Affirmation clé : Selon Christian Courraud, auteur et chercheur depuis plus de 30 ans :
“Longtemps considéré comme un tissu de remplissage, le fascia est aujourd’hui reconnu comme un nouvel organe présent dans la totalité du corps humain et contribuant à son bon fonctionnement.”
Mais qu’est-ce vraiment que la fasciathérapie ? Comment fonctionne-t-elle ? Et pourquoi gagne-t-elle en reconnaissance auprès des professionnels de santé ? Cet article vous expose les fondamentaux scientifiques et pratiques de cette approche révolutionnaire.
1. Qu’est-ce qu’un fascia ? définition et anatomie
Définition scientifique du Fascia
Le fascia est une membrane fibro-élastique composée de tissu conjonctif riche en fibres de collagène qui recouvre et enveloppe toutes les structures anatomiques du corps humain.
Selon Courraud (2019), les origines du terme remontent au 19e siècle. Le chirurgien Bichat, dans son “Traité des membranes” (1816), fut le premier à décrire ces membranes en précisant qu’elles n’avaient jamais été l’objet de recherches approfondies par les anatomistes. Le terme “fascia” lui-même provient du latin signifiant littéralement “bande, bandage, liaison, enveloppe”.
Définition internationale : “Un fascia est une structure passive de transmission des contraintes générées par l’activité musculaire ou des forces extérieures au corps” (Wikipedia).
Pourquoi le Fascia a été oublié pendant des siècles ?
La négligence médicale envers le fascia s’explique par plusieurs facteurs structurels et paradigmatiques :
1. Absence des représentations anatomiques
Courraud soulève un problème fondamental qui explique cette invisibilité historique :
“Dans les planches anatomiques, le fascia est généralement éliminé, de sorte que le spectateur peut voir les organes, les nerfs et les vaisseaux, mais il ne parvient pas à observer le fascia, qui relie et sépare ces structures.”
Cette invisibilité dans les manuels a créé une lacune majeure dans la formation des professionnels de santé.
2. Paradigme de la structure passive
Longtemps conçu comme une simple enveloppe structurelle, le fascia a été classé parmi les structures anatomiques mineures. Cette vision réductionniste a occulté son rôle fondamental dans la physiologie du corps.
3. Limitations des moyens d’investigation
Jusqu’à récemment, les technologies d’imagerie n’étaient pas suffisamment développées pour explorer la complexité du fascia et sa nature dynamique.
Les différents types de Fascias
Le système fascial du corps humain se subdivise en plusieurs catégories selon leur localisation et fonction :
- Fascia superficiel : Situé sous la peau, enveloppant les muscles et formant un réseau continu d’hydratation
- Fascia profond : Enveloppe chaque muscle, chaque groupe musculaire, et organise les structures anatomiques en compartiments fonctionnels
- Fascia viscéral : Entoure et soutient les organes internes, permettant leur mobilité et leur fonctionnement optimal
- Fascia neural : Enveloppe le système nerveux central et périphérique, interconnectant la sensibilité et les signaux nerveux
2. Qu’est-ce que la fasciathérapie ? principes et fondements
La révolution fondée par Danis Bois
La fasciathérapie n’est pas une découverte récente. En France, c’est Danis Bois, kinésithérapeute et ostéopathe, qui dans les années 1980 a développé la première méthode spécifique et systématisée de traitement des fascias.
Selon Courraud : “Danis Bois alors kinésithérapeute et ostéopathe est le premier à développer dans les années 1980, une méthode spécifique de traitement des fascias qui portera successivement le nom de « thérapie manuelle originale des fascias et pulsologie » puis de « fasciathérapie-pulsologie ».”
Cette approche a progressivement évolué pour devenir la Fasciathérapie Méthode Danis Bois (MDB), actuellement reconnue comme une référence dans le domaine des thérapies manuelles.
Les trois piliers fondamentaux de la Fasciathérapie MDB
1. Traitement des restrictions fasciales
L’action directe sur les crispations et tensions des fascias pour restaurer leur mobilité et élasticité. Courraud insiste sur le fait que l’implication des crispations des fascias dans le développement de la maladie est un concept central de la méthode.
2. Reconnexion corps-psychisme
Bois a souligné l’importance de l’impact des fascias dans la relation corps/psychisme, reconnaissant que le système fascial est intimement lié à nos états émotionnels et mentaux.
3. Le toucher relationnel comme outil thérapeutique
C’est la contribution la plus originale de Danis Bois. Le toucher est considéré selon trois dimensions fondamentales :
- Comme point d’appui somatique : Le toucher devient un support permettant au corps de relancer ses capacités d’autorégulation
- Comme acte relationnel : Tisser une relation non-verbale bienveillante et respectueuse
- Comme acte pédagogique : Permettre au patient de renouer avec son corps et lui-même
Courraud souligne : “En tant que point d’appui, le toucher est utilisé comme un support, un soutien sur lequel le corps et l’ensemble de la personne peut s’appuyer pour relancer ses capacités d’autorégulation somatiques et psychiques.”
Comment fonctionnent les Fascias ?
Le fascia n’est pas simplement une structure passive. C’est un système complexe et interconnecté remplissant plusieurs fonctions majeures :
- Fonction de transmission : Le fascia transmet les forces générées par les muscles vers les zones de stabilité du corps
- Fonction sensorielle : En tant qu'”organe sensoriel le plus étendu du corps” et interconnecté avec le système nerveux, le fascia détecte les stimuli mécaniques, les variations de température
- Fonction de communication : Fonctionnant en réseau, le fascia assure la conduction et la transmission d’informations entre toutes les parties du corps humain
- Fonction de contraction : Découverte récente majeure : le fascia possède une capacité intrinsèque à se contracter, comparable à celle des muscles
3. Quand et pourquoi consulter un Fasciathérapeute ?
Les dysfonctionnements du Fascia : origines et conséquences
Selon Courraud, lorsque les fascias « se crispent, se tendent ou se rigidifient, notre organisme perd pied et nos fonctions se dégradent ». Cette détérioration du fonctionnement fascial engendre une cascade de symptômes :
Symptômes immédiats :
- Tensions et gênes localisées
- Douleurs physiques diverses
- Fatigue chronique
- Sensation de stress ou de tension émotionnelle
Symptômes fonctionnels (stade avancé) :
- Contractures musculaires
- Troubles digestifs
- États d’anxiété
- Manifestations de stress
Les 8 Principaux troubles traités par la Fasciathérapie
1. Les maux de dos et lombalgies
Les douleurs lombaires représentent l’une des principales raisons de consultation. La fasciathérapie intervient sur les crispations fascias qui compriment les structures nerveuses et maintiennent une posture dysfonctionnelle.
2. Les troubles digestifs
Les fascias viscéraux enveloppent directement l’appareil digestif. Leur dysfonctionnement entrave la mobilité des organes et perturbe les processus digestifs.
3. Les maux de tête et migraines
Le fascia neural et celui enveloppant les muscles cervicaux jouent un rôle prépondérant dans les céphalées.
4. L’anxiété et les troubles du stress
C’est l’une des applications les plus novatrices : l’impact des fascias dans la relation corps/psychisme signifie que la détente fasciale influence directement nos états émotionnels.
5. La Fibromyalgie
Cette maladie chronique caractérisée par des douleurs musculosquelettiques diffuses implique souvent une dysfonction fasciale généralisée.
6. Les troubles circulatoires
Les fascias enveloppent les vaisseaux sanguins et lymphatiques. En relâchant les tensions, on améliore la circulation.
7. Accompagnement de la grossesse et de l’enfant
La fasciathérapie soulage les douleurs ligamentaires et lombaires pendant la grossesse, et favorise le développement sensoriel chez l’enfant.
8. Les troubles de la performance sportive
Une fascia saine est essentielle pour la fluidité du mouvement et la prévention des blessures.
4. Comment se déroule une séance de Fasciathérapie ?
Durée et fréquence
Une séance classique dure 45 à 60 minutes. Le nombre de séances recommandées varie selon la nature et la chronologie du trouble, généralement entre 5 et 12 séances espacées d’une à deux semaines.
Les phases d’une séance type
Phase 1 : l’écoute initiale
Le praticien reçoit le patient en établissant une relation non-verbale bienveillante. Cette première phase crée la sécurité émotionnelle nécessaire au traitement.
Phase 2 : l’évaluation tactile
Par le toucher, le fasciathérapeute localise les zones de tension, de rigidité ou de crispation. C’est une forme de diagnostic manuel très précis.
Phase 3 : le traitement fascial
En appliquant des pressions douces, lentes et progressives, le praticien :
- Relâche les tensions musculaires profondes
- Restaure la mobilité des fascias
- Réactive l’autoréparation tissulaire
Phase 4 : la prise de conscience sensorielle
Le patient apprend à ressentir les changements dans son corps, favorisant la reconnexion corps-psychisme.
Les spécificités du toucher en Fasciathérapie
Le toucher en fasciathérapie MDB se distingue par trois caractéristiques majeures :
- La lenteur : Contrairement aux massages rapides, le toucher fascial est d’une extrême lenteur, permettant au tissu de répondre graduellement
- La douceur : Il n’y a pas de douleur. Le travail s’effectue sans forcer, respectant les limites du corps du patient
- La globalité : Bien qu’une zone soit ciblée, le travail considère toujours le corps comme un système interconnecté
5. Fasciathérapie, kinésithérapie et ostéopathie : les Différences
Fasciathérapie vs kinésithérapie
| Kinésithérapie | Fasciathérapie |
| Focalisée sur le mouvement et la réadaptation | Focalisée sur le système fascial et la sensibilité |
| Objectif : restaurer la fonction motrice | Objectif : restaurer la qualité sensorielle |
| Approche : exercices actifs et rééducation | Approche : toucher passif thérapeutique |
Fasciathérapie vs ostéopathie
| Ostéopathie | Fasciathérapie MDB |
| Héritière de l’approche du Dr Still | Spécialisée exclusivement sur les fascias |
| Fonctionne sur l’alignement structurel | Dimensions sensorielles et émotionnelles intégrées |
| Techniques plus dynamiques et manipulatives | Toucher très doux et thérapeutiquement relationnel |
Courraud note que le Dr Still, fondateur de l’ostéopathie, avait déjà identifié l’importance du fascia :
“le Dr Still, fondateur de l’ostéopathie tenait en plus haute estime le fascia disant à son propos qu’il est le lieu où il fallait chercher la cause de la maladie.”
6. Les preuves scientifiques et les études cliniques
L’évolution du paradigme médical
Courraud soulève un point critique :
“Les médecins, les professionnels de santé et les patients manifestent une exigence accrue vis-à-vis des preuves d’efficacité et d’innocuité de toute thérapie, ce qui est parfaitement justifié.”
Reconnaissance Institutionnelle
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), rapportée dans l’introduction du livre :
“un État sur deux encourage la pratique de thérapies traditionnelles et/ou complémentaires en association avec la médecine moderne.”
Cette reconnaissance reflète une transformation majeure des systèmes de santé mondiaux vers une médecine intégrative.
Protocoles de Médecine Intégrative
La fasciathérapie s’inscrit dans les protocoles de soins intégrés offrant trois niveaux d’intervention :
1. Prévention
- Prévenir l’apparition de pathologies
- Éviter que les troubles passagers s’aggravent
2. Soin Symptomatique
- Alléger les symptômes d’une maladie
- Améliorer la qualité de vie
- Optimiser l’efficacité des traitements médicaux
3. Guérison
- Contribuer seule ou en association avec une approche médicale classique à résoudre un problème
- Atténuer les conséquences résiduelles
7. La prévention : prendre soin de ses Fascias au quotidien
Principes de base de l’hygiène fasciale
Courraud insiste sur l’importance de la prévention :
“Il est donc essentiel de prendre soin de nos fascias en prenant conscience de leur existence et de leur rôle.”
Gymnastique sensorielle et pleine présence
La fasciathérapie propose des outils concrets d’autosoins :
Méditation pleine présence
Une pratique basée sur la sensibilité proprioceptive, permettant une reconnexion progressive avec son corps.
Mouvements lents et conscients
Inspirés du yoga et du Pilates, mais orientés spécifiquement vers la sensibilité fasciale.
Respiration profonde
Une respiration consciente aide à maintenir l’élasticité du fascia, puisque nous vivons, bougeons, respirons à travers nos fascias.
Habitudes quotidiennes recommandées
- Bouger régulièrement mais lentement et consciemment
- Varier les postures pour éviter les crispations chroniques
- Hydrater son corps car le fascia nécessite une hydratation optimale
- Gérer le stress émotionnel grâce à des pratiques de relaxation
8. La Fasciathérapie dans un contexte de médecine intégrative
L’Alliance thérapeutique Médecin-Patient
Courraud rappelle un paradigme émergent :
“La confiance et le respect des deux points de vue constituent la condition de son succès.”
La fasciathérapie favorise cette alliance car elle :
- Révèle le vécu physique et émotionnel du patient
- Intègre le ressenti du patient comme facteur majeur de guérison
- Soigne la personne dans sa globalité
L’expérience existentielle et la sécurité
Selon Diane Louise Lassonde PhD, préfacière du livre :
“Vivre, c’est affronter de multiples formes d’insécurité. La sécurité existentielle se trouve d’abord et avant tout dans le sentiment de soi.”
9. Comment trouver un Fasciathérapeute qualifié ?
Formations et certifications
Un praticien qualifié doit avoir suivi une formation complète en Fasciathérapie Méthode Danis Bois, généralement de 600 à 1000 heures de formation théorique et pratique.
Critères de sélection
- Affiliation à une association professionnelle reconnue
- Formation documentée et vérifiable
- Expérience clinique d’au moins 2-3 ans
- Démarche de formation continue
Questions à poser lors de la première consultation
- Quelle est votre formation en fasciathérapie ?
- Combien de séances estimez-vous nécessaires ?
- Comment se déroulera la première consultation ?
- Travaillez-vous en collaboration avec d’autres professionnels de santé ?
Conclusion : l’avenir de la Fasciathérapie
Un tissu qui révolutionne la médecine
Le fascia n’est plus l’« oublié » de la médecine. Grâce aux recherches contemporaines et aux pionniers comme Danis Bois et Christian Courraud, ce tissu reprend la place centrale qui lui revient.
Courraud conclut en réaffirmant : “Cet ouvrage est enfin un moyen de rendre hommage à ce merveilleux tissu et à tous ceux qui œuvrent pour que le fascia et la fasciathérapie soient mieux connus du grand public et du milieu de la santé.”
Les trois enjeux majeurs de demain
- Preuve scientifique : Les études cliniques valident l’efficacité
- Évolution des protocoles : L’intégration en médecine conventionnelle
- Ressenti patient : La reconnaissance du rôle actif du patient dans sa guérison
Un nouveau paradigme de santé
Selon Diane Louise Lassonde PhD :
“Il n’existe aucune thérapie miracle, mais certaines sont incontestablement plus rigoureuses et plus efficaces que d’autres. La fasciathérapie est l’une d’elles.”
La fasciathérapie représente bien plus qu’une technique thérapeutique. C’est une approche holistique qui reconnaît l’interconnexion fondamentale entre le corps, l’esprit et les émotions. En restaurant l’intégrité du système fascial, elle offre une voie prometteuse vers une meilleure santé physique et mentale.