Pourquoi les tampons Tampax peuvent-être dangereux ?
Publié le 11/10/2017, mis à jour le 30/10/2024
Actu santé
Pourquoi les tampons Tampax peuvent-être dangereux ?
5 min de lecture
Une cartouche potentiellement mortelle
« Conçu pour passer inaperçu » peut-on lire sur la boîte Tampax. Ce qui passe inaperçu, c’est également la liste des composants de Tampax. C’est normal, en fait. Considérés comme un instrument médical, les tampons jetables (et autres produits d’hygiène intime) ne sont pas soumis aux mêmes règles juridiques que les produits alimentaires ou cosmétiques.
Une enquête sur la composition des tampons a quand même été menée par une Américaine, Meghan Telpner, qui s’interrogeait sur l’origine de son inflammation des intestins. La jeune femme avait passé en revue son régime alimentaire et ses produits cosmétiques. Elle s’est alors interrogée sur l’absence de composants de ses tampons.
Le coupable, c’étaient peut-être eux. Elle fait son enquête en 2009, et ses résultats sont sans appel : Tampax, c’est toxique. Presque 10 ans plus tard, où en sommes-nous ? Le groupe Tampax a-t-il réagi entre temps ? Voyons donc ensemble si cette petite cartouche douce et blanche, est toujours aussi mortelle.
2009, les dangers de Tampax dévoilés
Une forte présence de substances chimiques nocives
En plus de contenir du parfum ou des colorants qui ne sont pas dénués de composants chimiques, les tampons Tampax représentent trois autres gros points noirs.
Premier problème le coton, ou plutôt, la culture de coton.
En cause, l’injection d’environ 38 tonnes de pesticides chaque année aux Etats-Unis, dont certains sont particulièrement toxiques, et se révèlent même être cancérigènes pour les femmes.
Second danger, les fibres synthétiques et leurs résidus.
Des études ont montré que les fibres synthétiques, surtout des tampons très absorbants créent un environnement idéal pour la croissance de la bactérie « Staphylococcus aureus » plus connu sous le nom de « staphylocoque doré ». Les staphylocoques sont à l’origine du syndrome de choc toxique (souvent citée sous ses initiales SCT), une maladie infectieuse, qui peut rapidement affecter les organes vitaux (reins, foie et poumons). Ses premiers symptômes ressemblent à ceux d’une grippe plutôt sérieuse : diarrhées, fièvre, vomissements, ou encore un état de déshydratation et un rougissement de la peau.
Cette bactérie au nom barbare n’est pas dangereuse à l’origine, et une bonne partie d’entre nous en sommes porteurs. Le souci, c’est qu’un tampon peut bloquer cette bactérie au niveau du vagin, surtout si vous le portez trop longtemps. Un port prolongé de huit heures est une occasion pour la bactérie de se multiplier et de produire des toxines dangereuses.
La présence de dioxine, l’un des perturbateurs endocriniens le plus connus
La viscose
Dernier problème, mais non des moindres, la viscose, appelée aussi la rayonne. Fabriquée à partir de pulpe de bois et de produits chimiques, utilisés pendant le processus de conversion du bois, c’est dans le chlore utilisé pour blanchir la pulpe de bois que réside le plus grand danger. Ce procédé crée, en effet, des hydrocarbones chlorés, un groupe de produits chimiques dangereux, dont l’un des produits dérivés est la dioxine. Cette molécule a été le composant actif du sinistre agent orange américain utilisé pendant les guerres au Vietnam ou en Corée, sur les forêts et les champs, pour empêcher l’adversaire de se cacher ou pour les affamer.
Tampax a voulu rassurer tout le monde et a mis au point une nouvelle méthode de blanchiment, qui diminue la quantité de dioxines créées. Leur méthode a consisté à remplacer le chlore gazeux par du dioxyde de chlore, mais cela ne l’élimine pas pour autant la dioxine. De plus, celle-ci, étant un polluant organique persistant, s’accumule chez les humains, surtout dans les tissus adipeux (nos cellules qui stockent les graisses) et qui sont abondants au niveau des seins et des fesses. Ainsi chez les femmes, les principaux canaux d’élimination sont le lait maternel ou le placenta. La dioxine s’accumule dans l’organisme du fœtus et, plus tard, dans celui de l’enfant en bas-âge. Résultat, ce ne sont plus seulement les mères qui sont empoisonnées à la dioxine, il y a aussi leurs enfants.
L’insolite défense de Tampax
Tentative de fin de non-recevoir
Y a-t-il eu des réactions ? Pas grand-chose en fait, cette enquête n’a pas incité Tampax à dévoiler ses composants. Il a fallu attendre quelques années de plus, 2014, en France, et la pétition d’une curieuse étudiante d’Histoire, Mélanie Doerflinger, qui a rassemblé 250 000 personnes. La pétition demandait à la marque Tampax de rendre visible la composition de ses tampons hygiéniques, suite à la redondance de cas de choc de syndrome toxique. Le groupe a cédé, et a annoncé qu’il dévoilerait ses fameux composants pour le printemps 2017.
Effectivement, après un tour sur le site de Tampax, on découvre les noms des composants. Le paquet le plus simple indique : rayonne, polyester, coton purifié. Il a son équivalent avec du parfum. En ce qui concerne, les Tampax les plus sophistiqués, ils sont composés de : rayonne, coton purifié, polypropylène, polyéthylène, polyester et parfum.
Reprenons les trois gros points, en commençant par le coton. Bien que l’on soit informé que le groupe s’est engagé à produire du coton responsable, on peut s’interroger sur le terme de « Coton purifié ». Ce qui est purifié, ce sont les fibres du coton et de la rayonne, qui sont nettoyées. Ce procédé a pour conséquence d’enlever la couleur marron de la rayonne, et de rendre le tampon tout blanc. Mais quels produits sont utilisés pour cette purification ? On n’aura pas plus d’explication.
Des arguments médiocres
En parlant de fibres synthétiques, pas un mot sur leur site sur un risque de choc de syndrome toxique. C’est pourtant le principal danger. A la question « est ce que les tampons sont sûrs d’utilisation ? », Tampax met en avant l’expertise d’un laboratoire indépendant, Swiss BoH, qui nous certifie que tout va bien.
Mais en lisant le rapport, on tombe quand même sur une ambiguïté, qui nous ramène d’ailleurs à la dioxine. Il est écrit : « Des traces infimes de dioxines et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques ont cependant été décelées. […] Mais, les concentrations mesurées de toutes les substances décelées sont extrêmement basses et inférieures à celles que l’on trouve généralement dans les denrées alimentaires et considérées comme sûres. Le risque sanitaire induit par la présence de traces de substances toxiques dans les articles d’hygiène féminine analysés peut donc être considéré comme insignifiant. » Mais étant un polluant organique persistant, qui s’accumule dans notre corps, le danger reste le contact répété, non ?
La question sur la dioxine est posée sur le site internet de Tampax. Le groupe nous assure de son absence en une seule phrase. Leur méthode excluant le chlore élémentaire, il n’y a donc pas de dioxine. C’est simple, non ? Encore que ça veut dire quoi, « chlore élémentaire » ?
Tout ça n’est pas clair, au mieux trop succinct. Si Tampax a cédé, cela semble être de bien mauvaise grâce. Soit. Il y a toujours la possibilité de leur rendre la politesse en changeant ses habitudes.
Comment se passer des tampons hygiéniques ?
Rien de mieux, au fond, que les bonnes vieilles serviettes hygiéniques. Bien que moins seyante (et qu’est-ce qu’on s’en fout), elle a ses avantages. Une autre solution alliant économie, santé et écologie sont les serviettes lavables.
Une autre solution dont on entend pas mal parler, la coupe menstruelle. Encore que, vous pouvez aussi vous retrouver avec un vagin vert fluo. Sa composition à base de silicone n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux à coller contre la paroi vaginale. Ça reste donc à valider.
Enfin, si vous êtes une inconditionnelle du tampon hygiénique, sachez qu’il en existe des 100 % coton bio, sans chlore, sans colorant et sans parfum.
Pour finir sur une note rigolote, on vous invite à aller visionner la vidéo de Camille & Justine, sur ce sujet !