Pourquoi s’intéresser à ses reins?
Deux spécificités propres aux reins justifient que l’on s’intéresse à eux : leur rôle vital et leur trop grande discrétion qui explique pourquoi de nombreuses personnes souffrent de problèmes de reins sans le savoir.
Selon le rapport REIN (Réseau Epidémiologique et Information en Néphrologie) publié en 2019, près d’un tiers des patients commence une dialyse rénale en urgence, par ignorance ou négligence justifiée par le caractère indolore des maladies rénales.
Le même rapport avance que près d’une personne sur dix serait concernée par une maladie rénale, conduisant à une insuffisance rénale, et la destruction des reins sans lesquels on ne peut vivre.
Néphrologue (nephros signifiant « rein » en grec ancien) ayant dirigé le service de néphrologie de l’hôpital Saint-Joseph à Marseille et du centre Edouard Rist à Paris, le docteur Jean-Louis Poignet est l’auteur du guide « Prendre soin de ses reins » (Alpen) adressé au grand public.
En premier lieu, comprenons en quoi les reins nous sont précieux.
Quelles fonctions vitales assurent les reins?
Le rôle des reins est riche et complexe, à commencer par leurs trois fonctions vitales:
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Agent de nettoyage et purificateur
Les reins nettoient le corps de ses toxines en filtrant, épurant le sang 24h/24 et en produisant l’urine pour les évacuer.
Les toxines étant les déchets de l’organisme produits par l’alimentation et le renouvellement des cellules, dont les principaux sont l’urée, l’acide urique, la créatinine. Ainsi un taux d’urée ou de créatine élevé dans le sang indique un mauvais fonctionnement des reins.
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Gardien de l’équilibre intérieur
Les reins veillent au maintien de l’équilibre de l’organisme (garant de son bon fonctionnement) en veillant à plusieurs paramètres :
- La bonne proportion d’eau dans le corps calculée en fonction des boissons consommées et de la météo.
- La bonne concentration de minéraux dans le sang.
- L’équilibre acido-basique. Par exemple, la consommation d’un hamburger-frites entraîne systématiquement dans le corps une forte dose de sel et d’acide. Les reins se chargent alors d’éliminer l’excédent en sel gramme par gramme, et de transformer l’acide en molécules d’ammoniaque urinaires pour les faire sortir de l’organisme.
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Producteur de combustibles
Enfin, les reins produisent plusieurs combustibles essentiels pour le corps dont les principaux sont :
- La vitamine D qui préserve la santé du cœur, des os, des muscles et du système immunitaire.
- La rénine, une enzyme qui prend part à la régulation de la tension artérielle.
- L’érythropoïétine (dite EPO), une hormone bien connue en médecine du sport, qui agit sur la moelle osseuse pour produire des globules rouges et améliorer la circulation de l'oxygène dans les différents organes.
De fait, des reins qui fonctionnent bien indiquent un niveau de santé optimal. Comment alors, en dépit de leur nature discrète, s’apercevoir de leurs éventuelles difficultés ? Sur quels signes s’appuyer?
Quels sont les symptômes d’un problème aux reins?
Les principaux signes indiquant un mauvais fonctionnement des reins sont :
- Des urines rouges qui, hors consommation de betteraves ou rhubarbes, ne sont jamais anodines. Elles indiquent la présence d’une maladie rénale, d’un calcul rénal, d’une infection urinaire, voire d’une tumeur.
- Des urines mousseuses, qui peuvent représenter le premier symptôme d'une maladie rénale.
- Des brûlures en urinant, ou des envies d’uriner fréquentes et de faible abondance sont des symptômes d’infections urinaires.
Une infection urinaire n’est jamais bénigne et peut abîmer les reins à long terme. Elles ne sont anodines que chez les jeunes femmes en bonne santé et selon deux conditions : qu’elles soient très rares et jamais accompagnées de fièvre.
- Des douleurs dans le dos (au niveau des lombaires) irradiant vers les organes génitaux. C’est le signe de possibles maladies rénales, notamment d’une colique néphrétique. En cas de la fièvre, il peut davantage s’agir d’une infection du rein.
- Des œdèmes au niveau des chevilles et des yeux. Des chevilles gonflée, seules, sont en général le signe d’une mauvaise circulation sanguine. En revanche, des chevilles et des paupières gonflées peuvent être le signe d’œdème rénal.
- Une prise de poids inexpliquée, un essoufflement ou une fatigue inexpliquée. Ces symptômes assez divers ne sont pas forcément liés à la santé des reins. Toutefois, ils peuvent l’être en cas de diabète, d’hypertension artérielle, d’une maladie chronique ou d’une consommation de médicaments sur le long terme.
Les deux principales causes des maladies rénales sont le diabète, et surtout l’hypertension responsable de la moitié de ces maladies.
Les autres facteurs peuvent être d’origine héréditaire, ou contextuelle telle que la pollution, le tabac, les médicaments ou encore l’hygiène de vie et l’alimentation. Des facteurs sur lesquels on peut agir directement pour prendre soin de ses reins.
Comment protéger naturellement ses reins?
Les maladies rénales étant largement tributaires du diabète et de l’hypertension artérielle, les gestes préventifs consistent à se protéger de ces deux maux.
Le diabète étant la conséquence d’un excès de sucre dans le sang, il convient donc de surveiller
sa consommation en sucre. Moins de pâtisserie, de gâteaux, plus de miel et fruits.
Pour ce qui est de l’hypertension artérielle, son origine vient d’une vie trop sédentaire et d’un excès de sel. Les solutions impliquent donc :
- De l’exercice physique. Le Dr Poignet recommande des exercices d’aérobie, de musculation et de la marche.
- Boire 1 à 1,5 L d’eau est primordial pour soutenir les reins dans le rôle d’agent nettoyeur.
- Réduire sa consommation de sel à 5g par jour. Moins évoqué que le sucre, l’excès de sel n’en est pourtant pas moins grave et pas moins commun. Selon l’OMS, nous sommes nombreux à consommer entre 9 à 12g de sel par jour. Au niveau des reins, cet excès les oblige à travailler plus que de raison, conduisant in fine à les user.
- Adopter le régime méditerranéen (fruits, légumes céréales complètes, huile d'olive, poissons, volailles et œufs) qui, associé à l’exercice physique, permet de réduire le risque de maladie rénale de moitié.
Pour les fumeurs
Si le tabac favorise l’apparition du cancer du poumon, il est de même pour le cancer du rein. Les fautives étant les molécules (nicotine, cadmium, plomb) contenues dans le tabac qui intoxiquent la circulation du sang dans les reins. En cas de maladie rénale,
arrêter de fumer est donc à envisager sérieusement pour éviter qu’elle n’évolue en cancer.
Pour les mieux informés en
santé, ces conseils sont loin d’être une surprise, et en deviennent même simples. C’est tant mieux selon Chateaubriand pour qui c’est acquérir des forces que de simplifier sa vie.
Source : Dr Jean-Louis Poignet, Prendre soin de ses reins, éditions Alpen, 2022