🎧 Ces échanges ont été enregistrés lors du 1er Congrès international de Fasciathérapie, co-organisé par FasciaFrance et le CERAP (Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie Perceptive). Ce moment unique a permis à des thérapeutes, chercheurs et penseurs du vivant de croiser leurs regards pour redessiner les contours d’une médecine plus sensible.
Et si le vrai pouvoir des dirigeants venait de leur corps ?
« Aide-moi à rester dans le match », confie un jour un chef d’entreprise à Ève Berger-Grosjean. Réponse immédiate : « D’accord… mais il va d’abord falloir que tu reconstitues un peu d’énergie. »
Psychomotricienne, docteure en sciences de l’éducation et praticienne en fasciathérapie depuis plus de 35 ans, Ève Berger-Grosjean s’adresse à des dirigeants en surchauffe. Des femmes et des hommes qui, à force de porter le monde, oublient qu’ils peuvent eux aussi être portés. C’est tout l’enjeu de sa démarche : introduire l’écoute du corps au cœur des décisions. Non pour se replier ou fuir la réalité, mais pour retrouver un pouvoir d’agir enraciné, vivant et juste.
Le corps comme boussole : une écologie personnelle
Pour Ève Berger-Grosjean, le corps est une source précieuse d’indications. Il montre quand il est temps d’avancer, de ralentir, de s’ouvrir ou de se poser. À l’intérieur, le système des fascias joue un rôle central. Ce réseau vivant, élastique et intelligent, soutient le corps, le relie à la gravité, l’adapte à l’environnement.
Elle commence souvent ses accompagnements par une introspection sensorielle. Ce type de méditation ne se focalise pas sur la respiration, mais sur la matière même du corps. Il s’agit d’écouter le tissu vivant, sa densité, sa souplesse, son rythme.
Peu à peu, les tensions se relâchent. La personne découvre qu’elle peut se déposer, sans s’effondrer. Elle réalise que son corps, littéralement, la porte. Et ce changement de perspective, d’abord corporel, influe directement sur sa posture mentale et émotionnelle.
De la performance à la présence : un acte politique
Cette bascule — passer de celui qui porte à celui qui se laisse porter — n’est pas anodine. Selon Ève Berger-Grosjean, elle est même profondément politique.
Dans une société où l’intellect est roi, surtout dans les milieux professionnels, remettre le corps au centre constitue une révolution douce. Cela implique de ne plus décider uniquement avec sa tête, mais avec tout son être. Cela signifie aussi honorer sa singularité, sa temporalité, ses rythmes. Et c’est là que les fascias, cette interface subtile entre soi et le monde, deviennent un véritable levier de transformation.
Ainsi, quand un leader intègre cette écoute du corps dans ses choix, il devient un acteur de régénération. Il insuffle du calme, de la vitalité, une qualité de présence qui rayonne autour de lui. Et ce rayonnement est contagieux : il change la dynamique de l’équipe, du projet, voire de l’organisation.
Conclusion : retrouver l’intelligence du vivant
Ce que révèle cet épisode, c’est que la fasciathérapie ne se limite pas au soin corporel. Elle devient un art de vivre et de décider. En réhabilitant la voix du corps, elle redonne accès à une forme de sagesse intérieure. Plus qu’un outil de bien-être, c’est une voie d’alignement, d’authenticité, de puissance tranquille.