Apnée : comment Quentin Isy-Schwart a transformé sa vie à...
Publié le 29/07/2025
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Apnée : comment Quentin Isy-Schwart a transformé sa vie à 85 m
35 minutes min d'écoute
« Let it go, let it happen. » Cette phrase, Quentin Isy-Schwart se la répète à chaque plongée. Dans le silence bleu des profondeurs, elle devient son ancrage, son mantra, son souffle. À 27 ans, l’apnéiste français médaillé aux Championnats de France et de Corse se prépare pour les Championnats du monde. Mais derrière les records – 85 mètres en bi-palme, 60 mètres en brasse – c’est un récit de résilience, de transformation intérieure et de gratitude qui se tisse. Une odyssée du corps et de l’esprit, entre chute et remontée, entre Paris et Ajaccio, entre un cancer et une renaissance.
Héritage et vocation : l’apnée comme mémoire familiale
L’apnée n’est pas qu’une performance pour Quentin Isy-Schwart, c’est un fil hérité. Son grand-père, explorateur ami du commandant Cousteau, fut un pionnier de la chasse sous-marine. Son père, vidéaste subaquatique, lui transmet ce lien à l’eau. Parisien, Quentin ne rate jamais une occasion de se plonger dans la mer. En 2021, il entre dans un club à Ajaccio et atteint 40 m en deux jours. Abdelatif Alouache, multiple champion du monde d’apnée, repère son potentiel. Trois ans plus tard, il intègre l’équipe de France.
“J’ai toujours été dans l’eau. Même en vacances, je prenais mes affaires de chasse sous-marine. C’était viscéral.”
De la performance à la paix intérieure : ce que l’apnée enseigne
Au départ, Quentin cherche la performance : 10, 20, 70 mètres. Chaque décennie de profondeur est une victoire. Mais il découvre que l’eau ne se combat pas. Elle s’accueille. L’apnée l’oblige à se relâcher, à être présent. En Égypte, dans le Blue Hole de Dahab, il apprend à ralentir, à plonger sans forcer. À 85 m, il ne se bat plus contre l’eau : il l’épouse.
“L’eau ne se comprime pas. Tu ne peux pas la forcer. Tu dois te laisser aller. Le chemin de l’eau, c’est l’acceptation.”
Apnée et diagnostic : quand plonger sauve une vie
En 2023, un certificat médical exigeant détecte un nodule à la thyroïde. Le diagnostic tombe : cancer. Opération, traitement, repos. Quentin reste hors de l’eau plusieurs semaines. Il pense à Lilo, un adolescent malade rencontré un an plus tôt, incapable de se baigner. Il comprend que sa plus grande richesse, c’est la santé.
“Quand j’étais hospitalisé, je me suis dit : il y a des gens pour qui c’est le quotidien. Moi, je vais retourner dans l’eau. Et je vais sourire à chaque fois.”
Apnée et visualisation : une préparation mentale millimétrée
Son rituel : réveil à 5h30, respiration, mobilité, visualisation. Chaque plongée est rejouée dans sa tête : descente, alarmes, chute libre, remontée. Il manifeste ce qu’il souhaite vivre. En pleine plongée, pour éviter les pensées parasites, il chante une chanson de Sia, “Unstoppable”, qui l’a porté pendant son cancer. Il se concentre sur le relâchement, les couleurs, le souffle.
“Je me visualise déjà en train de réussir. Même dans les moments de doute, je me dis : t’as déjà fait tout le travail. Laisse-toi accueillir.”
Comment l’apnée structure sa résilience au quotidien
Apnée et résilience : deux visages d’une même philosophie. En 2023, trois des cinq piliers de vie de Quentin s’effondrent : l’amour, la santé, le travail. Ne restent que la famille et le sport. Il reconstruit à partir de ces deux fondations. Aujourd’hui, il se dit « en amour avec lui-même », solide et apaisé.
“Mon pilier amour s’est effondré. Puis la santé. Puis le boulot. Il ne me restait que ma famille et l’apnée. Et c’est sur ça que j’ai tout rebâti.”
L’engagement de Quentin : l’apnée comme acte solidaire
Son histoire ne s’arrête pas à lui. Quentin soutient l’association Imagine for Margo, en mémoire de Lilo. Il organise des collectes, partage son expérience pour sensibiliser. Chaque plongée devient un message. Un rappel : la vie est belle. Le travail paye. Rien ne s’obtient sans engagement.
“Je ne voulais pas qu’on parle que de mes performances. Chaque plongée, c’est aussi pour ceux qui n’ont pas la chance de sortir de leur chambre.”
Lenteur, concentration, gratitude : une philosophie de l’apnée
Diagnostiqué TDAH dans l’enfance, Quentin transforme l’hyperactivité en hyper-conscience. L’apnée l’oblige à ralentir. À Paris ou Milan, il s’entraîne à décomposer chaque geste. “Sinon, on fait tout mal.” Il ne se laisse plus déborder. Il habite son souffle.
“Quand j’étais petit, j’étais ingérable. Mais quand tu aimes vraiment quelque chose, tu trouves une concentration que personne ne t’aurait imaginée.”
De l’enfant hyperactif au champion d’apnée
Il se rappelle le garçon turbulent qu’il était. “J’étais un calvaire à l’école.” Aujourd’hui, il scanne son corps au millimètre. Il passe d’un mode nerveux à l’autre avec fluidité. Et il se dit que tout cela aurait pu lui être enseigné plus tôt. La respiration comme outil de calme, la visualisation comme discipline. Il veut que les enfants l’apprennent.
“Passer du système sympathique au parasympathique… c’est comme changer de fréquence intérieure. C’est un super-pouvoir qu’on devrait enseigner aux enfants.”
Ce que chaque plongée veut nous dire
“Se laisser couler. Toucher le fond. Puis remonter de toutes ses forces.” L’apnée comme métaphore du vivant. Chaque plongée de Quentin est un message silencieux, adressé à l’enfant qu’il a été, à son grand-père, aux malades, à ceux qui doutent. Il y mêle gratitude, rigueur, inspiration.
“Ce qu’on vit ne se produit pas toujours quand on le veut, mais quand on en a besoin.”
Et vous, quand avez-vous respiré pour la dernière fois en pleine conscience ?
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