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Publié le 13/12/2017, mis à jour le 22/01/2023
Qualité de vie au travail
le Shiatsu s’invite dans les entreprises
Découvrez le Shiatsu avec Shahine Ismail
Nous avons vu les bienfaits de la méditation en entreprise, et les raisons de son succès. Après la méditation, c’est le Shiatsu qui entre dans nos boîtes. Qu’est-ce que c’est exactement ? Découvrez-le avec Shahine Ismail, une ancienne financière, convertie en praticienne de shiatsu.
Amal : Peux-tu nous raconter le début de ton parcours ?
Shahine Ismail : Je suis d’origine indienne, née à Madagascar. Mon père était un entrepreneur, et entre autres, un pionner du développement durable. Il a développé deux activités, qui s’inscrivaient dans cette logique, le textile et la crevette. Je suis venue en France à l’âge de 14 ans. Après mon bac, j’ai fait une prépa puis l’EMLyon, et enfin un MBA en finances à UCLA, l’Université de Los Angeles en Californie. Tout naturellement, j’ai démarré ma carrière en 1985 dans la banque, c’étaient les débuts de la globalisation financière. Les banques proposaient aux entreprises qui souhaitaient emprunter d’aller se financer sur les marchés internationaux. Nous inventions de nouveaux produits financiers passionnants, que nous vendions ensuite sur les marchés de capitaux. Au début, je travaillais à l’émission de ces nouveaux produits, puis j’ai choisi d’aller vendre ces « euro-obligations » en salle des marchés, ensuite je me suis consacrée à la gestion de clientèle privée.
Amal : Tu viens donc du monde de la finance, comment as-tu été amenée à pratiquer le Shiatsu ?
Shahine Ismail : Pour compenser l’aspect intellectuel de la finance, j’aspirais à une activité manuelle, j’ai toujours adoré cela. A une époque, je tricotais, activité DIY (Do It Yourself) d’ailleurs reconnue aujourd’hui comme une forme de yoga. J’ai appris la méditation au siècle dernier lors de voyages réguliers en Inde avec mon père, dans les contreforts de l’Himalaya. Je m’intéressais aux approches asiatiques de la santé et j’ai découvert le Shiatsu. Cette discipline signifie « pression des doigts » en japonais. Elle s’inspire de la Médecine Traditionnelle Chinoise, plusieurs fois millénaire. Une séance de Shiatsu commence par un entretien, puis se déroule sur un futon, le receveur habillé. Le spécialiste en Shiatsu exerce des pressions manuelles sur des points du corps situés sur des circuits d’énergie nommés « méridiens » pour y restaurer un équilibre harmonieux. Cette approche m’a plu, et j’ai décidé de suivre une formation de Shiatsu, en parallèle de mon travail dans la finance.
Amal : Qu’est ce qui t’a plu dans le Shiatsu, au point de vouloir suivre une formation ?
Shahine Ismail : C’était une formation de 4 ans minimum, qui avait lieu le soir ou le week-end, et j’y allais par plaisir, comme un hobby. Je n’avais pas l’intention de devenir professionnelle. Ce qui m’intéressait dans le Shiatsu, au-delà du côté manuel, c’est la théorie, et la façon dont cette discipline aborde l’individu dans sa globalité, corps et esprit.
J’ai découvert un art conjuguant l’écoute et l’approche corporelle dans la bienveillance.
Aujourd’hui, le Shiatsu est une profession reconnue par l’état, inscrite au RNCP (Registre National de Certification Professionnelle) depuis 2015.
Amal : Comment es-tu arrivée à quitter la finance ?
Shahine Ismail : En 2002-2003, il y a eu un plan de départ, dans mon entreprise. J’y ai vu une occasion de quitter la finance, pour faire autre chose. D’autant plus que le secteur avait connu plusieurs crises. Mais surtout, j’avais envie de découvrir autre chose qui soit encore plus proche de l’entreprise.
Amal : Qu’as-tu fait à la place ?
Shahine Ismail : Mon frère, qui dirigeait l’entreprise familiale à Madagascar dans la pêche et l’aquaculture de crevettes, m’a proposé d’en faire la connaissance. J’ai découvert une entreprise pionnière et exemplaire dans le développement durable, et j’ai travaillé avec eux. Mais je n’étais pas forcément satisfaite et, je repensais souvent au Shiatsu, et au fait que ses techniques seraient bénéfiques pour beaucoup de personnes au sein des entreprises. Pendant ma carrière dans la finance, j’ai vu des personnes être atteintes de maladies graves, et cela m’a interpellée.
Amal : Tu t’es donc lancée à ce moment-là ?
Shahine Ismail : Exactement, je suis devenue Spécialiste en Shiatsu en 2009. En recevant des personnes de façon régulière pour les besoins de ma certification, j’ai pu valider que le Shiatsu aide les receveurs à gérer leur santé et leur stress, lié souvent au travail. C’est le professeur Debré qui m’a donné l’idée d’introduire le Shiatsu en entreprise. En effet, son personnel soignant en urologie à Cochin, avait bénéficié de séances de Shiatsu. Il a pu constater que celles-ci avaient eu, non seulement un impact positif physique et psychologique sur eux, mais de plus, elles avaient contribué à améliorer la performance de son équipe.
Par ailleurs, peu avant que je devienne Spécialiste en Shiatsu, ont eu lieu les suicides chez France Télécom. Une tragédie, qui a mené à la remise au gouvernement en février 2010 d’ un rapport, en dix points, sur « L’efficacité et le bien-être en entreprise », dont notre Ministre du Travail, Muriel Pénicaud est co-auteure. Le premier point stipule que le bien-être est source de performance. Le deuxième indique que c’est l’affaire de la Direction Générale. La notion de risques psycho-sociaux (RPS) a émergé à cette époque, il est devenu obligatoire de les prévenir en entreprise, et des cabinets de conseils en sont nés. J’ai fait partie de cette vague, avec la singularité de l’approche psycho corporelle.
Amal : Comment as-tu commencé ?
Shahine Ismail : J’ai organisé une table ronde « Stress et Finance » avec des entreprises, au sein de l’EMLyon. J’étais convaincue que quelqu’un comme Jérôme Kerviel n’en serait pas arrivé là si on avait su qu’il ne prenait pas de vacances, ou si on avait su lire certains signes de stress qu’il présentait. Dans la finance, je pensais que c’étaient les avocats et les traders qui subissaient le plus de stress. Mais une étude du Crédit Agricole révèle, qu’en réalité, les collaborateurs du backoffice sont les plus soumis au stress. Ils en subissent autant, mais sans compensation financière ou reconnaissance.
J’ai organisé d’autres tables rondes par la suite, j’ai ainsi rencontré une DRH qui me fait entrer dans son entreprise, dans l’industrie pharmaceutique. Son équipe me demande d’animer des « ateliers de relaxation » au siège parisien qui rencontrent du succès. Ils combinent méditation, auto massages ou Do-In, et Chi Qong, forme de méditation en mouvements. Mais à l’époque, le terme de méditation n’était pas aussi bien perçu qu’aujourd’hui, avec le succès de la méditation de pleine conscience.
Alexandre Brossellier, Directeur des Relations sociales, m’informe que les ateliers sont appréciés, mais qu’ils ne sont pas proposés à tout le monde. Effectivement, 2/3 de leurs effectifs sont des délégués médicaux, donc itinérants. Par souci d’équité, l’entreprise me demande ce que je peux faire pour y remédier, et c’est sous cette impulsion que j’ai créé en 2011, un réseau national « à la Uber » de praticiens certifiés en Shiatsu.
Amal : Cela a pris combien de temps pour créer ton réseau ?
Shahine Ismail : Il nous a fallu un an pour trouver les praticiens et pour élaborer et mettre en place le système. Nous constituons aujourd’hui un réseau de 250 praticiens en Shiatsu, avec un site l’arbre de vie, qui propose des séances individuelles et collectives dans toute la France. A ma grande surprise, ce sont les séances individuelles, dans les cabinets de nos praticiens, qui ont recueilli les suffrages, plutôt que les ateliers collectifs proposés sur le territoire national.
L’entreprise dans l’industrie pharmaceutique a proposé une séance individuelle par mois à chacun de ses collaborateurs. Nous en avons eu de bons retours. Ensuite, les séances individuelles en cabinet des praticiens ont été proposées également au personnel du siège, en plus des ateliers collectifs bi-hebdomadaires dont ils bénéficiaient au bureau, et nous avons pu ainsi toucher beaucoup plus de monde. Effectivement, seule une partie des effectifs participaient aux ateliers collectifs au siège, et beaucoup de collaborateurs, dont les dirigeants, préféraient les séances individuelles chez les praticiens, auxquelles ils pouvaient se rendre, en dehors du bureau et en toute intimité.
Amal : Tu interviens souvent auprès de groupes, durant des séminaires ou de façon régulière, que se passe-t-il durant ces ateliers?
Shahine Ismail : Je leur donne des conseils et leur enseigne des techniques psychocorporelles, proches du Shiatsu, telles que la Méditation, le Qi Gong, le Tai-chi et la sophrologie. Je varie mon discours en fonction de mon public. Quand j’interviens pour les dirigeants, il est plus acceptable pour eux d’entendre parler de méditation ou d’auto-massages. D’autant plus qu’avec le Shiatsu, on rentre dans le toucher, ou dans le fait de se faire toucher, or c’est assez tabou dans nos sociétés.
Amal : L’entreprise dans laquelle tu es intervenue a-t-elle pu mesurer les bienfaits du Shiatsu ?
Shahine Ismail : La direction a pu constater, après un programme de deux ans, que l’absentéisme avait diminué de 30%. Une enquête a souligné les bienfaits des séances de Shiatsu sur les collaborateurs , ce qui a permis de constater que ce programme avait eu un impact non seulement sur le stress (ou RPS), mais également sur les TMS (Troubles Musculo Squelettiques).
Amal : Quels sont les bienfaits immédiats du Shiatsu après une séance ?
Shahine Ismail : Tu ressors allégé comme après un massage, mais puisque une circulation harmonieuse de l’énergie à été rétablie, une séance a un effet plus durable. L’objectif est d’aider les gens à gérer leur santé et les maux dus au stress : la migraine, l’insomnie, les maux de dos, de digestion, de tête… Nous aidons les collaborateurs à prendre conscience de leur corps pour en prendre soin, à prévenir et à mieux gérer leurs maux.
Merci Shahine !
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