Deux ou trois mots d’amour, des petits mots pour tous les jours.
A nos chanteurs partis, silence les amis, que volent nos souvenirs.
A tous ces soirs de retour, dans nos voitures ou dans des trains, les écouteurs dans les oreilles, puis dans nos petits appartements d’étudiants, à chanter si maman si, maman si tu voyais ma vie, et aujourd’hui encore, même si nos cœurs ont déménagé, du soir au matin, face à l’absence, face à la nostalgie, face à la mort, on pleure comme on rit.
A tous ces nouveaux matins où il faut se lever du bon pied pour se prouver qu’on existe, et pour cela, chanter partout, sous la douche, dans les escaliers, sur nos trajets, préférer parfois y aller à pied pour prolonger le plaisir, résister la tête haute, le dos droit, sourire aux voisins, aux inconnus des rues, prendre des forces par-dessus les ponts, se sentir pousser des ailes.
On s’y croirait, à jouer du piano debout, on en rêverait, et c’est bien la seule chose qui compte : appuyer sur la touche Repeat et aller plus loin, tendre des mains, les caresser, serrer parfois un peu des dents et des poings, ne pas flancher, ne rien lâcher. Demain, ça sera bien, c’est certain.
A toutes ces fois où nous avons monté le son, la radio dans la cuisine et le vinyle dans le salon, le dimanche, dans le camping-car sur la route des vacances, sous nos chapeaux de paille, avec les enfants à l’arrière, tête contre la fenêtre, à regarder ce temps qui défile comme dans un film, ce temps qui passe avec ces refrains qui jamais ne s’effacent.
Puisque tout reste et voilà l’or : notre tendresse et leurs folies sans âge laissées en partage. Donner pour donner, c’était leur seule façon d’aimer, et nos projets à nous, c’est continuer.
Continuer de danser avec nos cœurs de rockeurs, continuer de chanter comme des poupées de cire, remercier pour toute cette musique qu’on aime, se réjouir de rester vivants, prolonger les nuits pour eux, puisqu’on a tous quelque chose en nous de Tennessee.
On l’a tellement reçue, cette envie d’avoir envie, on l’a, on l’a. Nous sommes si chanceux de les avoir connus et heureux d’être là tout simplement.
Vive le paradis blanc.
C’était bien et demain c’est à nous, on recommence, on commence. On leur promet. De nouvelles déclarations. Des histoires différentes des autres, des secondes insouciantes et des minutes blanches. Allez venez, on s’emmène. Et on y croit. Evidemment.
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Dieu que c’est beau.