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Publié le 08/03/2018, mis à jour le 13/09/2022
Connaissance de soi
Devenez narcissique, tout commence par soi !
Sauvez votre peau ! Devenez narcissique
« J’entends nos experts répéter que notre temps est celui du sujet-roi, individualiste et narcissique, d’abord soucieux de son bien-être. Ces sujets-rois, je ne les vois pas. Je ne vois que des clones […] pris dans la spirale du mal-être, souffrant et n’osant pas avouer leur souffrance qu’ils perçoivent comme une faiblesse de plus. »
Cette analyse pertinente est soulevée par l’écrivain Fabrice Midal, également un des principaux enseignants de méditation en France. Conscient que le mal-être touche un grand nombre d’entre nous, il a décidé de s’emparer de la question en s’appuyant sur le mythe de Narcisse tel que le comprenaient initialement les Grecs, avant de tomber sous la réinterprétation des Pères de l’Eglise.
Le fruit de ses réflexions est rapporté dans son dernier ouvrage « Sauvez votre peau ! Devenez narcissique ». Nous vous en apportons ici quelques échantillons.
La réalité du mythe de Narcisse
Narcisse est le fruit des amours improbables d’une nymphe avec le fleuve Céphise. Encore nourrisson, sa mère le présente à Tisérias, devin de profession, pour en savoir un peu plus sur l’avenir de son fils. Le devin lui prédit une longue vie s’il ne se connait pas. Étrange consigne pour les temps, qui va totalement à l’encontre de la gravure sur le Temple de Delphes « Connais-toi toi-même ».
Qu’à cela ne tienne, l’entourage de Narcisse ne se pose pas plus de question et se fait un devoir de lui cacher les miroirs pour qu’il ne puisse jamais voir son visage. Ainsi grandit Narcisse. Sans miroir, il n’a aucune idée de ce à quoi il ressemble.
Or il s’avère que notre Narcisse est sublime. Tous ceux qui l’approchent, tombent amoureux de lui. Femmes, hommes et nymphes. Narcisse ne comprenant pas de quoi il en retourne, se désintéresse des intérêts que tout ce petit monde lui. Vexés et frustrés, beaucoup lui retournent la politesse et l’évitent, le jugeant froid et orgueilleux.
Narcisse se sent donc bien isolé. Au cours d’une de ces balades en solitaire dans les bois, il repère un cours d’eau idéal pour boire un peu d’eau fraîche. Au moment où il se penche sur l’eau, il découvre son reflet pour la première fois. Ne comprenant pas qu’il s’agit de lui-même, il le trouve très beau et en tombe amoureux.
Après plusieurs jours à contempler cet étranger qui n’est autre que lui-même, il comprend finalement que c’est lui et cette révélation s’accompagne d’une jubilation divine qui le transforme en narcisse, une fleur blanche avec un cœur d’or.
Pour les Grecs, le narcisse n’est pas n’importe quelle fleur. C’est la première fleur à éclore après l’hiver, elle est le symbole de la renaissance du printemps, de l’épanouissement de la nature et de la vie.
Par ailleurs, chez les Grecs, la mort s’accompagne d’une déchéance voulue par les dieux et d’une descente aux enfers. Le destin de Narcisse est tout autre, il a plutôt atteint le Nirvana des Grecs.
Que devons-nous retenir selon Fabrice Midal ? Que la sagesse des mythes se cache dans les détails. Narcisse ne se reconnait pas tout de suite. Est-ce étonnant ? Nous sommes pour nous-mêmes des étrangers, incapables de s’aimer et de voir que l’on peut être aimable. Nous ne voyons pas nos atouts, tellement obnubilés par nos défauts.
Nous sommes, bien souvent, nos propres bourreaux. Mais pourquoi avons-nous tant de mal à nous aimer ? Pourquoi avons-nous dénaturé le mythe de Narcisse ? Deux questions liées dont les réponses se trouvent entre autres auprès du monothéisme.
Quand Saint Augustin boudait la mythologie grecque
C’est la morale chrétienne, dictée par Saint Augustin qui a dénaturé la finalité du mythe de Narcisse. La transformation en fleur n’est plus une bénédiction, mais une punition des dieux de s’être trop aimé. Trop s’aimer est une abomination. Celui qu’on n’aime jamais assez est Dieu.
Saint Augustin condamne ainsi les « âmes qui se détournent de l’amour du bien supérieur et immuable […] pour se complaire en elles-mêmes et ainsi se glacer et s’enténébrer. […] L’homme n’est que chair, sang et orgueilleuse pourriture. […] Qui se connait bien, se méprise ». Ambiance.
Mais cet héritage nous a coûté très cher spirituellement, car pendant longtemps l’ego fut méprisé, broyé, assujetti. Les expressions populaires parlent d’elles-mêmes : « tiens ton ego ». Plus évocateur, il y a également le « il faut tuer l’égo » d’après les indications d’un enseignement bouddhiste remixé à la sauce occidentale.
Mais revenons à Narcisse. En voulant nous le rendre compréhensible et sympathique, en nous invitant à prendre son exemple, à regarder notre reflet à nous aimer, que veut nous faire comprendre Fabrice Midal ?
« Connais-toi toi-même », une invitation au bonheur
« Connais-toi toi-même. [Le temple] ne lui demande pas de s’admirer mais de s’interroger. Donc de se remettre en question, afin de pouvoir s’accomplir et être vraiment heureux ». Si se regarder dans un miroir suffisait pour se connaitre, on n’aurait pas autant écrit sur la question.
On parle toujours de voyage dans la spiritualité, c’est bien parce que c’est une exploration. Pour se rencontrer, il faut partir à l’aventure, faire des rencontre, éprouver ses difficultés et ses possibilités.
En un mot, sortir de sa zone de confort. Rien à voir donc avec la vanité, où l’on reste sur ses précieux petits acquis et ses précieuses facilités.
Le cas typique du faux Narcisse est Donald Trump. En dépit de toute l’énergie qu’il met à nous le faire croire, Trump ne s’aime pas. Fabrice Midal l’explique très bien : « Il est dans une inquiétude constante, dans un doute profond quant à sa propre identité. Il s’est forgé une image extérieure dont il a une vision grandiose, une armure qu’il doit en permanence consolider afin d’éviter de se voir, de se toucher. »
Contrairement à Trump, Narcisse n’est ni vaniteux, ni nombriliste. Il s’est simplement reconnu en tant qu’être vivant et digne d’intérêt, il n’aurait pas passé autant de temps à scruter son reflet s’il en était autrement. Alors c’est quoi s’aimer selon Narcisse ?
C’est quoi s’aimer finalement ?
Laissons ici la parole à Fabrice Midal, qui résume mieux que personne le fruit de sa pensée :
- « S’aimer n’est pas niais. Ce n’est pas une performance à réussir, mais une initiation à un acte de survie. Ce n’est pas une pratique abstraite, mais une manière, d’autant plus profonde qu’elle est concrète, de transformer nos douleurs, nos émotions, nos difficultés, nos blocages, en ressorts pour avancer. De faire la paix avec notre vulnérabilité. »
- « S’aimer n’est pas niais. C’est avoir le courage de sortir de notre prison d’usures, d’habitudes, d’injonctions. C’est trouver, au fond de soi, la capacité de dire non quand je prends conscience que ce que l’on me demande est inacceptable et que ce que je ressens est juste. Je m’aime assez pour me faire confiance. »
Concluons en beauté :
« L’amour dont je parle, celui que nous enseigne le narcissisme, n’est pas aveugle, il n’est pas niais. […] Il est le fruit d’une intelligence qui nous sort de l’ignorance, d’une curiosité bien plus saine que la négligence dont on fait habituellement montre envers soi-même. »
Enfin, un des moyens pour parvenir à s’aime est la méditation, comme nous le confie Fabrice Midal :
« La méditation qui a été mon chemin vers le narcissisme, n’a rien transformé en moi. Elle a fait bien plus que cela : elle a radicalement transformé le rapport que j’ai avec moi. Je me suis pardonné d’être imparfait, médiocre par bien des aspects, de ne pas être toujours à la hauteur de mes inspirations, […]. Je me suis aimé avec ma médiocrité quand j’ai réalisé qu’elle n’est pas une monstruosité, mais un indice de mon humanité. J’ai cessé de m’empoisonner […]. Je me suis retrouvé et j’ai enfin pu donner. »
Source : Fabrice Midal, « Sauvez votre peau ! Devenez narcisse », Flammarion, 2017
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Publié le 08/03/2018, mis à jour le 13/09/2022
Bonjour,
Il s’agit à nouveau d’une dénaturation. Dans toutes les versions antiques du mythe, la métamorphose en fleur de Narcisse est la conséquence d’une tragédie :
-soit elle fait suite à un suicide, car s’aimer soi-même avec la même passion qu’un vrai sentiment amoureux relève de la folie. Et Narcisse le lit tel quel, d’où son acte.
-soit le mythe en fait une lecture de la vanité : il tombe et se noie, obnubilé par l’obsession de son propre reflet.
-soit il s’agit d’une vengeance extérieure ayant pour but de le châtier de rester de marbre devant les avances qui lui sont faites.
Les lectures postérieures du mythe ajoutent des éléments psychanalytiques, tel que la recherche impossible de son double perdu pour faire unité.
Quoiqu’il en soit, vous conviendrez que le mythe de Narcisse est rarement lu sous un oeil positif et cela bien avant qu’un courant monothéiste ne viendrait y imposer sa doctrine.
Bien à vous,