L’art subtil de s’en foutre : comment lâcher-prise ?
Publié le 08/11/2017, mis à jour le 05/11/2024
Faire la paix avec soi-même
L’art subtil de s’en foutre : comment lâcher-prise ?
6 min de lecture
L’insolente sagesse de Mark Manson
L’art subtil de croire en soi
Quand on parle de bien-être et de mieux-vivre, on se retrouve face à deux discours. « Sois plus beau, plus riche, plus heureux » et « sois ce que tu es », ils sont en apparence proches, mais on sent quand même une subtilité. La première injonction procure du stress et un sentiment d’insatisfaction permanente, car il nous pousse au perfectionnisme. La seconde sous-entend que même les défauts, physiques ou de caractères, ont leur place. Voilà le constat de Mark Manson, auteur de « L’art subtil de s’en foutre » aux éditions Eyrolles.
Peu connu chez nous, ce blogueur Américain d’une trentaine d’années, est suivi par près de 2 millions de personnes. Sa marque de fabrique est de traiter les questions du développement personnel sans chichi et avec humour, comme il le fait dans son livre au titre évocateur « l’art subtil de s’en foutre » Car être soi totalement et sans éprouver de culpabilité est effectivement un art délicat et de longue haleine.
Savoir distinguer l’essentiel du superflu
S’en foutre ne signifie pas être indifférent
Contrairement à ce que ce terme nous évoque immédiatement, « s’en foutre », ce n’est pas être indifférent et inconscient. Ceux-là, Mark Manson ne les porte pas d’ailleurs en haute estime :
« Les gens indifférents ont une peur bleue de leur environnement et des répercussions de leurs choix. Ils n’opèrent donc aucun choix important, se réfugiant dans une zone grise aseptisée où ils s’apitoient complaisamment sur leur propre sort, se dispensant de l’activité tellement chronophage, énergivore et contrariante qu’on appelle vivre ».
La messe est dite, les gens indifférents sont des trouillards qui cachent du mieux qu’ils peuvent leur manque de confiance en soi et surtout en la vie. Leur peur de vivre revient à leur peur de se planter dans leurs choix, ou de perdre quelque chose en assumant ces choix.
Qu’est-ce qu’ils redoutent tant de perdre ? D’abîmer l’image qu’ont leurs proches et leurs connaissances d’eux-mêmes, ou qu’ils pensent que leur entourage a d’eux-mêmes (car tous ne sont pas aveugles) ? Pour le dire plus simplement, ils se laissent menés par leurs émotions et pensées négatives. Ce qu’ils redoutant tant, c’est de froisser leur ego et de réveiller des émotions négatives liées à des souvenirs douloureux mis en sommeil.
S’en foutre, c’est fuir les histoires inutiles
L’art de s’en foutre, vous l’aurez deviné, c’est de savoir lâcher prise. Or celui qui nous en empêche dans les ¾ du temps, c’est un ego mal placé et un mental trouillard à souhait. Nous vivons pour promouvoir une image de soi déformée, et afficher une estime de soi factice pour être valorisé et aimé. Et comme aujourd’hui il n’a jamais été aussi difficile d’apaiser le mental et l’ego, nombreux sont ceux qui tombent dans ses filets.
Vous le voyez beaucoup dans les disputes, quand l’enjeu tourne autour de savoir qui a raison, et qui a tort. Ici, Mark Manson rappelle une vérité qui nous vient des Grecs :
« Plus tu recherches la certitude à propos de quelque chose, plus tu renforces en toi le sentiment d’incertitude et d’insécurité. Mais l’inverse est aussi vrai : plus tu consens à l’état d’incertitude, plus tu apprécieras le fait de progresser dans la connaissance de ce que tu ignores. L’incertitude désamorce les stéréotypes et les préjugés […] y compris sur soi-même. […] L’incertitude est la base du progrès et de la croissance. Qui croit tout savoir, n’apprend rien ».
Pour le dire autrement : « je sais que je ne sais rien », dixit Socrate.
Recadrer notre ego, se remettre en question, n’est pas une activité que nous faisons le plus naturellement du monde. Mais bien souvent la vie nous envoie des épreuves et des expériences douloureuses pour calmer le mental et l’ego.
Savoir s’en foutre n’est pas s’enfuir
S’en foutre ce n’est pas se cacher de ses problèmes ou de sa souffrance
Beaucoup de gens s’accommodent de vivre dans le déni, quand ils sont confrontés à une difficulté ou à une responsabilité qui les met mal à l’aise. Malheureusement, la politique d’autruche n’est qu’une politique de bombe à retardement. Laisser trainer les problèmes et les peurs, ce n’est pas les faire disparaitre.
Or beaucoup ne veulent pas en entendre parler, se renferment sur eux-mêmes, et les maladies comme l’Alzheimer les guettent. Les plus jeunes, en ce qui les concernent, multiplient les expériences aux plaisirs éphémères (la fête, la boisson, les coucheries d’une nuit) pour oublier ou pour ne pas avoir à en vivre.
Mais selon Mark Manson : « Plus tu cherches à te sentir bien, moins tu te sens bien. [C’est la loi de l’effort inverse]. Et paradoxalement, consentir à vivre les expériences négatives qui se présentent ou s’imposent à toi constitue en soi une expérience positive. »
Il va même plus loin en affirmant que la souffrance peut être constructive quand elle permet de se recentrer sur soi :
« On a besoin de crises existentielles, sous une forme ou sous une autre, pour considérer en toute objectivité ce qui fait sens dans notre vie et éventuellement envisager de changer de direction ».
Voilà pourquoi s’en foutre, c’est n’est pas se cacher ou fuir les souffrances ou les angoisses, mais les regarder, même les plus grosses, et y aller quand même.
S’en foutre c’est identifier les emmerdes positives
De toute façon : « où que tu ailles, il y a des emmerdes qui t’attendent. Et c’est génial. Le truc, ce n’est pas de les fuir, c’est d’identifier les emmerdes motrices, celles qui t’insufflent l’envie de foncer. »
Ces emmerdes motrices, ne sont ni plus ni moins que des invitations à sortir de sa zone de confort et se défaire des croyances limitantes sur soi, les autres et le monde. Il faut les voir comme tels, car ces emmerdes reposent sur un cap, un sens, qui sera plus important que toutes les difficultés ou adversités rencontrées. Et ça, vous le savez par intuition.
Prenez les revers de la vie professionnelle, de santé, ou pire les deuils, ces expériences nous appauvrissent (car nous avons perdu quelque chose, on ne va pas le nier), mais nous enrichissent autant en maturité, en réflexion et en empathie. J’ai tout perdu, ou j’ai l’impression d’avoir tout perdu, ok. Et maintenant ?
C’est cet « ici et maintenant », qui vous fait prendre conscience qu’il y a beaucoup de choses sur lesquels vous ne saviez pas relativiser, et vous fait voir ce qui est vraiment important pour soi.
En résumé, on maitrise l’art subtil de s’en foutre quand on sait qui on est et où l’on va avec une bonne dose d’optimise. C’est cela la clé pour être heureux et connaître une vraie paix intérieure. Cette posture ne doit pas vous étonner, Mark Manson, qui a la jeune trentaine évoque sa propre expérience de jeune homme paumé et mal dans sa peau. Ce qui me donne envie de faire une dédicace aux plus jeunes.
Mark Manson, Un coach de vie pour ado
Un petit tour sur Facebook ou Instagram, où tout le monde peut solliciter l’avis (et l’aval) de tout le monde, nous en dit long sur cette soif de reconnaissance publique : « Regardez tous comme ma vie est merveilleuse ! », c’est une conséquence directe du message « sois plus beau, plus heureux, bref sois extraordinaire ».
Mark Manson y voit comme un hic : « si tu pars du principe qu’une vie ne vaut la peine d’être vécue que si elle est grandiose et exceptionnelle, tu cautionnes l’idée craignos selon laquelle l’existence de la plus grande partie de la population humaine (y compris toi) est dépourvue de valeur ».
Echec et mat. Ainsi pour Mark Manson, « tu maîtrises l’art subtil de s’en foutre quand tu sais que tu n’as rien d’extraordinaire ».
Le talent n’est rien, la pratique est tout
Les gens qui sont exceptionnels ou mènent des vies exceptionnelles, ont bossé pour ça. On n’a rien en claquant des doigts. Ce discours bien occidental où le talent est sans cesse mis en valeur, où l’on sous-entend que tout le monde en a un, n’est pas vrai partout. Au Japon, par exemple, on se moque que vous soyez talentueux ou non, ce qui les intéresse pour vous jauger, c’est votre capacité à oser, à travailler, à vous donner. Du reste, on s’en fiche même quand il arrive d’échouer.
Allez jeter par curiosité un coup d’œil dans les mangas Japonais, le héros n’est jamais celui qui a un don inné, mais celui qui acquière sa force et ses compétences à force de détermination.
Tous les génies le disent, le talent c’est 1% du succès, le reste c’est du travail. On devient forgeron, en forgeant, c’est tout simple. Vous le voyez dans la pratique de la méditation, d’une activité sportive ou artistique. Vous le voyez partout.
Si vous connaissez un adolescent un peu paumé et introverti qui ne comprend rien au discours de Sénèque ou Rousseau ou des autres, on vous conseille de lui offrir ce brillant bouquin de Mark Manson. Il lui servira à la fois de coaching pour développer la confiance en lui et d’éveil à la pensée critique . Cela lui permettra de se libérer du regard des autres (y compris celui des parents) pour vivre plus heureux et s’épanouir autant que faire se peut.
Source : « L’Art subtil de s’en foutre », Mark Manson, Eyrolles, 2017
Pour lire cet article, abonnez-vous gratuitement ou connectez-vous
Cette lecture a été très enrichissante pour moi car elle m’a permis de mettre des mots sur mes questionnements actuels et me propulse vers l’avant tout en me confortant dans mes idées et mes désirs futurs .
Cette lecture a été très enrichissante pour moi car elle m’a permis de mettre des mots sur mes questionnements actuels et me propulse vers l’avant tout en me confortant dans mes idées et mes désirs futurs .
“Les gens qui sont exceptionnels ou mènent des vies exceptionnelles, ont bossé pour ça”
Hum le beau discours méritocratique classiste
ca reboost ca reconforte et ca deculpabilise ! jolie combo 🙂