Ils ne font pas de bruit, on ne sait pas trop combien ils sont, on estime qu’ils sont 100 000, partout dans le monde. On les appelle les Digital Nomads. Digital, parce qu’ils gagnent leur vie en exerçant des professions dans le domaine numérique. Nomads, parce que voyager est le socle de leur mode de vie. Ils peuvent se le permettre, Internet ayant cela de commun avec la magie que les limites du temps et de l’espace sont repoussées.
On peut interagir avec qui on veut dans le monde (à condition de s’entendre sur les horaires). Quel est le profil de ces Digital Nomads, à quoi aspirent-ils et comment leur communauté est-elle apparue ?
Combiner plaisir et travail, l’ambition de la jeunesse
Quels sont les deux points communs des Digital Nomads ? Leur âge et leur ordinateur. Ses spécimens ont entre 20 et 30 ans, le temps béni des études et le temps galère des premiers boulots.
Eux veulent fuir la repoussante conjoncture négative qui sévit dans leur pays, les grands groupes, et en profiter pour parcourir le monde. Néanmoins, la santé économique du pays n’est pas la motivation principale des Digital Nomads. Ils partent, parce que découvrir et explorer le monde est leur passion.
Les boulots digitalisés le leur permettent, et ce n’est pas ce qui manque… Rédacteur web, traducteur, webdesigner, webmarketer, développeur web et d’applications mobiles, community manager, photographe, réalisateur de vidéos, enseignant d’une langue à distance, etc. La liste est longue.
On ne grandit pas dans une société de loisirs et de divertissements sans hériter de quelques séquelles. Concilier plaisir et travail, a toujours été l’ambition des jeunes. Et c’est vrai que vu comme ça, leur mode de vie fait rêver : une expérience personnelle enrichissante, une sensation permanente d’être en vacances, une meilleure qualité de vie et plus de pouvoir d’achat. Bref, on signe où ? Cependant, toute situation, aussi idyllique soit-elle sur le papier, ne l’est pas forcément dans la réalité.
Doux idéal & dure réalité
Même si on trouve, parmi eux, des salariés en télétravail, la grande majorité des Digital Nomads sont des freelances. Ce qui veut dire qu’ils gèrent, comme ils l’entendent, leurs horaires et leurs objectifs de travail. Mais ce que l’on gagne en liberté, on le perd en sécurité.
Ainsi, comme tout entrepreneur qui ne soit pas un fils à papa, le Digital Nomad est confronté à la solitude, au stress des revenus qui ne tombent pas, et il doit être capable de gérer plusieurs tâches à fois.
Point crucial, les cocotiers et le soleil, c’est sympa, mais pour travailler, il faut disposer d’une bonne connexion internet. Sans connexion, pas de travail et donc pas de revenus. Et quand on est à l’autre bout du monde, les problèmes peuvent vite devenir des galères noires. Ce sont certainement ces mésaventures individuelles qui sont à l’origine de la communauté des Digital Nomads.
L’union fait la force
Une communauté existe quand il y a partage. Et c’est ce qu’il se passe au sein des Digital Nomads, où s’échangent de nombreux conseils et informations. Beaucoup préviennent les novices des difficultés du terrain. Il est ainsi conseillé aux nouveaux Digital Nomads de rester suffisamment longtemps dans un pays, de se trouver un espace de coworking, et d’avoir une routine de travail.
Le conseil qui revient le plus, est celui d’anticiper les ressources en partant avec des économies et en se versant un salaire fixe et faible, histoire de ne pas se retrouver sans le sou en cas de coups durs.
Au-delà des échanges d’informations, une communauté existe, quand elle se voit physiquement. Et c’est également ce qu’il se passe.
Les bons tuyaux, c’est bien. Etre entouré, c’est mieux. Les Digital Nomads ont ainsi élu des villes-QG, où leurs membres se rassemblent. En Europe, ils se retrouvent à Berlin, Barcelone et Prague. L’Asie du Sud-Est fait partie de leurs destinations favorites, où beaucoup sont à Saigon, Bali, Bangkok et Davao.
L’Amérique Latine est aussi un continent prisé, notamment Medellín, en Colombie, depuis peu devenue leur ville fétiche. Plus connue jusqu’à présent pour sa violence et ses cartels de drogue, la politique de la ville a investi dans les infrastructures numériques et la sécurité afin de draguer nos Digital Nomads, créateurs de richesses.
Pari réussi, les Digital Nomads sont présents dans la ville et s’y sentent bien. Grâce à eux, Medellin a changé de visage et d’ambiance.
L’avenir est-il au digital nomadisme ? C’est, en tout cas, un phénomène ancré dans son temps, mondialisation et numérisation obligent. Tout porte donc à croire que cette communauté n’en est qu’à ces débuts. Peut-être même que vos enfants en feront partie, à un moment de leur vie !
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