Le Prophète trahi : et si le Coran disait autre...
Publié le 26/06/2025, mis à jour le 30/06/2025
Podcasts société
Le Prophète trahi : et si le Coran disait autre chose ?
37 minutes min d'écoute
Et si l’islam n’avait pas été transmis dans sa vérité d’origine ?
Le Prophète trahi : une lecture libre du Coran face aux héritages figés
Et si le texte coranique portait un tout autre message que celui transmis depuis des siècles ? Dans son livre Le Prophète trahi (Éditions Télémaque), l’écrivain Ali Malek propose une relecture directe du Coran, sans passer par les filtres du clergé ni des hadiths. Il nous invite à nous confronter à une question essentielle : que reste-t-il du message originel du Prophète après quatorze siècles d’histoire politique et religieuse ?
Le Coran, un texte oublié au cœur de l’islam
Ali Malek ne parle pas de l’islam en général, mais du texte fondateur lui-même. Il rappelle que le Coran accorde une grande liberté : celle de croire, de douter, de s’interroger. Contrairement à une idée répandue, le Coran n’impose ni clergé, ni contrainte, ni châtiment pour l’apostasie ou le blasphème. Ces notions sont absentes du texte.
« Le Coran laisse une totale liberté. Il ne demande pas de punir les apostats. Il ne menace pas les blasphémateurs. » — Ali Malek
Cette parole, pourtant claire, reste souvent inaudible dans le discours religieux dominant.
Hadiths et pouvoir : une dérive historique
Après la mort du Prophète, les califes ont rapidement instauré une logique de pouvoir. Ils ont mis de côté le Coran, jugé trop permissif, pour lui substituer une autre source d’autorité : les hadiths. Ces récits, souvent écrits deux siècles après le Prophète, auraient permis de justifier l’arbitraire politique.
« Les hadiths sont des inventions politiques. Ils prêtent au Prophète des propos qu’il n’a jamais tenus. » — Ali Malek
Ali Malek affirme que ces textes ont progressivement pris le pas sur le Coran. Aujourd’hui, ils structurent encore l’enseignement religieux dans de nombreux pays.
Les cinq piliers : un cadre qui n’a pas de fondement coranique
Faut-il croire aux cinq piliers ? Pour Ali Malek, cette expression n’a jamais été formulée par le Prophète. Le Coran mentionne la prière, le jeûne, l’aumône ou le pèlerinage, mais ne les présente jamais comme les piliers exclusifs de la foi.
« Les rites ne sont pas des piliers, mais des moyens. Ce sont des gestes, pas des dogmes. » — Ali Malek
Cette distinction change tout. Elle ouvre un espace spirituel plus vaste, plus libre, où chacun peut chercher sa vérité.
Revenir à l’essence : la foi comme quête
Loin du ritualisme, Ali Malek appelle à une foi consciente, libérée de l’automatisme. Prier ne veut pas dire appartenir. Croire ne signifie pas obéir.
Il souligne que les premières générations de musulmans ont connu une relation plus directe au texte, sans médiation cléricale. C’est avec l’institution du califat que les interprétations ont été verrouillées.
Transition vers la spiritualité vivante
Aujourd’hui encore, de nombreux croyants récitent des formules sans comprendre le message. Or, la spiritualité ne s’apprend pas seulement par répétition, mais par compréhension.
Des mots réhabilités : jihad, voile, apostasie
Plusieurs concepts clés ont été instrumentalisés au fil du temps :
Jihad : Dans le Coran, il signifie effort, pas guerre. La lutte armée n’est autorisée qu’en cas de légitime défense.
Voile : Aucun verset ne demande explicitement de couvrir les cheveux ou le visage. Il s’agit uniquement d’une invitation à la décence, dans un contexte historique.
Apostasie : Le Coran autorise la liberté de conscience. Renoncer à sa foi ne justifie aucune peine.
« Le bon musulman, c’est celui qui vit en paix avec lui-même et avec les autres. » — Ali Malek
Les femmes, premières alliées du Prophète
Ali Malek rappelle que les femmes jouaient un rôle actif aux débuts de l’islam. Khadija, la première épouse du Prophète, était une entrepreneure puissante. À l’époque, les femmes priaient à la mosquée, aux côtés des hommes.
Mais ce droit leur a été retiré par les successeurs du Prophète, en particulier le calife Omar, qu’Ali Malek qualifie de misogyne.
Sunnisme et chiisme : un désaccord politique
Contrairement à une idée reçue, la division entre sunnites et chiites ne repose pas sur des différences religieuses majeures. Elle concerne essentiellement la question de la succession du Prophète.
« Si vous reconnaissez Abou Bakr comme successeur légitime, vous êtes sunnite. Sinon, vous êtes chiite. » — Ali Malek
Cette querelle de légitimité a structuré l’histoire de l’islam… et continue de diviser jusqu’à aujourd’hui.
Un islam réconcilié avec son texte
Pour Ali Malek, réformer l’islam ne signifie pas en créer un nouveau. Il s’agit de revenir au Coran, et uniquement au Coran. Il appelle à laisser de côté les hadiths, les traditions, les fatwas, pour retrouver un message de paix, de justice, et de liberté.
« Le Coran est plus vivant en Europe qu’en terre d’islam. » — Ali Malek
Car en Europe, dit-il, les musulmans peuvent enfin vivre leur foi sans contrainte.
Must read : Le Prophète trahi, Ali Malek, Éditions Télémaque, 2024
Pour lire cet article, abonnez-vous gratuitement ou connectez-vous