Une bonne écoute est un élément essentiel de toute relation humaine mais encore faut-il être capable de se rendre disponible pour écouter, sans parasitage d’humeur ou de soucis personnels ?
Prenons l’exemple de ce collègue qui souhaite vous entretenir d’une décision à prendre pour améliorer le bon fonctionnement de son service. Pendant qu’il vous présente son argumentation, votre esprit vagabonde en repensant à des soucis domestiques, et soudain vous l’interrompez brusquement car votre esprit se sera focalisé sur un point dont vous n’avez pas saisi, par défaut d’écoute, le contexte. Votre collègue va alors se sentir agressé et la discussion va virer au règlement de compte alors qu’au départ, il n’avait besoin que de votre écoute attentive pour l’aider à prendre une décision qui requérait votre expérience….
Autre cas de figure concret : vous travaillez dans une entreprise dans laquelle tout le monde sait qu’il y a du harcèlement sexuel mais chacun ferme plus ou moins les yeux. Si vous ne parvenez pas à faire évoluer la situation, ou si vous avez échoué à le faire, vous pouvez toujours quitter l’entreprise. Mais cela vous coûte, car votre poste est quand même intéressant, près de chez vous, bien rémunéré et vous avez de bonnes relations avec d’autres collègues. Ce n’est pas si simple de trouver un autre travail et vous ne croyez pas à un monde parfait ! Vous hésitez, vous gambergez, vous vous demandez si vous n’êtes pas, après tout, lâche. Mais tout le monde est-il un héros ? Non bien sûr, on peut donc dormir tranquille…
Ces deux exemples illustrent bien notre incapacité à se rendre parfaitement disponible à une situation donnée, que ce soit par manque d’écoute ou par une incompréhension de son environnement personnel!
Rassurez-vous, ces incapacités peuvent se corriger….
Comment faire évoluer positivement les situations ?
La première des choses, pour sortir de ses situations de blocage, est de stopper la culpabilisation, tout en pouvant se regarder dans une glace. Ne pas se culpabiliser, c’est sortir du jugement, c’est se détacher des filtres qui nous font réagir, ce qui nécessite de pouvoir faire le vide. Comme pendant une méditation, faites une pause dans vos pensées, relâchez les épaules, desserrez la mâchoire, mettez la langue en contact avec la gencive du haut, amorcez un sourire, respirez tranquillement avec le ventre. Faites le vide, cela vous permettra de prendre du recul !
Il faut aussi être conscient que nous ne pouvons pas faire les choses seul, et que pour amorcer un virage, il faut au moins être deux à être en capacité d’écoute et disponibles pour faire évoluer des choses. Même si vous avez fait votre part de travail, vous ne pouvez pas faire la part de l’autre, tout au plus vous pouvez l’encourager à le faire.
Cette prise de conscience va vous permettre d’aborder la seconde phase, celle de création d’un nouveau contexte qui va engendrer de la confiance. Dans le premier exemple évoqué, vous pouvez aborder votre interlocuteur en lui disant que vous n’êtes pas sûr d’avoir tout compris et qu’il serait utile qu’il reformule ce qu’il veut exactement. Dans notre second exemple, vous pouvez décider de voir le harceleur et lui expliquer calmement la différence entre être entreprenant et être un harceleur, car les temps ont changé et les risques sont grands !
Cette attitude basée sur la confiance, qui apparait dans nos exemples, est une des quatre phases d’un processus relationnel que nous avons mis au point.
Bien saisir les phases d’un processus relationnel
Notre processus relationnel s’inspire des quatre étapes du cycle de la vie observé en bio-mimétisme : le vide, la gestation, la maturité et la décroissance.
Ces quatre phases se traduisent ainsi dans le processus relationnel :
l’incertitude,
la confiance,
le sens critique
les réajustements.
Nous y reviendrons dans d’autres articles, notamment sur la question des risques liés aux réajustements. Concentrons nous ici sur la première phase, celle de l’incertitude.
L’incertitude ou comment mieux cerner les choix?
Nous avons vu que pour chaque situation, nous avons la possibilité de changer d’objectif (je me tais, je m’en vais, j’agis…) ou de façon d’être et de faire. Qu’est-ce qui va nous permettre de faire le meilleur choix ?
Pour faire les bons choix, il faut se poser les bonnes questions : où je veux aller, avec qui, de quelle manière ? Des questions simples, en apparence seulement, car elles sont pleines de sens et nous renvoient à l’essentiel : ce que nous voulons, pour quoi nous nous battons, quel est le sens de nos relations, sont-elles importantes ? Vais-je rester dans cette entreprise, vais-je pouvoir inverser le cours des choses ?
La phase d’incertitude est primordiale car elle nous renvoie à nos priorités les plus essentielles, celles qui nous définissent profondément pour nous (moi devant la glace) et pour les autres (ce qu’on dit de moi).
Comment se poser les bonnes questions?
A présent, installez-vous confortablement et, à propos d’une situation qui vous aurait mis mal à l’aise et dans laquelle vous vous êtes sentis piégé, répondez aux questions suivantes :
1. Comment était la situation initiale ? Arrivez-vous à faire le vide pour accueillir l’incertitude présente ?
2 . Quelle attitude a nourri cette situation ? Quelle a pu être votre part de responsabilité ? Comment avez-vous co-construit cette réalité ? Quels sont les véritables enjeux ? Qu’est ce qui est du domaine du possible ? Qu’est ce qui est du domaine de l’interprétation ?
3. Déroulez la situation comme un détective : écrivez les mots employés, les gestes effectués, vos pensées et vos émotions. Qu’est-ce qui vous a traversé ? Plus vous irez profond, plus vous aurez des prises de conscience.
4. Quelle fin heureuse est envisageable ? Quelle intention avez-vous pour cette relation, ce projet, cette entreprise? Quelle action pourrait désormais servir votre intention ? Souvent, nous nous limitons à une ou deux options. Et si vous en aviez une 3ème, quelle serait-elle ?
Et maintenant faites-nous part de vos difficultés à mettre en place ce que nous avons exprimé. Nous vous répondrons. Et de toute façon, à bientôt !
Je remercie Chloe Lesage pour le check up final et ses remarques de fond et Amal Hayatoun pour la formulation finale.
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suite à “Et maintenant faites-nous part de vos difficultés à mettre en place ce que nous avons exprimé. Nous vous répondrons” :
quand votre interlocuteur est de mauvaise foi permanente, comment faire évoluer la situation ?
La mauvaise fois permanente est pour moi un abus de langage. Il y a surement des fois où elle ne s’exerce pas. En plus du fait qu’elle traduit une insécurité. Je vous suggère d’essayer d’identifier les contextes et cadres où elle s’exprime.
Puis de s’adresser à lui en gros de la façon suivante. Pourrions nous repartir sur des bases plus saines, car je suis gênée par le fait que, pour moi, tu déforme la réalité sur tel ou tel sujet dans tel contexte alors que tu ne le fais pas sur tel sujet dans tel contexte. Je ne suis pas sûre que tu t’en rendes compte, mais moi cela me perturbe car je trouve que c’est de la mauvaise foi. Pourrions nous repartir sur de nouvelles bases, en identifiant mieux ce sur quoi nous sommes d’accord, avant d’aborder les désaccords. Si la mauvaise fois persiste alors la question d’arrêter la relation se pose et doit se formuler d’une façon où d’une autre. Ou bien tout ceci ne sera que l’occasion de recadrer la nature de la relation et donc de la circonscrire à un cadre ou il n’ y a pas d’insécurité, donc de mauvaise fois. Ici la stratégie est au service d’une possibilité de changer l’objectif c’est à dire la nature de la relation. Est-ce que vous sentez en capacité de suivre ce que je propose. Sinon pourquoi ?
suite à “Et maintenant faites-nous part de vos difficultés à mettre en place ce que nous avons exprimé. Nous vous répondrons” :
quand votre interlocuteur est de mauvaise foi permanente, comment faire évoluer la situation ?
La mauvaise fois permanente est pour moi un abus de langage. Il y a surement des fois où elle ne s’exerce pas. En plus du fait qu’elle traduit une insécurité. Je vous suggère d’essayer d’identifier les contextes et cadres où elle s’exprime.
Puis de s’adresser à lui en gros de la façon suivante. Pourrions nous repartir sur des bases plus saines, car je suis gênée par le fait que, pour moi, tu déforme la réalité sur tel ou tel sujet dans tel contexte alors que tu ne le fais pas sur tel sujet dans tel contexte. Je ne suis pas sûre que tu t’en rendes compte, mais moi cela me perturbe car je trouve que c’est de la mauvaise foi. Pourrions nous repartir sur de nouvelles bases, en identifiant mieux ce sur quoi nous sommes d’accord, avant d’aborder les désaccords. Si la mauvaise fois persiste alors la question d’arrêter la relation se pose et doit se formuler d’une façon où d’une autre. Ou bien tout ceci ne sera que l’occasion de recadrer la nature de la relation et donc de la circonscrire à un cadre ou il n’ y a pas d’insécurité, donc de mauvaise fois. Ici la stratégie est au service d’une possibilité de changer l’objectif c’est à dire la nature de la relation. Est-ce que vous sentez en capacité de suivre ce que je propose. Sinon pourquoi ?