Jean-Philippe Lachaux : les processus mentaux des sportifs et intellectuels de haut niveau
Jean-Philippe Lachaux souligne que les sportifs de haut niveau et les intellectuels partagent des processus mentaux similaires. Tous deux doivent comprendre les régularités et les contraintes de leur domaine pour anticiper et agir efficacement. La seule différence réside dans la nature physique ou intellectuelle de leur activité.
Anticipation et régularité
Jean-Philippe Lachaux illustre ce point : « Si l'autre s'approche du ballon de cette manière, il va probablement tirer de cette façon. » Comprendre ces schémas permet d'anticiper et d'agir en conséquence, montrant que l'environnement suit une logique et n'est pas aléatoire. En mathématiques, par exemple, les objets n'interagissent pas de manière aléatoire ; des contraintes influencent leur comportement.
Concentration et attention
Le fonctionnement du cerveau d’un expert est le même pour les disciplines intellectuelles et sportives. Les champions, qu'ils soient sportifs ou intellectuels, sont extrêmement intelligents et connectés à leurs actions. Traverser la vie en quête de récompenses immédiates n'est pas humain. Être humain, c'est percevoir le monde de manière profonde et riche, comprendre ses structures cachées, et développer des capacités pour agir et transformer.
La valeur de l'état d'esprit
La véritable valeur d'une réalisation réside dans l'état d'esprit de la personne qui l'accomplit. Par exemple, préparer une tasse de thé avec soin a plus de valeur qu'utiliser une machine sophistiquée. La concentration et l'attention donnent du sens à nos actions. Face à la montée des machines, nous devons valoriser notre qualité d'attention, surtout à l'école.
Enseignement de la concentration
Le programme ATOL enseigne aux enfants l'importance de l'état d'esprit dans l'apprentissage. Les grands champions recherchent un état de connexion à ce qu'ils font, au-delà de la quête de médailles. Cet état de concentration devient leur véritable récompense. Un exercice simple pour améliorer sa concentration consiste à méditer. Les athlètes de haut niveau intègrent des pratiques proches de la méditation dans des situations dynamiques.
Apprentissage par l'erreur
Les erreurs aident le cerveau à affiner ses actions. Les athlètes utilisent les échecs pour progresser. La défaite apporte de l'information précieuse pour s'améliorer. Un
échec devient une opportunité d'apprendre et de corriger. Les automatismes jouent un rôle crucial. Les athlètes apprennent à ne pas sur-contrôler leurs actions, laissant les automatismes efficaces prendre le relais. Cela réduit l'effort et augmente l'efficacité.
L'importance du non-effort
Le maître de Kyudo enseigne à relâcher le contrôle excessif, laissant les automatismes guider l'action. Cette finesse dans le contrôle permet de réaliser des actions de manière harmonieuse et efficace, économisant ainsi l'effort. Ces principes peuvent être appliqués à la vie quotidienne pour améliorer la concentration et l'efficacité dans toutes les activités.
Conseils pour développer la concentration
Jean-Philippe Lachaux recommande d'accepter la nécessité de la répétition pour transformer le cerveau. Il conseille aussi de porter une attention particulière à sa vie mentale et au placement précis de son focus à chaque instant. En identifiant ses « cibles attentionnelles » optimales, on peut plus facilement détecter les déviations et recentrer son attention. Lachaud encourage également l'exploration continue de nouvelles sensations pour affiner ses perceptions et enrichir son expérience.
L'importance de la répétition
Un développement ne se fait pas du jour au lendemain. Répéter, répéter, répéter, mais toujours avec une intention claire, est crucial. Les enfants à l'école détestent souvent répéter la même chose. Ils pensent avoir compris, sans réaliser que la répétition transforme le cerveau et développe des super pouvoirs, rendant l'effort moins nécessaire.
La vie mentale et le placement de l'attention
Lachaud insiste aussi sur l'importance de la vie mentale et du placement précis de l'attention. Il recommande de se demander constamment à quoi l'on fait attention. Dans une situation définie, comme une descente en course, quelles informations sont essentielles ? Où doit se placer l'attention pour avoir des repères fiables ?
Exploration et perceptions
Changer régulièrement les points de focalisation est essentiel. Une cible peut être un endroit spécifique de la balle de tennis, mais il faut aussi noter les nouvelles sensations utiles, comme sentir la balle en 3D. Les champions sont des explorateurs. Chaque minute d'entraînement est une découverte de nouvelles choses. De l'extérieur, la répétition semble ennuyeuse, mais de l'intérieur, c'est une exploration continue.
L'importance de l'erreur et du non-effort
L'erreur est vue comme une information précieuse. Elle permet au cerveau de corriger et d'affiner ses actions. Jean-Philippe Lachaux souligne l'importance du « non-effort ». Cela signifie laisser les automatismes efficaces se dérouler naturellement. Éviter le sur-contrôle inutile réduit l'effort et la crispation souvent associés à la concentration.
Le Kyudo et l'art de la concentration
Le maître de Kyudo, tir à l'arc japonais, l'explique bien. Son effort principal est de repérer les moments de contrôle excessif et de les relâcher. Après des milliers d'heures de pratique, il sait quand il doit lâcher prise pour laisser les automatismes faire leur
travail. Observez-vous dans vos gestes quotidiens. Vous verrez que souvent, vous contrôlez trop. Que ce soit en lavant la vaisselle ou en faisant d'autres tâches, vos mouvements peuvent être plus naturels et harmonieux si vous lâchez prise.
Jean-Philippe Lachaux souligne que la véritable
valeur de nos réalisations réside dans l'état d'esprit et l'attention que nous y apportons, plutôt que dans la simple réalisation d'objectifs. Alors que les machines surpasseront les humains en performance, notre spécificité résidera dans notre capacité à nous connecter pleinement à ce que nous faisons, avec concentration et présence attentive.