Un chiffre alarmant : 4,1 bébés sur 1 000 ne survivent pas en France
La naissance, un pari risqué en France ?
Un cri. Une vie qui commence. L’instant sacré de la naissance devrait être une promesse, un moment où l’humanité célèbre son propre avenir. Mais en France, ce cri se perd parfois dans les couloirs bondés des maternités surchargées, dans le silence d’une salle d’accouchement sous-dotée, dans l’absurdité de décisions administratives dictées par des tableurs Excel.
“Quand on regarde les chiffres, on se dit que la France s’est habituée à perdre des bébés”, affirme Anthony Cortes. “Ce qui choque, c’est que cette hécatombe est évitable. Elle résulte de choix politiques et non d’un manque de moyens.”
Car oui, les moyens existent. L’État dépense des millions chaque année pour combler les trous qu’il a lui-même creusés, préférant financer des intérimaires à prix d’or plutôt que de rémunérer dignement ses soignants. Pendant ce temps, les bébés continuent de mourir. 4,1 sur 1 000 naissances ne survivent pas à leur première année. Ce chiffre, brutal, place la France 23e sur 27 en Europe. Derrière la Pologne, la Hongrie, la Bulgarie. La France, qui fut un modèle en périnatalité, chute. Et personne ne semble vouloir regarder la réalité en face.
Un chiffre alarmant : 4,1 bébés sur 1 000 ne survivent pas en France
Dans cet épisode du podcast BloomingYou, Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, journalistes d’investigation et auteurs du livre 4,1 – Le scandale des accouchements en France (Éditions Buchet-Chastel), exposent une crise sanitaire majeure. La France, autrefois un modèle en matière de périnatalité, voit son taux de mortalité infantile grimper à 4,1 décès pour 1 000 naissances en 2024. Pendant que d’autres pays européens améliorent leur prise en charge, la France chute dans les classements. Ce chiffre place le pays 23e sur 27 en Europe, juste derrière la Pologne et la Bulgarie.
“On nous parle de progrès médicaux, d’innovation, de modernisation. Mais comment expliquer qu’en France, un bébé ait aujourd’hui moins de chances de survie qu’il y a dix ans ?”, s’interroge Sébastien Leurquin.
Pourquoi la mortalité infantile explose en France ?
Les auteurs soulignent que cette hausse ne relève pas du hasard ni d’une évolution naturelle, mais bien de décisions politiques et économiques hasardeuses qui ont affaibli le système de santé périnatal français. Plusieurs facteurs expliquent cette crise :
🔹 La fermeture massive des maternités : En 50 ans, 75 % des maternités ont disparu. Les 1 369 établissements de 1975 ne sont plus que 457 en 2024. 🔹 L’éloignement croissant des soins : Aujourd’hui, des milliers de femmes doivent parcourir plus de 45 minutes pour accoucher, ce qui double le risque de décès périnatal. 🔹 Un personnel soignant sous pression : Des sages-femmes et des obstétriciens en nombre insuffisant, une fatigue extrême et un manque de moyens. 🔹 Le recours massif aux médecins intérimaires, payés à prix d’or, mais qui ne garantissent pas une continuité des soins. 🔹 Une inégalité croissante entre zones urbaines et rurales, où l’accès aux soins devient un luxe.
“Nous avons rencontré des sages-femmes en burn-out, des obstétriciens contraints de prendre des décisions médicales sous pression, et des femmes enceintes livrées à elles-mêmes, obligées de parcourir des dizaines de kilomètres en plein travail”, raconte Sébastien Leurquin.
Fermetures de maternités : une catastrophe sanitaire en marche
En un demi-siècle, la France a fermé 912 maternités. L’argument officiel ? Améliorer la sécurité des accouchements en concentrant les soins. Mais dans la réalité, les chiffres prouvent que cette logique a produit l’effet inverse.
🔹 Des maternités surchargées : Les services qui restent doivent absorber des patientes supplémentaires, augmentant le risque d’erreurs médicales et déshumanisant l’expérience de l’accouchement. 🔹 Des transferts d’urgence qui augmentent les complications : Accoucher sur le bord d’une route ou dans une ambulance devient une réalité pour certaines femmes. 🔹 Des inégalités territoriales grandissantes : Les zones rurales sont les premières touchées, laissant des femmes sans accès rapide aux soins essentiels. 🔹 Des équipes épuisées : Le manque de personnel fragilise l’accompagnement des patientes, mettant en danger leur bien-être et celui des bébés.
“Il y a aujourd’hui des territoires où accoucher devient une épreuve. Ce n’est plus un moment de joie, mais une course contre la montre, un combat contre un système qui ne suit plus”, déplore Anthony Cortes.
L’intérim médical : un gouffre financier qui aggrave la crise
Le recours aux médecins intérimaires explose. Or, cette solution temporaire coûte jusqu’à 10 fois plus cher que le maintien de médecins titulaires.
🔹 Un intérimaire peut gagner 5 000 € par garde, contre une fraction de ce salaire pour un titulaire. 🔹 Certains soignants hésitent à solliciter ces remplaçants, par peur qu’ils perturbent le fonctionnement du service. 🔹 Des hôpitaux paient des intérimaires à rester en salle de repos, faute de compatibilité avec les équipes en place. 🔹 Un système absurde où l’hôpital public dépense sans rationalité, préférant des solutions précaires et coûteuses.
“On parle de rationalisation des coûts, mais où est la logique de payer un médecin 10 fois plus cher pour quelques heures, plutôt que de revaloriser ceux qui assurent la continuité des soins ?”, s’indigne Anthony Cortes.
Comment stopper cette catastrophe sanitaire ?
🔹 Augmenter les salaires des soignants pour éviter la fuite vers l’intérim. 🔹 Réinvestir dans des maternités de proximité, au lieu d’entasser les accouchements dans des “usines à bébés”. 🔹 Offrir un suivi psychologique digne pour les parents touchés par un deuil périnatal. 🔹 Redonner à la santé publique la priorité sur la rentabilité. 🔹 Garantir un accès aux soins équitable sur tout le territoire.
À lire absolument :
📚 4,1 – Le scandale des accouchements en France – Anthony Cortes et Sébastien Leurquin(Éditions Buchet-Chastel)
Catastrophe à l’hopital, catastrophe dans les ehpad, catastrophe dans les maternités, l’hopital géré comme une entreprise, le tout ambulatoire, l’épuisement des professionnels, toujours soi disant pour améliorer les pratiques et une meilleure prise en charge du patient, on voit le résultat…