopathie?
La plus-value des médecines ancestrales
Pourquoi avoir choisi d’associer l'ostéopathie aux médecines chinoise?
AC: Initialement, je suis un médecin et un danseur. La danse m’a amené à l’ostéopathie où j’ai pu retrouver différentes pratiques liées au corps en mouvement. L’ostéopathie m’a ouvert au soin par le toucher et surtout au senti et au ressenti (les émotions associées aux sensations physiques).
AC: En parallèle, j'ai suivi un enseignement empreint de bouddhisme et d'énergétique chinoise. Mon but était de découvrir et de m’inspirer de ces pratiques. J’y ai appris que l’énergie est une notion très concrète, qui peut être sentie dans son corps, dans ses mains ou à travers l’aura des autres.
Les médecines chinoise ont amené à Alain Cassourra a repensé l’ostéopathie en associant le vécu et les mémoires du corps à une pensée et à une émotion.
Vous pratiquez l’ostéopathie en méditant. Que vous apporte cette pratique?
AC: Je ne pratique pas toujours l’ostéopathie en méditant, cela dépend des besoins des patients. Toutefois, la méditation apporte un vrai bénéfice. Elle permet de se soustraire de son mental pour être totalement à l’écoute de l’autre et avoir des informations via son senti et son ressenti.
Quelles sont les conditions nécessaires pour entrer dans cette étape parce que j'imagine que ce n’est pas un état qui se commande comme ça…
AC: Vous devez vous entraîner. D’autres pratiques comme le rêve éveillé permettent d’entrer dans le même état d’esprit.
Un exemple de soin : le cas de Raphaël
Dans votre livre, vous donnez l'exemple de Raphaël qui souffre de ne pas suivre les carrières brillantes de son père et de ses grands-pères. Vous expliquez que sa guérison est passée en partie par la reconnaissance de son féminin. En quoi cette reconnaissance a-t-elle pu l’aider?
AC: Le féminin peut également être mentionné comme l’énergie yin. Cette énergie est tournée vers l’intériorité, la partie cachée de l’être à laquelle on accède via le senti et le ressenti. Or, le cheminement de Raphaël est beaucoup passé par le développement de ces sensations.
Au cours du cursus, Alain Cassourra propose divers exercices tels que le rêve éveillé et le bain sonore. Ils permettent d’accéder à un état de conscience modifié et de résoudre des blessures antérieures.
Au travers de ces exercices, Raphaël a pu revoir un frère décédé avant sa naissance et dont il pensait avoir pris la place. Ainsi qu’un grand-père qui avait été professeur de médecine. Cette rencontre a permis d’apaiser Raphaël et de mieux s’accepter et s’aimer.
Au même titre que Raphaël, beaucoup de personnes ressentent un mal-être sans pouvoir le nommer. Adopter des pratiques de soin déroutantes, déstabilisantes pour l’intellect et non-conventionnelles permettent de laisser émerger des blessures oubliées.
Quelles blessures de l’âme peuvent-être soignées par l’énergie et le senti?
Les fantômes de l’inconscient
Que sont les actes psychomagiques que vous évoquez dans votre ouvrage?
AC: Ce sont les issues bénéfiques que va vivre une personne après avoir rejoué différemment un morceau de sa vie. A travers ce jeu, un changement au niveau physique, émotionnel et mental s’opère.
Pour qu’un acte psychomagique puisse opérer, les personnes doivent d’abord être conscientes qu’une énergie circule dans leur corps.
Après cette prise de conscience, des exercices telle que l’accolade permettent de rejouer des scènes de vie.
L’accolade, une technique mise au point par Alain Cassourra, contrairement à ce que son nom indique, est une rencontre énergétique. Cette rencontre permet de mettre à jour des blessures d’enfance, de nommer des angoisses ou de mettre la lumière sur des blocages. Cette prise de conscience passe d’abord par le corps en comprenant comme ses blessures s’expriment à travers lui.
Alain Cassourra évoque l’exemple de Mélodie qui a été victime d’inceste par son père sans qu’elle s’en souvienne. Elle sent seulement, notamment à travers ses relations avec les hommes, qu’elle garde un traumatisme.
L’exercice de l’accolade avec Alain Cassourra va lui permettre de conscientiser ce traumatisme.
Durant une première accolade face à Alain Cassourra qui joue le rôle du père, Mélodie ressent d’abord de la peur et un trou dans le ventre. A la troisième accolade, la peur cède à la colère. Elle extériorise cette colère, ce qui lui permet de sentir de la force dans son ventre. Ressentir cette force lui permet d’accéder au souvenir et d’entamer un nouveau travail.
AC: L’exercice de l’accolade a souvent comme but de mener au pardon. Néanmoins, on n’accède pas au pardon sans passer par l’expression de la colère, de la violence et de la haine. Pour que les blessures de l’âme soient conscientisées, et peut-être guéries, trois rencontres énergétiques (accolades) sont souvent nécessaires.
Les blessures de l'âme transgénérationnelles
Qu’est-ce qu’une blessure transgénérationnelle ?
AC: C’est une blessure ou un traumatisme (avortement, décès prématuré, abus sexuel, viol) qui se reproduit de génération en génération.
De cette façon, on peut admettre que nos ancêtres impactent notre vie. Dans la majorité des cas, cette transmission générationnelle est inconnue et donc inconsciente.
Comment se détecte une blessure transgénérationnelle si le patient en est inconscient?
AC: En cursus, j’invite chacun à remplir son arbre généalogique en remontant jusqu’aux arrière-grands-parents. Aujourd’hui, nous disposons d’outils pour le faire facilement. Des liens très troublants peuvent alors apparaitre (même nom, prénom et date de naissance) et une blessure transgénérationnelle émergée.
Dans mon cabinet à Paris, mon senti et mon ressenti sont souvent déterminants.
Face à une telle pratique ésotérique, il convient de s’interroger sur ses limites.
Quelles sont les limites de l’alliance de l’ostéopathie avec les médecines ancestrales?
Quelles limites avez-vous rencontrées dans votre pratique?
AC: Toutes les pratiques ont leur limite. La première des limites étant moi-même, car je suis faillible. Le sachant, je me méfie de mes sentis et de mes ressentis. Par ailleurs, il faut comprendre que je ne propose aucune recette miracle et instantanée. La guérison est un chemin plus ou moins long à faire.
Toutefois, je crois que mon approche consistant à associer le senti (comme je sens mon corps), le ressenti (quelles émotions me traversent) et la représentation (quelles représentations mentales accompagnent le senti et le ressenti) est réellement porteuse de transformation et de paix.
Comment votre pratique de la médecine et de l’ostéopathie est-elle perçue par vos confrères?
AC: Sincérement je l’ignore. Certains doivent me prendre pour un fou!
La route est encore longue pour qu’une médecine intégrative et ouverte au mystère de la nature humaine fasse son chemin.
Pourtant, force est de constater qu’incorporer les médecines ancestrales n’enlève rien à la médecine conventionnelle. Au contraire elles l’enrichissent. Tout comme elles enrichissent la vie en lui apportant un soupçon de merveilleux et de poésie.
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