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Publié le 28/10/2020, mis à jour le 14/01/2023
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Aliénor Massenet : ces parfums qui nous font du bien
Comment devient-on nez ?
Rencontre avec la créatrice Aliénor Massenet
Le parfum…C’est tellement abstrait quel que soit le discours. Dans la présence réelle des odeurs qui nous pénètrent, des histoires qu’il raconte, des émotions qu’il suscite chez chacun d’entre-nous. Tellement intime. Tellement éloigné des mots…Les créateurs de parfums sont comme des artistes peintres ou des musiciens. Il y a des Nez dont les mélodies parfumées sont si puissantes, si enivrantes qu’elles vous emmène là où le temps n’existe plus. Comme un clair de Lune de Debussy…
C’est avec une grande joie que je suis allée à la rencontre de la créatrice de parfum Alienor Massenet.
Créatrice de parfum chez Symrise, Aliénor Massenet crée des parfums pour le monde entier et elle a collaboré pour de grosses enseignes comme Memo et John Galliano.
Elle est aussi une femme de cœur qui anime des ateliers olfactifs auprès de personnes en situation de handicap neurologique suite à une maladie neurodégénérative (type Alzheimer) ou à un traumatisme crânien. Mais avant d’en savoir plus sur les vertus thérapeutiques du parfum, Aliénor Massenet nous en dit plus sur son parcours atypique.
“Le parcours classique pour devenir Nez c’est de faire l’ISIPCA, à Versailles où l’on apprend l’olfactif et à composer des parfums. Moi je n’ai pas fait cette école, j’ai appris sur le tas avec Monique Schlinger chez Cinquième Sens, où elle m’a appris les gammes olfactives.”
Après cette première expérience, Aliénor part fait un stage chez Florasynth, en parallèle d’études en histoire, économie, psychologie et philosophie à l’Université Américaine de Paris. C’est avec ce bagage, qu’elle part à New York travailler chez IFF où de grands nez vont continuer à lui enseigner leur savoir.
Un parcours hors norme
- Vous me disiez en off que vous n’étiez pas prédestinée à devenir parfumeuse parce que ce sont des métiers assez scientifiques. Or, ce n’était pas votre fort à l’école et vous étiez en plus dyslexique.
- A.Massenet : Quand on voulait faire des études de chimie en France, et qu’on était dyslexique, on était pointé du doigt comme si on était handicapé. C’est une violence qui m’a permis de voir les choses différemment et de m’apercevoir que même différent, on est comme les autres. Cette expérience m’a appris à devenir plus empathique, à être plus dans l’entraide, mais également à suivre intention. Tout évènement un peu négatif qui peut arriver, il faut le détourner en évènement positif et se demander « qu’est-ce que j’aimerais faire ? »
Mon rêve depuis que je suis jeune est de créer un parfum. On m’a fermé des portes, alors je suis entrée par la cave, la cheminée, ou la fenêtre. Quand on a un rêve, il faut y aller et c’est tout.
Les vertus thérapeutiques du parfum
Le nerf olfactif étant très proche du cerveau et de l’emplacement de la mémoire, de nombreux troubles comme l’anorexie, les traumatismes crâniens, l’Alzheimer et autres maladies neurodégénératives peuvent bénéficier des vertus thérapeutiques du parfum.
L’olfactothérapie : les odeurs à notre secours !
- Quelles circonstances vous ont amené à animer tous les mois des ateliers olfactifs pour des personnes en situation de handicap neurologique ?
- A.Massenet : Quand j’ai commencé dans mon ancienne entreprise, j’ai rencontré Marie-France Archambault qui est une femme qui a commencé les ateliers olfactifs avec le CEW (Cosmetic Executive Women) en 2000-2001. Elle travaillait avec Patty Canac, olfactothérapeute, et en 2008-2009, j’ai commencé à participer et à m’impliquer dans ces ateliers.
- Très concrètement, comment se passent ces ateliers olfactifs ?
- A.Massenet : Je reste pendant 1h-1h30 avec un groupe de 10 personnes à qui je fais sentir une dizaine d’odeurs différentes autour d’un même thème, par exemple la maison. Je vais leur faire sentir une première odeur, comme la lessive sur laquelle ils vont devoir se concentrer. Cela paraît simple mais quand on a eu le cerveau abîmé, c’est un véritable exercice de concentration.
Après, je leur pose des questions très larges du type : est-ce que cela vous fait voyager ou ressentir quelque chose ? Puis, je vais aller vers des questions plus fermées et directives. Par exemple : est-ce une odeur salée ou sucrée ?
Raviver la mémoire par les odeurs
L’objectif du groupe, en fonction de ses ressentis, sera ensuite d’essayer de trouver un nom à cette odeur. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, l’objectif c’est de faire travailler la mémoire différemment qu’avec une orthophoniste. C’est un moment de vrai partage, on est dans l’humain, dans la joie grâce à une odeur.
- Votre implication dans ces ateliers est-elle liée à votre expérience personnelle, à la suite du décès de votre frère ?
- A.Massenet : C’était en 2005. Mon frère, qui avait 33 ans, était atteint d’une leucémie forte. Quand on a cette maladie, on vous met dans des chambres stériles, déconnecté des odeurs et des sons, avec une chimio qui abîme vos sens. Je voulais faire un atelier olfactif, mais ce fut trop tard. Je me suis dit alors que je continuerai quand même.
- Y a un avant et un après ?
- A.Massenet : Très clairement. Quand vous perdez quelqu’un de très proche, il faut le tourner en positif. Ce qui n’est pas évident mais c’est ce que j’ai fait.
Dans la tête d’un nez
- Comment aujourd’hui vous abordez la création avec votre expérience personnelle ?
- A.Massenet : Quand je crée, je le fais pour les marques du monde entier et ça c’est génial. Vous imaginez créer un parfum pour le marché brésilien et grâce à une odeur, vous vous transportez dans le pays et c’est assez magique.
Que je crée pour l’Asie ou les Etats Unis, mon but est d’essayer de comprendre le goût de ces populations, de savoir ce qu’ils aiment vraiment.
- Comment vous faites pour vous mettre dans la peau de ces populations ?
- A.Massenet : Je connais bien les Etats-Unis pour y avoir vécu 6 ans. Quand je crée un parfum pour les Américaines, je sais bien qu’en première note de tête il faudra que cela soit frais car ils sont sportifs, et fruité avec un peu de cannelle car ils en mettent dans beaucoup de leurs plats.
Quand on est parfumeur, on doit avoir un peu de notion de chimie, mais aussi de sociologie et de psychologie, parce qu’on ne vend pas directement aux gens mais à des marques et on doit comprendre leur fonctionnement.
Il y a enfin également un côté géographique parce que les matières premières pour faire les parfums viennent de partout du coin du monde. A ce niveau-là, Aliénor Massenet insiste sur la qualité de ces matières premières qui proviennent d’un programme « sustainable », à savoir à la fois écologique et éthique.
Le chemin créatif
- J’ai cru comprendre que le monde du parfum restait à dominante masculine, comment se fait-on une place quand on est une femme ?
- A.Massenet : C’est moins une bataille aujourd’hui parce que maintenant il y a beaucoup de femmes dans ma partie et un vrai mélange avec tous les genres. C’est très sympa. Quoiqu’il en soit, il faut être très curieux, assez indépendant et suivre son intuition.
- Comment se manifeste votre intuition ?
- A.Massenet : Pour suivre son intuition, il faut être dans un état physique très zen. Comme quand vous faites du yoga, ou une médiation profonde. C’est là où les signes de la vie vont vous donner des images des choses. C’est très spirituel, pas dans le sens religieux, mais dans le sens où l’on entre en connexion avec son être intérieur.
Quand je crée un parfum, je m’imagine une peinture. Certains parfums ont une épaisseur comme la peinture à l’huile, d’autres plus frais qui se rapprocheraient plus de l’aquarelle.
- Quels sont vos secrets pour entrer dans cet état de zenitude ?
- A.Massenet : Je pratique le yoga, cela aide. Sinon, il faut s’éloigner de tout ce qui est mental, se déconnecter de son ordinateur et téléphone et respirer dans le calme. On laisse les ondes positives arriver et on se laisser emporter.
L’interview 100 % parfum
- Quelle est votre odeur préférée ?
- A.Massenet : J’utilise beaucoup dans mes parfums soit la myrrhe soit delabdanum. La myrrhe est une odeur que je trouve très profonde, très résineuse, qu’on trouve en note de fond et qui se marie bien avec beaucoup d’autres notes. Elle donne un côté sexy et sensuel.
- Le parfum dont vous êtes la plus fière ?
- A.Massenet : C’est une question à laquelle je pourrais répondre à 70 ans !
- Le parfum que vous portez ?
- A.Massenet : La semaine, je porte des parfums que je crée pour voir comment ils se développent et réagissent. Et le weekend, je porte des parfums très puissants, parce que j’aime les choses qui ont du caractère. Je porte Granada de Nemo, beaucoup de Pierre-Constantin Guéros et Veronica Kato. Je porte beaucoup de parfums orientaux, très capiteux.
- Comment choisit-on son parfum ? On dit que selon les peaux, les parfums réagissent de différentes façons, est-ce qu’on peut le savoir tout de suite ?
- A.Massenet : Idéalement aujourd’hui, je demanderai des petits tubes d’essai et j’essaierai le parfum quelques heures pour voir comment il réagit sur ma peau.
Astuces shopping
Deux autres conseils de pro : si vous voulez changer de parfum sans perdre vos repères, vous pouvez vous faire aider par la vendeuse qui va vous amener vers la famille du parfum que vous portez régulièrement. Si par exemple, vous aimez bien Coco mademoiselle de Chanel, qui fait partie de la famille de parfum Chypre, la vendeuse va vous diriger vers cette famille.
Dernière option pour ceux qui ont du temps et les moyens : au Printemps et aux Galeries Lafayette, se trouvent des parfums de haute parfumerie, où « vous pourrez faire une rencontre avec un parfum ».
- Si on ne devait retenir qu’une seule chose essentielle du parfum, qu’est ce que ce serait pour vous ?
- A.Massenet : Le parfum, c’est quelque chose de vivant.
Propos d’Aliénor Massenet recueillis par Amal Dadolle
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