Pourquoi les abeilles nous sont-elles si précieuses ?
Publié le 03/03/2021, mis à jour le 04/11/2024
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Pourquoi les abeilles nous sont-elles si précieuses ?
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Les abeilles en danger
Personne n’est à l’abri
C’est une actualité qui revient souvent dans les médias, les abeilles et insectes pollinisateurs sont en voie d’extinction. Ce qui est particulièrement préoccupant pour l’humanité et le vivant, car les 3/4 de la production mondiale de nourriture dépendent d’eux.
Environ le tiers de ce que nous consommons (fruits, légumes, graines, herbes ou épices), en plus des plantes utilisées en médecine ou pour produire le coton et le lin, sont le résultat d’une pollinisation des fleurs par les abeilles.
Les responsables de la disparition des abeilles nous sont bien connus : l’agriculture moderne, la déforestation, l’utilisation généralisée de pesticides et d’insecticides, sans oublier le changement climatique et l’invasion d’espèces nuisibles. La combinaison de ces facteurs détruit l’habitat et la source de nourriture des abeilles et autres pollinisateurs.
En Europe, presqu’un quart des 68 espèces de bourdons (qui font partie de la grande famille des abeilles) sont menacées d’extinction, et près de la moitié a assisté au déclin de sa population.
Il est temps d’agir
Les abeilles sauvages ont tellement été malmenées que le travail de pollinisation actuel dépend essentiellement des abeilles domestiquées. Ainsi, chaque année aux Etats-Unis, près de deux millions de ruches sont transportées par camion vers les champs de la Californie.
Toutefois, même la population des abeilles domestiquées commence à décliner. Au cours des dix dernières années, des pertes catastrophiques de 40 à 50 % des colonies ont été enregistrées en Europe et aux Etats-Unis.
Un grand nombre de gens commencent à se mobiliser pour sauver les abeilles, conscients que notre destin est étroitement lié au leur. Parmi eux, un couple britannique, Alison Benjamin et Brian McCallum, apiculteurs et auteurs de best-sellers.
Leur dernier ouvrage « L’abeille merveilleuse » chez Eyrolles a pour ambition de nous faire aimer ce petit insecte si familier mais que nous connaissons assez mal. Comme ils le disent si justement : « On ne peut sauver que ce que l’on aime et on ne peut pas aimer ce que l’on ne connaît pas ».
Il est donc grand temps de faire connaissance avec les abeilles.
Aperçu de la vie des abeilles
La BFF des plantes
Il n’y a pas une, mais 25 000 espèces d’abeilles connues dans le monde. La plupart ne produisent pas de miel et préfèrent une vie solitaire à une vie sociale. Leur emploi du temps est tout entier consacré à la pollinisation des fleurs.
D’où viennent les abeilles ? On ne le sait pas trop, mais ce qui est sûr, c’est qu’elles sont apparues sur Terre 100 à 150 000 ans avant l’humain, et que leur histoire est étroitement liée à celle des plantes à fleur.
Les plantes, comme tout vivant, cherchent à se reproduire, mais contrairement à beaucoup de monde elles ne peuvent pas se déplacer pour se dénicher un partenaire. Elles ont donc besoin d’un tiers comme le vent pour transporter le pollen de la partie mâle de la plante vers la partie femelle d’une autre plante. Le souci, c’est que cela demande pas mal de pollen pour un résultat peu satisfaisant.
Un meilleur auxiliaire de vie s’est alors présenté en la personne de l’abeille. Le petit insecte récolte le pollen chez l’un pour l’apporter chez l’autre. Une méthode de reproduction qui s’est avérée plus précise et efficace. A tel point d’ailleurs que les plantes ont commencé à se disputer l’attention des abeilles.
Différentes stratégies ont été mises en place pour jouer de leur charme sur les insectes :
Produire des nectars délicieux à l’odeur forte et envoûtante.
Se faire plus jolie en accentuant la couleur de ses pétales.
Dessiner un panneau de signalisation sur ses pétales pour indiquer à l’insecte où trouver le nectar.
Entre les abeilles et les plantes, c’est donc une relation où le besoin n’empêche en rien le plaisir et qui fera écrire ce vers au poète Khalil Gibran :
«: justify;">Ce que vous ignoriez des abeilles
Puisqu’il n’y a pas une mais 25 000 espèces d’abeilles, on peut déjà se douter qu’elles n’auront pas le même comportement, caractère et mode de vie.
La majorité des abeilles mène une vie en solitaire, bien que beaucoup sociabilisent avec leurs voisines. D’autres vivent en petit collectif comme les bourdons, ou en grosse colonie comme les abeilles à miel (appelées également abeilles mellifères) pouvant atteindre 100 000 individus dont les ¾ sont des ouvrières, avec une petite centaine de mâles et une reine-mère qui meurt au bout de 5 ans.
Comment est désignée la nouvelle tête couronnée ? Avant de mourir, la vieille reine donne naissance à des prétendantes au trône qui vont s’affronter dans un combat mortel. La dernière debout est l’héritière. Par sa victoire, elle a prouvé qu’elle était suffisamment forte pour défendre et protéger sa colonie.
Notons que les mâles ne jouent pas de grands rôles chez les abeilles. Ils ne sont bons qu’à faire des petits, et disparaissent vite une fois leur tâche accomplie. Les abeilles que l’on voit butiner ne sont donc quasiment que des femelles.
Mais ce qui est très intéressant au sujet des abeilles, c’est leur odorat surdéveloppé grâce auquel elles sont capables de capter l’odeur d’une fleur 100 fois mieux que nous, de localiser leurs nids, de reconnaître leurs proches, d’attirer des partenaires sexuels, ou encore de repérer un intru chez elles.
Les abeilles communiquent entre elles grâce à leur super-odorat et leur don de danseuses. Pour expliquer à une copine où trouver le prochain spot de nectar, l’abeille exécute une petite danse décrivant avec précision la distance et la direction à prendre. Ainsi les abeilles sont également dotées d’une formidable mémoire et d’un sens de l’orientation remarquable.
Comment aider les abeilles ?
Ces petits insectes sont donc des petites merveilles. En s’intéressant à la nature et la vie animale, on est toujours émerveillé de constater que le vivant est toujours plus complexe et beau que ce que notre œil nous laisse apercevoir.
Pour elles, comme pour nous, il est urgent de les aider.
Nous assistons déjà à quelques progrès grâce à la mobilisation d’associations autour des abeilles. Certains pesticides sont dorénavant interdits dans plusieurs régions du globe, et il existe même des projets pour réintroduire les abeilles sauvages et d'autres pour restaurer leurs habitats naturels.
Enfin, à titre personnel, que nous habitions en ville, en banlieue ou à la campagne, on peut également aider les abeilles grâce à quelques initiatives :
Planter des fleurs, arbustes et arbres pour les abeilles.
Installer des sites de nidification et des matériaux.
Ne plus utiliser de désherbants et d’insecticides
Vendre ou donner la tondeuse. Ce faisant on laisse la pelouse tranquille qui peut accueillir alors herbes et plantes sauvages qui feront le miel des abeilles.
Créer un point d'eau pour abeilles.
Pour ceux qui ne rechignent pas à militer, vous pouvez également écrire à la mairie pour encourager l’aménagement d’espaces dédiés aux abeilles. Vous pouvez également directement proposer à vos employeurs et directeur d’école des enfants d’installer des bacs à fleurs sur les toits de l’établissement. Sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement répond en plus parfaitement aux ambitions annoncées de l’Education Nationale. Alors n’hésitez pas à faire du prosélytisme !
Source : Alison Benjamin & Brian McCallum, L’abeille merveilleuse, éditions Eyrolles, 2021
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