- Home
- /
- Conseils en parentalité positive
- /
- Conseils crise d'adolescence
- /
- Réussite scolaire: comment motiver son enfant à l’école?
Publié le 08/09/2021, mis à jour le 31/08/2022
Podcasts parentalité
Réussite scolaire: comment motiver son enfant à l’école?
Qu’apporte la psychologie à la pédagogie?
Tous les parents souhaitent offrir à leurs enfants une bonne éducation qui passe, dans notre société, par la réussite scolaire.
Or encourager et convaincre un jeune collégien de l’intérêt d’apprendre à calculer l’aire d’un triangle demande, chez les parents et les enseignants, un savoir-être qui n’est pas donné à tout le monde.
Sans compter que le stress des résultats scolaires et ses enjeux entravent pour beaucoup la possibilité de penser une éducation sereine. Beaucoup se retrouvent alors désemparés quand leur enfant ou adolescent rencontre des difficultés à l’école.
Une situation d’autant plus fatigante qu’elle génère souvent des conflits au moment des devoirs ou à la réception du carnet de notes.
Plusieurs questions se posent alors: comment motiver son enfant à l’école? Comment l’accompagner dans les apprentissages scolaires? Que faire, devant un enfant, ou un ado, que rien, ou presque, n’intéresse à l’école?
Pour y répondre, nous avons rencontré un spécialiste, Jean-Luc Aubert.
Jean-Luc Aubert est psychologue spécialiste de l’enfant et de l’adolescent, et l’auteur du livre «Comment motiver son enfant à l’école» (Odile Jacob, 2021).
- Jean-Luc, vous pratiquez la psychologie en profession libérale depuis une quinzaine d’années, mais vous avez d’abord pratiqué pendant 20 ans la psychologie scolaire, et avant cela vous étiez enseignant auprès d’enfants handicapés physiques et/ou mentaux. Comment êtes-vous devenu enseignant puis psychologue?
- JLA: En pratiquant la pédagogie je me suis rendu compte que la psychologie est essentielle. Les enseignants sont formés pour enseigner à des jeunes qui vont apprendre, seuls, au travers des cours et des devoirs. Or, certains enfants ont besoin d’aide, et pour ce faire, la pédagogie seule ne suffit pas. Il faut comprendre l’enfant sur le plan psychologique et lui apporter une sérénité psychique. C’est ainsi qu’il pourra mobiliser son énergie et apprendre tout au long de sa scolarité.
Comment apparait et se développe la motivation?
Les trois formes de motivation
- Quel est l’environnement favorable à la motivation d’un enfant dans les apprentissages scolaires?
- JLA: Il existe trois formes de motivation, dont la principale est la motivation naturelle. Tous les enfants la possèdent parce que tous ont besoin d’apprendre à devenir autonomes et indépendants. Pour satisfaire ce besoin, l’enfant est poussé par une forme de pulsion appelée la pulsion épistémophilique qui dure jusqu’à l’âge de 7 ans. Un bébé apprend à marcher seul et à parler spontanément, personne ne lui demande de fournir des efforts pour y arriver.
- La motivation élective née à la suite d’une envie d’apprendre. Elle apparait au contact d’un proche, ou d’un enseignant inspirant dont la passion s’est transmise à l’enfant. Combien de vocations sont nées ainsi?
- La motivation réparatrice, destinée à soigner une blessure psychique mal cicatrisée. C’est une motivation mise en place pour prouver quelque chose ou pour pallier un manque de liens affectifs. Par exemple, un enfant peut décider de bien travailler à l’école pour donner tort à des parents qui le dénigrent. De nombreuses réussites professionnelles et sociales se sont bâties sur ce manque de reconnaissance et d’amour.
Les limites de la volonté
- Dans votre livre, vous remettez en question l’adage « quand on veut on peut ». Vous dites qu’il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, pourquoi?
- JLA: Parce que dans un premier temps il faut pouvoir pour vouloir. « Pouvoir arriver à quelque chose » dépend d’une certaine disponibilité psychique et motivation, tandis que « vouloir » est du ressort de l’intellect pur. Par exemple, tout le monde peut dire « je veux devenir ministre » sans pouvoir le devenir pour autant.
- Vous écrivez aussi: « Le parent parfait est un parent (un peu) imparfait »…
- JLA : Un parent parfait, s’il existe, répond toujours et parfaitement aux besoins de l’enfant. Seulement, une fois hors de la famille, l’enfant est désarmé. Les erreurs, les moments d’inattention, d’énervement, participent à l’éducation, car l’enfant y sera confronté au cours de sa vie.
Quels conseils retenir pour remotiver son enfant?
La famille d’abord
- Quels sont vos conseils pour prévenir la démotivation scolaire ou remotiver son enfant à l’école?
- JLA: Souvent, un enfant pas ou peu motivé à l’école est celui qui est passé à côté de la phase de réponse opérante de la pulsion épistémophilique. J’ai constaté également qu’un enfant désintéressé de sa scolarité n’est pas non plus très intéressé par ce qu’il se passe à la maison. Il m’arrive de voir des enfants de 8, 10 ans qui ne savent pas encore ce que font leurs parents, dans quelle classe sont leurs frères et sœurs, etc. Tout se passe comme s’ils étaient spectateurs de leur vie de famille.
- Je préconise donc de d’abord les réintéresser à la vie de famille sur un plan très concret et pratique de leur vie quotidienne. A partir de ce moment-là, on peut réenclencher un moteur quelque peu déficient.
- Vous écrivez: « Et si, malgré tout, cela ne fonctionne pas…Il importe de garder un contact avec les enseignants et d’être attentifs aux réactions de certains enseignants afin qu’ils ne qualifient pas péjorativement votre garçon ou fille. Pourquoi est-ce important?
- JLA: L’enfant n’est pas qu’un élève, si rien ne fonctionne pour qu’il retrouve sa motivation à l’école, il lui reste néanmoins d’autres capacités, atouts et potentialités qu’il faut essayer d’entretenir. Il est donc important que ni le parent angoissé ni l’enseignant (tout aussi angoissé) ne s’acharne sur l’enfant, au risque de créer chez lui un climat de défiance vis-à-vis de l’adulte. L'idéal est donc s’attacher à préserver une relation de confiance, qui sera un atout majeur dans sa réussite future.
Il n’y a pas que l’école dans la vie
« La motivation est donc dans un premier temps l’affaire de ceux qui sont au plus près des jeunes. De la qualité globale de leur présence dépendra la motivation future de l’enfant. Le motiver, c’est lui donner un moteur extraordinaire. Moteur qui peut fonctionner à l’école mais aussi dans de multiples autres secteurs d’activités tout aussi essentiels et passionnants. Le motiver, c’est donc lui donner un atout extraordinaire avec cette dimension fondamentale : lui faire aimer la vie avec ses innombrables sources d’intérêt, lui faire aimer la vie dans toutes ses dimensions, lui faire aimer la vie tout simplement. »- Cet extrait est issu de votre livre. Pourquoi avez-vous choisi cet extrait en particulier?
- LJA: Cet extrait me semble résumer au mieux mon propos : la motivation scolaire compte bien sûr, mais elle n’est pas la seule motivation, et elle ne doit pas devenir exclusive.
Quels sont les atouts pour réussir à l’école?
Comment le système scolaire peut-il être amélioré?
Les classements récurrents de l’OCDE placent la France en très mauvaise position sur le plan des compétences des élèves. Dans les classements PISA, sur 60 pays évolués, la France se situe depuis les années 2010, entre la 20ème et la 30ème place.- S’il est connu que les inégalités socialessont l’un des gros points noirs de la fracture scolaire française, vous signalez également le défaut de formation des enseignants et la qualité de l’enseignement qui, selon vous, ne prend pas du tout en considération le développement de l’enfant et de ses capacités. Comment faire mieux?
- JLA: Selon mon expérience, une des réponses majeures face aux difficultés scolaires passe d’abord sur un travail sur le langage. 15 à 20 % des élèves de maternelle ne comprennent ce que dit l’enseignant faute d’outils lexicaux et syntaxiques. Ces élèves sont en déphasage par rapport aux autres enfants, et rencontrent des difficultés dans l’apprentissage de la lecture à l’école élémentaire.
- Dans les milieux sociaux plus fragilisés, il faudrait instaurer des classes d’une dizaine d’enfants et entamer un travail important sur le langage au travers de livres, de jeux, d’échanges et de sorties au théâtre par exemple.
Les cinq atouts de la réussite scolaire
On compte cinq atouts pour favoriser un bon apprentissage:- La motivation qu’elle soit innée, élective ou réparatrice.
- La disponibilité physique et psychique.
- Les processus cognitifs de base que l’enfant acquiert à travers différentes interactions (famille, livres, loisirs et activités ludiques, manuelles et culturelles).
- Un bagage culturel suffisant, ce qui dépend essentiellement de son milieu social.
- Une capacité minimale à fournir des efforts.
Susciter le désir: l’affaire de tous
La capacité de motivation de l’enfant ne dépend pas que de sa volonté mais bien du contexte familial et sociétal qui le voit évoluer. Il est clair que parents et enseignants coproduisent les conditions de l’apprentissage scolaire de l’enfant. Il y a ceux qui, bien souvent malgré eux, produisent du froid et de la grisaille, et ceux qui, dotés d’une vision sensible et palpable, nourrissent les esprits et les cœurs des petits (comme des grands d’ailleurs). Une vision illustrée par l’adage d’Antoine de Saint-Exupéry: «Si tu veux construire un bateau, ne commence pas par battre le rappel, commander à tes hommes d’aller chercher du bois, distribuer les tâches et diviser le travail, mais éveille en eux le désir de la mer infinie.»Propos de Jean-Luc Aubert recueillis par Amal Dadolle
Must read : Comment motiver son enfant à l'école_ Jean-Luc Aubert aux éditions Odile Jacob
abonnez-vous gratuitement
ou connectez-vous
- Home
- /
- Conseils en parentalité positive
- /
- Conseils crise d'adolescence
- /
- Réussite scolaire: comment motiver son enfant à l’école?
Publié le 08/09/2021, mis à jour le 31/08/2022