Je voulais écrire une lettre en hommage à nos assiettes et je ne savais pas quelle sauce utiliser, je manquais d’inspiration. Dans ma tête, c’était le bouillon du jour, la confusion des sens. Une tentation de sucré/salé mais il subsistait une imprécision sur le dosage à trouver. Impossible de trancher. J’ai éteint le feu, j’ai posé sur la table les petits plats dans les grands, j’ai inventé une ligne pause dans ma recette et j’ai rendu mon tablier. Je suis partie marcher.
Dans la forêt, j’ai fait ce qu’ils disent dans les bouquins : j’ai mis un pied devant l’autre, je n’ai plus pensé à rien. J’ai rencontré un autre pèlerin qui m’a demandé où j’allais, je lui ai répondu que, justement, je cherchais. Il m’a dit « Attends, il va se passer quelque chose » puis il a continué son chemin.
Le soir, j’avais rendez-vous avec quelqu’un que je venais de rencontrer. A la question, « Quel est ton métier ? » il a répondu : « Je donne du plaisir, je suis pâtissier ». « Et toi ? » « Moi ? …J’aime bien manger. »
Voilà l’idée. C’était exactement ce que je voulais dire.
Pendant mon enfance, j’ai été élevée en plein air et aux crêpes au nutella. Enfin, on appelait ça du nutella à la crêpe parce que c’était l’inverse des coloriages, c’était meilleur quand ça débordait. C’était des crêpes libérées en quelque sorte. Nous devions être des enfants précoces.
Aujourd’hui, nous sommes devenus des adultes responsables. Nous préparons avec bienveillance, des goûters aux graines et aux fruits, dans des boites biodégradables.
Mais ils ont fait quoi nos petits pour mériter ça ??
Je me suis demandé ce qu’il s’était passé, à quel moment j’avais switché. Maintenant, je fais mes courses à biocoop et je vais régulièrement chercher mon panier bio chez des producteurs locaux. (Sans intermédiaire, sans pesticide, avec les bêtes et les racines). Je dois avouer que je n’ai pas toujours l’imagination pour des recettes maison avec les légumes de saison. Ma culture alimentaire doit être à peu près au niveau zéro de la Terre. Passé l’été, je dois chercher sur Internet les définitions et des vidéos, j’ai besoin d’un tuto pour préparer l’apéro. C’est ça, la cuisine connectée ??
Je me souviens de ma première fois dans un magasin bio. J’étais timide, je ne savais pas trop comment m’y prendre, j’avais tout à apprendre. J’étais prudente sur mes choix. En sortant, il fallait que je puisse tout porter, sans sac mais avec mes bras ; à l’époque déjà, le plastique, ce n’était pas si fantastique.
J’ai fini par faire le premier pas, je suis partie en exploration. Je n’ai jamais regretté, c’était tellement bon, que j’ai pris une carte fidélité.
Aujourd’hui encore, j’adore. Me donner quelques frissons dans les rayons. Il y a toujours des ingrédients qui, ailleurs, n’existent pas, j’ai l’impression de voyager. Si Rimbaud était là, il dirait sûrement que la cuisine est à réinventer.
Au final, ça donne quoi ? On se régale avec nos salades géantes boostées aux supers-aliments, on se prépare une bonne viande de temps en temps, on ne se refuse jamais un dessert au restaurant. (Le fondant au chocolat, je ne le partage pas !) Le bon verre de vin et les planches de fromages, oui, évidemment. Manger rime aussi avec convivialité. C’est meilleur à plusieurs.
Si nous sommes ce que nous mangeons, alors préservons notre simplicité et restons léger, ça fera plus à partager. A table comme dans nos quartiers, misons sur la diversité.
Cela pourrait être une bonne résolution. Avec vos menus, vos femmes et vos maris, faites-vous plaisir les amis : take it easy.
All we need is love.
Et en chanson, on se retrouve demain pour courir.
Ça va être bien, on va rire.
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Auré, l’héroïne du futur. Terriblement moderne !