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Publié le 04/10/2023, mis à jour le 26/01/2024
Sujets d'actualité
Histoire de la magie : un héritage millénaire qui influence encore notre monde moderne
De l’Antiquité à nos jours, la magie a perduré
Histoire de la magie à travers ses racines anciennes
Quand on plonge dans l’histoire de la magie, deux évidences apparaissent.
La première étant qu’aussi loin que nous puissions remonter dans le temps, la magie est présente dès les débuts de l’histoire de l’Homme.
En témoigne d’abord le mot même de «magie» issu latin magus et du grec magos qui désigne les prêtres d’une des six tribus medès, les Mages, qui habitaient la Babylone antique.
Selon les écrits d’Hérodote, ces Mages, outre leur rôle sacerdotal, se consacreraient à l’interprétation des rêves. Ils scrutaient également les astres pour prédire le succès ou l’échec d’entreprises terrestres telles que le commerce, la récolte, la guerre ou le mariage.
L’Antiquité gréco-romaine est riche en témoignages concernant les magiciens qui interprétaient l’horoscope, consultaient les oracles et confectionnaient des pentacles pour protéger leurs porteurs.
Les magiciens se présentaient donc comme des techniciens pouvaient améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens en maîtrisant les règles qui gouvernent les forces invisibles.
La magie n’était que l’action déployée par un opérateur en vue de produire des effets précis pour atteindre un but déterminé. Sa réussite dépendait du caractère ainsi des motivations de l’officiant et de la signification du rituel.
La deuxième évidence concernant la magie est sa remarquable résilience.
Histoire de la magie : sa résilience au cours des siècles
Comment la magie a-t-elle été perçue à travers les âges?
La théurgie (la magie blanche) vs la géotie (la magie noire)
L'histoire de la magie a été marquée pendant l'Antiquité et pendant une grande partie du Moyen-Âge, comme étant perçue comme une force pouvant être aussi bien bénéfique que malfaisante. Les érudits faisaient alors une distinction claire entre la goétie et la théurgie. La théurgie, également connue sous le nom de magie blanche, était une forme de magie bénéfique qui faisait appel aux puissances divines pour améliorer la vie humaine. En revanche, la goétie se référait à la magie noire, une magie incantatoire cherchant à invoquer des esprits vu comme démoniaques et malveillants. Les pratiquants de la goétie étaient souvent associés à des actes condamnables, tels que l'utilisation de sortilèges et de maléfices. Au XVème siècle, le terme "goétie" devint synonyme de sorcellerie, qui était déjà apparu au XIIème siècle et désignait les "jeteurs de sortes". La sorcellerie englobait également la nécromancie, à savoir la pratique de convoquer les morts. Les textes juridiques de l'époque reconnaissaient que les magiciens pouvaient exercer aussi bien la magie blanche que la magie noire. Par exemple, en 1582, à Sens, Marin Semellé jeta un mauvais sort sur un certain Romble Lymosin. Mais sous la pression du frère de ce dernier, il finit par annuler le sort. Des histoires similaires se retrouvent dans les archives de la Savoie, où des individus comme Jacquemette Baptendier en 1627, Michel Gürsel en 1636, et Claudia Guigoz en 1671 ont dû lever leurs malédictions sous peine de dénonciation. Pendant longtemps, le regard sur la magie demeura essentiellement neutre, reconnaissant sa capacité à faire le bien autant que le mal. Cependant, un changement fondamental se produit à la Renaissance qui marque l'histoire de la magie, lorsque ce regard neutre se transforma en hostilité profonde envers la magie blanche. Seule subsistait alors la magie noire.La répression de la magie par l’Eglise et le rationalisme scientifique
La Renaissance marqua le début des chasses aux sorcières, atteignant leur apogée entre 1580 et 1630, bien que les prémices de cette répression débutassent bien plus tôt. L'Église, dès le Moyen-Âge, rejeta l'idée de bonne magie. Elle percevait les magiciens comme des concurrents louches cherchant à accéder au divin en dehors de son autorité. Selon Saint Thomas d'Aquin, par exemple, la magie ne pouvait être ni bénéfique ni thérapeutique. Son argument étant que seuls les esprits mauvais liés au diable répondent aux invocations. Des livres diabolisant les magiciens et les sorciers furent écrits, dont le célèbre Malleus Maleficarum (Le marteau des sorcières), rédigé par les prêtres Henri Institoris et Jacques Sprenger en 1486, qui connut un succès considérable. Les historiens estiment qu'au cours de cette période, plus d'une centaine de milliers de personnes furent inculpées en Europe, dont la moitié fut exécutée. Environ 3000 bûchers furent allumés en France parmi les 7000 condamnations.La Métamorphose du Regard sur les Sorciers et Magiciens : De la Persécution à la Réhabilitation
Les sorciers et magiciens furent contraints de vivre dans l'ombre. Puis à partir de la fin du XVIIème sièce, la sorcellerie est reléguée au domaine de l'imposture. Les facultés attribuées à ces praticiens furent désormais considérées comme de la superstition. Ce n'est qu'au XVIIIème siècle que la peine de mort pour la sorcellerie fut abolie, et la sorcellerie perdit une grande partie de sa réputation maléfique. Au siècle souvent, la magie fut associée à la maladie mentale, les magiciens étant perçus comme des escrocs, et les envoûtés comme de grands crédules ou des malades mentaux. L'évolution du regard sur les magiciens n’est pas sans rappeler celui porté sur les pervers. D'abord envisagée comme des suppléants du diable, puis comme des malades mentaux. Aujourd'hui, si la magie subsiste, reste que sa pratique a beaucoup évolué. Certaines pratiques ont disparu, tandis que d’autres demeurent. Quelles sont-elles et comment expliquer leur résistance?Quelles pratiques magiques ont traversé les siècles?
Les pratiques magiques ancestrales
On répertorie une pléthore de pratiques magiques présentent dès l’Antiquité et qui ont perduré jusqu’au moins au XVIIème siècle. Ainsi on compte:- La capacité de commander les éléments, les animaux et le comportement humain.
- La manipulation et l'influence sur les récoltes, que ce soit pour les altérer ou les faire prospérer.
- L'art de décrypter les présages et les signes provenant du monde invisible.
- L'interprétation des messages en provenance des rêves.
- La faculté de convoquer et d'engager des dialogues avec des entités telles que les morts, les esprits élémentaires, les anges et les démons.
L’astrologie et le magnétisme
La première est l'astrologie. Plus que toute autre discipline ésotérique, l'astrologie a démontré un souci particulier d'intégrer des connaissances nouvelles, validées par les autorités scientifiques, ainsi que des enseignements plus anciens de nature ésotérique. L'influence des astrologues illustres, tels que Nostradamus, médecin et astrologue, ainsi que des pionniers de l'astronomie moderne comme Copernic et Kepler, tous astrologues, est indéniable. Bien que les astrologues aient été soumis à des critiques, leur approche scientifique leur a permis d'éviter en grande partie les graves répercussions auxquelles d'autres ont dû faire face. La seconde pratique est le magnétisme, une méthode de guérison par l'imposition des mains qui a traversé les âges. Ses origines à l’Egypte ancienne et elle s'est perpétuée chez les Grecs et les Romains. Même la chrétienté a adopté cette pratique, avec des figures comme Jésus, Saint Benoît, Saint Martin et Saint François. Paracelse, alchimiste et médecin, fut le premier à élaborer une théorie autour du magnétisme, mais ce n'est qu'au XVIIIe siècle, avec Mesmer, que cette pratique fut rationalisée. Mesmer a joué un rôle crucial en devant affronter directement les croyances scientifiques de l'époque. Cependant, ses théories furent finalement rejetées par l'Académie de médecine, mettant ainsi fin à sa carrière. Néanmoins, ses idées ont inspiré d'autres chercheurs, parmi lesquels le marquis de Puységur, qui a mis en lumière l'état de somnambulisme et l'influence de la suggestion, ouvrant ainsi la voie à l'hypnose et à la psychanalyse.Interagir avec les éléments
Une troisième pratique, liée à la manipulation des éléments naturels tels que l'eau, le feu, la terre et l'air, a également survécu à travers le temps. Deux écoles de pensée coexistent en son sein. La première, que l'on pourrait qualifier de "folklorique", considère que chaque élément possède ses esprits avec lequel le sorcier communique. Ainsi les ondines sont les esprits de l'eau, ou les gnomes, les esprits de la terre. Même les maisons possèdent leurs esprits en la personne des lutins. La deuxième école, plus moderne, interprète ces entités comme de simples manifestations d'énergie. Chaque maison et chaque élément sont perçus comme des forces d’énergie distincte. Quelle que soit l'approche, l'idée sous-jacente demeure la même: la conviction que des forces gouvernent les éléments et que l'interaction avec ces forces peut améliorer notre vie. Cette dernière pratique a bénéficié de l'engouement pour la vision énergétique des philosophies orientales (notamment à travers le Feng Shui et l’astrologie chinoise), ainsi que de l'attrait pour l'univers fantastique qui a remis au goût du jour les lutins, les elfes, les fées et autres créatures de la nature.Quelle place occupe la magie dans notre société moderne?
L’essor des pratiques ésotériques en ville
Depuis les débuts de l'histoire de la magie, la place qu’elle occupe dans notre société moderne a connu une évolution des plus paradoxales. Jusqu'à la moitié du XXe siècle, les pratiques magiques étaient souvent considérées comme des vestiges d'une mentalité archaïque, appartenant à une époque révolue, principalement ancrée dans les régions rurales. Cependant, les recherches menées par Dominique Camus démontrent que l'attrait pour le merveilleux et les pratiques magiques est, en réalité, plus limité en milieu rural. Dans ces régions, l'astrologie, par exemple, se trouve principalement sa place dans la détermination des moments propices aux activités agricoles, comme les semis ou la reproduction du bétail. En revanche, les adeptes de disciplines ésotériques telles que le reiki, la magie astrale et le magnétisme sont en grande majorité des citadins. Les villes constituent le terreau fertile pour le marché de l'occulte, avec leurs boutiques offrant une variété d'ouvrages, d'accessoires et de porte-bonheur. Les offres de stages y abondent également, formant les aspirants aux mystères des plantes, des pierres et des couleurs. Au cœur des cités, la magie est devenue un commerce extrêmement prospère. Cependant, la montée de la magie de pacotille et du mercantilisme qui l'accompagne ne nous offre qu'un éclairage partiel sur la place actuelle de la sorcellerie dans notre société. En réalité, l'évolution des pratiques magiques reflète les changements sociaux qui ont façonné notre société, en particulier en ce qui concerne les méthodes visant à contrer le malheur.La magie et la science: coexistence et défis
Il est indéniable que l’amélioration de nos conditions de vie résulte des progrès dans les domaines scientifiques et techniques. Pourtant, le progrès technologique n'a pas éliminé toutes les menaces ni résolu tous les malheurs. Il est clair que ni la technologie ni la science ne peuvent résoudre tous les problèmes. En témoignent les déçus du modernisme qui affluent vers les cabinets de psychanalyse et nourrissent le mouvement du New Age. Selon Dominique Camus, il serait erroné de voir dans le recours aux pratiques ancestrales un simple retour en arrière ou une régression. Il met plutôt en évidence la coexistence de la modernité et de la tradition, plutôt que leur incompatibilité. Cependant, la cohabitation restera difficile tant que l'idée prédominante en Occident veut que la science soit le seul moyen de comprendre le monde. Cette vision simpliste suppose un développement linéaire, continu et irréversible de la connaissance. Ce qui soulève deux questions: en adoptant la seule démonstration scientifique, la Connaissance n’en pâtit-elle pas? Enfin, en quoi le fait que d'autres puissent agir et penser différemment de nous nous dérange-t-il tant?Source: Dominique Camus, La magie en France, Bussière, 2023
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Publié le 04/10/2023, mis à jour le 26/01/2024