Et si la véritable clé de notre santé était sous nos yeux, enfouie dans nos gestes quotidiens, nos habitudes alimentaires, nos nuits trop courtes et notre stress ordinaire ? C’est le postulat audacieux que pose le Dr Émilie Steinbach, neuroscientifique et docteure en biologie intégrative, dans son ouvrage « Votre santé optimisée » (Marabout, 2025). Portée par une histoire personnelle et une rigueur scientifique , elle propose un véritable manifeste pour une santé globale, où chaque comportement quotidien devient un levier d’action puissant.
Cet article s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent comprendre, de manière simple et concrète, comment améliorer leur santé physique, mentale et cognitive en agissant sur leur mode de vie. Reposant sur des données scientifiques solides, les conseils du Dr Steinbach offrent une feuille de route accessible, sans promesse miracle, mais avec une profonde foi dans notre pouvoir d’agir.
Dans une société où l’obésité, les troubles anxieux, les maladies neurodégénératives et les pathologies inflammatoires deviennent la norme, cette approche systémique résonne comme une évidence. Plus qu’une simple hygiène de vie, c’est d’une « écologie du vivant » dont il est question.
Le corps comme un écosystème : penser global
Notre corps fonctionne comme une forêt : tout est connecté. Le cerveau, l’intestin, le tissu adipeux, le système nerveux, les hormones, les émotions… chaque organe communique avec les autres. Quand l’un est en souffrance, tout l’équilibre s’en ressent. Le Dr Steinbach décrit ainsi la santé comme un état d’harmonie dynamique entre des systèmes.
Ce regard intégratif, encore trop peu connu du grand public, repose sur des données scientifiques solides. Il montre que le stress chronique, une alimentation ultratransformée ou un manque de sommeil n’affectent pas seulement notre humeur ou notre poids, mais aussi notre mémoire, notre immunité, notre santé métabolique, notre cœur et même notre longévité.
Selon une méta-analyse publiée dans Nature Reviews Immunology (Furman et al., 2019), le vieillissement accéléré et la plupart des maladies chroniques sont associés à une inflammation systémique de bas grade, en grande partie modulable par le mode de vie.
“Nous sommes une forêt vivante. Si un seul arbre brûle, c’est l’équilibre de tout le biotope qui menace de s’effondrer.” — Dr Émilie Steinbach
L’assiette comme premier levier de transformation
Optimiser sa santé, c’est aussi prendre soin de son microbiome, cet écosystème intestinal aussi riche que complexe. Et la meilleure façon de le nourrir ? Diversifier ce que vous mettez dans votre assiette.
— Objectif diversité : Consommez au moins 30 végétaux différents par semaine. Plus votre alimentation est variée, plus votre flore intestinale le sera — et meilleure sera votre immunité, votre humeur et votre santé cérébrale.
— Faites la part belle aux fibres : Légumineuses, légumes colorés, céréales complètes... Les fibres sont le carburant préféré de vos bonnes bactéries. Elles améliorent aussi la régulation de la glycémie et la satiété.
— Misez sur les aliments vivants : Kéfir, yaourt, kimchi, choucroute crue... Les produits fermentés apportent des bactéries bénéfiques directement actives. Intégrez-les régulièrement à vos repas.
🚫 Freinez les ultratransformés : Additifs, édulcorants, sucres raffinés... Ces ingrédients appauvrissent la diversité microbienne. L’idée n’est pas la perfection, mais la conscience.
— Reconnectez-vous au vivant : Marcher en forêt, jardiner, toucher la terre... Ces gestes simples renforcent votre microbiote cutané et intestinal. Oui, la nature soigne aussi de l’intérieur.
— Antibio, oui mais pas trop : N’utilisez des antibiotiques que lorsqu’ils sont réellement nécessaires. Ils peuvent anéantir des colonies entières de bactéries protectrices pendant des semaines, voire des mois.
Une assiette type selon le Dr Steinbach
Une moitié de légumes cuits ou crus
Des céréales complètes ou des légumineuses peu transformées
Des bons gras (huile d’olive, avocat, poisson gras…)
Une poignée de graines ou oléagineux
Des herbes fraîches ou graines germées
Des champignons (au moins 3 fois par semaine)
Des épices stimulantes : curcuma, cumin, gingembre…
Parfois, des petits poissons gras (2 fois par semaine)
En option : viande blanche, œufs, produits laitiers fermentés (pauvres en graisses saturées), viande rouge de pâturage (occasionnellement), de préférence issus de filières oméga-3 ou bio.
En cas de fringale : le goûter anti-compulsion
Pour éviter les pics glycémiques ou les envies irrépressibles :
1 à 2 portions de fruits frais (ex. : pomme, baies)
Une petite poignée d’oléagineux non salés
1 carré de chocolat noir (minimum 70 % cacao)
Une tisane tiède à base de plantes digestives (fenouil, mélisse, camomille)
Le contenu de notre assiette influence directement notre cerveau. Ce que nous mangeons modifie la qualité de notre microbiote intestinal, qui communique avec notre système nerveux. Une alimentation riche en fibres, en aliments bruts, en bons gras et en micronutriments permet de stabiliser l’humeur, de favoriser un bon sommeil, de renforcer l’immunité et de prévenir les maladies chroniques.
Des études comme l’essai SMILES (Jacka et al., 2017) ont montré qu’une alimentation de type méditerranéenne pouvait améliorer les symptômes de dépression majeure, confirmant le lien nutrition-santé mentale.
Astuce pratique : incluez des légumes à tous les repas, même au petit-déjeuner. Pensez à la soupe du matin ou au smoothie vert.
Mastiquez chaque bouchée au moins 15 fois. Cela améliore la digestion et la satiété.
Le Dr Steinbach partage qu’elle a guéri de ses troubles d’attention (TDAH) en réorganisant intuitivement son alimentation dès l’adolescence. Remplaçant les céréales sucrées par du saumon, des légumes et du quinoa au petit-déjeuner, elle a amélioré sa concentration, son énergie et sa stabilité émotionnelle, jusqu'à se passer de traitement médicamenteux.
Bouger pour nourrir le cerveau et les cellules
Spécificité femmes : Après 40 ans, la perte musculaire s'accélère nettement chez les femmes, notamment à l'approche de la ménopause, en raison de la chute des œstrogènes. Cette sarcopénie impacte la densité osseuse, la posture, l’équilibre et la santé métabolique. L'activité physique, en particulier le renforcement musculaire, devient alors essentielle pour prévenir les fractures, le diabète de type 2 et le déclin cognitif.
Le muscle est un organe clé de la santé : il aide à réguler la glycémie, la tension, l’humeur, la qualité du sommeil et prévient le déclin cognitif. L’activité physique régulière stimule la création de nouveaux neurones (neurogenèse) et la plasticité du cerveau.
Une revue systématique par Schuch et al. (2016) montre que l’activité physique régulière réduit significativement les symptômes dépressifs, avec une efficacité comparable à celle de certains traitements pharmacologiques.
Astuces pratiques : fixez-vous un objectif de 7000 pas/jour, répartis sur la journée, plutôt que de viser des séances longues.
Spécificité femmes : Les troubles du sommeil touchent particulièrement les femmes, notamment pendant les cycles menstruels, la grossesse et la ménopause. Les variations hormonales influencent la qualité du sommeil profond et la régulation thermique. Une bonne hygiène de sommeil et une activité physique régulière permettent de limiter ces effets.
Des recherches de Walker (Why We Sleep, 2017) montrent que moins de 6h de sommeil par nuit augmente de 200 % le risque de crises cardiaques et perturbe la mémoire à court et long terme.
Astuces pratiques : exposez-vous à la lumière naturelle pendant 15 minutes avant 10h. Cela réinitialise votre horloge biologique.
Essayez la méthode des 3-2-1 : dîner 3h avant le coucher, écran off 2h avant, et activité calme 1h avant (lecture, bain, écriture).
Gérer le stress comme on gère son hygiène
Spécificité femmes : Les femmes présentent un risque accru de troubles anxieux et dépressifs, notamment en période de périnatalité et de ménopause. Le cortisol, hormone du stress, est souvent plus élevé en réponse aux mêmes stimuli. Les pratiques de respiration, de pleine conscience ou d’écriture expressive ont montré une efficacité particulière pour réguler ces réponses.
L'activité du nerf vague, mesurable par la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), est un excellent indicateur de résilience au stress. La cohérence cardiaque ou la respiration lente activent cette réponse parasympathique.
Astuces pratiques : prévoyez un "sas de transition" en rentrant chez vous : 5 minutes sans écran ni sollicitations, juste pour souffler, respirer, accueillir vos sensations.
Riez consciemment au moins 3 fois par jour. Le cerveau ne fait pas toujours la différence entre un vrai et un faux rire. Et les bénéfices sont réels !
Prévenir plutôt que subir
Une étude par Livingston et al. (Lancet, 2020) montre que 40 % des cas d’Alzheimer pourraient être prévenus par des mesures simples : activité physique, alimentation saine, engagement social, bonne audition, sommeil et éducation.
Astuce pratique : installez une routine hebdomadaire de "bilan bien-être" : 10 minutes chaque dimanche pour noter vos succès, ajuster vos habitudes, poser une intention pour la semaine.
Conclusion
Avec « Votre santé optimisée », le Dr Émilie Steinbach offre une boussole pour naviguer dans la complexité de notre époque. Son message est clair: pour vivre mieux, plus longtemps et en santé, il faut reprendre le pouvoir sur son mode de vie. Non par contrainte, mais par joie de vivre.
Car optimiser sa santé, ce n’est pas se priver. C’est apprendre à se connaître, à nourrir son corps et son esprit avec respect. C’est choisir de s’écouter, de se découvrir, et de se transformer.
Ce n’est pas une révolution. C’est une évolution. Et elle commence aujourd’hui...
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