Cerveau : le plaisir comme soin — neurosciences, sommeil, sport,...
Publié le 29/09/2025, mis à jour le 30/09/2025
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Cerveau : le plaisir comme soin — neurosciences, sommeil, sport, nutrition
35 minutes min d'écoute
On « oublie » souvent son cerveau… jusqu’au mal de tête. Le penser, lui parler, le gérer change déjà la donne. La décision de se faire plaisir (ex. prévoir un tennis dimanche 17 h) vient du cortex frontal ; feu vert donné, le centre du plaisir s’active via la dopamine, l’hypothalamus orchestre les réponses corporelles (cœur, rougeur, petite sueur) : tout se met en branle. Dans cet épisode du podcast BloomingYou, nous reçevons le Dr Pascal Chaîne, neurologue et auteur de “Faites-vous plaisir, votre cerveau vous le rendra”. Cette conversation révèle comment notre cerveau réagit au plaisir et pourquoi cultiver la joie devient un véritable soin neurologique. L’article suivant synthétise les points clés de cet échange riche en enseignements pratiques pour prendre soin de notre santé cérébrale.
Le système nerveux et le plaisir : une découverte révolutionnaire
Notre cerveau fonctionne comme un chef d’orchestre invisible. En effet, comme l’explique le Dr Pascal Chaîne, “plus on parle à son cerveau, plus on y pense, plus on essaye de le gérer, bien mieux ça va”. Cette idée simple cache une réalité neurologique fascinante découverte dans les années 1960.
Tout a commencé avec des tests sur des rats. Les scientifiques avaient placé des électrodes pour étudier leurs centres moteurs. Cependant, un rat nommé Jack a changé notre vision du plaisir. Par hasard, son électrode fut placée dans le “centre du plaisir”. Résultat : chaque stimulation électrique le poussait à appuyer sans arrêt sur la pédale, oubliant même ses petits.
Par ailleurs, cette découverte fortuite révéla un circuit neurologique spécial. Le Dr Chaîne détaille le processus : d’abord, notre cortex frontal décide de se faire plaisir. Ensuite, une zone voisine vérifie l’absence de danger. Puis, si tout est sûr, le centre du plaisir reçoit l’ordre via la dopamine. Finalement, tout s’active : émotions, mémoire, mouvements, hypothalamus.
“Le plaisir n’est pas un luxe, c’est un soin” – Dr Pascal Chaîne
De plus, dans les années 1950, la chirurgie de l’épilepsie apporta une confirmation étonnante. Quand les docteurs touchaient certaines zones, les patients ressentaient un plaisir intense. Ainsi, la carte du plaisir dans notre système nerveux prenait forme.
La chimie cérébrale du bonheur : dopamine, sérotonine et ocytocine
Notre système nerveux produit ses propres molécules du bonheur. Le Dr Chaîne présente trois substances clés qui gèrent nos émotions et notre bien-être.
La dopamine : carburant des neurones
D'abord, la dopamine agit comme un moteur neurologique. "On libère de la dopamine, qui est un neuromédiateur associé au plaisir", explique le neurologue. De plus, elle "est très stimulante pour nos neurones et favorise la multiplication des connexions". En effet, un neurone se connecte à dix mille autres. La dopamine facilite ces liens multiples.
La dopamine annonce et renforce l’action, c’est un moteur de motivation. D’où l’intérêt d’associer effort + plaisir : plus on progresse (photo, musique, écriture), plus le plaisir augmente, consolidant les circuits. « Plaisir et effort peuvent tout à fait être associés. » — Dr Pascal Chen
Néanmoins, attention aux excès. Par exemple, manger un gâteau libère de la dopamine. Cette libération peut pousser à en manger un second. Ainsi, comprendre ce mécanisme aide à contrôler nos habitudes.
La sérotonine : régulateur d'humeur intestinal
Étonnamment, 80% de notre sérotonine naît dans l'intestin. Ce "deuxième cerveau" compte cent millions de neurones. De plus, il communique avec notre tête via le nerf vague. Les chercheurs l'ont prouvé de façon surprenante : ils ont injecté le virus de la rage dans l'intestin d'animaux. Ensuite, ils observaient sa montée vers le cerveau. Couper le nerf vague stoppait cette progression.
Par ailleurs, le microbiote intestinal joue un rôle majeur. En effet, un bon microbiote favorise la production de sérotonine. Résultat : meilleur moral et moins d'anxiété. Le Dr Chaîne résume : "Le cerveau de l'intestin joue sur le moral et l'anxiété grâce à une alimentation saine."
L'ocytocine : ciment des relations
L'ocytocine soude nos liens sociaux. "C'est l'hormone de l'attachement, qu'il soit maternel, amoureux ou amical", précise le Dr Chaîne. D'ailleurs, les couples anciens ont plus d'ocytocine que les célibataires.
Une expérience le démontre bien. Dans une entreprise informatique, des employés ont reçu un spray d'ocytocine ou un placebo. Ceux avec l'ocytocine se montraient plus empathiques et généreux.
"Plus les gens avaient des liens sociaux, moins survenait le déclin cognitif" - Dr Pascal Chaîne
Notre système nerveux intestinal : le deuxième centre neurologique
Le ventre cache un vrai deuxième cerveau. Cette découverte change notre vision de la santé mentale. En effet, le Dr Chaîne décrit une communication à double sens entre nos deux centres nerveux.
D'une part, les ordres du haut vers le bas sont connus. Le stress provoque des maux de ventre. La satiété coupe l'appétit. Cependant, la plupart des messages vont dans l'autre sens : du ventre vers la tête.
De plus, cette communication montante influence notre humeur. Le microbiote, ces milliards de bactéries digestives, participe à créer la sérotonine. Par conséquent, un déséquilibre peut causer anxiété et dépression.
Encadré : Le nerf vague, autoroute neuronale
Le nerf vague relie nos deux cerveaux. Cette voie nerveuse transporte les messages dans les deux sens. De plus, son rôle dépasse la digestion : il influence nos émotions et notre bien-être global.
Sport, alimentation, sommeil : le trio gagnant pour vos neurones
Le sport renforce les connexions neuronales
L'exercice modifie vraiment notre matière grise. Le Dr Chaîne cite des preuves solides. Chez des jumeaux de 30-35 ans, le sportif possède des zones cérébrales plus grandes.
De même, les souris qui courent deux heures par jour pendant trois mois développent leur hippocampe. Chez l'homme, le sport après 50 ans diminue le risque d'Alzheimer.
Comment le muscle aide-t-il les neurones ? "Quand le muscle se contracte, ça libère le BDNF (= fertilisant de vos circuits neuronaux)", explique le Dr Chaîne. Cette substance "stimule les connexions entre les neurones". De plus, le flux sanguin augmente de 30% pendant l'effort. Ainsi, le système nerveux reçoit plus d'oxygène.
Par ailleurs, le sport développe l'empathie et l'imagination. Un match de basket fait travailler ces capacités mentales autant que les muscles.
L'alimentation : essence du système nerveux
Les aliments transformés menacent notre santé mentale. Une étude de Melbourne le montre : les femmes enceintes mal nourries ont des enfants plus anxieux.
De plus, chez l'animal, six mois de malbouffe rétrécissent l'hippocampe. Chez les seniors, les aliments transformés augmentent dépression et démence.
"L'alimentation ultra transformée est très toxique pour les neurones" - Dr Pascal Chaîne
Le sommeil : atelier de réparation neuronal
La nuit, notre matière grise travaille dur. Elle trie les souvenirs et nettoie les déchets. En effet, le liquide céphalo-rachidien augmente son débit. Les cellules se rétractent pour lui faire place. Ainsi, ce système naturel évacue les toxines.
De plus, les micro-siestes de 10-20 minutes boostent les performances. Les tests le prouvent : on réussit mieux après un court repos. D'ailleurs, beaucoup d'entreprises créent des espaces de repos.
En revanche, le manque de sommeil abîme le moral et les fonctions mentales.
L'art et la créativité : stimulants du système nerveux central
La musique active plusieurs zones neuronales
Écouter de la musique allume plusieurs régions cérébrales. Le Dr Chaîne détaille : l'hémisphère droit traite la mélodie, le gauche gère le rythme. Entre eux, le corps calleux fait le lien. D'ailleurs, il est plus gros chez les musiciens pros.
S'ajoutent aussi les zones auditives, du plaisir, des émotions, de l'analyse et de la mémoire. Lors d'un concert, quand tous applaudissent, les cerveaux vibrent ensemble.
La lecture booste durablement l'activité neuronale
Des chercheurs d'Atlanta l'ont prouvé : lire 30 pages par jour pendant 9 jours augmente l'activité cérébrale. Mieux encore, cet effet dure un mois après. La lecture pourrait même retarder Alzheimer.
De plus, une autre étude montre que les lecteurs sont plus gentils. La lecture développe l'empathie via les neurones miroirs. Nous devenons un peu le personnage que nous lisons.
"L'art a un effet anti-stress important" - Dr Pascal Chaîne
Le Dr Chaîne raconte une anecdote parlante. Une patiente stressée entend Barbara en voiture. La chanson la détend totalement. Aujourd'hui, l'art-thérapie traite la dépression. Des hôpitaux emmènent leurs patients voir des expos.
Encadré : Les endorphines, antidouleurs de l'art
L'art libère des endorphines naturelles. Ces molécules réduisent stress et anxiété. Rothko était ému quand une femme pleurait devant ses toiles : ils partageaient la même émotion.
Le développement neurologique des enfants : protéger et stimuler
Le jeune système nerveux suit un calendrier précis. Entre 2 et 3 ans, les connexions explosent. Après 6 ans, ça ralentit mais continue. Le cortex préfrontal, zone du contrôle, mûrit tard à l'adolescence. Voilà pourquoi les ados prennent des risques.
Les écrans : frein au développement neuronal
Le Dr Chaîne alerte sur les écrans précoces. L'enfant reste trop passif devant. Or, les jeux de construction et les puzzles aident le langage. Les jeux de rôle stimulent l'imagination. Même jouer seul dans sa tête développe des compétences.
Paradoxalement, après 12 ans, les jeux vidéo modérés peuvent aider. Ils développent l'anticipation et la rapidité mentale. Cette flexibilité diminue avec l'âge. Ainsi, même les seniors peuvent en profiter.
Toutefois, jouer seul la nuit prive du bénéfice social. L'empathie et le partage restent essentiels.
Stress et résilience : réparer notre système nerveux
Le stress chronique abîme l'hippocampe
Le lien entre stress et déclin mental est prouvé. Certes, certains stress stimulent : escalade, examens, défis professionnels.
Mais le stress intense ou durable endommage. Après un accident, la mémoire s'arrête. Le stress chronique rétrécit l'hippocampe. Les tests animaux confirment : le stress atrophie la mémoire.
La neuroplasticité : capacité de réparation
Heureusement, notre matière grise se répare. Le Dr Chaîne raconte deux histoires. Une retraitée déprimée oubliait tout. En aidant des enfants malades, elle a retrouvé ses capacités.
Un maire retraité grossissait et s'affaiblissait. Redevenu maire, il a maigri et retrouvé sa vivacité. Le lien social redonne vie aux neurones.
"On peut jusqu'à 100 ans continuer à créer des nouvelles connexions" - Dr Pascal Chaîne
Un pianiste parkinsonien a rejoué des concerts. En travaillant dur, il a relancé ses connexions malgré la maladie.
Dialoguer avec son système nerveux
Les techniques modernes permettent de parler à nos neurones. Méditation, hypnose, yoga, pleine conscience : toutes disent au stress de partir. Cette communication interne marche.
7 conseils pratiques pour entretenir votre santé cérébrale
1. Tissez des liens sociaux
D'abord, cultivez vos relations. L'isolement favorise le déclin mental. Une étude de 1938 le prouve : plus de liens égale meilleure santé et protection cognitive.
2. Bougez régulièrement
Ensuite, faites du sport même après 50 ans. Cela protège contre Alzheimer. Les enfants se concentrent mieux après l'exercice. Le mouvement diminue aussi diabète et hypertension.
3. Dormez bien et reposez-vous
Par ailleurs, respectez votre sommeil. Ajoutez des micro-siestes de 10-20 minutes. Votre matière grise nettoie ses déchets la nuit et fixe les souvenirs.
4. Lisez chaque jour
De plus, lisez 30 pages par jour. Cela augmente l'activité neuronale pendant un mois. La lecture développe mémoire, langage et empathie.
5. Savourez l'art
Également, écoutez de la musique, regardez des tableaux. L'art active plusieurs zones cérébrales et libère des endorphines anti-stress.
6. Mangez frais
En outre, évitez les aliments transformés. Privilégiez le frais et le naturel. L'ultra-transformé intoxique les neurones et augmente anxiété et dépression.
7. Planifiez des plaisirs
Finalement, anticipez vos joies futures. Prévoir un voyage ou une sortie stimule déjà vos neurones. L'anticipation libère la dopamine et renforce les connexions.
À retenir
Le plaisir soigne : il stimule la dopamine et les connexions neuronales
L'intestin produit 80% de notre sérotonine et influence notre humeur
La plasticité continue jusqu'à 100 ans : nouveaux neurones et connexions
Art, sport et liens sociaux protègent du déclin cognitif
L'alimentation transformée endommage les neurones
Les micro-siestes 10-20 minutes boostent les performances
Parler à son cerveau via méditation gère le stress
Conclusion
Le message du Dr Pascal Chaîne transforme notre vision de la santé mentale. Notre système nerveux n'est pas figé mais vivant, plastique, régénérable toute la vie. Par conséquent, chaque plaisir, chaque lien, chaque activité devient un soin neuronal.
Cette approche change notre quotidien en opportunités santé. Ainsi, lire devient thérapie. La musique soigne. L'amitié protège la mémoire. Le Dr Chaîne résume : "Ne pas se laisser aller et se faire plaisir."
Écoutez l'épisode complet du podcast BloomingYou pour découvrir l'intégralité de cette conversation enrichissante avec le Dr Pascal Chaîne.
Livre à lire : Pascal Chaîne - Faites-vous plaisir, votre cerveau vous le rendra [ Ed. Privat]
Artistes citésBarbara - Chanson "Mon plus bel amour c'est vous"
Rothko - Peintre mentionné pour l'émotion partagée avec les spectateurs
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