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Publié le 25/11/2022, mis à jour le 28/07/2023
Connaissance de soi
Comment Allan Kardec fonda le spiritisme?


Qui est Allan Kardec?
Le fondateur de la philosophie spirite
Au cimetière du Père-Lachaise, non loin des sépultures de Molière, d’Oscar Wilde, d’Edith Piaf et de Jim Morrison, se trouve l’une des tombes les plus fleuries du cimetière.
Cette tombe abrite Allan Kardec, dont le véritable nom est Léon Rivail. Son nom complet étant Hippolyte Léon Denizard Rivail.
Il est le père du spiritisme français et de la philosophie spirite qui connaitra un succès international. Notamment au Brésil, où 4 millions de personnes se déclarent spirites et ne manquent pas de visiter la tombe de Kardec lors d’un séjour parisien.
Léon Rivail, le pédagogue moderne
Né à Lyon en 1804, Rivail grandit au sein d’une famille de notables. Si son foyer est tranquille, le contexte national l’est beaucoup moins. Une grande partie de l’Europe a envahi le pays pour déloger Napoléon de son trône d’Empereur.
Pour préserver le petit Léon, sa famille l’envoie en Suisse où il suit les cours du pédagogue Pestalozzi.
Dans l’Histoire de la pédagogie, Pestalozzi est une figure fondatrice. Il révolutionne la pédagogie en s’appuyant sur les principes éducatifs que Rousseau distille dans son œuvre Emile.
L’influence de Pestalozzi est tellement grande sur Rivail que ce dernier décide de devenir ainsi à son tour pédagogue. Son ambition étant de propager les méthodes de son maître.
Pour ce faire, il décide de s’installer à Paris en 1829, avec l’idée de fonder un institut «pestalozziste». Si l’établissement voit le jour, il ferme finalement ses portes quelques années plus tard à la suite de difficultés financières.
Rivail devient alors professeur, traducteur d’ouvrages allemands traitant de l’éducation, et auteur de manuels scolaires. Ses publications et sa réputation de brillant pédagogue lui permettent d’acquérir une certaine notoriété.
De Léon Rivail à Allan Kardec
Dans les années 1850, Rivail est donc un pédagogue reconnu menant une vie tranquille.
Durant ces mêmes années, un petit jeu venu des États-Unis, appelé les tables tournantes, égaille les soirées des gens aisés.
Le concept du jeu est simple. Vous posez une question à une table et celle-ci vous répond par oui ou par non sous forme de coups. Vous entendez un coup pour «oui» et deux coups pour «non».
Si beaucoup n’y voit qu’un divertissement bourgeois à la mode, d’autres considèrent que ce jeu n’en est pas un. Parmi eux, des amis de Rivail, qui lui demandent d’assister à une séance.
D’abord réticent, Rivail finit par céder. Et il n’est pas déçu. La rencontre avec ceux qui se nomment eux-mêmes les Esprits (et qui sont l’âme des défunts) le bouleverse.
Un soir, une séance s’avère particulièrement décisive. Un des Esprits lui explique qu’ils se sont bien connus dans une vie antérieure au temps des Gaules. Rivail était un druide et s’appelait Allan Kardec.
Plus important, l’Esprit lui apprend qu’il a une mission à accomplir, celle d’apporter la parole des Esprits aux vivants. C’est ainsi que Léon Rivail devient Allan Kardec et fonde le spiritisme.
Qu’est-ce que le spiritisme?
Communiquer et apprendre des Esprits
Comme l’explique Kardec dans son Livre des Esprits, le spiritisme ne doit pas être confondu avec le spiritualisme. Le spiritualisme est une doctrine qui s’est construire en opposition au matérialisme. Elle croit en l’existence de forces invisibles et à l’âme. Or, le spiritisme va plus loin. Il est fondé sur la croyance en l’existence des Esprits et sur la possibilité d’échanger avec eux . De ces échanges naissent des connaissances sur le sens de la vie, de la mort et la réincarnation. C’est à partir d’eux que Kardec établit sa philosophie spirite. Initialement, la communication avec les Esprits est succincte. La table tournante se contentant de répondre grâce à des coups par oui ou par non. Puis, la méthode se développe avec l’introduction de l’alphabet. La lettre «a » signifiant un coup, la lettre «b» deux coups, la lettre «c» trois coups, etc. Cette méthode fastidieuse est abandonnée sous l’impulsion des Esprits mêmes qui proposent d’employer une corbeille et un crayon. Cette nouvelle méthode a toutefois besoin d’un intermédiaire, à savoir un médium. Elle consiste à placer une corbeille (de pain ou de fruits) retournée sur une feuille. On perce un trou au milieu où l’on insère un crayon. Le médium place ensuite le bout de ses doigts sur le bord de la corbeille. Celle-ci se met alors à bouger et à griffonner des phrases sur la feuille. Très vite, d’autres méthodes sont employées, grâce à la présence de médiums qui entrent directement en contact avec les Esprits. Certains utilisent l’écriture automatique, d’autres écoutent les Esprits et rapportent leurs paroles. Conscient de pouvoir passer pour un fou ou un crédule, Kardec apporte plusieurs arguments visant à contourner les attaques.La crédibilité du spiritisme
D’une part, si les médiums sont des charlatans, seule la rémunération les intéresse. Or tous les médiums ayant participé aux séances avec Kardec l’ont fait gratuitement. D’autre part, en ce qui concerne les méthodes employant la corbeille et l’écriture automatique, on s’aperçoit que l’écriture, le ton et le style changent radicalement d’un Esprit à un autre. Autrement dit, si dix Esprits se manifestent lors d’une même séance, cela donne lieu à dix écritures, styles et tons différents. Certains Esprits se montrent assez froids et emploient le vouvoiement. D’autres sont plus taquins et familiers. D’autres encore aiment s’exprimer sous forme de poésie. Or, pour Kardec, il est impossible que le médium puisse en un court laps de temps changer autant de formes d’écriture et de style. Par ailleurs, les questions posées aux Esprits sont essentiellement d’ordre politique, métaphysique et scientifique. Or, la somme de connaissances demandées dépasse largement celle des médiums. De plus, Kardec est impressionné par la qualité des réponses des Esprits, qui ne peuvent donc selon lui, émaner des médiums mêmes. Bien sûr, Kardec reconnaît volontiers qu’il existe parmi les médiums des charlatans opportunistes. Comme il en existe d’ailleurs chez les Esprits.Qui sont les Esprits?
Les différents profils d’Esprit
Comme mentionné plus haut, les Esprits sont les âmes des morts, des êtres désincarnés. Comme il n’existe nul être humain pareil à un autre, il n’existe donc aucun Esprit pareil à un autre. Ils ont chacun leur personnalité. À force d’observation et d’échange, Allan Kardec a classé les Esprits en différentes catégories selon leur degré d’avancement spirituel. Cette classification est somme toute relative, elle permet simplement aux vivants que nous sommes de pouvoir mieux comprendre à quel Esprit nous avons affaire lors d’une rencontre. Cette classification regroupe trois grandes catégories:-
Les Esprits imparfaits
-
Les bons Esprits
-
Les Esprits parfaits
L’enseignement des Esprits
Même si ce n’est pas impossible, rares sont les Esprits parfaits qui se manifestent durant les séances de spiritisme. Ce sont surtout les imparfaits et les bons Esprits qui répondent aux appels des vivants. S’instruire auprès des Esprits sur le sens de la vie et de la mort demande un état d’esprit patient et respectueux. Sans cela, les Esprits capables de répondre aux questions métaphysiques ou d’apporter leur aide ne viennent pas. C’est peut-être pour cela qu’Internet regorge de vidéos de séance de ouija (le descendant des tables tournantes) ennuyantes ou effrayantes. Elles sont majoritairement le fait d’adolescents qui jouent à se faire peur. Ils ne prennent pas les Esprits au sérieux et ne veulent pas vraiment échanger avec eux. C’est pour cela qu’aucun Esprit sérieux ne vient. Et c’est pour cela aussi, que ces séances attirent quelque fois des Esprits fallacieux qui se font une joie d’effrayer l’assemblée. Dans le Livre des Esprits, Kardec partage plus de 1000 questions posées aux Esprits. Pour vous apporter une idée de ce que ces échanges contiennent et de la philosophie spirite qui en découle, voici quelques petits échantillons de questions/réponses sur l’après-vie.Que disent les Esprits sur l’après-vie?
Questions sur la vie après la mort
- Que devient l'âme à l'instant de la mort?
- Elle redevient Esprit, c'est-à-dire qu'elle rentre dans le monde des Esprits qu'elle avait quitté momentanément.
- L'âme, après la mort, conserve-t-elle son individualité?
- Oui, elle ne la perd jamais. Que serait-elle si elle ne la conservait pas?
- Comment l'âme constate-t-elle son individualité, puisqu'elle n'a plus son corps matériel?
- Elle a encore un fluide qui lui est propre, qu'elle puise dans l'atmosphère de sa planète et qui représente l'apparence de sa dernière incarnation.
- L'âme n'emporte-t-elle rien avec elle d'ici-bas?
- Rien que le souvenir, et le désir d'aller dans un monde meilleur. Ce souvenir est plein de douceur ou d'amertume, selon l'emploi qu'elle a fait de la vie.
- Que penser de cette opinion qu'après la mort l'âme rentre dans le tout universel?
- Est-ce que l'ensemble des Esprits ne forme pas un tout? N'est-ce pas tout un monde? Quand tu es dans une assemblée, tu es partie intégrante de cette assemblée, et pourtant tu as toujours ton individualité.
- Quelle preuve pouvons-nous avoir de l'individualité de l'âme après la mort?
- N'avez-vous pas cette preuve par les communications que vous obtenez? Si vous n'êtes pas aveugles, vous verrez. Si vous n'êtes pas sourds, vous entendrez, car bien souvent une voix vous parle qui vous révèle l'existence d'un être en dehors de vous.
Questions sur la réincarnation
- Quel est le but de l'incarnation des Esprits?
- Dieu la leur impose dans le but de les faire arriver à la perfection. Pour les uns, c'est une expiation; pour d'autres, c'est une mission. Mais, pour arriver à cette perfection, ils doivent subir toutes les vicissitudes de l'existence corporelle. C'est là qu'est l'expiation. L'incarnation a aussi un autre but, c'est de permettre à l'Esprit d’apporter sa part dans l'oeuvre de la création.
- Les Esprits qui, dès le principe, ont suivi la route du bien, ont-ils besoin de l’incarnation?
- Tous les Esprits sont créés simples et ignorants. Ils s'instruisent dans les luttes et les tribulations de la vie corporelle.
- Mais alors, à quoi sert aux Esprits d'avoir suivi la route du bien, si cela ne les exempte pas des peines de la vie corporelle?
- Ils arrivent plus vite au but. Et puis, les peines de la vie sont souvent la conséquence de l'imperfection de l'Esprit. Moins il a d'imperfections, moins il a de tourments. Celui qui n'est ni envieux, ni jaloux, ni avare, ni ambitieux, n'aura pas les tourments qui naissent de ces défauts.
L’accueil passé et présent du Livre des Esprits d’hier
Quand le Livre des Esprits paraît pour la première fois en 1857, le succès est au rendez-vous, ainsi que le scandale. Communiquer avec les défunts est effectivement une grave transgression dans la religion catholique. Aujourd’hui, le succès est toujours actuel. Et même si le sujet reste sensible, le recul des croyances chrétiennes fait qu’il intrigue plus qu’il ne choque. Il intrigue d’autant plus que beaucoup des enseignements des Esprits font écho aux philosophies bouddhiste et hindouiste. Des philosophies qui répondent aux besoins spirituels d’un grand nombre d’Occidentaux. Quoiqu’il en soit, le succès éditorial du Livre des Esprits (et des suivants) témoigne qu’in fine Allan Kardec a réussi la mission assignée par son ami-Esprit.Source: Allan Kardec, le Livre des Esprits, Discovery Publisher, 2017
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