Si vous êtes un parent consciencieux, aimant et désireux d’aider votre enfant à s’épanouir et à devenir un adulte à l’aise dans sa tête et ses baskets, il est plus probable que vous l’ayez inscrit à une activité physique qu’il apprécie.
Le sport est école de vie affirme à juste titre l’ancien joueur et entraineur international de football, Aimé Jacquet. La pratique sportive permet, en effet, de développer une confiance de soi et de prendre conscience de son corps.
Mais surtout, si le sport est école de vie, c’est parce que nous nous confrontons à la compétition, dont les deux faces sont la victoire et défaite.
Faire du sport permet d’aider les enfants à apprendre à digérer les victoires comme les échecs, à gérer sa colère et sa déception, apprendre tout simplement à se relever permet de cultiver son mental et de développer son intelligence émotionnelle. Des atouts cognitifs qui valent leur pesant d’or dans une société où l’esprit de la gagne est exacerbé.
Quel est le rôle des parents dans le parcours sportif de leur enfant ?
C’est dans la dimension des affects de la compétition sportive que les parents doivent jouer un rôle-clé pour aider leurs enfants. Celui-ci n’est pas si évident à aborder. Beaucoup de parents oscillent entre le trop d’implication ou une absence totale de celle-ci. Sans parler de leur sentiment d’impuissance face aux explosions de l’enfant :
Quoi dire quand votre enfant hurle de rage et envoie voler sa raquette sur le cours de terrain ou ses baskets en rentrant chez lui ?
Quoi faire quand il vous dit qu’il ne veut plus aller à ses entraînements ?
Comment ne pas oublier l’essentiel, son plaisir et son épanouissement, s’il commence à faire du haut niveau ?
Et s’il développe un talent certain dans son sport, et qu’il pense à suivre une carrière professionnelle, comment réagirez-vous et que ferez vous ?
Ces quelques questions peuvent se résumer en une seule : quelle posture dois-je adopter pour soutenir au mieux mon enfant dans son projet sportif ? Celle qui lui apporte la sécurité affective en dehors des terrains.
Pour approcher au mieux cette posture, Frédéric Beltran, père de deux enfants en sport-études, et également préparateur mental auprès d’Air France, de sportifs professionnels, d’entraineurs et de parents de petits compétiteurs nous dévoile son expertise.
Quelle posture adopter en tant que parent ?
Trouver la bonne posture n’est pas difficile, mais cela demande de se poser des questions « vraies » et simples.
Pourquoi mon enfant fait de la compétition sportive ?
En tant que parent, vous avez inscrit votre enfant à un sport qu’il aime bien parce que vous vouliez son épanouissement et son bonheur. Et s’il peut développer des leçons de vie, c’est du bénef.
Mais que se passe-t-il dans la tête de votre enfant ? Quelle est sa motivation première ? Cela peut être pour son plaisir à lui, comme une stratégie pour être valorisé, ou trouver sa place auprès de votre famille ou de ses copains de classe. Sachant que ces différentes motivations ne sont pas incompatibles entre elles.
Il n’empêche que les enfants veulent instinctivement répondre aux atteintes parentales. Pour son épanouissement, il est important de se demander pourquoi il se lance dans un sport ? Et, surtout, pourquoi veut-il faire de la compétition ?
Ma relation avec l’enfant est-elle bien indépendante des résultats sportifs ?
Cette question est évidente. Mais importante. Comme l’explique Frédéric Beltran : « Le fait pour l’enfant de savoir que ses résultats en compétition sportive ne changent rien sur l’estime que vous lui portez, est LA chose qui doit être sans aucune ambigüité et d’une totale sincérité. ».
Cela vous demande d’avoir une posture la plus neutre possible quand il gagne ou quand il perd. En le jugeant sévèrement ou en affichant une fierté ostentatoire, vous blesseriez votre enfant en lui envoyant comme message que votre amour est conditionné en fonction de ses résultats.
Mais attention, si votre posture doit être neutre émotionnellement parlant, elle ne doit pas pour autant être froide ou distante surtout quand il traversera les défaites.
Comment aider mon enfant à affronter l’échec ?
L’échec : une aubaine pour apprendre
Votre enfant va perdre souvent, gagner parfois prévient Frédéric Beltran. Il est donc important de parler de défaite, d’échec et de raté. Bien gagner comme bien perdre s’apprend.
Il est important d’expliquer que la défaite n’est ni humiliante ni gravée dans le marbre, elle est normale. Comme le précise le coach Beltran, accepter la défaite ne veut pas dire qu’il faut être indifférent au résultat, cela veut dire qu’il faut tout faire pour ne pas la répéter. Seulement, veillez à ce que l’enfant ne se mésestime pas et perde confiance en lui. Il ne manque pas de citations inspirantes sur les vertus de l’échec. En voici une du canadien amateur de triathlon et spécialiste de l’Ironman, Pierre Lavoie :
« C’est dans l’inconfort que l’on devient plus fort ».
Bien sûr, les choses difficiles et douloureuses demandent toujours à être abordées dans un contexte calme et serein. Il est donc inutile de citer Pierre Lavoie à votre enfant 5 minutes après que son équipe de foot ait perdu 7 à 0. Vous vous risquez à recevoir un sec : « mais tais-toi, tu m’énerves !!! ».
Comment répondre à la colère de son enfant ?
Devant la colère rageuse d’un enfant, le parent attentionné se sent souvent impuissant. Son premier réflexe est de réagir en s’agaçant à son tour ou en expliquant avec la plus grande douceur que sa défaite n’est pas grave. Dans les deux situations, c’est une maladresse.
Il existe deux façons de répondre avec justesse à la colère d’un enfant :
La prise de recul
Bonne nouvelle, une émotion ne dure que 90 secondes, ainsi la colère de votre enfant devrait être courte, à moins que vous ne l’alimentiez à votre tour, par vos mots ou votre langage non verbal. En matière d’éducation, si les enfants ne nous écoutent pas toujours, vous pouvez être certains d’une chose : ils vous imitent. Alors si vous souhaitez que votre enfant se calme, il est important que vous montriez votre calme en premier.
L'écoute attentive
Faites parler votre enfant pour qu’il évacue sa colère sans le juger. Il est important de se rappeler que vous avez affaire à un enfant. Son cerveau n’est pas au même stade de maturité que le vôtre. Ce n’est pas tant l’échec qui contrarie votre enfant que la souffrance qui l’accompagne. C’est cette souffrance que vous devez reconnaître pour que l’enfant s’apaise.
Sachant que la colère est directement reliée au stress, votre dernier rôle pour soutenir votre enfant est de lui donner des clés et des astuces pour calmer son stress et les émotions négatives qui l’accompagnent.
Des clés pour forger le mental du petit champion
La préparation mentale
S’entraîner intensément et longtemps n’est que la moitié du travail d’un compétiteur. La performance repose pour moitié sur la préparation mentale. Combien de victoires et de défaites ont dépendu de l’état psychologique et émotionnel des joueurs ?
Etre fort mentalement implique avant une bonne gestion de son stress. Pour ce faire, les adultes disposent d’une panoplie d’outils que les enfants peuvent reprendre à leur compte pour se recentrer :
Il peut arriver que votre enfant échoue lors d’une compétition pour des raisons autres que son mental ou ses compétences techniques. Nous ne maîtrisons jamais tous les évènements : la météo peut nous faire défaut, notre matériel peut être défectueux, ou notre adversaire peut être simplement plus fort et plus expérimenté.
Sauf que votre enfant peut ne pas voir ces faits qui le pénalisent et estimer que sa défaite repose sur sa « nullité ». Notre premier coach n’est pas notre entraineur, ni mentor ou notre parent, c’est notre petite voix.
Ainsi, la dernière chose que vous pouvez apprendre à votre enfant, est qu’il ne contrôle pas tout. Seuls les aveugles et les fous se prennent pour des dieux. Pour son bien-être actuel et à venir, il doit se voir comme s’il était son meilleur ami : avec bienveillance et justesse.
Que l’enfant se dise à lui-même :
« La vie n’est pas toujours juste, mais ce n’est pas là le plus important. Le plus important, c’est de se relever et de se dire « je vais faire mieux. »
Source : Frédéric Beltran, Mon enfant fait de la compétition, éditions Amphora, 2019
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