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Publié le 12/01/2022, mis à jour le 05/10/2024
Conseils pour se sentir bien
Que faire après un cancer du sein?
Qu’est-ce que guérir d’un cancer du sein ?
Tout comme on ne peut limiter la santé à l’absence de maladie, on ne peut limiter la guérison à la réussite d’avoir échappé à la mort.
Guérir suppose de retrouver l’intégrité de sa santé, à savoir un bien-être physique et psychique. Autrement dit, il s’agit de retrouver une qualité de vie équivalente ou meilleure à celle que nous avions connue avant la maladie.
Est-il alors possible de totalement guérir d’une maladie grave comme le cancer du sein qui induit des traitements aux conséquences lourdes tant pour le corps que pour l’esprit ?
Oui si nous disposons des bonnes informations et connaissances. Ce qui est loin d’être systématique puisqu’une fois sorties du bloc opératoire avec le sein (ou une partie) enlevé ou un tout nouveau sein, les patientes se retrouvent généralement seules, sans suivi et sans consigne.
Et elles le paient cher dans leur corps comme dans leur vie intime, professionnelle et sociale.
Pour rappel, le cancer du sein est le premier cancer chez les femmes. Chaque année, près de 59 000 femmes en sont atteintes. Et s’il est très rare chez les hommes, il n’est pas inexistant puisque 1 % des malades atteints du cancer du sein sont des hommes.
Les conseils et informations que nous vous présentons sont issus de l’ouvrage « Que faire après un cancer du sein ? » de Jocelyne Rolland, kinésithérapeute et sénologue. Jocelyne Rolland fait partie des expertes les mieux reconnues dans l’accompagnement des femmes atteintes de cancer de sein et dans la rééducation post-cancer. A ce titre, elle anime des ateliers à l’Hôpital américain de Paris.
Ces conseils sont valables pour tous, hommes et femmes, quels que soient leur âge et le type de cancer auquel ils font face.
Où chercher de l’aide ?
Pourquoi aller consulter un kinésithérapeute alors que ni le médecin traitant, l’oncologue ou le chirurgien n’ont rien prescrit, et que le sein n’est ni un muscle, un os ou une articulation ?
Parce que les conséquences physiques des traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie) du cancer endommagent tout le corps.
Les articulations sont devenues raides, les muscles ont disparu, des cicatrices et des zones de fibrose sont apparues, ainsi que des douleurs, des tensions et des œdèmes.
Tout le but d’une kinésithérapie va être de rendre le « confort » d’habiter son corps.
De façon très concrète, quand on n’a pas reçu de prescription (il faut d’ailleurs y remédier et en demander une), voici les situations où faut aller consulter un kiné :
- Quand les cicatrices dues à la chirurgie sont gênantes, douloureuses ou assez laides visuellement.
- Si on éprouve des difficultés à s’appuyer sur son bras ou à le lever.
- Si le sein est douloureux, gonflé ou dur par endroit.
- Quand on a pris du poids.
- Si on se sent faible et fatigué même en restant couché.
- Si marcher plus de 30 minutes nous épuise.
- Quand on souhaite préparer son thorax à bien accepter un nouveau sein ou à accoutumer son corps à sa présence pour retrouver de l’aisance dans ses gestes et mouvements.
- Si on a tout simplement plein de questions sur ce qu’il est possible de faire ou non.
Un sas de réparation en cure thermale
Il reste également l’option de la cure thermale.
Les cures proposent de nombreux soins répartis sur trois semaines pour réparer la peau et le mental avec un suivi psychologique, accélérer la cicatrisation ou encore préparer la peau avant et pendant les étapes de la reconstruction mammaire.
Nota Bene : Une reconstruction mammaire, réalisée après une mastectomie, est un véritable parcours du combattant.
La patiente ne subit pas moins de 4 interventions (prendre de la peau dans une zone du corps pour construire le nouveau sein, veiller à ce qu’il soit symétrique avec l’autre, puis reconstruire l’aréole et le mamelon) accompagnées de leur lot d’anesthésies, de douleurs et de cicatrices.
Les bénéfices des cures thermales rapportés par les patientes sont :
- Une peau plus souple et revitalisée
- Des muqueuses réhydratées et apaisées
- Un plus beau cuir chevelu
- Cicatrisation accélérée et une réduction des fibroses
- Une meilleure circulation lymphatique
- Une réduction des troubles buccaux.
Mais cure thermale comme kiné, est ce que ces soins coûtent un bras ? Non s’ils sont conventionnés, c’est-à-dire pris en charge par la Sécurité sociale.
Sachant que la prise en charge pour un cancer déclenche systématiquement le régime de l’affection longue durée pendant 5 ans, permettant ainsi un remboursement des soins à 100 %.
Comment retrouver son corps ?
Prendre soin de ses cicatrices
Retrouver son corps commence par prendre soin de ses cicatrices, même si ce n’est pas évident. Beaucoup de femmes éprouvant du malaise ou du dégoût à leur encontre.
C’est une réaction émotionnelle logique, et pour surmonter ces blocages, le kiné s’avère être là encore d’une grande aide.
Toutefois, on peut très bien prendre soin de ses cicatrices sans avoir à les toucher directement.
Il existe deux procédés pour les masser :
- Placer vos doigts à plat, de part et d'autre de la cicatrice, et réaliser un pli en poussant vos doigts vers son centre.
- Placer vos doigts ou vos pouces, à chaque extrémité de la cicatrice, comme si vous tendiez un tissu. Vous ne déplacez pas vos doigts sur le tissu mais vous les fixez en deux points et vous tirez dans deux directions opposées. C’est le même geste à réaliser pour affiner le trait d’une cicatrice.
Retrouver son corps, c’est aussi retrouver sa force, sa souplesse et son endurance. Et pour ce faire, l’unique solution est l’activité physique.
Développer sa force et sa souplesse
Faire de l’activité physique oui, mais pas n’importe laquelle, car au départ il faut s’assurer de travailler les bons muscles.
A la suite d’une chirurgie, nous avons tendance à adopter une attitude protectrice envers le sein opéré et à nous recroqueviller sur lui. Sauf que cette posture, maintenue dans le temps, abîme notre épaule. L’activité physique doit corriger ce réflexe protecteur.
Enfin, pour bien se redresser et avoir une belle posture, les muscles à travailler en priorité sont ceux du dos. Et non les pectoraux comme beaucoup le pensent.
Les activités propices pour travailler ses muscles, en plus d’avoir des solides bras et de belles épaules sont :
- Des exercices à la mer ou à la piscine : repousser l'eau vers l'arrière, nager la brasse ou le dos crawlé.
- Pratiquer le yoga : avec un nombre incalculable de postures, les adeptes du yoga trouveront leur bonheur pour étirer les muscles et les renforcer. Jocelyne Rolland recommande en particulier la posture du Guerrier II et du triangle.
- Les activités similaires au yoga, type Feldenkrais, qi gong et tai-chi.
- La gymnastique Rose Pilates, un dérivé du Pilates dédié aux besoins des femmes ayant subi un cancer du sein.
- L’aquagym à certaines conditions.
- La barre au sol
L’idéal étant de réaliser 3 à 5 fois par semaine une activité physique.
Une fois votre corps requinqué, il est important d’instaurer une routine d’étirement, d’assouplissement et de renforcement pour rester en forme le plus longtemps possible.
Tout le monde devrait adopter une telle consigne pour bien vieillir, mais c’est encore plus avéré pour ceux qui ont connu les traitements d’un cancer.
Quant à la reprise d’un sport quelconque, absolument tout est possible (même l’escalade ou le tennis) dès lors que le corps a retrouvé toutes ses compétences physiques nécessaires.
Comment retrouver sa vie intime ?
Les principales difficultés
La question de la vie intime et sexuelle a longtemps été la grande oubliée ou la grande ignorée, car inappropriée. On ne parle pas de sujets frivoles quand une vie est en jeu.
Mais depuis, la recherche a avancé.
Selon le Pr Blandine Courbière, professeure des universités et praticienne hospitalière en gynécologie obstétrique à Marseille :
« Ne pas avoir une vie sexuelle satisfaisante pendant les traitements, ou ne pas la retrouver après, plonge certaines femmes, certains couples, dans une grande détresse psychologique, et plus on attend pour les accompagner, plus leurs difficultés risquent de croître, altérant leur bien-être, leur qualité de vie et compromettant leurs chances de reconquérir leur intimité. »
La difficulté de cette reconquête n’est pas tant la sexualité elle-même. Elle est forcément différente : plus douce, tendre et inventive, loin de la « sexualité performative ».
Par ailleurs, presque rien n’étant plus vendeur que l’amour, de nombreuses entreprises proposent des soins et sous-vêtements adaptés après une chirurgie.
Les principales difficultés pour retrouver son intimité sont de deux ordres :
- La peur de lire de l’effroi ou du dégoût dans les yeux de son conjoint.
- Les non-dits au sein du couple : la femme attend que l’homme demande à voir sa poitrine, alors que ce dernier attend l’autorisation de la première. Personne n’ose rien dire et tout le monde y perd.
Dans ces moments de crise, le bon réflexe est de chercher de l’aide auprès de proches, d’un groupe de parole (les copines de Rosa Pilates ou de cure thermale) ou auprès de votre kinésithérapeute.
Etant donné qu’il est le soignant avec lequel vous passez le plus de temps, il n’est pas déplacé de lui poser des questions. C’est même encouragé selon J. Rolland. D’autant plus que les kinésithérapeutes, de plus en plus sollicités sur les questions intimes, se forment à la sexologie.
Un pas de plus pour la médecine holistique
Doucement mais sûrement, toutes les strates de la population se rendent compte que la médecine conventionnelle, très technique, n’est pas forcément garante d’une bonne santé.
Si elle nous épargne la mort, elle n’empêche pas la « petite mort », celle d’un corps brisé et d’un esprit confus.
La kinésithérapie comme l’envisage Jocelyne Rolland n’a pas uniquement vocation à rendre un corps, mais à rendre la joie de vivre.
C’est incontestablement une pierre de plus à l’édifice de la médecine holistique. Et, une raison de ne pas désespérer de l’avenir.
Source : Jocelyne Rolland, « Que faire après un cancer du sein ? », éditions Odile Jacob, 2021
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