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Publié le 04/02/2018, mis à jour le 13/01/2023
Faire la paix avec soi-même
Quand la Joie disparaît …
Oser parler de l’invisible
Nous vivons dans une culture où nous sommes stimulés quotidiennement à « être toujours au top ». Peut-être avons nous depuis longtemps lâché cette forme d’emprise, peut-être y sommes nous toujours attachés, d’une façon ou d’une autre. Ainsi, à renfort de messages et d’images, de visages à la joie pétillante, de corps emplis de vitalité et comme branchés sur des piles inusables, nous sommes invités culturellement à répondre à cette image. Qu’en est-il de ces périodes où cela ne répond pas, où les idées n’affluent plus, la créativité semble en berne, les élans et engouements du passé sont devenus inodores et sans saveur, où le paysage qui défile sous nos yeux semble morne et peu inspirant ?
Quand la nostalgie et la morosité ont peu a peu investi les espaces intérieurs comme une désertification au départ imperceptible ? Quand nous nous surprenons à répondre à la question rituelle « comment vas-tu ? », de façon évasive et sans élan et qu’au fond nous entendons une petit voix qui sussure : « Loin d’être au top en fait … »
Quand la joie disparaît, au-delà d’un mal-être passager, serions nous sur le seuil d’une nuit obscure ? Le premier à avoir utilisé l’expression la « Nuit noire de l’Âme » est le mystique Jean de la Croix, au XVIème siècle, dans son livre « La nuit obscure ». Cette « Nuit noire de l’âme » n’est pas réservée aux mystiques et il semblerait qu’elle devienne de plus en plus palpable à l’heure actuelle. Camouflée parfois par des « burn out » professionnels, voilant une perte de sens intense, elle s’invite comme le manteau de la nuit venant couvrir notre lumière et notre joie.
Souvent déclenchée par un élément extérieur qui nous déstabilise, voir nous désarçonne, elle vient ébranler l’édifice intérieur sur le plan émotionnel, intellectuel et spirituel. C’est une expérience vécue très souvent dans le silence, tant elle nous met dans un état de grande vulnérabilité. Dès lors, la protection et le refuge semblent être la seule issue. Au cœur de ce silence, cette phase d’errance plus ou moins longue demeure souvent secrète et ainsi, peu démystifiée.
En quoi se caractérise cette « Nuit noire de l’âme » ?
« Anima » c’est l’âme en latin, c’est le principe animateur, « le souffle, la respiration » soit le principe vital et spirituel qui anime le corps d’un être vivant (humain, animal, végétal).
Quel est ce souffle qui nous anime et en quoi sommes-nous parfois essoufflés dans notre vie, voir à bout de souffle ? Qu’est-ce qui provoque cet effondrement de nos certitudes et cette perte de sens dans nos existences ?
Au début, un appel du plus profond a retenti sans que nous ne puissions l’entendre, si nous sommes très investis et tournés vers le monde extérieur. Dérangés, nous pensons que « cet extérieur » ne va pas, puisqu’il nous rend malheureux. Il devient urgent de le changer, ce qui amplifie la lutte et l’exil de nous-même. L’âme intensifie peu à peu son appel et si nous continuons à nous détourner en refusant d’aller écouter ce mal-être, nous allons finir par créer inconsciemment « le décor parfait », par le biais d’un événement majeur, pour nous obliger à nous arrêter et écouter.
Cet appel est un cri de l’âme qui nous annonce que le moment est venu de décoller nos « vieilles peaux », de quitter les anciens conditionnements et rejoindre notre véritable nature. L’âme appelle ainsi à être libérée de l’emprise de l’égo afin de dévoiler qui nous sommes vraiment. Celle-ci va nous pousser à affronter l’égo, laisser partir ce « moi » pour renaître à une nouvelle identité, plus proche et fidèle à l’Être véritable. Au passage, nous entrons dans « la nuit noire de l’égo » qui voit ses croyances, ses murs et enfermements s’effondrer tandis que les formes extérieures disparaissent les unes après les autres. La résistance et la souffrance de l’égo sera proportionnelle à son identification aux formes crées, même si nous sentons que celles-ci sont dépassées depuis longtemps et n’animent plus notre Être profond. C’est toute la difficulté d’oser l’inconnu …
Et pourtant … au cœur de cette obscurité, se prépare une nouvelle naissance et sans le savoir nous sommes proches du dévoilement d’un regard neuf sur le monde. Avant cela, la maladie peut apparaître, certaines terres intérieures se creusent, mutent de façon anarchique, tandis que d’autres se mettent en jachère et deviennent infertiles. Cette œuvre orchestrée dans l’invisible permet d’offrir le vide et l’espace nécessaires à l’apparition de cette autre dimension.
« C’est plutôt une belle histoire que de céder sa place » susurre l’âme à l’égo. Oui, sauf que l’égo n’est pas très habitué à quitter « son royaume » en laissant la place à ce qui est inconnu et le dépasse. Il peut se cabrer et expérimenter des subterfuges pour échapper à cette nouvelle histoire qui le traverse bien malgré lui ; là où la solution – dans le sens de délier et dissoudre – serait de devenir peu à peu poreux à cette réalité en émergence. Il peut alors se cabrer et poursuivre avec frénésie sa quête extérieure en amplifiant la consommation compulsive, les sorties innombrables, les stages de développement personnel cumulés les uns après les autres avec comme intention voilée de colmater ce qui est irrémédiablement en train de s’effondrer au cœur de la personnalité.
Quelle est l’origine de cette crise ?
A nouveau, revenons à la source. Que nous dit le mot « crise » ? Du latin « crisis » qui signifie un « assaut », et du grec « krisis » au sens de séparer, distinguer. Depuis l’Indo-Européen, la racine « krei » signifie juger, distinguer, passer au tamis, au crible. Nous sommes ainsi invités, voire « assaillis » à traverser une crise dont la finalité est de distinguer, discerner et passer au tamis ce qui n’a plus lieu d’être. Tellement simple au fond ! Oui sauf qu’au passage du tamis, le tri laisse passer l’essentiel, quand au reste, adieu … Nous sommes nés sur un principe évolutif, où l’âme est invitée à s’incarner pleinement. Si le mot « âme » vous laisse inconfortable, imaginez simplement que celle-ci est le principe qui anime notre « mandat » individuel et collectif, à savoir celui d’insuffler – entre autres – « L’Amour » en notre Humanité.
Pendant ce périple, un de nos muscles va nécessiter beaucoup de souplesse : celui de la patience. En effet, l’égo n’a aucun contrôle sur le processus, il ne peut qu’observer l’effondrement, en se demandant impuissant : « ça s’arrête quand ? » Et pourtant, c’est l’accueil du pèlerinage qui va nous permettre de participer à ce tamisage en conscience, c’est de dire « oui », d’accueillir et d’accepter de devenir « pèlerin », dans le sens de celui qui « pèle ses peaux ».
Ainsi, présent et attentif à cette mue inexorable, en dirigeant inlassablement son regard vers le diamant brut et aimanté qui nous invite au cœur de l’Être à rejoindre notre nature essentielle, peu à peu nous pressentons que la lumière est là. C’est certes inconfortable, le temps peut paraître une éternité et il l’est, même si ces périodes de mutation nous amènent à changer de dimension et de rapport au temps. Du temps quantitatif et linéaire Chronos, – celui du « to-do-list » -, nous glissons vers le temps qualitatif Kairos, celui qui se ressent, ne se mesure pas, est immatériel et crée de la profondeur dans l’instant.
Une autre des grandes difficultés réside dans l’absence de mode d’emploi et d’une navigation sans cartes. En effet, peu de guides existent ou sont révélés, le « Routard de la nuit noire » n’existe pas encore, et peu d’accompagnements sont proposés pour ce qui revient à être au final un « dépouillement de l’égo ».
La carte du pèlerin est à dessiner avec le pinceau de l’intégrité, la couleur de l’authenticité, le courage et la vibration du cœur. Et quand l’alliance est réanimée, que la danse est devenue notre quotidien, le cœur mute du solitaire au solidaire, du personnel à l’impersonnel voir au fraternel, cette troisième voie dont nos sociétés ont tellement besoin.
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